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Séisme à Haïti - 12 janvier 2010
Six ans après - 12 janvier 2016

La cathédrale après le séisme

La cathédrale après le séisme, Carlos Jn-Baptiste. Nader Haitian Art

12 janvier, ce mémorial encore en chantier…

Chaque année, depuis au moins deux ans, le mémorial des victimes du 12 janvier attire l’attention. En dépit des avancées notoires, le chantier n’est toujours pas terminé… 08 janvier 2018 Le Nouvelliste

Mardi 5 janvier 2016. Le vent semble être à bout de souffle. A l’horizon jauni, la mer perd peu à peu de son bleu. Le jour s’en va, le pas presque aussi lourd que la construction de la première phase du mémorial aux victimes du séisme du 12 janvier 2010, entamée depuis au moins deux ans, non loin de St-Christophe (Titanyen), à l’entrée nord de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Sept jours avant la cérémonie officielle pour se souvenir des morts, souligner la force de la vie, écouter des officiels ressasser  des vœux pieux de vivre autrement, de bâtir autrement en Haïti à cause des aléas sismique, quelques dizaines d’ouvriers s’affairent sur le site. Entre des palmiers desséchés et des fleurs mortes, ils posent granites et céramiques, enduisent des murs de ciment.

Sur la petite estrade bordée de briques récupérées dans les décombres du palais national et d’autres maisons effondrées lors du tremblement de terre, la conversation entre deux «boss», montés sur un échafaudage en bois pour lustrer un pan de granite au sud de «la porte du -passage» à la mort, est recouverte par le bruit d’une génératrice. Presque en face de la  grosse pierre «Nou pap jan m bliye w», sous laquelle devra se trouver la flamme éternelle et d’autres éléments comme l’eau, la terre, une main ouvrière du chantier, proche du projet, souligne «qu’on devra finir un jour ce projet fastidieux réalisé sur 16 hectares».

La finition de la première phase se poursuivra jusqu’au mois de mars, table-t-elle, reconnaissant «qu’avec le temps, on a perdu un peu du momentum» pour avancer plus vite. L’autre vérité, c’est que les ressources financières disponibles ne sont pas immenses. Cependant, explique cette  source, au ministère de la Culture, il y a des gens qui se battent pour qu’on avance dans la construction du mémorial qui n’a aucun symbole religieux.

Des artistes, des créateurs apporteront leur contribution. On va placer, avec des carillons de vent, des cristaux qui représentent les larmes, sans lésiner sur le granite qui apporte une touche solennelle. Des œuvres d’art seront exposées ici, il y a aura une salle d’exposition, les six statuts, les gardiens de la mémoire…, détaille cette source, témoin il y a quelques jours de la visite d’étrangers, certains venus se recueillir en mémoire d’un proche disparu lors du tremblement de terre.  «J’ai vu un Juif hassidique ici», explique-t-elle. Le lieu est un lieu de recueillement où aucune fouille n’a été effectuée. Elle a son énergie, sert à apaiser des gens qui ont perdu un être cher ce mardi-là,  raconte-t-elle avant de souligner que ce mémorial n’est pas l’affaire d’un gouvernement mais celle de tous.

En charge du chantier, la ministre de la Culture,  Dithny Joan Raton, interrogée sur l’avancement à pas de tortue du chantier, soutient qu’ «aujourd'hui, nous sommes à 80% de l'achèvement des travaux sur le chantier». «Ce dernier, poursuit la ministre de la culture, exige un travail à responsabilité partagée entre certaines instances de l'État, notamment les ministère des Travaux publics, Transports et Communications et de l'Environnement, la Police nationale, etc.». 

Parce que «le site ne peut faire l’objet d’aucune fouille de plus d’un (1) mètre de profondeur», cela a «entraîné la nécessité de changer le concept du mémorial et de réaliser de nouveaux plans architecturaux», révèle Dithny Joan Raton. Un espace d’une superficie de 1 000m² environ, situé à l’extrémité est de la propriété, a été aménagé selon les derniers plans architecturaux conçus en 2013, indique-t-elle, évoquant quelques actions nécessaires .

