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Entrée du Musée

Le musée du Dodo

Emmanuel Richon

Presse et Internet

George Clark

George Clark, naturaliste et enseignant à Maurice,
dédia nombreuses années à la cherche d'os de Dodo.
En September 1865, il trouva à Mare aux Songes, une squelette entière de Dodo.

La Mare-aux-Songes en eaux troubles

Emmanuel Richon, L'Express, 14.01.2014

Le «manque de transparence» dont a fait preuve la salle de ventes «Christie’s» en Angleterre, lors de la vente d’un os de dodo soulève des questions sur la gestion du patrimoine. L’auteur réclame une enquête judiciaire.

À la suite de mon article en date du 25 décembre, intitulé El Dodorado et, dans le suivi, celui de votre journaliste intitulé La vente d’un os de dodo soulève des questions, publié en date du 29 décembre, je me permets de revenir à la charge en reprenant les réponses obtenues du responsable des ventes de chez Christie’s à l’effet que, selon lui, il s’agirait d’une collection privée britannique assemblée au 19e siècle. «La vente réalisée en avril dernier provient d’une vieille collection anglaise qui a été réunie au 19 e siècle », révèle James Hyslop, le spécialiste scientifique de Christie’s, sollicité par l’express. L’os date d’avant 1690 et proviendrait de la fouille de 1865 à la Mare-aux-Songes.

Si, comme l’affirme le commissaire-priseur, il existe encore des familles anglaises propriétaires d’ossements de dodos recueillis lors de la fouille de 1865, comment se fait-il alors qu’une aussi célèbre salle des ventes que Christie’s refuse, contre toute logique, de produire le nom des propriétaires qui lui en auraient confié la vente en 2013? D’autant plus que Christie’s déclare étrangement qu’elle n’a pas pour politique habituelle de divulguer les noms de ses «vendeurs»... Plus trouble, tu meurs! Il est très facile au lecteur de comprendre que ce qui doit justement prévaloir en matière de ventes aux enchères est exactement l’inverse et qu’une salle des ventes ne peut en aucun cas se retrancher sur l’équivalent d’une sorte de secret bancaire à la Suisse, prétextant qu’elle se devait de protéger l’identité des personnes lui confiant des objets…

À moins d’en déduire, fort logiquement, qu’elle risquerait à tout moment de paraître vouloir camoufler un délit de recel, ce qui serait gravissime pour une salle des ventes aussi célèbre. Personnellement, je pense justement, qu’une salle des ventes qui n’aurait rien à se reprocher devrait tout au contraire rendre publics le nom et le pedigree des anciens propriétaires des objets ou vestiges qu’elle décide de passer en vente. Appelons cela la transparence.

En France, il est fait obligation, selon la loi, pour tout antiquaire ou toute vente par adjudication, de tenir un registre détaillé des ventes effectuées, cela dans les moindres détails. Le dit registre est public et peut être présenté à toute personne qui le demanderait. Je doute fort que le Royaume-Uni laisserait une vente d’antiquités ou de vestiges archéologiques se dérouler sur son territoire sans un tel registre. C’est précisément parce que M. James Hyslop refuse de rendre publics ces noms, que je me trouve avoir des raisons de supposer que leur origine s’avère plus que douteuse et qu’il nous faut exiger une enquête judiciaire au plus vite. Nous sommes en droit de connaître ces noms de propriétaires et les preuves et attestations officielles de l’ensemble du pedigree de ces ventes. De fait, un négoce du patrimoine mauricien a bel et bien lieu, à 11'000 km de nos frontières et sans aucune garantie de transparence… Les montants concernés s’élevant à des milliers de livres sterling, ces ventes d’un tout nouveau genre paraissent, de fait, guidées par le seul appât du gain.

Laisserons-nous faire ce type de trafic parfaitement odieux sans broncher? Si notre dodo figure bien sur nos armoiries nationales, serait-ce pour aujourd’hui fermer les yeux sur ce qui préfigure une dilapidation de notre patrimoine le plus cher? Sans compter que d’autres pays comme Madagascar, notre voisin, sont touchés. Lors de cette même vente, un œuf d’Aepyornis maximus, l’oiseau le plus grand que la terre ait porté, fut également mis en vente. Allons-nous laisser faire cet odieux trafic pratiqué sur le dos de notre patrimoine sans broncher? En ce qui concerne le dodo, à 15'000 livres Sterling, soit Rs 750'000 le fragment d’os, ne sommes-nous pas en droit de demander des détails?

M. Hyslop déclare à l’express que les vestiges passés en vente proviennent de la fouille de 1865… 1865 est la date de la découverte des ossements de la Mare-aux-Songes par Higginson et la supposition par Clark, maître d’école à Mahébourg, que ces ossements s’avéraient, peut-être, ceux d’un dodo. James Hyslop de Christie’s insiste pour prétendre que ces collections anglaises privées auraient été récoltées en 1865… Nous ne pouvons pas nous contenter d’une pareille affirmation péremptoire, il nous faut des preuves, exigeons-les. Cela ne me paraît pas trop demander!

L’État mauricien ne peut pas demeurer indifférent devant pareilles ventes publiques. Par ailleurs et nonobstant le caractère opaque de ces ventes, en admettant que l’origine ancienne de ces collections soit prouvée, il n’en demeure pas moins que l’aspect moral demeurerait entier. Quand les questions de patrimoine culturel prennent également une dimension zoologique, on en vient à se demander comment définir précisément la régulation de l’activité commerciale dans sa dimension la plus spéculative afin de faire de sorte qu’elle ne cannibalise pas l’ensemble des autres sphères qui nous permettent justement de faire société ensemble.

Vu la place que tient feu le dodo dans l’imaginaire mauricien (sans même évoquer l’étape que marque sa disparition dans la prise de conscience par l’humanité de la fragilité des espèces et de sa responsabilité), il n’est pas exagéré de poser des questions sur la légitimité du commerce de ses vestiges et le statut éventuellement national de ceux-ci; ce sont des débats du même niveau d’enjeu que les têtes Kanak et les masques Hopi.

La difficulté majeure à se faire comprendre au-delà de notre cadre insulaire vient aussi du fait que les businessmen (les maisons de ventes britanniques, en l’occurrence) sont précisément à la pointe du libéralisme économique. Sacrée paire de manches que faire entendre malgré eux qu’en certains domaines, dont le patrimoine de l’humanité, il n’est de liberté d’entreprendre qu’au service de l’intérêt général…

En admettant même que la preuve nous soit enfin donnée que ces vestiges proviendraient bel et bien de la Mare-aux-Songes et résulteraient de la fouille de 1865, cela ne retirerait d’ailleurs rien à l’ensemble de nos prétentions à les recouvrer, en l’occurrence. En effet, selon un article des plus sérieux et documenté, publié en 2009 «How Owen ‘stole’ the Dodo: academic rivalry and disputed rights to a newly-discovered subfossil deposit in nineteenth century Mauritius», J.P. Hume, A.S. Cheke et A. McOran-Campbell démontrent, dans les moindres détails et avec l’ensemble des correspondances à l’appui, comment Richard Owen, recevant les premiers fossiles du capitaine Mylius, ossements qui se trouvaient en fait destinés à Edward Newton, quant à lui premier scientifique à avoir identifié un métatarse de dodo en le comparant aux planches du célèbre livre de Strickland’s et Melville Dodo & its kindred, s’entendant avec le capitaine comme larrons en foire, les détourna de leurs destinataires pour, en fait, organiser, la toute première vente publique et aux enchères d’ossements de dodos, celle-là même à laquelle se réfère aujourd’hui le responsable de Christie’s pour justifier sa vente de 2013 !!!

Clark, le maître d’école de Mahébourg fut donc floué, ayant clairement escompté s’enrichir de cet envoi. Pour l’anecdote, nous savons également que le gouverneur de l’époque lui-même ne résista pas à se servir en premier, Henry Barkly était un des rares «propriétaires» à posséder un sternum de dodo. L’aspect juteux et lucratif de la découverte de la Mare-aux-Songes ne semble pas avoir échappé aux protagonistes et d’après les correspondances entre les scientifiques Alfred et Edward Newton, il apparaît clairement que le but initial de Clark et de nombreux autres était purement et simplement le gain financier. Quoi d’étonnant dès lors qu’un envoi de Clark contenant nombre d’os de dodos ait abouti à cette fameuse vente Stevens’s du 5 janvier 1866. Edward Newton, le scientifique lui-même, visitant les fouilles de la Mare-aux-Songes, n’hésita pas à constituer sa propre collection privée. Un autre employé des chemins de fer, Chief Engineer Walmsley Stanley, bâtit aussi son propre pactole, tant et si bien qu’il est facile de voir que la Mare-aux-Songes permit à plus d’un de s’enrichir de manière, de fait, illicite, chacun s’étant permis de se servir allègrement, usant d’un titre ou d’un autre, par pure prévarication.

En effet, en nous replaçant dans le contexte de cette époque, il est facile de comprendre que l’appât du gain n’était pas la seule option possible et Higginson, employé des chemins de fer, en fait le véritable découvreur de la Mare- aux-Songes, toujours négligé par les historiens, ne semble pas avoir eu le même comportement. La plupart des ossements envoyés aux musées de Leeds, Liverpool et York l’ont été par lui… Même à admettre, preuves à l’appui, que, comme l’affirme James Hyslop de Christie’s, les ossements vendus en 2013 en Angleterre résulteraient de la prestigieuse vente Steven’s de 1866 à Covent Garden à Londres, il n’en demeure pas moins que les vestiges en question furent eux-mêmes acquis de manière parfaitement illicite. D’ailleurs, après le décès de Gaston de Bissy, le nouveau propriétaire des terrains de la Mare-aux-Songes refusa catégoriquement à Clark le droit de pouvoir continuer ses fouilles, ce qui prouve bien que le mercantilisme de Clark n’était pas le seul comportement possible à cette époque. Aussi, quelle que soit l’origine des ossements de dodos vendus l’année passée, il m’apparaît évident que la république de Maurice, ce n’est qu’une opinion toute personnelle, se trouve fondée en droit à prétendre à leur légitime restitution. 

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El Dodorado ? Rareté des vestiges

Emmanuel Richon, L'Express, 25.12.2013

Outre le fait que cet oiseau figure comme élément fondamental de nos armoiries et constitue de ce fait un véritable emblème de notre pays, le dodo n’est certainement pas un animal comme les autres. Il inspira un nombre incroyable d’artistes à travers le monde, de Roelandt Savery à Ustad Mansoor.

Au plan de l’histoire naturelle, il figure en fait et bien malgré lui, comme le point d’origine de notre conscience écologique puisque, pour la première fois, l’être humain eut conscience de la disparition d’une espèce animale et eût même une certaine présomption de sa propre part de responsabilité dans cette extinction. Sait-on également qu’au sein du plus ancien musée du monde, encore visitable aujourd’hui, l’Ashmolean Museum d’Oxford, figurait, dès l’origine, la présence d’un spécimen de dodo au sein des collections? C’est ainsi que cet oiseau devint également symbolique des limites et des dangers encourus par notre patrimoine naturel, symbolique aussi d’une certaine idée de la conservation de ce dernier. Les vestiges d’ossements de dodo ne sont pas légion.

Seulement treize musées à travers le monde sont réputés posséder des os de notre célèbre dronte. La plupart proviennent de la Mare-aux-Songes, à la suite de la découverte de l’ingénieur des chemins de fer Harry Higginson qui, en 1865, apporta les os d’un oiseau au maître d’école George Clark alors en poste à Mahébourg. Une première campagne de fouilles s’ensuivit. Par la suite, d’autres vestiges furent à nouveau extraits entre 1891 et 1892 par le naturaliste Théodore Sauzier, qui s’empressa de les envoyer à Cambridge où le squelette de l’oiseau put être, pour la première fois, reconstitué, avant d’être enfin retourné au Musée de Port-Louis.

La reconstitution du dodo du Muséum américain, pour ne prendre qu’un exemple, fut en fait pratiquée au sein des ateliers de taxidermie Roland Ward à Londres. En 1870, quelques ossements de dodo furent donnés au Muséum par J. Carson Brervort, qui les reçut lui-même du consulat américain à Maurice. On sait par ailleurs, que d’autres lieux comme Mare-Sèche, dans le nord de l’île, recèlent des restes de cet oiseau. L’un des plus beaux squelettes de dodo est certainement celui qui figure au musée de Port- Louis, trouvé en 1907. Ses éléments, récoltés près de la montagne du Pouce, sont les restes d’un unique individu, tandis que les autres squelettes ont été reconstitués à partir d’un mélange, une recomposition émanant de nombreux individus.

Mi-novembre 2013, le journal Daily Mail rapporte dans ses colonnes, que deux os de dodo provenant d’une patte et d’un pelvis, furent mis aux enchères par Summers Place Auctions de Billingohurst dans l’Ouest Sussex. Dans les commentaires du journal, ils sont déclarés tous deux en excellent état de conservation. La mise à prix est fixée à £ 30'000, soit la coquette somme de Rs 1'500' 000!!! Comme il est dit dans l’article, il s’agit de la seconde vente privée d’os de dodo pour l’année 2013. Il est dit qu’aucune vente d’os de dodo n’a eu lieu entre 1934 et 2013…

En effet, en mars 2013, un simple petit fragment de fémur a été mis à prix pour £ 8'000 lors d’une vente chez Christie’s à Londres. Il existe des lois à Maurice proscrivant formellement l’exportation d’os de dodos. Prouver qu’un spécimen aurait été excavé et collecté en 1865 puis légalement vendu ou hérité depuis cette époque, paraît tout bonnement peu plausible, voire farfelu… Ce type d’intérêt du grand public pour des reliques d’animaux particulièrement rares, telles que mâchoire de dinosaures, dent de requin megalodon ou oeuf d’Aepyornys maximus, va croissant. On observe même une sorte de mode d’un goût douteux où exposer dans son salon une ammonite d’une demi-tonne revient à exhiber des trophées de chasse d’autrefois telles des défenses d’éléphant d’il y a cinquante ans!

Aussi, la question mérite d’être posée: Deux ventes coup sur coup dans les plus prestigieuses salles du Royaume- Uni, alors qu’il n’y en avait eu, aucune depuis 1934… Cela fait réfléchir. À tout le moins, il conviendrait d’enquêter afin de pouvoir connaître la provenance de ces vestiges de dodos. 

Comme le déclare naïvement James Hylop, directeur du département Travel, Science and Natural History au sein de la maison de vente aux enchères Christie’s située dans le sud de Kensington à Londres, «il est tellement rare pour quelqu’un de tomber sur une parcelle de si grande valeur»… et le directeur d’ajouter que «le dodo est un oiseau qui, au fil des ans, s’est fait une place dans la culture du patrimoine». À savoir justement, que la dernière vente d’une pièce rare provenant de cet animal désormais mythique remonte à 1934. En effet, les ossements de cette ancienne vente furent recueillis jusqu’en 1930, année où le marais fut alors comblé afin d’éviter les risques de propagation de la malaria.

Aux dires des concernés, les fouilles reprises en 2005 et depuis se sont avérées particulièrement fructueuses en os de dodos. Le Mauritius Institute est aussi, et de loin, l’institution à posséder le plus d’os de dodos, environ 3'000! 3'000 x £ 15'000 = £ 45 millions… Soit, tenez-vous bien, Rs 2 milliards 250 millions actuelles, voilà désormais l’équation' ! C’est aussi simple que cela…

Après les fouilles de ces dernières années, certains ossements furent envoyés à l’étranger pour analyses. Quel suivi y a-t-il eu? Certains ossements étaient aussi demeurés au sein d’un coffre de Mon Trésor and Mon Désert Limited, propriétaire légal du terrain de la Mare-aux-Songes. À qui appartiennent légalement ces vestiges trouvés sous terre?

La loi évoque le fait que des trésors excavés sont la propriété de l’État mauricien. Les os de dodo sont-ils un trésor de l’humanité? Au sens d’aujourd’hui, cela ne fait aucun doute, mais au sens strict où l’entendait le législateur?

