Ce recueil de 30 poèmes est un hymne de sentiments et de sens. Un appel qui résonne, de loin en loin, en échos vibrants. Ils sont déclinés en récurrences: une distribution de thématiques intimistes. Les tonalités changent, ondulent : tantôt dans la confidence silencieuse, tantôt dans l’injonction impérieuse. Indolente et exigeante à la fois, dans un seul cri : la romance louée et dévouée pour l’amant-«roi»: poème «N’allume pas encore!» (p.11) : «Offre-moi tes bras puissants, redeviens mon roi» - poème «Désert» (p.14): «le palais croule sous son roi»
Les thématiques d’Elvire MAUROUARD correspondent à un élan d’âme vers la Vie: celle qu’on célèbre, loue avec ses souvenir et ses regrets.
L’Espoir: un bien précieux pour accepter les heurts alentours : poème «Va!» (p. 3): «les papillons d’espoir» - poème « Bijoux » (p. 5): «l’étoile de l’espoir serait un diamant»
La Pureté: elle se matérialise en lys et en «bijoux» - poème «Viens!» (p. 7) : «Viens, j’ai gardé pour toi des lys dans mon alcôve » - poème «Bijoux» (p.5) et «Echo» (p.8): «les doux joyaux de l’amour» (p.8)
L’ardeur affective témoigne d’un sentiment d’ex-île accentué par la solitude muette. Une quête commence dans cet appel spontané, empli d’espoir noir, de suaves parfums dans ce jardin de mots neufs, avec une dominante de nuance: le mauve-mélancolie - poème «Viens!» (p.7): «une veilleuse brûle au sein d’un halo mauve» - poème «Jardin» (p.16) : «C’est dans la brume mauve aux écharpes de gaze»
La «Beauté noire» est chantée; ces références à Baudelaire nous rappellent les travaux d’Elvire MAUROUARD réunis dans son essai «Les Beautés noires de Baudelaire» (2005- éd. Karthala): poème «Vénus noire» (p. 4) «Vénus noire, femme noire, muse noire».
1. Une narration intime:
Dans le silence, pour une compréhension mutuelle implicite. Silence des amours :
- poème «le Silence» (p. 1): «Je ne sais rien de toi mais je sens tes alarmes./Marteler en moi leurs échos»
- poème «Robe blanche» (p. 2): «Je suis venue vous voir dans ma robe blanche,/Sans gestes et sans cris,/Et vous m’avez compri »
- poème «le Silence» (p.12): «Nous n’avons pas fait de serment,/Nous nous sommes compris sans inutile phrase»
2. Les fluctuances du rythme : une musicalité maîtrisée
Une musicalité de ton et de son qui s’affirme en:
- gradation rythmique, comme élan du cœur: poème «Va!» (p. 3) «Va, marche, chante, danse et élève»
- flot sonore: poème «Citadelle» (p.30) «La volupté ensanglante votre sang » (nasale [ã] et dentale [t]) - poème «Invitation» (p.47): «la terre ardente t’attend pour ces danses choisies» (nasales [ã] et dentales [t] et [d])
- indolence paisible, une paix d’âme: poème «Songe» (p.33) «Regarde ton modeste palier et tu auras la félicité»
- impératifs: l’injonction comme ultime sommation ou comme douce prière: -Injonctions d’amour et de force: poème «Va!» (p. 3) - poème «Viens!» (p. 7: «Viens ne crains rien, sois fort» «Viens ne crains rien, sois pur» - poème «N’allume pas encore!» (p.11): «Pourvu que cela soit bien vra ! Rapproche-toi!» - poème «Désert» (p.14): «Ecris-moi, parle-moi, dis-moi des choses neuves» - poème «Ami» (p.20): «Sois le soleil, sois le courage» - poème «Invitation » (p.47): «viens renaître à mes fraîches fantaisies»
- une attente affirmée: poème «Je t’attendais » (p.38): cette proposition est une assertion puis une exclamation maintenue six fois - poème «Invitation» (p.47): «ce matin, c’est moi qui t’invite» soutenu trois fois
- un chant alentour: il pose une rumeur du soir - poème «Ciel de bronze» (p.26): «Et leur colloque émeut le soir sentimental» - poème «Velours» (p.44): «Et leur colloque émeut le soir sentimental».
3. Des suggestions sensitives:
Ils véhiculent une soif, la soif de l’Absent:
- La Sensualité comme invite - poème «Un coin de table»: «Voix provocante, ta posture fait son sortilège» (p.9).
- Un jardin de mots: ce jardin-parfum est récurrent en senteurs et saveurs - poème «Chuchotements » (p.13): «Et mes poèmes clairs sont pareils à des fêtes./Où fabuleusement ambitieux et beaux,/Eclatent au milieu des roses satisfaites,/Le rire de l’amour et le feu des flambeaux» - poème « Paix» (p.15): «Tu es un souvenir succulent, jardin d’étincelles» - poème «Passage» (p.34): «Mes sens tel le matin exhalent les roses».
- La Faim : en festin-instinct, dans l’instant - poème «Encore!» (p.21): «Offre toutes les saveurs à ton palais désormais./Tu as encore faim de tous les mets de la table.» - poème «C’est l’heure!» (p.27): «c’est le festin de la sève» - poème «Invitation» (p.47): «Au festival des odeurs et des sens, je t’invite».
Le recueil «L’Alchimie des Rêves» est une célébration et une invitation : célébrer l’élan d’âme d’une attente, inviter la douceur et la douleur du souvenir.
Véronique Larose – le 30 mars 2006
Site web de Elvire MAUROUARD ici.
|