«Saint-Christophe est un site relativement isolé. Il  fallait le sécuriser avant de déployer la grosse main-d'œuvre qui devait mener les travaux.  Nous avons alors pris des dispositions pour éclairer le site et une partie du petit village avoisinant, en y installant des lampadaires solaires. Puis, nous avons sécurisé le site en y plaçant des gardes de jour et de nuit. Et depuis, la compagnie de construction a enregistré moins de perte», assure la ministre de la Culture Dithny Joan Raton.

Selon elle, «Saint-Christophe est désormais un lieu où les morts reposent dans la dignité; un lieu prêt pour accueillir les visiteurs, et leur permettre de se recueillir; un lieu de mémoire pour tous ceux qui veulent rendre un hommage digne à ces citoyens disparus, et du coup offrir à leurs parents qui, à l’époque, n’avaient pas eu l’opportunité de les enterrer dignement, ni la possibilité de perpétuer leur mémoire suivant des rituels de prise de deuil et des retraites de prière conformément à nos traditions».

La poursuite du chantier du mémorial du 12 janvier «nous est tout de suite apparu comme une priorité. Car, à notre avis, l’un des enjeux majeurs de ce mémorial est de créer un lien fort entre le passé, le présent et l’avenir», avance la ministre de la Culture. «Le mémorial peut jouer un rôle important d’éducation citoyenne pour mieux comprendre l’ampleur de l’évènement du 12 janvier 2010; il doit être un lieu tangible, où tous les citoyens peuvent venir réfléchir, rencontrer et développer de nouvelles solidarités», explique Dithny Joan Raton.

La ministre révèle aussi qu’il a été décidé «de diviser le projet en phases et de se concentrer sur la phase 1 qui consisterait en la finalisation des travaux de construction du noyau central du mémorial qui sera circonscrit dans l’espace ceinturé en 2013, et qui comprendra le monument métallique érigé au centre, derrière lui une esplanade pouvant accueillir environ une centaine de personnes à la fois, et des espaces d’exposition de sculptures, les gardiens du site, l'éclairage paysager ainsi qu’une flamme éternelle pour les disparus. La phase 2 concernerait respectivement l’aménagement du reste de la propriété et d'un  centre d'interprétation». 

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6 zan apre 12 janvye 2010 moun kontinye ap viv anba tant, sitiyasyon kritik, moun yo plenyen anpil de leta a ki pa pran yo an konsiderasyon. Repotaj Robenson Henry jounalis Radio Tele Kiskeya

Posté par JFNEWSHaiti sur mercredi 6 janvier 2016

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Haïti-Séisme:
Six ans après, le problème du logement demeure un défi, selon Kayla


P-au-P, 07 janv. 2016 [AlterPresse] --- Le Konbit (groupe) haïtien pour le logement alternatif (Kayla) propose la «coopérative de logement» comme moyen pour résoudre le problème du logement social en Haïti.

¨Ce problème demeure un défi à relever, six ans après le séisme du 12 janvier 2010 ayant occasionné la mort de près de 300 mille personnes et autant de blessés¨, a fait remarquer Kayla, le mercredi 6 janvier 2015, lors d’une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

L’organisation salue le courage des victimes de la catastrophe du 12 janvier 2010, qui continuent de vivre sous les tentes dans plusieurs camps du pays, dans la misère, la promiscuité et l’insécurité.

Durant les cinq dernières années, ¨l’équipe au pouvoir n’a fait que de la propagande sur la quantité de personnes qui ont laissé les camps, sans pour autant évoquer les conditions de ces déplacements effectués sous l’emprise d’actes de violences et de menaces¨, fustige le secrétaire exécutif de Kayla.

¨Le chef de l’Etat, Michel Martelly, a déclaré avoir construit environ 3 mille maisons pour reloger les victimes du séisme du 12 janvier 2010, alors que ce ne sont pas les catégories vulnérables qui en ont bénéficié, mais plutôt les partisans du pouvoir, amis et proches du gouvernement´, dénonce Renel Sanon.