Pas évident… Mais une chose est sûre, au prix des ventes, il vaudrait mieux mettre de l’ordre dans tout cela! Selon le journal mauricien Week-End en date du 27 novembre 2005, des ossements auraient aussi été envoyés à l’étranger sans que certaines instances locales directement concernées aient été mises au courant. On se rappellera également le scandale de décembre 2005, entourant le lancement de l’ouvrage Maroonage and the Maroon Heritage, à l’université de Maurice, où Prem Mahadeo, à l’époque, nouveau directeur de l’Aapravasi Ghat Trust Fund, s’était publiquement interrogé sur la «disparition» de certaines choses trouvées dans le cadre de ces travaux. Notamment des ossements de dodos, trouvés dans la région de Bel-Ombre. «Où se trouvent ces ossements aujourd’hui? Quelqu’un peut-il nous le dire? Nous avons appris qu’ils ne sont plus à l’université, ni aucune part ailleurs.»

(…) «Nous avons appris qu’ils auraient disparu. Sont-ils dans un autre pays? Ou chez certains particuliers?» lance alors Prem Mahadeo, qui fit certaines allégations à ce sujet. (Week-End 11 décembre 2005). En 1998, j’allais moi même aux Casernes centrales pour déposer plainte contre la disparition de nombreux tableaux de la collection de Rochecouste, dont le fameux Pont-Neuf d’Armand Guillaumin qui, par la suite, fut découvert avoir été mis en vente en 1991 lors d’une vente aux enchères à Divonne-Les-Bains… Un tableau à Rs 35 millions, cela ne passe pourtant pas inaperçu… Malheureusement, aucune enquête ne fut diligentée. Le dossier paraissait on ne peut plus simple…

Aujourd’hui, serait-il possible, à travers Interpol ou, mieux encore, une commission rogatoire, d’exiger des deux salles des ventes concernées par ces enchères sur des ossements de dodo, de dévoiler l’origine exacte de ces vestiges et de donner le ou les noms des anciens propriétaires? Il y va d’une certaine idée de notre souveraineté, sans quoi, demain, nous ne tarderions pas à voir apparaître, si ce n’est déjà le cas, un trafic aussi odieux que juteux, se faisant sur le dos de notre patrimoine mauricien qui, il est vrai, se trouve ici même peu pris en compte, mais qui s’avérerait, à l’étranger, une véritable poule aux oeufs d’or… Pauvre dodo!

Un meilleur suivi de ces ossements et de leur état serait le moins qu’on puisse faire, faute de quoi, ne nous étonnons pas qu’en fait de dodos, nous ne devenions purement et simplement que les dindons de la farce!

 

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Océan Indien Science : le Dodo bientôt ressuscité ?

7 Lames la Mer, 28.07.2013

Le dodo figure dans une liste de 24 espèces disparues que des scientifiques envisagent actuellement de ramener à la vie, grâce notamment aux progrès de la génétique. Deux autres espèces disparues originaires de l’océan Indien font partie de cette liste: l’oiseau-éléphant de Madagascar et le quagga d’Afrique du Sud (sorte de zèbre). Derrière cette annonce qui peut sembler farfelue, le processus de "dé-extinction" est pourtant aujourd’hui techniquement réalisable. Alors, que pensez-vous d’un couple de dodos s’égayant sous les filaos de l’Etang Salé? Image séduisante... mais ce n’est pas aussi simple. D’autant que son prédateur rode toujours...

La date de l’extinction du dodo est l’objet de controverses. Ainsi préfère-t-on présumer qu’on ne l’a plus vu après 1700... Le quagga — sorte de zèbre d’Afrique du Sud — pour sa part, a définitivement disparu en 1883, lorsque le dernier spécimen est mort au zoo d’Amsterdam. Quand à l’oiseau-éléphant de Madagascar, on pense qu’il s’est éteint en l’an 1000. Il existe bien entendu beaucoup d’autres espèces, qui ont vécu dans l’océan Indien et qui ont disparu.

Mais ce qui réunit aujourd’hui le dodo, l’oiseau-éléphant et le quagga, c’est une liste établie par des scientifiques — généticiens, paléontologues, spécialistes de la faune, biologistes, etc. — au niveau international. Cette liste constituée il y a peu, regroupe 24 espèces animales malheureusement disparues mais qui pourraient bien faire l’objet d’un processus de dé-extinction, c’est à dire être ramenées à la vie en laboratoire, gràce à des avancées remarquables dans divers domaines: manipulation de cellules souches, récupération d’ADN ancien, reconstitution de génomes perdus, etc.

Suite ici.

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A rare Dodo bone and elephant bird egg lead natural history works offered at Christie's in April

Artdaily.com,

LONDON.- Christie’s presents a rare fragment of a dodo bone femur, in the Travel, Science and Natural History sale at South Kensington on 24 April (estimate: £10,000-15,000). This is believed to be the first dodo bone to come to auction since 1934. First recorded by Dutch sailors in 1598 on the remote island of Mauritius (see illustration below), the dodo was driven to extinction in the late 17th century, less than a hundred years after its discovery. This femur bone was almost certainly excavated in 1865 at Mare aux Songes, in the South-East of Mauritius during the famous dig by George Clark (1807-1873), a natural history enthusiast. Comprising over 260 lots, the auction features a wide array of works, including curiosities of natural history, globes, scientific instruments, rare books and maps, alongside paintings and works of art from the ages of exploration. James Hyslop, Head of Travel, Science and Natural History, Christie's South Kensington commented: “As an icon of extinction, the dodo is second to none. From its appearance in Alice in Wonderland to the expression „dead as dodo‟, the bird has cemented its place in our cultural heritage. This exciting discovery is one of the few pieces of dodo material in private hands, and it is a privilege, and humbling experience, to have been entrusted with the bone. It is a reminder of the effect humans have on the natural world, and presents a rare opportunity to engage with this now lost and most enigmatic bird.”

More Information: A rare Dodo bone and elephant bird egg lead natural history works offered at Christie's in Apri

 

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100 ANS APRÈS:
Un squelette d'un Dodo mauricien, retrouvé dans le musée de Durban

Week-End du Mauricien.com, 16. 01.2012

L'oiseau, qui a échappé à des analyses scientifiques pendant des siècles, est actuellement examiné avec soin par le scientifique américain Leon Claessens, utilisant les toutes dernières nouvelles technologies.

À un moment, assimilés aux créatures de la mythologie, le Dodo est aujourd'hui une icône de l'extinction des espèces et le symbole ultime de la tragédie de la destruction biologique causée par la cupidité humaine.

Le squelette de Dodo de Durban a été acheté de Maurice en 1919 par le conservateur du musée de l'époque et transporté en Afrique du Sud. Il est l'un des plus complets et les mieux conservés au monde.

Il est aussi l'un des deux qui ont été préparés par le chercheur mauricien Etienne Thirioux au début du siècle dernier. L'autre est exposé dans le musée principal de Port-Louis à Maurice. Les deux squelettes ont été trouvés dans une grotte et sont relativement récents à l'origine, ce qui explique leur excellente conservation et leur exhaustivité.

Au cours des deux prochaines semaines, Claessens utilisera un scanner de surface laser 3D afin d'examiner le squelette.Ce scanner est composé d'une caméra à haute résolution et d'un laser, qui sont parfaitement réglés l'un à l'autre.Quand le laser brille sur une partie du squelette, l'appareil photographie cette partie, ramenant l'ensemble à un millionième de mètre. "Le squelette entier sera numérisé comme cela", a déclaré Claessens.

Une fois les scans complétés, de nouvelles études peuvent être effectuées sur l'oiseau disparu. À l'aide de logiciels informatiques, on peut reconstituer les muscles sur les os, ce qui peut montrer comment les membres du Dodo s'articulaient.

Le Dodo, qui était étroitement lié à une espèce proche du pigeon, était un grand oiseau se déplaçant uniquement en courant. Il vivait uniquement à Maurice. Il ne faisait pas plus d'un mètre de haut et pesait moins de 20kg. "Les premiers humains enregistrés sur l'île sont arrivés en 1598", a déclaré Claessens."À l'époque, le concept d'extinction n'existait pas et les gens pensaient que ces animaux étaient une ressource illimitée."

La chasse, l'abattage des forêts par les colons et la prédation des œufs et des poussins du Dodo par les porcs, singes, chiens, chats et rats introduits sur l'île par les colons ont contribué à sceller le sort de cet oiseau.

Presque 200 ans après la disparition de l'oiseau de grande taille, les scientifiques ont trouvé un marais de l'île rempli d'ossements de Dodo, mais un squelette complet n'a jamais été retrouvé. Ces ossements ont été recueillis jusqu'en 1930 quand le marais a été comblé pour éviter la propagation du paludisme. L'aéroport de Plaisance a été érigé en ce lieu.

Claessens, qui a été à Durban pour une semaine, a confirmé que le squelette de Durban est différent de ceux trouvés dans le marais, qui ont été assemblés à partir de nombreux oiseaux. "Je suis convaincu que ce squelette, comme celui de Maurice, vient d'un Dodo unique, ce qui en fait l'un des deux premiers exemplaires dans le monde.Il y a tellement de choses que nous ne savons pas. Ce que font les animaux et comment ils vivent", a déclaré Claessens. "Le Dodo a été oublié au fil du temps, mais cette étude nous permettra de répondre aux questions qui ne pouvaient pas être résolues avant. C'est quelque chose de fantastique et le potentiel pour le public d'en savoir plus sur ce spécimen est inestimable."

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Le dodo se pose dans la cité

Sud-Ouest, 29.2010

Le Dodo ne dormait que d'un œil. Yannick Jaulin a réveillé ce drôle d'oiseau. Sur la scène du théâtre de La Rochelle depuis la semaine dernière l'artiste a fait de l'animal son héros. Il répète sa dernière création articulée autour de la disparition de cet animal de l'île Maurice. Et une question: «comment survivre quand plus rien ne résiste au rouleau compresseur de la globalisation».

Pour tordre le coup à cette fatalité, qui n'en est pas une, Jaulin redonne vie au dodo dès mardi soir à la Coursive, pour cinq représentations1 avant de partir en tournée dans toute la France.

Dans ses bagages, il emporte des dessins rigolos, signés de son compère Antonin Louchard. Un auteur-illustrateur associé à l'idée de ce spectacle depuis son origine. «Une discussion de copains, on se comparait au dodo, menacés nous aussi de disparition», résume le dessinateur, séduit graphiquement par ce drôle d'oiseau mort de ne pas avoir pu s'envoler de son île. «Son graphisme est tout à fait sympa», dédramatise Antonin Louchard qui offre en avant-première aux lecteurs de «Sud Ouest» ses premiers strips . Le dodo nous accompagnera jusqu'à la montée de Jaulin sur scène la semaine prochaine.

Mardi 5 octobre à 20 h 30 (complet); mercredi 6 et jeudi 7 à 19 h 30; vendredi 8 octobre à 20 h 30 (complet) et samedi 9 octobre à 20 h 30.

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De nouvelles raisons pour expliquer l’extinction du dodo

L'Express, 26.8.2010

MAURICE au centre des débats quant aux causes attribuées à la disparition du dodo et d’autres espèces endémiques de l’île. Une équipe composée d’une dizaine de scientifi ques pluridisciplinaires était présente à Maurice, plus précisément à Mare-aux-Songes, du 5 au 22 août afin d’étudier les causes exactes qui auraient entraîné la disparition à grande échelle du Dodo ainsi que plus d’un demi- million d’animaux présents dans cette région de l’île il y a environ 4 000 ans. Cette équipe était composée, entre autres, de scienti- fi ques hollandais et britanniques venant de l’institut de recherche Deltares, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres, de l’université IBED d’Amsterdam et du Centre Néerlandais de recherche sur la biodiversité, NCB Naturalis. Tous travaillaient en équipe sous la supervision de Kenneth Rijsdijk de NCB Naturalis afin d’étudier l’impact du changement climatique qui aurait créé l’immense tombe collective qu’est Mare- aux- Songes aujourd’hui… C’est grâce à la coopération d’ Omnicane que ces scientifiques sont parvenus à employer une nouvelle technique de fouilles qui consiste à prélever une parcelle de terre intacte sans déloger les ossements s’y trouvant enfouis. De cette façon, les archéologues ont pu y prélever des os très fi ns jamais trouvés auparavant. Parmi les autres trouvailles de l’équipe à Mare-aux-Songes figurent des squelettes de tortues géantes dont des crânes entiers, des poissons non-répertoriés, des lézards géants et des variétés de chauve- souris désormais introuvables autour du globe.

Divers instituts de recherche travaillent actuellement ensemble afin de lever le voile sur les facteurs qui auraient entrainé la disparition de tant d’espèces il y a 4 000 ans, créant ainsi le charnier de Mare-aux-Songes. Les scientifiques ont trouvé dans cette tombe collective les squelettes de plus d’un demi-million d’animaux à un mètre en-dessous du niveau terrestre et les vestiges du Dodo ne constituent que 10 % de la totalité des squelettes retrouvés. De plus, des insectes, des graines et des restants d’arbres s’y trouvent aussi ensevelis, ce qui représente tout l’écosystème dans lequel vivait le Dodo bien avant l’arrivée de l’homme sur notre île.

L’équipe a de fortes raisons de croire que l’île Maurice a été sujette à une sécheresse drastique survenue il y a 4000 ans. «Si nous parvenions à acquérir une meilleure connaissance des réactions d’un écosystème insulaire face à de brusques changements climatiques, il serait possible pour les gouvernements futurs d’établir de nouvelles lois et des réglementations afin d’aider à la préservation de la biodiversité», fait ressortir Kenneth Rijsdijk.

Issus de différentes disciplines scientifiques, ces chercheurs ont étudié toutes les pièces du puzzle qui seraient à l’origine du changement climatique soudain survenu à Maurice. Perry de Louw, géohydrologue de Deltares, s’occupait de mesurer le niveau de l’eau dans les régions avoisinantes afin de déterminer les effets d’une sécheresse extrême sur la quantité d’eau disponible dans la région ainsi que sa qualité. Les paléontologues, Julian Hume, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres, et John de Vos de NCB Naturalis, ont eux continué leurs recherches sur les fossiles de Dodo et ont tenté de recréer l’environnement dans lequel évoluaient le Dodo et d’autres espèces fauniques et fl orales cohabitant dans cet écosystème avant l’arrivée de l’homme.

Les dernières études révèlent que le Dodo et les autres espèces animales de Mare-aux-Songes auraient survécu à cette sécheresse d’il y a 4 000 ans. Toutefois, des 23 espèces de vertébrés trouvés à Mare- aux- Songes, 14 d’entre elles ont disparu lorsque l’homme a commencé à coloniser notre île. La raison de l’extinction du Dodo ne serait pas due à la consommation de sa chair par l’homme mais à l’introduction d’animaux friands de ses oeufs tels que les rats, les singes et les cochons. Le Dodo est le premier animal répertorié comme ayant probablement disparu à cause de l’homme et de ses actions.

Jonathan DAVID

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Le dodo déteérré

Grandbaie.mu, 25 août 2010

Maurice est au centre des débats quant aux causes attribuées à la disparition du dodo et d’autres espèces endémiques de l’île. Une équipe composée d’une dizaine de scientifiques pluridisciplinaires était présente à Maurice, plus précisément à Mare aux Songes, du 5 au 22 août afin d’étudier les causes exactes qui auraient entraîné la disparition à grande échelle du Dodo.

Ces scientifiques ont à la même occasion  ainsi que plus d’un demi-million d’animaux présents dans cette région de l’île il y a environ 4000 ans. Cette équipe était composée entre autres de scientifiques hollandais et britanniques venant de l’institut de recherche Deltares, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres, de l’université IBED d’Amsterdam et du Centre Néerlandais de recherche sur la biodiversité, NCB Naturalis. Tous travaillaient en équipe sous la supervision de Kenneth Rijsdijk de NCB Naturalis afin d’étudier l’impact du changement climatique qui aurait créé l’immense tombe collective qu’est Mare aux Songes aujourd’hui.

Cette expédition scientifique a été rendue possible notamment grâce au soutient d’Omnicane qui a fourni le matériel, le support et le personnel nécessaires à ces scientifiques afin qu’ils mènent à bien leurs recherches sur l’île durant ce séjour de deux semaines.

C’est d’ailleurs grâce à la coopération d’Omnicane que ces scientifiques sont parvenus à employer une nouvelle technique de fouilles qui consiste à prélever une parcelle de terre intacte sans déloger les ossements s’y trouvant enfouis. De cette façon, les archéologues ont pu y prélever des os très fins jamais trouvés auparavant. Parmi les autres trouvailles de l’équipe à Mare aux Songes figurent des squelettes de tortues géantes dont des crânes entiers, des poissons non-répertoriés, des lézards géants et des variétés de chauve-souris désormais introuvables autour du globe.