Il condamne la mauvaise gestion faite de la question du logement par les représentants du gouvernement, qui exigent 2,500 gourdes comme paiement mensuel aux locataires.

Ces locataires devraient payer 1,500 gourdes par mois, selon ce qu’avait annoncé Martelly.

Les personnes handicapées du village Lumane Casimir qui ne peuvent pas payer les 2,500 gourdes exigés ont été expulsés de leurs maisons, déplore-t-il.

Il critique le document de Politique nationale du logement et de l’habitat (Pnlh) de l’Unité de construction de logements et de bâtiments publics (Uclbp), qui est, selon lui, ¨traversée par une vision néolibérale sur la question du logement¨.

Ce document ne dit rien en ce qui à trait aux logements sociaux pour les plus démunis, relève le secrétaire exécutif de «Kayla».

Pour marquer le 6e anniversaire du séisme du 12 janvier 2010, une conférence-débat est prévue le vendredi 8 janvier 2016 à Port-au-Prince, autour du thème: «La coopérative du logement, une alternative pour résoudre le problème des logements sociaux dans le pays».

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La reconstruction est à la remorque au bas de la ville

Au lendemain du séisme du 12 janvier 2010, tous les discours étaient articulés autour du mot reconstruction. Six ans après, cette reconstruction, tant vantée, tarde encore à prendre forme. Au bas de la ville, on peut compter uniquement le marché Hyppolyte qui a été reconstruit et le nouveau bâtiment de la Banque de la République d’Haïti (BRH). 11 janvier 2018 Le Nouvelliste

Au bas de la ville, les dégâts causés par le tremblement de terre sont encore visibles six ans après ce cataclysme. Cet endroit donne l’aspect d’une zone abandonnée. Certaines rues deviennent poussiéreuses. D’autres sont jonchées de tas d’immondices et d'autres encore sont recouvertes de flaques d'eau sale. Cette situation se constate surtout dans les zones avoisinant la mairie de Port-au-Prince, considérée autrefois comme l’hôtel de ville.

Six ans après le tremblement de terre, la mairie de la capitale est toujours logée dans un préfabriqué à quelques pas de son ancien site. Elle est l’une des rares institutions qui est retournée dans cette zone après avoir été logée pendant un certain temps dans le building de la Digicel. D’autres institutions comme la Poste et American Airlines se sont relocalisées et ont abandonné cet endroit.

La reconstruction dont on parle au lendemain du séisme du 12 janvier n’est toujours une réalité au bas de la ville. L’ancien site abritant l’ancienne compagnie de téléphonie TELECO est simplement clôturé et plus rien. La maison Henri Deschamps a été relocalisée et son ancien bâtiment qui ne s’était pas effondré reste fermé. Il y a encore d’autres institutions importantes qui ont tourné le dos au bas de la ville.

Pourtant, plusieurs plans de reconstruction et d’aménagement de la capitale qui prennent en compte le bas de la ville ont été présentés pendant les premières années qui suivent le cataclysme du 12 janvier. Un premier plan a été présenté par le Centre haïtien de recherche en aménagement et en développement (CHRAD) en août 2011. Dans ce plan, la reconstruction de Port-au-Prince était prévue sur une période de cinq ans avec un budget de 3,3 milliards de dollars. Le maire de Port-au-Prince dès lors, Yves Jason, présent au cours de la présentation dudit plan, avait indiqué que l’argent était disponible.

Un autre plan a succédé au plan de CHRAD. Il s’agit du plan d’aménagement incluant la cité administrative de Port-au-Prince. Ce plan a été présenté en août 2012. Plusieurs zones, dont Champ de Mars, rue Monseigneur Guilloux, boulevard Harry Truman, figurent dans ledit plan.

«Les limites de la cité administrative incluent plusieurs propriétés du domaine privé de l’État, notamment aux abords de la Présidence et de la Primature, de même que les espaces ayant fait l’objet de l’arrêté d’utilité publique en date de juin 2012. La superficie totale brute de la zone de l’arrêté est d’environ 30 hectares», lit-on dans un document rédigé par l'Unité de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP).

Le gouvernement a mis ce plan à exécution mais les réalisations effectuées se concentrent seulement au Champ de Mars. Au bas de la ville, il n’y a que la reconstruction du marché en fer par la Digicel et la construction du nouveau bâtiment de la BRH. Les usagers de cette zone pensent que les autorités étatiques tournent le dos au bas de la ville.

Ce point de vue est partagé par les artisans de l’Association des artisans et des peintres du Bicentenaire (APBI) qui mènent leurs activités au bas de la ville. «Les activités économiques se ralentissent beaucoup au bas de la ville puisque rien n’est fait pour attirer les institutions relocalisées», a indiqué l’un des artistes qui s’abritent au bas de la ville dans un espace construit par la MINUSTAH.

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Haïti-Séisme:
Des activités diverses pour rendre hommage aux victimes du 12 janvier 2010

P-au-P, 11 janv. 2016 [AlterPresse] --- Plusieurs activités culturelles sont prévues en mémoire des victimes du séisme de 2010, à l’occasion de son sixième anniversaire, le mardi 12 janvier 2016.

Expositions de photos, théâtres populaires et conférences suivies de débat autour du thème «Capitalisme du désastre et urbanisation dans le contexte du 12 janvier» seront au menu.

Une veillée patriotique en mémoire du professeur Anil Louis Juste (décédé par balle le jour même du séisme) et des victimes de la catastrophe sera réalisée à la Faculté des sciences humaines (Fasch), ce lundi 11 janvier 2016.

Ces activités seront organisées par des organisations comme le Cercle d’Etude en Littérature Gramscienne (Sèk Gramsci en créole), du Mouvement de liberté et d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf) et du Mouvement démocratique populaire (Modep).

Des représentations théâtrales, des chorégraphies de danses folkloriques, de conférences-débats, des tours chants et des jeux de simulation relatifs aux «bons gestes qui sauvent» ainsi que des expositions de photos et la distribution d’outils de sensibilisation sont par ailleurs prévus à Petit Goâve.

Organisées par l’Organisation non gouvernementale allemande, Welthungerhilfe, dans le cadre du Programme d’appui à la reconstruction et l’aménagement de quartiers (Paraq) de l’Union européenne (Ue), ces dernières manifestations visent à susciter la réflexion chez la population relativement aux leçons apprises du tremblement de terre.

Elles ont aussi pour objectif de valoriser les réalisations du «projet intégré d’aménagement et de développement urbain à Petit Goâve».

«La journée du mardi 12 janvier 2016 ne sera pas fériée, elle sera une journée de commémoration et de réflexions», déclare le ministre de la communication, Mario Dupuy, joint au téléphone par AlterPresse.

Aucune activité officielle n’est annoncée par le gouvernement.

Parallèlement, ¨la famille des Nations Unies marquera le sixième anniversaire du tremblement de terre en Haïti et rendra hommage aux plus de 200, 000 victimes, dont 102 personnels des Nations Unies, qui ont péri lors de ce tragique événement¨, selon une déclaration du secrétaire général des Nations Unies.

«La voie du redressement et du développement à long terme n’est pas sans difficulté. Beaucoup d’Haïtiens continuent à faire face à de multiples défis liés au déplacement, à l’insécurité alimentaire, et au manque d’accès à l’eau et à l’assainissement», indique Ban Ki Moon.

Il appele la communauté internationale à soutenir Haïti dans sa reconstruction et sa marche en avant, rappelant que ce pays continue d’avoir besoin de l’aide internationale.

«La commémoration de cette tragédie doit être une source d’inspiration renouvelée et un appel à s’unir autour d’une vision commune pour un avenir stable, démocratique et prospère pour Haïti», ajoute le secrétaire général.