Divers instituts de recherche travaillent actuellement ensemble afin de lever le voile sur les facteurs qui auraient entrainé la disparition de tant d’espèces il y a 4000 ans, créant ainsi le charnier de Mare aux Songes. Les scientifiques ont trouvé dans cette tombe collective les squelettes de plus d’un demi-million d’animaux à un mètre en-dessous du niveau terrestre et les vestiges du Dodo ne constituent que 10% de la totalité des squelettes retrouvés. De plus, des insectes, des graines et des restants d’arbres s’y trouvent aussi ensevelis, ce qui représente tout l’écosystème dans lequel vivait le Dodo bien avant l’arrivée de l’homme sur notre île.

L’équipe a de fortes raisons de croire que l’île Maurice a été sujette à une sécheresse drastique survenue il y a 4000 ans. «Si nous parvenions à acquérir une meilleure connaissance des réactions d’un écosystème insulaire face à de brusques changements climatiques, il serait possible pour les gouvernements futurs d’établir de nouvelles lois et des réglementations afin d’aider à la préservation de la biodiversité,» fait ressortir Kenneth Rijsdijk.

Issus de différentes disciplines scientifiques, ces chercheurs ont étudié toutes les pièces du puzzle qui seraient à l’origine du changement climatique soudain survenu à Maurice. Perry de Louw, géohydrologue de Deltares, s’occupait de mesurer le niveau de l’eau dans les régions avoisinantes afin de déterminer les effets d’une sécheresse extrême sur la quantité d’eau disponible dans la région ainsi que sa qualité.

Les paléontologues, Julian Hume, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres, et John de Vos de NCB Naturalis, ont eux continué leurs recherches sur les fossiles de Dodo et ont tenté de recréer l’environnement dans lequel évoluaient le Dodo et d’autres espèces fauniques et florales cohabitant dans cet écosystème avant l’arrivée de l’homme.

Les dernières études révèlent que le Dodo et les autres espèces animales de Mare aux Songes auraient survécu à cette sécheresse d’il y a 4000 ans. Toutefois, des 23 espèces de vertébrés trouvés à Mare aux Songes, 14 d’entre elles ont disparu lorsque l’homme a commencé à coloniser notre île.

La raison de l’extinction du Dodo ne serait pas due à la consommation de sa chair par l’homme mais à l’introduction d’animaux friands de ses œufs tels que les rats, les singes et les cochons. Le Dodo est le premier animal répertorié comme ayant probablement disparu à cause de l’homme et de ses actions.

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Le Dodo vedette du 150e anniversaire
du Musée de l’Université d’Oxford

Île Maurice Tourisme Infos, 31.5.2010

Le Dodo, icône incontournable de l’île Maurice, sera la pièce centrale des célébrations marquant le 150e anniversaire du Musée d’Histoire Naturelle de l’Université d’Oxford, en Grande Bretagne.

L’Universite d’Oxford, il faut le savoir, conserve précieusement les restes les mieux conservées du Dodo. Et le volatile légendaire de l’île Maurice fera partie de l’exposition consacrée marquant l’anniversaire de la vénérable institution.

Le Dodo, référence absolue au niveau des espèces animales éliminées par l’homme, a été découvert à l’île Maurice en 1598 par des Européens. L’introduction de rats et de chiens par le Européen sonna le glas du Dodo et à la fin de 1680 il était considéré comme espèce éteinte.

Le Dodo devint rapidement une grande curiosité en Europe et ses restes très recherchées par les collectionneurs. Dont Elias Ashmole qui fut derrière les restes ramenées à Oxford.

Aujourd’hui seules la tête et les pattes momifiées du Dodo sont conversées à l’Université d’Oxford. Ces restes sont considérées comme les plus complètes existants au monde actuellement.

Les scientifiques ont, ainsi, réalisé plusieurs prouesses à partir de ce reste. C’est ainsi qu’à partir de l’ADN des restes du Dodo d’Oxford, les scienfiques ont pu établir que l’oiseau qui se rapproche le plus de lui est le pigeon « Nicobar » de l’Asie du Sud-Ouest.

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Après 40 ans, un spécimen du dodo exposé
au musée de Liverpool

 Journal Week-End, 13 septembre 2009

Depuis hier matin, le World Museum de Liverpool en Grande-Bretagne a une nouvelle attraction. En effet, après avoir passé les dernières 40 années caché dans un placard du musée, un squelette du dodo a été resorti pour être exposé. Ce développement a fait l'objet de reportage dans la presse britannique d'hier.

"The skeleton is a composite of remains found in Mauritius and has been in the museum's collection since 1866", ajoute la presse britannique, qui souligne que les pattes du dodo ne sont pas originelles et avaient été taillées dans du bois. "There are also some ribs missing and some parts of the skull are incomplete", fait-il également ressortir.

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Anwar Janoo, paléontologue globe-trotter

L'Express, du 3. février 2008

La paléontologie, c’est le domaine de prédilection du Dr Anwar Janoo. Cet homme, qui n’a pas hésité à aller au bout de la terre pour assouvir sa passion, s’apprête à partager son savoir lors d’une conférence sur le sujet, le 11 février au Rajiv Gandhi Science Center. Rencontre avec un homme toujours à l’affût de nouvelles découvertes.

Anwar Janoo

«Découvrir des ossements tout en sachant que ceux-ci sont vieux et ont une histoire, c’est quelque chose de tellement passionnant! La paléontologie est une science vraiment excitante…» Tels sont les propos d’Anwar Janoo lorsqu’on lui demande ce que lui procure cette discipline. Depuis plus de quinze ans, cet homme alimente sa vie de fouilles, de voyages et de rencontres qui ne le mènent qu’à une chose: donner un sens à l’évolution de la vie grâce à ses découvertes et à ses recherches.

Toutefois, la paléontologie est une science qui est ignorée de beaucoup à Maurice. Et la profession de paléontologue reste marginale. Alors de quoi s’agit-il exactement? «La paléontologie est une science qui étudie les restes fossiles des êtres vivants du passé et les implications évolutives de ces études.

En quelque sorte, notre tâche vise à recréer les biotopes du passé.» Bref, la paléontologie s’applique à dégager les associations entre les êtres vivants disparus et/ou actuels à l’évolution au cours du temps. Il s’agit donc de la science qui étudie la vie ancienne.

«À l’aide des fossiles que l’on retrouve essentiellement dans les roches sédimentaires, on tente de reconstituer les êtres vivants tels qu’ils étaient, leur environnement et déterminer l’époque à laquelle ils ont vécu», explique Anwar Janoo. Ce n’est donc pas donné à tout le monde, c’est pourquoi le parcours professionnel d’Anwar a de quoi en faire pâlir plus d’un. En effet, après avoir fait ses études à Londres, il s’est rendu à l’université de Paris VII (Jussieu) où il a validé avec succès une licence et une maîtrise en sciences naturelles.

Et petit à petit, Anwar Janoo éprouve un vif intérêt pour cette branche. Il entreprend donc de pousser plus loin ses études et entame un DEA (diplôme d’études approfondies) en anatomie comparée des vertébrés. Ensuite, il effectue avec succès une thèse sur la biogéographie des Mascareignes. Après cela, Anwar s’envole pour les États-Unis où il obtient un poste à l’American Museum of Natural History de New-York. «C’était grandiose de pouvoir travailler dans ce musée, car aux États-Unis les infrastructures en matière de recherches sont extraordinaires. Je garde un merveilleux souvenir de ce séjour en Amérique.

Ossements de dodo et de tortues géantes

Après avoir voyagé dans plusieurs pays, notamment le Brésil – Anwar parle le portugais couramment – c’est en 2001 que ce globe-trotter décide de revenir au pays. Intégré depuis au groupe de recherche sur l’esclavage à l’université de Maurice, il est également consultant paléontologue.

Anwar Janoo souhaite mettre son savoir au service de son pays. «Maurice est une petite île, donc il est assez difficile en matière de paléontologie de trouver des repères. De plus, Maurice est une île ‘‘jeune’’ qui ne date que de huit millions d’années, ce qui n’est rien comparé à l’immensité des temps géologiques. Il y a donc peu de références. Néanmoins, s’il reste des fossiles, on les trouvera plutôt dans le sud-ouest du côté de Mahébourg ou du côté de Tamarin. On peut s’apercevoir que les récifs sont à l’intérieur de l’île, ce qui signifie que le niveau de l’eau avant était plus à l’intérieur des terres. Ce qu’on remarque à Maurice, ce sont les fluctuations géologiques, entre autres.»

Ce n’est pas tout, car en 2006 c’est en fouillant la Mare-aux-Songes avec l’aide d’autres spécialistes qu’Anwar Janoo a trouvé des ossements de dodo et de tortues géantes. Il faut également ajouter que le scientifique mauricien est spécialisé dans la recherche de fossiles d’oiseaux. Trouver des réponses scientifiques aux mythes qui entourent le dodo et connaître les circonstances exactes de sa disparition, telle est l’ambition d’Anwar Janoo qui avait d’ailleurs fait sa thèse sur ce drôle d’oiseau auparavant.

Communiquer ses expériences

En attendant une opportunité de s’envoler vers d’autres contrées, Anwar Janoo souhaite simplement communiquer ses expériences à la jeunesse mauricienne. «J’animerai une conférence sur la paléontologie, en partenariat avec l’université populaire de Maurice, au Rajiv Gandhi Science Center le 11 février prochain de 17 heures à 19 heures. Cette conférence est ouverte à tout le monde. Les Mauriciens sont les bienvenus, en plus c’est gratuit!»

Anwar Janoo compte d’abord y exposer les méthodes de la paléontologie, ensuite projeter des diapositives sur l’une de ses expéditions en Patagonie en 1999 où il a eu l’occasion de découvrir des os de dinosaures et des œufs de dinosaures. La conférence se terminera sur un exposé sur le dodo et le solitaire. La paléontologie a de beaux jours devant elle, parole d’Anwar Janoo.

Magali KINZONZI

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FOUILLES A MARE-AUX-SONGES

Bonne chasse au dodo

L'Express, du 20 août 2007

L'express

Mare-aux-Songes n’a pas fini de livrer ses secrets. La dernière campagne de fouilles archéologiques qui a eu lieu du 6 au 15 août a livré près de 150 ossements de l’oiseau emblème de Maurice. Tant et si bien que les fouilles ont été arrêtées avant la date initialement prévue.

C’est inouï. “Les fouilles ont été si fructueuses que la quantité de matériaux trouvés dépasse les capacités que nous avons pour les gérer de manière appropriée. C’est pour cela que les fouilles ont été stoppées plus tôt que prévues.” L’enthousiasme des scientifiques, dont le Dr Kenneth Rijsdijk du National Institute of Natural History of Netherlands est communicatif. Il est partagé par l’équipe de Mon Trésor Mon Désert ( MTMD), sur les terres duquel se trouve Mare-aux-Songes.

Car là-bas à Plaine Magnien, les songes se sont transformés en réalité. Deux squelettes presque entiers de dodo ont été déterrés. Au total, 150 os de l’oiseau emblématique de Maurice retrouvés en moins de deux semaines. Sans compter les restes presque entiers de deux tortues géantes.

Ces trouvailles font partie des 4000 os trouvés sur le site désormais qualifié par MTMD de “mass grave”. Mais Mare-aux-Songes n’est pas qu’un cimetière de dodo et autres fossiles. Il est désormais considéré comme un site archéologique exceptionnel, avec une datation de 5000 ans, selon les analyses des chercheurs du Dodo Research Programme (DRP). Parmi le nombre impressionnant d’ossements retrouvés, figurent les restes de perroquet géant, de scinque géant et de poule rouge.

Ce résultat des plus probants est attribué à la technique utilisée pour cette deuxième campagne de fouilles. Grâce aux moyens mis à leur disposition, les chercheurs ont pu “laver” la gangue de terre qui emprisonne les ossements, tous en les laissant sur place. Ce qui permet d’archiver toutes les données scientifiques dans le contexte géologique où elles ont été trouvées. Ainsi, les informations recueillies serviront à recréer le monde du dodo, son Maurice à lui, avec la végétation qui croissait à l’époque et les autres espèces qui partageaient l’île avec lui.

A terme (car une nouvelle campagne de fouille est déjà envisagée), cette masse de données – et d’ossements – devrait se retrouver au Dodo gallery, qu’abritera le musée de Port-Louis. Toute une salle du musée d’histoire naturelle consacrée au dodo et à son histoire dans sa globalité.

Le DRP a débuté en juin de l’année dernière. Le déclic, des ossements retrouvés “par hasard” par des chercheurs hollandais en vacances à Maurice, fin 2005. Ces ossements avaient alors fait l’objet d’une exposition, avant de donner corps au DRP, lancé en juin 2006, avec le concours d’une série d’institutions locales et étrangères. Les fouilles sont financées (outre MTMD), notamment par WWF Netherlands, l’université d’Amsterdam-IBED, le British Royal Society, le Geological Survey of the Netherlands entre autres.

Moteur de ces fouilles, une question: comment le dodo a-t-il disparu? Les théories étant nombreuses, la plus répandue étant celle qui pointe du doigt les Hollandais.

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Le dodo aura sa galerie

L'Express, du 6 août 2007

Regain d’activités à Mare-aux-songes, lieu désormais indissociable du dodo. C’est aujourd’hui que d’autres coups de pioche seront donnés dans le cadre du “Dodo Research programme”. Des fouilles qui devraient voir la mise à jour de fossiles additionnels. Le tout pour donner une meilleure compréhension de l’habitat dans lequel vivait le dodo. Car élucider les mystères attachés au dodo (dont les hypothèses attachées à la façon dont il a disparu de la surface de l’île), ce n’est pas seulement cerner les habitudes alimentaires et reproductives de l’oiseau devenu obèse, c’est aussi avoir des images concrètes du monde dans lequel il vivait. Cette nouvelle phase de travaux à Mare-aux-Songes, située dans le périmètre de la propriété sucrière de Mon-Trésor Mon-Désert, devrait durer jusqu’au dimanche 19 août. Ces fouilles font suite à la découverte des restes de “Fred” récemment retrouvé dans une grotte, dans les parages de Bois-Chéri. Les travaux seront menés par une équipe d’experts britanniques, hollandais et égyptiens. Le Conseil des ministres a pris note de ces travaux vendredi. Ils constituent une étape supplémentaire dans la mise sur pied du “Dodo Gallery project”. Ce sont des ossements découverts en novembre 2005, qui sont à la base de ces fouilles archéologiques.

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Fred le dodo sort de sa cachette

L'Express, du 29 juin 2007

Il est réapparu non en chair mais bien en os. Certes, il lui manque la tête, le bassin, mais tout le reste, ou presque, est en place. Remonté hier d’une “caverne” de Bois-Chéri, ce dodo, baptisé Fred, fait sensation. Cela s’est passé à Bois-Chéri au début du mois. Fred et Debbie Stone, deux scientifiques partis à la recherche de cafards de grottes dans les hauteurs de la localité, sont tombés par hasard sur des ossements intrigants. Pensant que ces restes de taille appréciable pourraient être ceux d’un dodo, ils en ont informé le Dr Julian Hume, paléontologue au musée d’Histoire naturelle de Londres. Et voilà qu’il authentifie leur trouvaille.

La découverte est de taille car il s’agit d’un squelette complet de dodo, pouvant servir à des tests ADN. Julian Hume a contacté son collègue paléontologue, le Dr Anwar Janoo du National Heritage Trust Fund et les autorités mauriciennes. “C’est une première dans la mesure où c’est le premier spécimen retrouvé dans les ‘hauts’ et dans un environnement boisé”, indique Anwar Janoo, qui a lui-même récemment retrouvé des restes dans une “caverne” (en vérité un tunnel formé par la lave) de Plaine-des-Roches. Que faisait donc Fred dans ce milieu, loin des marécages de Mare-aux-Songes? Dans le cas présent, le lieu de la découverte est quasiment inaccessible, dans un trou, à 20 mètres de profondeur. “C’est probablement à la suite d’une chute que le dodo est mort. Mais c’est aussi l’accès difficile à ce tunnel qui a permis sa conservation.” Les os de Fred sont en assez bon état.

Ils présentent surtout la particularité de n’appartenir qu’au dodo. “A Mare-aux-Songes, les restes sont mélangés à ceux de tortues. Quant à ceux que j’ai découverts, ils ont été lessivés par le temps”, explique Anwar Janoo.

Les savants pensent que le nouveau “spécimen” leur permettra de mieux cerner ce qui lie le dodo aux espèces de pigeons. Jusqu’ici, ils ne disposaient que d’une tête à Oxford et des fameux ossements retrouvés à Mare-aux-Songes et Plaine-des-Roches, qui n’ont pas donné de résultats concluants lors de ces mêmes tests. De plus, il n’existait qu’un seul individu presque complet auparavant. Mais les détails entourant sa découverte n’étaient pas connus.

Dans le cas de Fred, les autorités ont prêté main-forte à l’équipe de Julian Hume. “C’est un exercice délicat, à réaliser. Il faut consolider les os avant de les sortir”, indique Anwar Janoo. Les restes ont ainsi pu être partiellement enlevés hier, en présence des ministres Madan Dulloo et Mahen Gowressoo. La totalité des restes du dodo Fred, baptisé ainsi à cause de ses découvreurs, devrait être déposée au musée de Port-Louis aujourd’hui.

Olivier MASSON

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Le Dodo en japonais

A voir ici

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letter from mauritius

digging for dodos Hunting an extinct bird

by Ian Parker

THE NE W YORKER, JANUARY 22, 2007

Julian Hume, a British paleontologist, is one of the world’s leading authorities on the dodo, the large, flightless bird that lived on the island of Mauritius—five hundred miles east of Madagascar, in the Indian Ocean—until its extinction, at the end of the seventeenth century. I met Hume a few months ago in the southeast corner of the island, at the muddy work site of an international group of scientists looking for dodo remains; such an activity had not been seen on this scale for nearly a century. The group called itself the 2006 Mauritius Dodo Expedition. Hume, who is an easygoing man in his mid-forties, was unshaven, and as filthy as a child in a detergent commercial. He walked me around the area of the expedition’s interest: a field on the edge of a sugar estate, where an orange ditchdigger on caterpillar tracks stood silent, holding in its scoop a block of dripping, peaty-looking earth that it had extracted a short time earlier. The neat hole left by the scoop had filled with water, and a dragonfly traced the outline of this new pond in an unflagging rectangular circuit.

The digger’s driver had fallen asleep in his cab while awaiting instructions. A jet took off from the international airport nearby. To one side, Hume’s colleagues grubbed through a previous scoop of mud, using water pumped by a generator. When the generator stopped for a moment, we could hear surf; the sea was only a few hundred yards away. In the other direction, a wooded slope led up to sugarcane fields, which, out of view, stretched on a flat plain for miles inland toward distant mountains....

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Reconstituer l’histoire du dodo

Sciences & Avenir, Nouvel Observateur, 4 juillet 2006

Comment vivait le dodo, dans quel environnement, de quoi se nourrissait-il, pourquoi a-t-il disparu de l’île Maurice, il y a plus de 300 ans? Les chercheurs disposent désormais d’un matériel abondant pour étudier la vie de cet oiseau, sorte de gros dindon incapable de voler, dont le dernier spécimen s’est éteint moins d’un siècle après le début de la colonisation de son île par les Hollandais.

La mission internationale dirigée par Kenneth Rijsdijk (Geological Survey, Hollande) a mis au jour une grande quantité d’os de dodos (Raphus Cucullatus) ainsi que d’autres...

Continuation ici

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Dodo skeleton find in Mauritius

BBC News, le24 juin 2006

Scientists say they have discovered part of the skeleton of a dodo, the large, flightless bird which became extinct more than 300 years ago.

One of the team in Mauritius said it was the first discovery of fully preserved bones which could give clues as to how the bird lived its life.

Last year, the team unearthed dodo bones in the same area, but said the current find was more "significant".

The bird is thought to have been hunted to extinction by European settlers.

No complete skeleton has ever been found in Mauritius, and the last full set of bones was destroyed in a fire at a museum in Oxford, England, in 1755.

Continuation ici

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ARCHÉOLOGIE: MARE-AUX-SONGES

Travaux de fouille: d'autres ossements découverts

Le Mauricien, le 24 juin 2006

D'autres ossements, des graines de plantes et des morceaux de bois ont été découverts lors des récents travaux archéologiques à Mare-aux-Songes dans le contexte du Dodo Research Programme ayant débuté le 8 juin dernier.

Le but de cette recherche à laquelle participent scientifiques hollandais, britanniques et mauriciens est de reconstituer le monde du dodo et de déterminer les facteurs de sa disparition. Les travaux ont débuté sur la propriété sucrière Mon Trésor/Mon Désert (MTMD), à Mare-aux-Songes. Durant les trois premiers jours, une étude géophysique non nuisible à l'environnement a été menée en utilisant des geo-radars et geo-électriques pour analyser et repérer l'existence de sub-lava tunnels et identifier les sites propices à des excavations. Douze trous d'une profondeur de huit mètres ont été fouillés dans des endroits précis en vue d'obtenir une idée de la composition des couches sédimentaires. Ces excavations ont débuté le 16 juin dernier et ont conduit à la découverte de restes d'ossements, de graines et de bois. Les mottes de terre contenant des fossiles ont été tamisées, échantillonnées en partie et classifiées pour une identification plus approfondie. Ces découvertes comprennent des ossements de dodo, de tortue et divers autres ossements de même que des graines de palmiers, d'ébénier et de tambalacoque.

Le 21 juin dernier, les travaux d'excavation ont été transférés dans un autre lieu et les résultats obtenus tendent vers l'existence d'une couche de terre différente de celle découverte précédemment et ce nouveau lieu pourrait produire des résultats différents selon Christian Foo Kune, General Manager de MTMD; Dr Julian Hume, de l'Université de Portsmouth et le Dr Pieter Floore, archéologue hollandais.

Outre les scientifiques hollandais et britanniques participant à ces travaux archéologiques, il y a parmi les participants mauriciens, le Dr Anwar Janoo du National Heritage Fund, le personnel du Mauritius Museums Council, les scientifiques du MSIRI et Vincent Florens, de l'Université de Maurice.

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MARE AUX SONGES
Dodo à vol d’oiseau

L'Express, du 24 juin 2006

 

Comme prévu, les trois semaines de fouilles à Mare aux Songes, sont riches en émotions. Le sanctuaire du dodo a livré d’autres secrets enfouis par huit mètres de profondeur. Les scientifiques engagés dans le «Dodo Research Programme» ont trouvé de quoi reconstituer l’univers de notre oiseau-emblème, au temps béni où l’homme n’avait pas encore colonisé l’île. D’autres trouvailles seraient attendues.

Comment imaginez-vous vos vacances dans une île paradisiaque? De préférence à la plage, les pieds en éventail. Un endroit calme où vous pourrez vous refaire une santé après le stress du boulot. Et dire que pendant ce temps, il y a des savants pas si fous que cela, qui passent leur mois de vacances à travailler.

Une race en voie de disparition? Pas tant que cela. Les pieds dans la boue grasse de Mare aux Songes, une douzaine de scientifiques (ils sont 13 et pas superstitieux) sont en vacances. Ou plus exactement, ils profitent de leurs congés universitaires pour travailler sur le «Dodo Research Programme».

Un farniente en or à creuser, à patauger dans la boue, à laver des paniers de terre dans des tamis. Et cela plusieurs heures par jour. Par goût, par choix, par passion. Pour récolter la substantifique moelle. Littéralement: des ossements de dodo et de tortues géantes.

Conditions de préservation exceptionnelles

Parmi ceux-ci: une pièce rare, c’est-à-dire les restes d’une patte provenant d’un unique individu, ce qui augmente la valeur scientifique des trouvailles. Enthousiaste, le Dr Julian Hume, paléontologue britannique explique: «à titre d’exemple, en travaillant sur le dodo conservé au Mauritius Institute, nous nous sommes aperçus que le squelette avait été reconstitué à partir d’ossements provenant d’au moins 300 individus différents.» Il faut savoir que le Mauritius Institute est riche de 3 000 ossements de dodo.

Le spécialiste attaché au musée d’histoire naturelle de l’université de Portsmouth, et collaborateur régulier du Mauritius Institute, de préciser que ce fémur de dodo provenant du même oiseau, est le deuxième de ce type au monde, l’autre spécimen étant à Prague. «Cette découverte a été rendue possible grâce aux conditions de préservation exceptionnelles qui existent à Mare aux Songes. En général, l’eau n’est pas idéale pour la préservation, mais il semblerait que l’acidité de la Mare aux Songes est atténuée par un facteur qui reste à être déterminé.»

Sur le site, l’un des «vacanciers» attire notre œil avec sa belle dégaine de motard. Des favoris comme coupés au couteau. Un accent passé au même instrument. Le Dr Sjeng Dautzenberg (ce Hollandais né près de la frontière belge nous confie que son prénom est l’équivalent de «Jean») va faire une provision de fuel. C’est pour approvisionner la pompe à eau, celle qui sert à laver les amas de terre retirés du ventre de la Mare aux Songes.

Un travail dont il conserve de belles traces sous ses ongles et sous les semelles de ses grosses chaussures. Pourquoi travaillez-vous pendant votre congé? Il sourit face à notre interrogation. «Parce qu’on aime cela», répond-il tout simplement. Avant de raconter comment le dodo fait partie de l’histoire hollandaise, de celle que l’on apprend à l’école. «Il y a aussi cette part de culpabilité, car on raconte que c’est à cause des Hollandais que le dodo a disparu.»

Les lieux ont changé depuis notre précédente visite qui remonte à décembre 2005. La mare, située en plein champ de cannes, a été clôturée. En plus du grillage, un vigile assure la surveillance 24 heures sur 24. Les «songes» et les hautes herbes qui avaient envahi le lieu (les scientifiques hésitent encore sur ses origines, soit ravine naturelle, soit cuvette volcanique créée à la suite d’un affaissement) ont été coupées et laissées à sécher sur place. Cela fait un tapis craquant qui permet de moins mouiller ses chaussures dans l’eau accumulée dans cette «mare aux dodos».

Mais Mare aux Songes n’est pas que le lit de l’oiseau patrimoine. Il est aussi celui de la tortue géante, sa voisine aux temps immémoriaux. Après trois semaines de fouilles (les travaux ont commencé début juin et se poursuivront jusqu’à la fin du mois), les scientifiques sont aussi riches d’une centaine de graines de tambalacoques. Celles qui selon la légende, ne pouvaient germer que si elles étaient digérées par le dodo.

Les gens derrière le dodo

Un spécialiste mauricien débarque tout juste à Mare aux Songes. Fraîchement nommé consultant scientifique, il y a deux semaines au National Heritage Fund, le Dr Anwar Janoo, paléontologue se passionne pour les travaux.

Ce citoyen revenu au pays natal pour des raisons familiales, est spécialiste en paléontologie des oiseaux. En clair, il pratique l’étude des fossiles d’êtres vivants ayant peuplé la Terre aux époques géologiques. Diplômé de Paris VII et ayant fait son post-doctorat à l’American Museum, Anwar Janoo est l’auteur d’une thèse sur le dodo. «J’ai voulu situer le dodo par rapport aux autres oiseaux», explique-t-il. «On savait déjà qu’il appartenait à l’ordre des colombidés, c’est-à-dire des pigeons. Mon hypothèse a montré qu’il se rapproche des pigeons frugivores.» Ce qui veut dire qu’en 1998 déjà, Anwar Janoo avait prédit que les chances de trouver des ossements à Mare aux Songes étaient bonnes. Interrogé sur la possibilité de décréter Mare aux Songes patrimoine national, le scientifique s’est voulu prudent, préférant insister sur les conditions de préservation du site.

Sur le terrain, signalons également la présence de 13 archéologues, paléontologues, spécialistes en ADN, venus de l’université d’Oxford, de celle d’Amsterdam, du musée d’histoire naturelle des Pays-Bas et de celui de l’université de Portsmouth. Objectif : trouver des réponses scientifiques aux mythes qui entourent le dodo. Et connaître les circonstances exactes de sa disparition. Un processus qui devrait prendre trois ans.

Aline GROËME

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La science au service du dodo

L'Express, du 8 juin 2006

Disparu depuis longtemps, il fascine encore. Pendant un mois, à Mare-aux-Songes, une équipe hollandaise s’attellera à reconstruire et à étudier l’univers du dodo.

Icône par excellence, notre oiseau emblème n’a pas encore livré tous ses secrets. Entouré d’une série de mythes, le dodo fascine à plus d’un titre. D’autant plus que tous les aspects de son existence, et surtout de son extinction, ne sont pas connus. Au fait, comment le dodo a-t-il disparu de la surface de notre île?

Alors que les témoignages historiques soutiennent Mordicus que c’est la faute aux hollandais, une équipe de scientifiques, justement venue des Pays-Bas, fouillera un mois durant le site de Mare-aux-Songes, situé sur la propriété sucrière de Mon Trésor Mon Désert (MTMD).

L’écocologie et l’impact

C’est ce qu’à annoncé Christian Foo Kune, general manager de MTMD, hier, en présence de trois des 15 chercheurs européens embarqués dans le Dodo research programme. Présentant ce projet comme une initiative conjointe entre compétences locales et expertise internationale, il a expliqué que le but du mois de fouilles à Mare-aux-Songes, qui débute la semaine prochaine, est de “reconstruire l’univers du dodo, le climat, la faune et la flore tels qu’ils étaient de son vivant”. “Ces fouilles n’ont pas pour but de trouver de nouveaux ossements mais d’étudier l’écologie dans laquelle évoluait le dodo ainsi que l’impact humain sur son existence.”

Ces objectifs sont ceux de l’équipe de trois scientifiques des Pays-Bas. Dirigés par le Dr Kenneth Rijsdijk du National Institute of Natural History of Netherlands, les Dr Marten von der Rijst, ground tracer et Dr Frans Bunnick, géologue, seront bientôt rejoints par une dizaine d’autres scientifiques.

Trois ans d’analyse et de recherches

Ils seront épaulés par le ministère des Arts et de la Culture, le Mauritius Museums Council, le Mauritius Wildlife Fund et le Mauritius Sugar Industry Research Institute, entre autres.

Interrogés sur le lieu où l’analyse des échantillons sera effectuée, les scientifiques précisent: “90 % des analyses seront faites localement et nous allons limiter au minimum la quantité d’échantillons qui sortent de Maurice.” Ceux-ci devraient essentiellement concerner la datation au carbone 14 et les tests ADN. “Nous allons tout faire pour ne pas altérer le site.”

Point crucial: le financement de ce projet de longue haleine. Car si les fouilles durent un mois pour s’achever fin juin, l’analyse et les recherches sur les échantillons prélevés devraient durer trois ans, selon les spécialistes. “Ce projet est évalué à 2 millions d’euros, une somme pas encore atteinte. Nombreux sont les spécialistes qui font le déplacement pour Maurice et qui travaillent à titre bénévole. Ils le font pendant leurs vacances et ils le considèrent comme des vacances. Ce sont des passionnés, explique le Dr Kenneth Rijsdijk. Nous sommes ouverts à toutes les propositions de financement, qu’elles soient académiques ou commerciales.”

Pour rappel, c’est à Mare-aux-Songes que des ossements du dodo, dont une rarissime partie de bec, et une tortue géante avaient été mis au jour à la fin de l’année dernière. Ces trésors patrimoniaux, après avoir été montrés en mai lors d’une exposition, sont retournés dans le coffre-fort de MTMD. Ils attendront l’ouverture du Dodo Sanctuary, musée entièrement consacré au dodo, que MTMD compte ouvrir dans les années à venir.

Aline GROËME

dodo

Chiffre 1

L'Express, 4 juin 2006

Mois de recherche sur les restes du dodo. Des travaux de fouille débutent aujourd’hui à Mare-aux-Songes, sur des terres privées appartenant à la propriété sucrière Mon Trésor et Mon Désert. Ces recherches permettront aux experts de reconstituer l’univers du dodo, mais aussi de déterminer les causes de sa disparition.

Les ossements récupérés lors des travaux de fouille seront ensuite expédiés pour des tests dans des laboratoires en Europe. Ce projet est financé par des instituts anglais et hollandais.

Plus d’une quinzaine d’organismes locaux et internationaux sont en fait mis à contribution dans ces recherches.

dodo

EXPLOIT SCIENTIFIQUE
Un clone de dodo sur le point d’éclore

Aline GROËME

L'Express, canular du 1er avril 2006

Le professeur Tom Sawbone, de l’université américaine de Princeton, et son équipe, sont comme des mères poules couvant un petit qui va naître. Il attend pour ce soir au plus tard, l’éclosion du premier œuf de dodo cloné. Une naissance rendue possible grâce à la découverte d’un œuf fossilisé.