Le séisme du 12 janvier 2010 a occasionné la mort de près de 300 mille personnes et autant de blessés, sans compter des dégâts matériels considérables. [sj emb vs apr 11/01/2016 16 : 50]

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Haïti-Séisme:
Le gouvernement déclare le 12 Janvier 2016 journée de commémoration
et de réflexion à la mémoire des victimes

Un anniversaire noyé dans la crise politique

P-au-P., 11 janv. 2016 [AlterPresse] --- Le 12 Janvier 2016, qui marque le sixième anniversaire du terrible séisme de 2010, a été déclaré «journée de commémoration et de réflexion dédiée à la mémoire des victimes» de la catastrophe, qui a fait 300.000 morts, annonce un communiqué officiel.

«Durant cette journée, le drapeau national sera mis en berne, les discothèques et autres établissements assimilés resteront fermés», indique le communiqué de la présidence, se référant à un arrêté présidentiel pris le 6 janvier.

«Les stations de radio et de télévision sont invitées à programmer des émissions et de la musique de circonstance», ajoute la note.

Aucune cérémonie officielle n’est annoncée à l’occasion du sixième anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Un mémorial en construction depuis quelques années au nord de la capitale n’a toujours pas été achevé.

Des initiatives sont cependant prévues par plusieurs associations ou institutions, dont la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), qui invite à un moment de recueillement au mémorial du Parc de Martissant (secteur sud), aménagé en mémoire des victimes.

Comme par le passé, on s’attend à ce que des lieux fortement touchés se transforment en espace de souvenir, de réflexion ou de méditation, dans le cas de nombreux lieux de culte, qui, d’habitude, ouvrent leurs portes.

Dans plusieurs quartiers, les traces du séisme semblent demeurer intactes, même si les places publiques ont été vidées des sinistrés qui s’y étaient réfugiés. Des hotels ont poussé dans la zone métropolitaine. Plusieurs bâtiments commerciaux, établissements d’enseignement ont été reconstruits. Quelques bâtiments publics sont en chantier et le gouvernement revendique la construction de plusieurs milliers de maisons pour reloger les sans-abri. Mais, environ 60.000 personnes vivraient encore dans les camps de fortune et un vrai plan pour affronter le problème crucial du logement est toujours à mettre en oeuvre.

Un anniversaire noyé dans la crise politique

Au moment où Haïti commémore le sixième anniversaire du séisme du 12 janvier 2010, le pays est plongé dans une crise politique née des élections législatives et présidentielles controversées du 9 aout et du 25 octobre 2015.

La polémique fait rage dans l’opinion publique au sujet des élus, 92 députés et 14 sénateurs dont les pouvoirs ont été validés, dimanche 10 janvier à la chambre basse, et lundi 11 janvier au sénat.

Un bureau présidé par le député Cholzer Chancy a été élu à la chambre des députés, mais cet exercice est remis à jeudi 14 janvier au sénat, suite à une séance de validation houleuse.

L’assemblée nationale marquant la rentrée parlementaire n’a pas pu non plus avoir lieu, contrairement à ce qui est prévu par la constitution.

Plusieurs secteurs politiques et sociaux s’élèvent contre ce nouveau développement de la conjoncture politique et des voix persistent à demander l’annulation des dernières élections jugées frauduleuses.

L’inquiétude grandit quant à l’issue de cette crise, d’autant que le Conseil électoral provisoire (Cep), en accord avec le gouvernement et appuyé par la communauté internationale, semble déterminé à poursuivre le processus jusqu’à un deuxième tour de la présidentielle, annoncée pour le 24 janvier.

La particularité de cette élection est qu’elle se prépare pratiquement sans compétition, puisque, dans les faits, il n’y a qu’un candidat en campagne, Jovenel Moise, du parti au pouvoir, tandis que, Jude Celestin, de l’opposition, se refuse à prendre part à une «ridicule farce». [apr 12/01/2015 05 :00]

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Plus fort que le séisme, j'ai crié Non à la mort!