Ils ne le quittent plus des yeux. Caressant des yeux les contours lisses de l’ovale parfait avec des yeux brillant de convoitise. Autour de la couveuse, dans laquelle un unique œuf de dodo est gardé au chaud, l’équipe d’universitaires se tient, recueillie. Comme des fées marraines penchées autour d’un berceau.

Le premier à faire un vœu est le professeur Tom Sawbone, paléontologue spécialisé dans les fossiles d’oiseaux, de la prestigieuse université de Princeton. C’est par lui que tout arrive. C’est lui qui a fait la découverte qui va révolutionner les connaissances jusqu’ici incomplètes sur notre oiseau-patrimoine, notre oiseau emblème: le dodo. Une espèce dont la disparition date des années 1700.

Ses paroles nous parviennent un peu étouffées par le masque de chirurgien qui lui barre le visage. Conditions aseptisées obligent, avant de pénétrer dans son laboratoire, dont nous ne divulguerons pas l’emplacement pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons dû enfiler une combinaison thermique avant de passer sous trois douches de désinfectant.

«Tout a commencé par des fouilles archéologiques dans la plus grande discrétion. Alors que tout le monde pense à Mare-aux- Songes, nous sommes allés au pied de la montagne du Pouce.» Et le scientifique de nous rappeler que les ossements qui constituent le squelette de dodo exposé au Mauritius Institute à Port-Louis, ont été retrouvés dans les parages de la montagne du Pouce.

«En plus des ossements habituels – fragments de fémur, de pattes et des éléments de la mâchoire – nous avons trouvé un œuf fossilisé parfaitement conservé.» De ce «miracle», Tom Sawbone n’en informera que deux autres personnes, ses assistants: David Follet du Royal Botanical Gardens du Royaume-Uni et le Dr Julia Devilsworn, généticienne de l’université de Glasgow.

Pour éviter tous les risques inutiles – «et éviter les longues procédures administratives avant d’avoir l’autorisation officielle pour faire sortir les ossements de Maurice» – l’équipe décide alors d’installer son laboratoire à Maurice même.

Le professeur Sawbone de nous expliquer quelques-unes des étapes menant au clonage de l’oiseau disparu. «Nous avons d’abord fait des prélèvements d’ADN, à partir de l’œuf et des ossements.» Non sans s’être assuré que tous ces restes proviennent bien d’un seul et même individu. «De cela dépend la réussite de l’expérience», précise le scientifique.

À partir du prélèvement, l’empreinte génétique de l’oiseau a pu être reconstituée avec précision. «La marge d’erreur est de 0,045 %», nous précise Tom Sawbone, avec un clin d’œil. Comme pour l’emplacement du laboratoire, il ne tient pas à s’étendre sur les manipulations génétiques, ni les modèles de projection numérique sur ordinateur.

Il sort enfin de sa contemplation, pour vérifier encore une fois, le niveau des burettes et pipettes reliées à la couveuse. À quoi servira cette expérience? La réponse du scientifique fuse. «Une fois pour toutes, nous pourrons vérifier tous les mythes et légendes qui entourent cet oiseau.»

À commencer par sa manière de marcher. Et la vitesse à laquelle il se déplaçait. «Quand vous comparez tous les dessins, toutes les gravures qui nous sont parvenues, deux versions contradictoires s’opposent. Les unes nous le montrent effilé et gracile comme une autruche, alors que les autres dépeignent un volatile à la cage thoracique prononcée, aux ailes atrophiées et aux bourrelets d’obésité.»

Tout cela sera connu d’ici ce soir. En extrapolant les diagrammes qui tapissent les murs du laboratoire, Tom Sawbone prédit l’éclosion pour les alentours de 20 heures ce soir. Selon lui, à maturité, le dodo devrait atteindre les 15 à 20 kg.

Au rayon des mythes, Tom Sawbone tentera également d’élucider ceux entourant le régime alimentaire du dodo. Ne voulant rien laisser au hasard dans cette périlleuse entreprise, il a aussi fait pousser des tambalacoques dans la serre qui jouxte son laboratoire. «On raconte que les graines de tambalacoques (Calvaria major, Sideroxylon grandiflorum) ne poussent que quand elles ont été digérées par un dodo. Pour l’heure, j’ai mis des graines en terre. Elles poussent difficilement. Je vais nourrir le dodo avec et voir ce qui arrive.»

À la question: qu’allez-vous faire du premier dodo? «Le manger bien sûr», lance–t-il dans un sourire. Boutade ou réelle intention. Celle du scientifique de poursuivre son expérience jusqu’au bout. Toujours est-il qu’il nous rappelle avec délectation: «Beaucoup de témoignages d’époque disent que la chair de dodo était répugnante. Pourtant, les Hollandais en raffolaient. Au point d’exterminer la race. Alors, une fois pour toutes, il faudrait savoir. C’est pour cela que je compte le manger un peu avant qu’il n’atteigne la maturité.»

«Les Zoos du monde sont prêts pour l’héberger»

Si toutes ces expériences s’avèrent concluantes, l’équipe du professeur Sawbone annonce qu’il compte cloner les dodos sur une base régulière. «J’ai commandité une étude de marché. A priori, tous les zoos du monde sont sur le coup. Ils sont prêts à payer une fortune pour héberger un dodo et le montrer à leurs visiteurs.»

Faisant preuve de son sens des affaires, Tom Sawbone prévoit: «Quand l’effet de surprise sera passé, on pourra le commercialiser pour l’alimentation. Si c’est vrai que la chair n’est pas comestible, nous ferons des tentatives pour croiser le dodo avec la dinde, qui est de la famille la plus rapprochée des colombiformes. Cela devrait améliorer sa chair, la rendre plus tendre et plus savoureuse.»

Si tout se passe selon ses plans, le professeur Tom Sawbone s’attaquera d’ici cinq ans au clonage de la tortue géante, contemporaine du dodo, aujourd’hui disparue.

dodo

Anwar Janoo, paléontologue:

"Les recherches mauriciennes sur le dodo n'ont pas été encouragées"

Week-End, dimanche 15 janvier 2006.

Nous nous étonnions, dans le cadre de la récente découverte d'ossements de dodo à Mare aux Songes par une équipe hollandaise, du fait que des chercheurs locaux n'aient pas été associés à ces recherches. Les spécialistes mauriciens en ce domaine existent pourtant. Anwar Janoo en est un exemple flagrant. Paléontologue reconnu, il participe en février 1999, en Patagonie, Argentine, à une mission qui aboutit à la découverte d'œufs et d'ossements de dinosaure (dont fait état, sur deux pages, un article de Newsweek en date du 12 Juin 1999). Ce spécialiste du dodo qui a consacré sa thèse de doctorat à ce sujet, a découvert à Maurice, en février 1998, des os fossiles du dodo et participé à la production d'un documentaire scientifique pour FR3. Il a également découvert d'autres ossements lors du Maroon Archeology Research Project en 2002. Mais lassé par le manque d'intérêt des autorités locales, il exerce depuis 2003 au Brésil, où il effectue des recherches sur la Paléontologie du Quaternaire du Brésil Central. Il jette un regard très critique sur les récentes découvertes locales.

S'il fait ses débuts à Maurice en 1976 en tant que clerc d'office au ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et de l'Environnement, Anwar Janoo choisit ensuite, en 1982, de partir vers l'Angleterre pour des études supérieures en biologie, avant de mettre le cap sur la France où il décroche successivement licence, maîtrise et DEA en Sciences naturelles de l'Université de Paris 7.

En 1997, il obtient son doctorat du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, en présentant une thèse sur "La Position Phylogénétique du Dodo Raphus cucullatus L. et du Solitaire Pezophaps solitaria Gm., des îles Mascareignes".

Dans le cadre de cette thèse, Anwar Janoo a travaillé sur des collections d'ossements de dodo dans plusieurs musées: Museum National d'Histoire Naturelle de Paris, British Museum et Royal College of Surgeons de Londres, University of Oxford Museum, Cape Town Museum, Musée de la Rochelle France, le Mauritius Institute, le Smithsonian Institution à Washington, l'American Museum of Natural History de New York, le Transvaal Museum de Pretoria, le musée de Durban Natural History, le East London Museum. "Là, j'ai eu la chance extraordinaire de rencontrer la fameuse Miss Courtenay Latimer, qui a découvert le "poisson fossile" Latimeria chalumnae et qui m'a relaté l'histoire de l'œuf du dodo que lui aurait légué sa tante! Est-ce un vrai œuf de dodo? Elle en était persuadée et avait fait des études comparatives à ce sujet. Je demeure par contre sceptique. Mais l'œuf est jalousement gardé au East London Museum, Afrique du Sud. Et seul un test d'ADN pourrait établir si cet œuf appartient au dodo ou à une autre espèce".

Son intérêt concernant le dodo, explique-t-il, était de situer sa place parmi les oiseaux et notamment parmi les pigeons, en utilisant la morphologie (ostéologie et anatomie comparée).

"Ma formation en zoologie et anatomie comparée des vertébrés a été influencée par les enseignements du Prof. Armand de Ricqlès de l'université Paris 7, maintenant au Collège de France, et qui est un spécialiste de l'histologie osseuse des dinosaures! Tout ceci a convergé vers une formation de systématicien en utilisant des données morphologiques", explique Anwar Janoo.

Après avoir exercé comme consultant scientifique pour divers éditeurs français (dont les Editions Atlas), il a la chance, en 1998, d'obtenir le très convoité Frank Chapman Research Fellowship, ce qui lui offre deux années de post-doctorat à l'American Museum of Natural History, "le temple même, dirait-on, de la recherche en plusieurs disciplines de sciences naturelles", commente Anwar Janoo. "Là, j'ai pu avoir accès à des collections énormes sur les Columbiformes, groupe de pigeons sur lequel je faisais mes recherches, et d'autres grands groupes d'oiseaux, et approfondir les études et l'utilisation de plusieurs techniques d'analyse permettant de découvrir et connaître la diversité du vivant et cataloguer les espèces en vue de leur conservation et protection".

Suite à cela, notre scientifique revient à Maurice, dans le but de trouver un poste à l'Université de Maurice ou ailleurs, pour mettre son savoir et son expérience au service du pays. Mais la déception est au rendez-vous.

Il finit toutefois par obtenir, en 2002, un poste temporaire comme consultant scientifique auprès du département d'histoire dans le cadre du Maroon Archaeology Research Project.

"Cette expérience a été très riche car elle m'a permis de refaire le lien avec le pays et ses richesses biologiques et géologiques, que peu de personnes à Maurice, sauf les quelques experts étrangers de passage, ont la chance de connaître", fait ressortir Anwar Janoo. Mais, déplore-t-il, "il n'y a pas eu de suite quant à la possibilité de continuer ces recherches avec l'Université de Maurice, faute de motivation du Mauritius Research Council, qui aurait pu financer le projet et faire avancer ce type de recherche à Maurice, ou même de permettre l'enseignement de la zoologie à l'Université".

De fait, cette année de recherche se révélera, selon Anwar Janoo, intensive.

"Nous avons découvert pas mal de choses concernant l'histoire récente de l'île, ce dont témoigne le rapport soumis au NHTF (dont je n'ai toujours pas reçu la copie CD-ROM promise). Monsieur Amitava Chowdhury a été un élément clé dans ce projet, et Jorg Hauchler - qu'on a souvent l'occasion de mettre sur la ligne de touche, comme moi - a aussi beaucoup contribué à cette recherche. Ensemble, nous avons fait une bonne équipe, du bon travail, mais je regrette qu'on n'ait donné que peu de voix à la vulgarisation du travail accompli", déplore Anwar Janoo.

"Nous avons également fait des recherches sur le Morne, dont les résultats ont été très enrichissants. Nous avons ainsi découvert des restes d'animaux sur le Morne, qui suggère une occupation humaine, même si elle fut assez récente. Je ne suis malheureusement pas au courant du devenir de cette expédition et de ses suites".

C'est aussi dans le cadre de cette mission de recherche que vont être découverts, à Baie du Cap et à Roches Noires, des ossements de dodo portant des traces de prédation humaine. Découverte qui n'a malheureusement pas été, elle non plus, vulgarisée localement, mais dont on peut découvrir le détail, passionnant, dans un article publié à ce sujet par Anwar Janoo dans l'édition 2005 des réputées Annales de Paléontologie.

Pour notre chercheur, le dodo est un sujet d'étude et de passion depuis très longtemps, et c'est un regard et des commentaires sans aménité qu'il porte sur certains récents développements à ce sujet.

"En ce moment, on assiste à une recrudescence d'études sur le dodo et compagnie, que ce soit à Maurice ou en Angleterre ou encore en Hollande. On voit aussi des amateurs qui se présentent comme des spécialistes et leaders sur la question, alors qu'ils ne savent même pas reconnaître un os d'oiseau, voire du dodo!", fustige-t-il.

Concernant plus particulièrement la découverte d'ossements du dodo effectuée en octobre dernier à Mare aux Songes, sur les terres de Mon Désert Mon Trésor, notre paléontologue estime qu'elle comporte des points intéressants.

"Au fait, j'ai eu écho de cette découverte par une collègue des États-Unis bien avant que la nouvelle ne soit publiquement évoquée à Maurice. Comme quoi, le gouvernement est très au courant de ce qui se passe sur son territoire!", déclare Anwar Janoo.

Pour lui, cette découverte vient, en premier lieu, concrétiser ses hypothèses sur la possibilité de retrouver des ossements du dodo à la Mare aux Songes, hypothèse qu'il a eu l'occasion d'exprimer lors d'une conférence donnée au Réduit en 1998 devant la Société Royale des Sciences naturelles de Maurice, alors qu'il réalise, avec Dominique Lecuivre et Didier Duteil, Qui a mangé le dernier dodo?, un documentaire sur le dodo en partenariat avec FR3.

"Il y a encore des choses à découvrir à Maurice et il faudrait que les autorités facilitent ces initiatives scientifiques", insiste Anwar Janoo. "Je salue d'ailleurs l'effort hollandais et Mon Désert Mon Trésor d'avoir eu cette vision d'entreprendre une initiative qui est très enrichissante pour la communauté scientifique".

Reste, souligne notre paléontologue, la question du devenir de ces os:

"Où seront-ils déposés pour les études scientifiques et est-ce qu'on pourra y avoir accès? Dans le milieu scientifique, il y a des chasses gardées et on écarte les curieux pour avoir la primeur des découvertes, même si parfois on n'est pas spécialiste du sujet! Est-ce que ce sera la même chose pour cette découverte? Le Museums Council a du retard sur les régulations et lois concernant le patrimoine, et j'avais fait une esquisse sur ce qui concerne le problème des collections scientifiques. Je ne sais ce qu'il en est et donc ne peut me prononcer sur ce sujet", déplore notre scientifique.

Pour ce qui est des tests ADN évoqués comme une possibilité dans ce cas, il révèle que de tels tests ont déjà été menés par Beth Shapiro et Alan Cooper (publié dans Science vol. 295, pp. 1683, 2002) à l'Oxford Dept. of Zoology. "Ça ne coûte rien de refaire des tests d'ADN qui pourraient améliorer les résultats". Enfin, concernant l'estimation donnée par rapport à l'âge de ces ossements, dont il a été dit qu'ils "auraient plus de 2'000 ans", il s'étonne de ce qu'il considère comme "l'amateurisme" de cette déclaration. "On ne peut dater les os sans faire d'analyses au Carbone 14 ou méthodes similaires, ce qui permet d'avoir une datation précise. Donc, dire que les os datent de 2'000 ou 3'000 ans est assez vague" .

À travers tout cela, Anwar Janoo regrette que les recherches et découvertes précédentes n'aient pas bénéficié de l'intérêt voulu.

"Quand nous avons présenté nos découvertes d'os de dodo au MR il y a trois ans, la réaction a été sans enthousiasme et même dubitative, questionnant la nature de ces ossements et leur origine. Vous imaginez notre déception quant à la non poursuite de nos recherches. Maintenant, je ne sais ce qu'en pensent les autorités en fonction en ce moment même".

Face à cette absence d'intérêt, Anwar Janoo a choisi d'aller exercer ses compétences sous d'autres cieux. Il travaille donc en ce moment - et depuis deux ans déjà - au Museu nacional do Rio de Janeiro et à l'Universidade Federal do Rio de Janeiro.

"En collaboration avec un collègue brésilien, nous travaillons sur le Quaternaire du Brésil Central, où nous avons retrouvé des ossements de mastodonte sud-américain parmi la faune. Effectivement, il y avait des espèces proches des éléphants africains qui vivaient en Amérique du sud il y a plus de 4'000 à 5'000 années, et qui ont été exterminés autant par l'homme amérindien qui est arrivé là par le détroit de Behring, que par les changements climatiques", raconte Anwar Janoo.

Encore une histoire qui souligne, hélas, la véracité de l'affirmation selon laquelle nul n'est prophète en son pays…

dodo

Aide scientifique pour redécouvrir le dodo

L'Express, 5 janvier 2006

“Cette découverte a une grande importance et nous permettra de mieux connaître la vie des dodos.” C’est l’avis de Julian Hume, zoologiste attaché au musée d’histoire naturelle de Londres, sur la récente découverte de restes de dodos à Mare-aux-Songes en octobre 2005. Des scientifiques de ce musée comptent venir à Maurice pour aider dans les recherches sur cette espèce disparue.

Ces fossiles sont les premiers à être déterrés depuis 1920. Etant donné que tous les ossements formaient une seule couche, on peut conclure à une fosse commune.

La nouvelle équipe de chercheurs comprendra également des spécialistes de Naturalis (le musée d’histoire naturelle des Pays-Bas) ainsi que ceux du conseil des musées mauricien.

Combien de dodos vivaient sur l’île ? Que mangeaient-ils ? “Pour la première fois, nous aurons des réponses à ce genre de questions”, ajoute le zoologiste. Les chercheurs espèrent également qu’ils pourront découvrir comment vivaient les dodos avant l’arrivée des hommes et faire la lumière sur le processus de disparition d’une espèce animale à Maurice et dans d’autres îles.

dodo

À Mare aux Songes jeudi dernier

MTMD montre "ses" os de dodo
Week-End, dimanche 1 janvier 2006.

La nouvelle a finalement été annoncée officiellement par le groupe Mon Trésor Mon Désert jeudi après-midi: des os et un bec de dodo ont bel et bien été découverts à Mare aux Songes par une équipe de chercheurs hollandais en octobre dernier. Cette nouvelle, qui a fait l'objet d'un intérêt international suite à son annonce aux Pays Bas il y a quelques jours, n'est pas sans susciter localement certaines questions. Notamment autour de la propriété de ces ossements.

Toute cette histoire, qui rencontre aujourd'hui un vif intérêt mondial, commence d'après la version officielle en octobre 2005, lorsqu'une équipe de recherche hollandaise, qui menait des travaux au Fort Frederik Hendrik Museum de Vieux Grand Port, se rend à Mon Trésor Mon Désert. Selon Christian Foo Kune, general manager du groupe, cette équipe, composée des Dr K.F. Rijsdijk (géologue), P.M. Bunnik (micropaléontologue) et Peter Floore (archéologue), avait terminé ses travaux à Vieux Grand Port et disposait de quelques jours de vacances avant de repartir. "Or que fait un passionné quand il a un peu de temps libre? Il cherche encore!" s'extasie Christian Foo Kune.

Accompagnée par le Britannique Alan Grihault (qui vient de signer un ouvrage très documenté sur le dodo), cette équipe hollandaise se rend à MTMD en octobre dernier et demande à avoir accès à des carottes de forage (cylindres de terre) qui furent prélevées sur le site de Mare aux Songes en 1993 (voir hors texte). "Nous avons mis à leur disposition la vingtaine de boîtes contenant ces carottes. Il fallait les voir. Ils étaient comme des enfants auxquels on a permis d'ouvrir les boîtes qu'ils veulent dans un magasin de jouets!" commente Christian Foo Kune. "À partir des observations qu'ils ont faites sur ces carottes, ils nous ont ensuite recontactés en nous disant qu'ils avaient une grande faveur à nous demander. À savoir que nous leur permettions de fouiller à un seul endroit, sur l'emplacement n°5, et sur un espace de quelques mètres seulement. Nous leur avons dit d'accord".

Des ossements vieux de 2'000 ans ou plus

Là, nous dit-on, ces chercheurs vont trouver 19 kilos d'ossements, principalement de tortue. Mais aussi une cinquantaine d'os que le Dr Julian Pender Hume, paléontologue au National History Museum de Londres, a positivement identifiés comme étant ceux du dodo. Sans oublier un bec supérieur de dodo, dont il n'existait jusqu'ici que trois exemplaires connus au monde. Les résultats préliminaires indiquent que ces ossements pourraient être vieux de 2'000 ans ou plus. Une certaine quantité de graines de tambalacoque ont aussi été trouvées sur les lieux.

D'après les indications fournies par MTMD, le Mauritius Museums Council (MMC) a alors été "immédiatement informé des détails de cette trouvaille" et depuis ce moment, MTMD et le ministère des Arts et de la Culture, à travers le MMC, "ont travaillé en étroite collaboration sur ce projet".

Si certaines indications à ce sujet avaient déjà filtré dans la presse locale depuis la fin de novembre, il a fallu attendre jeudi dernier pour que MTMD fasse une conférence de presse, avec visite sur le site de Mare aux Songes, pour annoncer officiellement cette nouvelle capitale. N'est-il pas paradoxal que celle-ci ait été d'abord rendue publique internationalement par l'équipe de chercheurs hollandais aux Pays Bas la semaine dernière? "Ce n'est pas le cas. Nous avions déjà émis un communiqué il y a deux semaines après qu'il y a eu un leakage dans la presse locale", déclare George Leung Shing, managing director de MTMD. Une façon assez curieuse de procéder pour une nouvelle d'envergure mondiale, qui a fait la une de la presse scientifique internationale…

Jeudi dernier, les responsables de MTMD, en accueillant le ministre Gowreessoo et la presse, parlent en tout cas de "long awaited site visit". Mais s'empressent de préciser que "the delay was not ours" et que c'est le ministre des Arts et de la Culture qui, "comme St Thomas", voulait attendre d'avoir la confirmation qu'il s'agissait bien d'ossements de dodo.

À qui appartiennent ces ossements?

Le ministre Gowreessoo, lui, ne dit mot à ce sujet. Il écoute. Puis regarde ce qu'on lui montre. Dans deux boîtes en plastique recouvertes de film étirable, des ossements de couleur brune entassés pêle-mêle et, dans une plus petite boîte tapissée de coton, un bec supérieur de dodo. "Tous les ossements sont là. Il n'y a que quelques petits échantillons qui ont été envoyés en Europe pour confirmation et datation", déclare George Leung Shin.

Pour la suite, ce groupe dit prévoir la mise sur pied d'une International Dodo Research Foundation, avec l'aide de l'équipe de recherche hollandaise. MTMD annonce également qu'elle entreprendra, avec des spécialistes locaux et internationaux, d'autres travaux scientifiques sur le site de façon à reconstituer l'environnement (faune et flore) dans lequel vivait le dodo. L'apport d'institutions comme le Dutch Natural History Museum et le National History Museum de Londres sera à cet effet sollicité. MTMD dit aussi son intention d'assurer la protection et la préservation du site de Mare aux Songes. Qui se présente actuellement comme une zone marécageuse et boisée au milieu des champs de canne, entre l'aéroport SSR et la propriété de Mon Désert, sans aucune délimitation ou protection particulière.

Reste la question de la possession de ces ossements. Alors que MTMD affirme qu'elle les conserve en lieu sûr, dans un de ses coffres-forts, la question de savoir à qui appartiennent ces vestiges mérite toutefois, à notre sens, d'être posée. La loi ne stipule-t-elle pas que tout ce qui est trouvé sous terre appartient à l'État? Les os du dodo, patrimoine national et mondial, peuvent-ils appartenir à une entité privée? La direction de MTMD, que nous interrogeons à ce sujet, nous répond en ces termes: "Ces ossements appartiennent à MTMD. Nous avons sollicité à ce sujet un avis légal qui nous indique clairement que cette loi ne s'applique que dans le cas des trésors". Mais des ossements de dodo ne constituent-ils pas un trésor? La question reste en suspens…

Une découverte pas si récente…

Ce n'est manifestement pas un hasard si l'équipe hollandaise s'est rendue en octobre dernier à Mare aux Songes pour ses recherches. C'est là en effet qu'en 1865, le Britannique George Clark découvre les premiers ossements identifiés comme étant ceux du dodo.

Par ailleurs, les procès verbaux de la Société Royale des Arts et des Sciences de l'Ile Maurice (RSAS) pour l'année 1992 donnent des indications très intéressantes au sujet du site de Mare aux Songes. Il ressort ainsi que lors de la réunion du 15 avril 1992, le président de la Société, Robert Antoine, "rapporte que le site de la Mare aux Songes, là où furent découverts des ossements du Dodo par George Clark, était devenu un immense dépotoir. Avec l'aide du conseil d'administration de la propriété Mon Trésor - Mon Désert S.E., cet endroit a pu être maintenant nettoyé et il est suggéré qu'on le replante en espèces végétales indigènes. M.C. Michel suggère de déterminer l'épaisseur de la tourbe afin d'évaluer si elle pouvait encore contenir des ossements". Robert Antoine informe également le conseil, à cette occasion, de la visite prochaine du Pr Kondo, célèbre scientifique et paysagiste du Japon, qui doit s'arrêter à Maurice sur sa route vers Madagascar, en vue d'y retrouver la fameuse orchidée de Darwin pour la grande exposition sur Darwin qui se prépare au Japon. À noter que le Pr Kondo est aussi connu pour s'intéresser au dodo. Et que le Dr Robert Antoine fait savoir, lors de la séance du 22 février 1993, qu'il a écrit au Pr Kondo pour lui demander la création d'une maquette, préambule d'aménagement et de reboisement de la Mare aux Songes, pour éviter qu'elle ne redevienne un dépotoir.

Un os déjà trouvé au même endroit en 1993

Plus intéressant encore: le procès verbal de la séance du 10 novembre 1993 indique que "à propos de la Mare aux Songes, le Président annonce qu'un des carottages effectués a ramené un fragment d'os du dodo, des graines de latanier et la confirmation qu'à une certaine profondeur, la présence de sable corallien indiquait que le site faisait autrefois partie d'un estuaire". Par la suite, le Pr Kondo, mis en présence de ces éléments et fort de ses observations sur les carottes de forage, devait recommander que des fouilles plus poussées soient effectuées sur le site, car il avait de bonnes raisons de penser que des ossements de dodo pourraient y être trouvés.

Le Pr Kondo et Robert Antoine devaient toutefois décéder peu de temps après, et aucune suite ne fut donnée à cette affaire. C'est sur la base de l'examen de ces carottes de forage, conservées par MTMD, que ces chercheurs hollandais ont pu, en octobre dernier, effectuer ces fouilles précises qui ont immédiatement permis la découverte de nouveaux ossements.

Un fait dont il convient de se féliciter. Même si certaines interrogations sont posées par rapport au fait que la Société Royale des Arts, qui est à la base de carottage, n'ait, à aucun moment, été associée à ces nouvelles fouilles et que les chercheurs locaux qui se passionnent pour le sujet en aient également été tenus éloignés…

dodo

Interrogations

Qu'est-ce qu'un trésor?
Shenaz Patel
Week-End, dimanche 1 janvier 2006.

C'est une nouvelle qui a pour théâtre l'île Maurice. Mais dont l'île Maurice a l'air curieusement exclue. Alors qu'elle aurait tout à y gagner.

C'est l'histoire d'ossements de dodo trouvés en octobre dernier à Mare aux Songes, dans le sud-est, par une équipe de chercheurs hollandais. Rendue officielle par ces chercheurs aux Pays-Bas il y a quelques jours, cette nouvelle a fait la une de la presse scientifique internationale. Et pour cause. Il est question d'un animal unique, devenu un véritable mythe en raison de sa nature un peu particulière d'oiseau ne pouvant voler, et de sa disparition jusqu'ici pas tout à fait élucidée. Une sorte d'oiseau-symbole, qui parle aussi bien aux enfants du monde entier qu'aux scientifiques passionnés par les possibilités offertes de trouver des explications sur les raisons de la disparition d'une espèce.

Le dodo est une spécificité nationale. Il n'a vécu qu'à Maurice. Il est aussi un sujet d'intérêt international. Nous voilà donc avec une entité qui appartient au patrimoine national et, au-delà, au patrimoine mondial. Mais nous sommes incapables d'en profiter. Et cela veut dire bien des choses, sur lesquelles il n'est pas inopportun de se pencher en ce début d'année.

La récente découverte d'ossements du dodo, dont un bec supérieur très rare, aurait pu faire l'objet d'une annonce internationale mise en place à Maurice. Les retombées, médiatiques et autres, auraient été de premier plan. Au lieu de cela, nous avons eu droit à une conférence de presse "de rattrapage", jeudi dernier, après que la nouvelle a été annoncée par les chercheurs hollandais aux Pays-Bas. Les autorités locales n'ont, manifestement, été associées que tardivement à cette découverte. Ce qui nous amène à nous demander s'il existe toujours, dans ce pays, une partie du patrimoine national qui est destinée à être privée.

Le site de Mare aux Songes où ont été trouvés les ossements se trouvant sur la propriété sucrière de Mon Désert Mon Trésor (la bien nommée?), les administrateurs de ce groupe se font fort d'affirmer que ces ossements leur appartiennent. Arguant que la provision de la loi qui stipule que tout ce qui est trouvé sous terre appartient de facto à l'État, ne concerne que les trésors. Mais quelle définition donnons-nous au mot trésor Des ossements de dodo n'en constituent-ils pas un?

Aujourd'hui, MTMD conserve ces ossements "dans son coffre-fort". Pourquoi les Mauriciens n'ont-ils pas droit à une exposition de ces ossements? Le patrimoine national doit-il être laissé uniquement au bon vouloir du privé? Que se passera-t-il si, d'aventure, les administrateurs de MTMD décident un jour de créer un lotissement de luxe sur le site de Mare aux Songes, qui leur appartient? Devons-nous nous contenter de l'assurance de leur bon sens? Devons-nous ignorer le fait qu'en 1992, la Société Royale des Arts et des Sciences avait demandé à MTMD de réhabiliter ce lieu transformé, selon les procès-verbaux de cette société, en "dépotoir"? Qu'attend l'État mauricien pour faire l'acquisition de ces terres, quitte à les gérer en collaboration avec MTMD? Autant de questions qui méritent, selon nous, d'être abordées d'urgence.

Qu'on le veuille ou non, l'histoire de l'archéologie à travers le monde a toujours été étroitement liée à l'appropriation frauduleuse. Les exemples abondent de sites et vestiges archéologiques qui ont été pillés, y compris par des archéologues peu scrupuleux. Pas plus tard qu'avant-hier, une dépêche fait état de la saisie, par les douanes françaises, de plus de 17'000 objets archéologiques du Maroc et du Mali, faisant l'objet d'un trafic vers l'Allemagne. Parmi, des fossiles de grande valeur, dont des trilobites (gros insectes marins datant de l'ère primaire), une mâchoire de dinosaure marin datant de l'ère secondaire, ainsi que des crânes de tortue et de crocodile datant du tertiaire. Loin de nous la volonté de remettre ici en question le professionnalisme, le sérieux et la droiture de l'équipe hollandaise qui a découvert les ossements de dodo à Mare aux Songes. Nous voulons seulement dire qu'être archéologue n'est pas, en soi, une garantie de probité. Et qu'il importe donc que nous dégagions, au niveau national, des mécanismes de contrôle qui nous permettraient d'assurer une surveillance adéquate des richesses de notre patrimoine qui sont susceptibles d'attirer une convoitise internationale.

Or, ce n'est pas ce que nous voyons ici. La Royal Society of Arts and Science de l'Ile Maurice, pourtant à la base du carottage qui a permis ces découvertes, n'a, à aucun moment, été associée à ces nouvelles fouilles, pas plus qu'aucun chercheur ou scientifique local. Qui existent pourtant, comme le Dr Anwar Jannoo, paléontologue réputé et spécialiste du dodo, qui a préféré apporter récemment ses compétences à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro au Brésil, faute d'emploi local. Et qui vient de publier un article sur le dodo dans l'édition 2005 des réputées Annales de Paléontologie. Le Mauritius Museums Council (MMC) n'a, à en croire les notes soumises par MTMD lui-même, été informé de cette trouvaille qu'après qu'elle a été effectuée et authentifiée à l'étranger. Et au-delà, le MMC et le National Heritage Trust n'ont plus de conseil d'administration depuis des mois. D'une manière générale, qu'il s'agisse de dodo ou d'épaves de bateau par exemple, nombreuses dans nos eaux, qui contrôle donc quoi?

Les sujets de fierté nationale ne sont pas si abondants. Le dodo nous en offre un, en or. Et une synergie adéquate entre public et privé pourrait nous garantir des retombées touristiques et scientifiques extrêmement intéressantes. Il appartient maintenant à l'État mauricien de nous dire ce qu'il compte faire pour nous l'assurer…

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Ossements de dodo: entre trouvaille et disparition

Week-End, dimanche 11 décembre 2005.

Le dodo n'a pas fini de faire parler de lui. Suite à une information parue dans nos colonnes le 27 novembre dernier, l'établissement sucrier de Mon Trésor Mon Désert (MTMD) vient, par voie de communiqué, de confirmer la découverte d'ossements et d'un bec de dodo à Mare aux Songes, en octobre dernier. Fait qui suscite des réactions contrastées chez certains chercheurs locaux, qui s'interrogent sur la façon de disposer de ce qui constitue un patrimoine national. Une question d'autant plus brûlante quand on apprend, au cours de la semaine écoulée, que les ossements de dodo découverts en 2003 dans le cadre du Marroon Archeology Project seraient tout bonnement… introuvables.

Dans notre édition du 27 novembre dernier, nous faisions état d'une information à l'effet qu'une équipe de chercheurs étrangers, travaillant sur le site du Frederick Hendrick Museum à Vieux Grand Port, aurait trouvé à Mare aux Songes des ossements présumés appartenir au dodo. Ossements qui auraient été envoyés en Hollande pour certification. Nous faisions également état du fait que certains chercheurs locaux, ayant eu vent de cela, comptaient adresser une lettre de protestation aux autorités, pour exprimer leur mécontentement et leur inquiétude face à ce qu'ils considéraient comme le "secret" ayant entouré cette affaire et le respect ou non des procédures devant normalement entourer l'envoi à l'étranger d'éléments appartenant au patrimoine national mauricien.

Dans un communiqué qui nous a été subséquemment envoyé, le Managing Director de MTMD, Georges Leung Shing, affirme qu'"il n'est pas exact d'avancer que MTMD ait eu la volonté d'écarter de quelque manière que ce soit les scientifiques locaux concernant la découverte d'ossements du dodo à Mare aux Songes récemment. MTMD a, au contraire, systématiquement tenu informé le directeur par intérim du Mauritius Museums Council de tous les développements menant à cette découverte historique. Cet organisme a d'ailleurs pleinement collaboré avec l'équipe de chercheurs ayant fait la découverte".

Un bec supérieur rarissime

Le Managing Director affirme par ailleurs que MTMD a officiellement informé le Premier ministre "des détails de la situation" par une lettre en date du 23 novembre 2005. Dans ce courrier, la chronologie des événements est donnée comme suit: selon MTMD donc, une équipe de recherche associée au Frederick Hendrick Museum a visité, le 19 octobre, le site Mare aux Songes, non loin des bureaux de MTMD. L'équipe a également examiné des carottes de forage extraites de plusieurs sites en 1993 sous la supervision de feu Dr Robert Antoine, ancien directeur du MSIRI et un de ses collègues japonais, aujourd'hui décédé. Toujours selon MTMD, l'équipe de chercheurs a fait une demande pour effectuer une fouille plus poussée sur un des sites. "19 kilos d'ossements, principalement de tortues, ont été trouvés ainsi que d'autres ossements qui, c'est maintenant confirmé, proviennent du dodo, comprenant notamment un bec supérieur dont il n'existe que trois au monde à ce jour. Des échantillons ont été envoyés en Hollande pour dater ces ossements", déclare Georges Leung Shing. Confirmant ainsi notre information à cet effet.

Si l'on peut s'étonner que le public mauricien n'ait pas, jusqu'ici, été mis au courant de cette découverte importante, le Managing Director de MTMD assure qu'"une communication officielle sera bientôt publiée sur cette découverte dans le Science Magazine" et que "de plus amples informations seront transmises à ce sujet dans les jours qui viennent". Il dit encore que "MTMD se félicite de cette nouvelle découverte historique concernant le dodo et tient à assurer la population entière et la communauté scientifique locale de son entière collaboration et de faire partager à toute la nation et au monde cette découverte".

Le dodo s'est-il… envolé ?

Affaire à suivre donc. Mais une autre question surgit au sujet du dodo. Lors du lancement de l'ouvrage Maroonage and the Maroon heritage, mercredi dernier à l'Université de Maurice, le public présent a eu droit à une virulente sortie de Prem Mahadeo, nouveau directeur de l'Aapravasi Ghat Trust Fund, après avoir été démis, en 2003, dans des circonstances jusqu'ici restées floues, de son poste de directeur du National Heritage Trust Fund.

Outre de tempêter contre la non-publication à ce jour du rapport du Marroon Archeological Investigation Project pourtant soumis aux autorités depuis 2003, M. Mahadeo s'est interrogé sur "la disparition" de certaines choses trouvées dans le cadre de ces travaux. Notamment des ossements de dodo, trouvés dans la région de Bel Ombre. "Où se trouvent ces ossements aujourd'hui? Quelqu'un peut-il nous le dire? Nous avons appris qu'ils ne sont plus à l'Université, ni aucune part ailleurs. Nous avons appris qu'ils auraient disparu. Sont-ils dans un autre pays? Ou chez certains particuliers?", lance Prem Mahadeo, qui a fait certaines allégations à ce sujet.

Présent à cette occasion, le ministre des Arts et de la Culture, Mahen Gowreessoo, n'a pas réagi pour apporter un quelconque éclaircissement. Et nos tentatives de le contacter à ce sujet pour une déclaration sont jusqu'ici restées vaines. Impossible également d'obtenir des éclaircissements de celui qui fut en charge de cette mission, le Pr Chowdary, qui a quitté Maurice pour l'université de Washington.

Une affaire qui n'est pas sans soulever de sérieuses questions sur la façon dont nous protégeons, effectivement, des éléments capitaux de notre patrimoine…

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Polémique en vue autour du dodo

Suite à une découverte faite à Mare aux Songes

Week-End, dimanche 27 novembre 2005.

Des ossements de dodo auraient-ils été découverts récemment à Mare aux Songes et envoyés en Hollande à des fins d'expertise?

Cette histoire soulève en ce moment des questions qui risquent fort de tourner en polémique, après que des informations ont filtré cette semaine à l'effet que des chercheurs, majoritairement étrangers, auraient effectué des fouilles sur un terrain appartenant à l'établissement Mon Trésor Mon Désert et y auraient trouvé des ossements présumés appartenir au dodo.

Des ossements qui auraient été envoyés à l'étranger sans que certaines instances locales directement concernées aient été mises au courant.

Le site de Mare aux Songes est considéré comme un site stratégique par rapport à l'histoire du dodo depuis qu'un chercheur britannique y avait trouvé, à la fin du 19ème siècle, des ossements identifiés comme appartenant au disparu dodo. Ces ossements furent envoyés en Angleterre et servirent à reconstituer un des rares squelettes de dodo qui existent.

II nous revient qu'il y a une quinzaine d'années, une équipe japonaise avait de son côté effectué des recherches à Mare aux Songes, et y avait trouvé des ossements présumés être du dodo. Mais ces recherches n'eurent pas de suite. L'annonce d'une autre découverte, du côté de Bel Ombre, avait été faite l'an dernier dans le rapport, toujours confidentiel, d'une équipe constituée localement en vue d'enquêter sur les esclaves marrons dans l'île.

Cette fois il ressort qu'une autre équipe majoritairement composée de chercheurs hollandais (qui travaillent également sur le site du Frederick Hendrick Museum de Vieux Grand-Port, aurait effectué des fouilles à Mare aux Songes sur un terrain appartenant à Mon Trésor Mon Désert. Fouilles qui auraient permis de découvrir des ossements présumés appartenir au dodo. Présomptions qui auraient été confirmées par des analyses effectuées en Hollande, qui abrite, à Amsterdam, un des rares spécimens de squelette de dodo.

Découverte capitale

Si elle est avérée, cette découverte se révélera d'un premier ordre au niveau scientifique, dans la mesure justement où il n'existe à ce jour que très peu d'ossements du dodo découverts à Maurice, soit là où il vivait et d'où il a disparu. Subsistent principalement quelques spécimens qui furent vraisemblablement envoyés vivants à l'étranger et qui y moururent. On trouve ainsi un squelette de dodo à Oxford, un au National History Museum de Londres, un à Prague et un à Amsterdam.

Une polémique commence toutefois d'ores et déjà à se dessiner à ce sujet, autour du «secret» qui aurait, selon certains, entouré cette opération. Il ressort ainsi que certains organismes locaux en principe responsables de tout ce qui a trait au patrimoine, n'auraient pas été mis au courant de cette découverte et encore moins de l'envoi à l'étranger d'éléments qui appartiendraient au patrimoine national. Et qui devraient en principe être soumis à des règlements et à des contrôles stricts, notamment en termes sanitaires.

II nous revient par ailleurs que certains organismes n'auraient été contactés que très récemment par rapport à des aspects qui pourraient avoir une importance dans le cadre de cette découverte, mais sans être mis au courant de la découverte en soi. Ainsi, les services du MSIRI ont été sollicités la semaine dernière par cette équipe concernant la paléobotanique de la région de Mare aux Songes, soit les espèces végétales associées à ce site dans le temps.

Une communication de cette équipe de recherche est en tout cas attendue en début de semaine. Alors que l'on prête également l'intention à certains chercheurs et scientifiques locaux de protester auprès du gouvernement contre la façon de faire adoptée dans cette affaire. A suivre donc.

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Sacré dodo

L'Express, 28 novembre 2005.

“As dead as the dodo.” Reste à voir. L’oiseau mort n’est pas bel et bien enterré. Des ossements auraient été retrouvés à Mare-aux-Songes, dans le périmètre de la propriété sucrière de Mon Tresor Mon Désert. Le tout entouré par le plus grand des secrets.

Il ressort que c’est dans une discrétion quasi absolue qu’une équipe de géologues et d’archéologues travaille sur le site depuis le mois d’octobre. La polémique menace désormais de s’emparer de notre oiseau emblématique. Si le Mauritius Museums Council a été mis au courant des travaux, il semble que tel n’aurait pas été le cas pour d’autres instances concernées.

En attendant que la lumière soit faite sur les responsabilités des uns et des autres, il est indiscutable que plusieurs siècles après sa disparition, le dodo passionne. Et c’est tant mieux. N’oublions pas qu’il est un de ces éléments fédérateurs qui participe à la construction de notre identité de Mauricien. Les enfants apprennent à le reconnaître dès leur plus jeune âge.

Le commerce s’en est mêlé. Même nos savates en caoutchouc rouge, fabrication si typiquement locale, portent le nom de l’oiseau national. C’est dire si pour arpenter cette terre, sa terre, il n’est pas de chausse-pied qui nous mette plus à l’aise que les savates dodo. Mieux, parmi les premiers souvenirs qui assaillent le regard du touriste : des dodos dans une variété de matières : tissus, bois, cristal.

Et pourtant, son histoire n’est que sommairement enseignée dans les écoles. A part l’appétit hollandais pour cette chair dite huileuse et indigeste, ce qui a conduit à un massacre, l’on sait peu de choses de la bête.

Elle a repris du poil cette année sous plume d’Alan Grihault, spécialiste local, pour ses recherches approfondies publiées sous le titre “Dodo, the bird behind the legend”. Ce qui fait qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que son nom soit cité parmi ceux qui ont participé aux fouilles de Mare- aux-Songes. Lieu où l’ingénieur civil Harry Higgingson (dont le nom n’a pas été retenu par l’histoire) a découvert des ossements de dodo en 1862.

Venu dans l’île pour participer à la pose des chemins de fer, il a consigné en écrit les circonstances de la découverte. D’autres restes ont été découverts sur le même site entre 1891 et 1892 par Théodore Sauzier. Ils ont été envoyés à Cambridge, où le squelette de l’oiseau a été reconstitué, avant d’être retourné au musée d’histoire naturelle à Port-Louis.

Autant de faits relatés avec délectation par par Alan Grihault. Sous sa plume, envolé l’oiseau disgracieux et grotesque de notre imaginaire collectif. A la place, un oiseau du paradis.

L’auteur a ainsi retrouvé la première trace écrite de l’oiseau, datant de 1599. Témoignage qui en parle comme des “fowls twice as big as swans.” Passant allègrement de la grande à la petite histoire, l’auteur relève avec à propos qu’un esclave marron, libre de 1663 à 1674, n’a vu un dodo que deux fois en onze ans.

Alan Grihault ne se laisse pas décourager par le mystère entourant la date de disparition du volatile. Il préfère nous surprendre tout en nous apprenant des choses. Le saviez-vous ? “(The name of the Dodo) was attributed to another Mauritian resident, the Red Rail.”

S’aidant de la loi des chiffres, Alan Grihault explique que des mathématiciens ont calculé la date de la disparition du dodo à partir de dix rapports confirmés. Les chiffres auraient alors livré l’année 1690 comme celle où le dodo est entré dans la légende. Espérons que le début de polémique concernant les ossements de Mare-aux-Songes ne vont pas l’entacher.

Aline GROËME

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Le musée du dodo

Océan indien magazine
Juin/Septembre 2005, n°20, page 20.

Animal emblématique de l'histoire mauricienne, le dodo a désormais son musée virtuel. Ces pages très documentées et abondamment illustrées permettent de tout savoir, ou presque, sur ce drôle d'oiseau, lointain cousin du pigeon, qui était devenu trop lourd pour voler. Massacré jusqu'au dernier dès l'apparition de l'homme à l'île Maurice, il aurait pu disparaître définitivement des mémoires. Mais voilà: un certain Lewis Carol aimait aller admirer une reconstitution du dodo, au musée d'Oxford. II lui a donné un rôle dans son Alice au pays des merveilles et depuis... Site en français et en créole mauricien.

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Musée virtuel

Le Reveil du Dodo

L'Express, le 16 avril 2005

«J'ai fait un musée virtuel parce que c'est tout ce que l'on m'a permis de faire. Et encore, c'est un musée virtuel qui est sûrement plus réel que bien des musées».

Coup de gueule explosif d'Emmanuel Richon lors du lancement de son Musée du Dodo, mercredi soir, au bureau de Ledikasyon pu Travayer. Un coup de gueule nécessaire et applaudi.

Si le musée n'est qu'un site Internet ce n'est pas faute de moyens. Les documents, Richon les a, les tableaux, il peut les reproduire ou les restaurer, en sa qualité d'expert en restauration de tableaux. Mieux encore, il a l'envie et la passion qui manquent à beaucoup.

Présent dans la salle, Abdul Cader Kalla, directeur du Conseil National des Musées, justifie l'inaction par le manque cruel de moyens financiers. Encore et toujours, la culture «nationale», est le parent pauvre de la nation.

Richon se révolte, «vous refusez l'aide que l'on vous offre». On le sent profondément retourné de la situation. Mauricien d'adoption, muséologue, restaurateur de tableaux, il vit pour la culture et ne supporte pas de la voir ainsi bafouée, jetée aux oubliettes. Et dans la salle, on s'interroge. Comment un musée qui mettrait en vedette notre célèbre Dodo n'a pu voir le jour? Le Dodo mondialement connu peut attirer des touristes, donc avoir des retombées commerciales, le Dodo, c'est une partie de la renommée du pays. Le Dodo de l'île Maurice est international. Seulement voilà. Le Dodo est mort. Et comme le Dodo n'a pas de religion, il n'aurait pas l'honneur d'avoir son centre culturel.

«Et pas que le Dodo», poursuit Richon sur sa lancée. «J'ai dans les mains de quoi faire quatre musées. Le musée du train, le musée de l'architecture, le musée Baudelaire. Une national Art Gallery. Je restaure des tableaux». Le Mauritius Institute possède des tableaux qu'il ne peut exposer. Trop abîmés. Selon Richon, il y aurait un tableau de illustre Renoir caché au musée de Port-Louis.

Richesse documentaire incroyable

Des trésors cachés, comme ces 30 kg d'ossements de Dodo, ou comme ce squelette unique au monde du Didosaurus mauritianus, un lézard géant. «Le musée est une valeur extraordinaire. Le peu que l'on a est en train de disparaître». Reste Internet. Au moins c'est libre et intouchable, pas de risque de poussières, ni de placards pour ranger l'histoire. Et ce n'est qu'un début. Pour le moment le site n'est que naissant et ne tardera pas à s'améliorer, visuellement. Il est toutefois d'une richesse documentaire incroyable.

Wahab Owadally a commenté le site internet, en critique attentionné et décrit le Musée du Dodo comme une œuvre scientifique, pédagogique et historique. «Richon est très méticuleux, un peu grognard, mais quand li pe fer, li pe fer bien». Le site est pour l'instant très simple dans la conception. C'est une série de pages, très intéressantes, sur l'histoire du Dodo, sa découverte, ses cousins, d'où vient le nom Dodo, sa physionomie… Une documentation de référence.

Très illustré, le site est facile à la lecture. On ne se lasse jamais de découvrir à chaque page, une nouvelle représentation du Dodo. Les pages sont en français et en créole – c'est d'ailleurs l'un des plus importants ouvrages scientifiques en créole.

Et le site propose également des extraits sonores, des enregistrements des textes en créole et un questionnaire pour les étudiants. Bientôt des textes en anglais. Le site sera amélioré graphiquement pour que la visite du «musée» soit plus agréable. En attendant une visite non virtuelle. Il ne manque rien pour en faire un vrai musée, public, gratuit, beau, instructif, dont on pourra être fier. Là où les touristes viendront par curiosité acheter des cartes postales, où les parents amèneront leurs enfants pour les émerveiller avec la légende du Dodo…

Pour trouver le site, l'adresse est: http://www.palli.ch/~kapeskreyol/dodo/ ou plus simplement, trouvez le site grâce à une recherche sur google ou yahoo en tapant: musée dodo.

 Sonia SERRA

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À l'initiative d'Emmanuel Richon

PATRIMOINE
Un musée pour le Dodo

L'Express, le 14 avril 2005

Dans son rôle de documentaliste, Emmanuel Richon nous propose de découvrir, sur Internet, la vie et la disparition de l'oiseau-symbole du pays.

Non, il n'est pas mort. Pas pour Emmanuel Richon en tout cas. Son corps dodu, son histoire tragique, sa légende. Le Dodo retrouve ses plumes – virtuelles – grâce au musée en ligne que lui consacre le restaurateur et responsable du centre de documentation de l'Ecole du Centre.

Lancé hier, ce musée virtuel est ouvert aux internautes avides de connaître l'oiseau qui orne fièrement les armoiries de la nation. L'adresse http://www.palli.ch/~kapeskreyol/dodo/ vous donnera accès aux mystères entourant le Dodo.

En créole et en français, Emmanuel Richon propose une documentation riche et abondamment illustrée qui permet de passer allègrement du massacre au mythe. Le préambule précise d'ailleurs que, “soixante dix ans à peine après sa découverte, le dernier représentant de cette espèce avait disparu. Le caractère subit de cette perte a valu, mauvaise conscience oblige, la création d'un mythe, d'une vraie légende”.

Voyage au “Dodoland”

Naviguant entre le poétique et le scientifique, le concepteur du site s'intéresse à l'étymologie parlante du nom de cet oiseau de la famille des drontes. “En flamand, dodo est le parfait anagramme de dood, qui signifie mort. Il y a de fortes présomptions pour penser que ce nom viendrait des Portugais. Duedo, doudo ou doido, signifiant idiot, ce qui paraît une suggestion plausible pour un oiseau si facile à attraper.”

Dans un autre registre, le musée nous invite à partager l'émerveillement d'Alice, l'héroïne de Lewis Caroll. La petite fille rêveuse, dont les aventures paraissent à Londres en 1865, coïncident, “avec la découverte des ossements à la “Mare-aux-Songes”. Emmanuel Richon nous rapporte que “Lewis Carroll avait apparemment l'habitude de se promener dans la campagne anglaise en discutant avec une petite fille qu'il immortalisera dans son personnage d'Alice. L'une de leurs escapades favorites était d'aller au museum d'Oxford afin d'y voir les vestiges du dodo.”

Le site nous emmène en voyage au Dodoland, comprenez, la patrie du Dodo telle qu'elle était de son vivant. Une incursion historique et géographique grand public, avec une attention particulière pour les scolaires.

De croquis en tableaux de maître, le musée virtuel nous rappelle que c'est le professeur George Clark, maître d'école à Mahébourg, qui, en 1865, découvrit les premiers squelettes de Dodos, au lieu-dit “Mare-aux-Songes.” Ces découvertes fut envoyées à Londres, où Richard Owen, conservateur du Musée d'histoire naturelle, tenta la première reconstitution d'un squelette de Dodo entier.

Le musée du Dodo n'oublie pas non plus nombre de contemporains de l'oiseau mythique. De la tortue si grande que “huit ou neuf personnes peuvent s'asseoir sur la carapace renversée d'une seule d'entre elles et y prendre leur repas” au Solitaire, le frère rodriguais du Dodo, c'est tout un pan de notre Histoire commune que revisite le nouveau site.

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Un musée virtuel consacré au Dodo

Le Mauricien, 15 avril 2005

Désormais, les jeunes ou même les moins jeunes peuvent en savoir plus sur le Dodo, un oiseau aujourd'hui disparu, qui ne saurait être exclu de notre patrimoine et qui est d'ailleurs un des emblèmes de notre île. Un musée virtuel du Dodo est, en effet, accessible à travers l'internet, sur plusieurs serveurs tels que Google en tapant sur "musée du Dodo". S'y trouvent notamment des explications, des descriptions, des références bibliographiques, un questionnaire pour les scolaires et une palette d'illustrations sur le Dodo. Selon Emmanuel Richon, qui a travaillé à la création de ce site, "ce musée est le premier musée virtuel de l'océan Indien, le premier document scientifique en langue créole de Maurice, le premier manuel pédagogique en langue mauricienne ". À noter que la documentation est assurée en français et en créole.

Une trentaine de rubriques figurent sur le site dont Les Mystères d'un nom; Premières légendes ; Physionomie du Dodo; Le Dodo de Prague; Le Dodo de Surat; Le Dodo d'Amsterdam; Mais d'où sort-il cet oiseau ou Dodo d'Alice? Ceux qui l'ignorent y apprennent que "ce bipède qui ne volait pas" est le "seul animal connu à avoir droit à une majuscule". Le visiteur du site y prend aussi connaissance du nom scientifique de cet animal - qui fut découvert au début du XVIIe siècle - à savoir Raphus cucullatus. Connu aussi comme Dronte, en français, le Dodo fut, lit-on,"d'une taille supérieure à celle d'un gros dindon" et fut "un oiseau vivant à l'Île Maurice, incapable de voler. On estime que, soixante-dix ans à peine après sa découverte, le dernier représentant de cette espèce avait disparu. Le caractère subi de cette perte a valu, mauvaise conscience oblige, la création d'un mythe, d'une vraie légende".

Par ailleurs, le site nous apprend que cet oiseau avait une dizaine de noms. "Pourquoi autant de noms? Toutes ces hésitations trahissent en effet un problème majeur, celui de sa classification. Tantôt comparé à une oie, tantôt à un dindon, tantôt à un pigeon, un vautour, bref, quantité d'oiseaux qui n'ont pourtant rien en commun et sont des espèces totalement différentes".

Si, nous explique-t-on encore, en 1823, "un ornithologue, Nicolas Vigors, le range parmi les gallinacés, le prenant pour une sorte de coq (…) c'est à un autre professeur, John Theodor Reinhardt (1816-1882), qu'il revint en 1843, de le classer enfin parmi les colombiformes et pour finir, c'est cette hypothèse qui tint la route jusqu'à nos jours".

Et s'agissant des possibles prédateurs du Dodo, on peut lire que "vers 1640, quatre décennies après sa découverte, les rats, chats, cochons sauvages ou singes, amenés volontairement ou non sur l'île, avaient conquis tout le territoire. Étaient-ils prédateurs des œufs ou des jeunes Dodos? C'est probable. Les adultes à maturité, avec leurs becs énormes, étaient sans doute à même de se défendre spontanément, mais les poussins devaient être particulièrement vulnérables. Les œufs posés à même le sol ont dû être des proies faciles à trouver" .

Il est à noter que le site propose aussi aux scolaires une quinzaine de questions réponses après la visite du "musée", en créole et en français, sur le Dodo.

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Un musée virtuel dedié au Dodo

Le Défi plus, le samedi 30 avril 2005

Jamais on n'aurait pensé avoir un site web consacré au Dodo, oiseau tantôt comparé à une oie tantôt à un dindon. Et pourtant, Emmanuel Richon, documentaliste, restaurateur des collections d'œuvres d'art, enseignant et auteur de plusieurs ouvrages, l'a fait. Exploit ou non, Emmanuel Richon n'avait qu'une envie offrir aux internantes un musée unique en son genre. Unique, on peut le dire, puis-qu'il est virtuel.

"J'aurais bien voulu créer un musée réel. Par manque de moyen, j'ai dû me rabattre sur un site web seulement. Et ne venez pas me dire qu'il n'y a pas de site pour abriter un musée à Maurice. Il y a tellement de sites inexploités ici, mais impossible de mettre la main dessus", fulmine-t-il.

Malgré tout, Emmanuel Richon ne baisse pas les bras. Tellement fasciné par le Dodo. il organise en 2000, une exposition sur `Dodo & Co.', ce qui lui a permis d'avoir une recherche abondante sur l'oiseau Dodo.

Le site contient une grande documentation et des illustrations sur le Dodo et propose plusieurs rubriques à savoir: le Préambule, les mystères d'un nom, Dodoland, les premières légendes, physionomie du Dodo, le Dodo de Prague, Surat, d'Amsterdam, Blancs, les tortues géantes Cylindraspis, symbiose avec le Dodo, le Dodo d'Alice, frère du Dodo, découvertes du solitaire, évolution, bibliographie, questionnaire destiné aux scolaires, parmi d'autres rubriques.

En sus, des pages en français, vous y trouverez la version créole de même que des extraits sonores. Pour réaliser ce site, Emmanuel Richon a reçu l'aide de Francesca Palli, comme webmaster, Pushpa Lallah du Lediksyon Pu Travayer pour la réalisation des notes en créole et Krishna Tripathi qui a réalisé la version audio en créole sur le site.

Le site sera mis à jour au fur et à mesure qu'Emmanuel Richon a d'autres informations encore inconnues des internautes. Soulignons qu'un concours de dessin sur le Dodo se tiendra prochainement à l'échelle internationale. Les dessins choisis seront affichés sur le site.

Pour Emmanuel Richon, même si le musée n'est que virtuel, le site reste vivant et constitue un élément important du patrimoine mauricien. "Je suis quand même fier de contribuer au patrimoine de mon pays. J'espère créer un musée réel un jour", soutient-il. Du moment qu'il n'y perd pas des plumes.

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Un musée virtuel pour le Dodo

Journal de l'Ile de La Réunion (JIR), le 27 avril 2005

Présents dans de nombreux muséums d'histoire naturelle dont celui de la Réunion, les dodos mauriciens et rodriguais ont désormais un musée virtuel sur Internet qui leur est entièrement consacré. L'initiative en revient à un Français installé dans l'île Sœur, Emmanuel Richon. Le site, malheureusement un peu rébarbatif (?) dans sa présentation, est une mine d'informations sur cet oiseau mythique.

De tous les oiseaux des Mascareignes encore existants ou aujourd'hui disparus, le Dodo est de loin celui qui a le plus nourri l'imaginaire. On le croyait présent à Maurice: Rodrigues et à la Réunion: des campagnes de fouilles menées de 1992 à 1996 ont permis d'établir que le Dodo réunionnais était en fait un ibis. De nombreux muséums à travers le monde, dont celui de la Réunion, exposent des reconstitutions ou des squelettes de Dodo mais aucun musée ne lui avait été jusqu'à présent entièrement consacré y compris à Maurice. Un Français, Emmanuel Richon, vient combler le vide d'une manière originale. Il a eu l'idée de construire sur Internet un musée virtuel entièrement consacré au Dodo. Malheureusement, la présentation rébarbative (?) et la difficulté d'accès (?) ne rendent pas justice à la richesse du site.

Parisien d'origine, Emmanuel Richon s'occupe d'abord de restaurations de tableaux pour les musées de la ville de Paris et celui de la Marine avant de piloter pendant deux ans la restauration des collections d'œuvres d'art du musée Lapérouse de Sydney. Il découvre Maurice en 1993 dans le cadre de missions de coopération muséologique avec le Mauritius Institute, à Port-Louis.

Un site d'une grande richesse

Dans l'île Sœur, Emmanuel Richon s'occupera de restaurations d'œuvres appartenant au musée de Mahébourg et au Mauritius Institute. Également à son actif la restauration de l'ensemble des collections du Blue Penny Museum, à Port-Louis. Le musée du Dodo d'Emmanuel Richon est en deux langues, français et créole mauricien. Il réunit sans aucun doute la documentation la plus complète jamais rassemblée sur cet oiseau, nous invitant à le découvrir, pas à pas.

Un oiseau mythique

D'abord le nom. “Il y a de fortes présomptions pour penser que ce nom viendrait des Portugais.“Duedo” “Doudo” signifient idiot ce qui paraît une suggestion plausible pour un oiseau si facile à attraper,” indique Emmanuel Richon qui propose également une flamande “dodaersen” “croupe dodue”. Nous sommes ensuite invités à rencontrer ceux qui ont eu la chance de connaître le Dodo vivant. Emmanuel Richon exhume, entre autres, le premier récit faisant mention de l'oiseau.

On le doit à l'un des membres de l'expédition commandée par l'amiral Jakob Van Neck qui fait escale à Maurice en 1598. Dans la foulée, Emmanuel Richon fait le tour des descriptions contradictoires et des premières légendes qui ont contribué à bâtir le mythe du Dodo. Parole est ensuite donnée aux derniers témoins. Les naufragés du vaisseau hollandais Arhnhem sont sans doute les derniers en avril 1662 à avoir vu des Dodos vivants. “Il n'était plus visible sur l'île principale, note Emmanuel Richon. Les derniers représentants de l'espèce durent en fait subsister jusqu'en 1670 sur les îlots du littoral”. Exit le Dodo qui ne subsiste que sous la forme de dessins dont Emmanuel Richon nous propose plusieurs esquisses. Les plus étonnantes sont sans doute celles du Dodo de Prague et celui de Surat en Inde. La première selon Emmanuel Richon aurait été peinte à partir d'un modèle empaillé d'un spécimen capturé pour le roi Rudolf II qui, à Prague, possédait une ménagerie avec des animaux provenant de contrées lointaines. La second immortalise sans doute l'un des deux Dodos envoyés au Shah Jahangir.

Le Dodo d'Amsterdam peint vers 1626 par Adriaen Pieterszoon Van der Venne puis par Roelandt Savery l'a été à partir d'un oiseau vivant. “Très probablement, cette version, totalement caricaturale fût l'ancêtre de tous les Dodos peints ultérieurement et de tous ceux copiés jusqu'à nos jours”, avance Emmanuel Richon. Il s'attarde ensuite sur les mystères des Dodos blancs puis montre à quel point il est difficile de se faire une idée exacte de l'oiseau. “Du Dodo au maximum une douzaine d'esquisses ou peintures furent avec certitude exécutées d'après un animal réel, vivant ou mort.” Très vite, s'installe le mythe du Dodo. “Passé 1755, confirme Emmanuel Richon, l'histoire de cet oiseau devient mythique, exerçant une fascination sans bornes sur les savants, les écrivains. Dès 1778, les recherches commencèrent en vue de trouver des vestiges osseux susceptibles de prouver l'existence du Dodo.”

Le site d'Emmanuel Richon relate la découverte des premiers ossements en 1865 par Georges Clark non loin de Mahébourg. “De nos jours, rappelle-t-il, seuls sept musées à travers le monde peuvent s'enorgueillir de posséder des reconstitutions complètes (ou presque) de squelettes de Dodo”. Le reste du site est consacré à l'inventaire de ces vestiges, à tenter de percer les origines de l'oiseau, son régime alimentaire et rend justice à quelques animaux intéressants injustement rejetés dans l'ombre par le Dodo. Au final, ce voyage dans “l'intimité” du Dodo se révèle fascinant. On ne peut qu'espérer qu'Emmanuel Richon le rendra un peu plus attractif (?) afin d'encourager le plus grand nombre à l'entreprendre1.

Alain Dupuis

1. La webmaster, une non professionnelle, s'occupe bénévolement de la mise en page de tout le site. Kapes Kreyol, site très riche en documents, lui demande une moyenne de 3-4 heures par jour, jours festifs compris. - Francesca Palli


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