Claude Bernard Sérant, 12 janvier 2018 Le Nouvelliste

Ma vie ne sera plus jamais comme avant le violent tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a failli m'emporter, comme des milliers de compatriotes, dans la tombe. Moi, Claude Bernard Sérant, rédacteur au plus vieux quotidien d'Haïti, Le Nouvelliste, centenaire, qui reste encore debout, je suis marqué à jamais. Tant que mes pas fouleront la terre de Port-au-Prince, je me souviendrai toujours d'une ville saturée de cadavres, de leur odeur pestilentielle... Mon Port-au-Prince à moi, sous mes semelles de vent, sera toujours fragile aux moindres battements d'ailes.

Avant que Port-au-Prince ne bascule en un rien de temps dans le chaos, avant que le tremblement de terre du 12 janvier (magnitude 7,3 sur l'échelle de Richter) ne m'enlise sous les décombres de l'ancienne bâtisse de Konesans Fanmi (KF), une organisation œuvrant dans le domaine de l'humanitaire, je me souviens d'un silence inquiétant. Le regard fixe de Gabriel Paul Moïse –  assis dans son fauteuil, sur un quart de fesse, retenant son souffle, prêt à bondir –, annonce un événement imminent.

Un grondement sourd vient de loin. Je suis le regard de Gabriel, fixé intensément sur un pan de mur qui s'effondre comme une chute de sable. Je sens l'édifice s'arracher du sol avec une violence féroce. Son toit s'ouvre. À peine a-t-il crié: «Bernard, tremblement de terre!», le plancher a craqué sous nos pas, la maison s'est disloquée, s'effondrant sous son: propre poids.

Des briques, des morceaux de planche me tombent dessus, m'entraînant vers la chute, vers la mort que je refuse de toutes mes forces. En un éclair sont passés, dans ma tête, plusieurs tragédies que j'ai vécues dans ma chair: j'ai revu les deux jeunes qui ont failli me tuer en 2004 au Bel-Air lors d'un reportage; j'ai revu mon accident de voiture à Grand-Goâve, les machettes étincelantes des paysans et ma grande panique à bord d'American Airlines, en 2003. J'ai crié plus fort que le séisme: non ! Je ne vais pas mourir ! Je me débats, protégeant, autant que faire se peut, ma tête. Non! Je ne vais pas mourir! Je répète à moi-même, conscient que je lutte pour la vie comme lorsque ma jeep faisait un tonneau avec moi sur la route nationale no 2.

Un grand silence tombe littéralement sous les décombres où je reste debout. Un filet de lumière, un couloir... l'espoir est là: une voix, celle de Gabriel qui m'appelle. Je réponds, tout en lui demandant s'il n'a rien de cassé. Sa voix me rassure. Quand nous sommes sortis de dessous les décombres, nous voyons un paysage noyé de poussière. Des hurlements de douleur déchirent les entrailles des gens. Des voix se brisent à héler des noms de personnes. Dans la folle panique, j'ai eu un éclair de lucidité: je compose tour à tour des numéros de téléphone. Tout le monde est injoignable.

Images instantanées

Port-au-Prince est coupée du reste du monde. C'est l'affolement! On se prend la tête à deux mains, sollicitant le secours de Dieu. «Le contrat de la terre est terminé. Dieu a manifesté sa colère», crie un homme à pleine voix, les bras levés vers le ciel. Des pieds heurtent des barres de béton étalées sur les trottoirs. Des chauffeurs abandonnent leur voiture. A l'avenue Jean-Paul II, des passants se bousculent. Une bousculade homérique.     

Je suis rentré à nouveau sur la cour où se dressait, il y a quelques minutes, la bâtisse de Konesans Fanmi. Images instantanées: bouts de tôle, entrelacs de barres de fer tordues, spiralées comme dans une toile de Frankétienne, briques et blocs en miettes, poussières, matériel de bureau, papier se confondant dans une masse de débris. Les ruines de la bâtisse semblent sortir d'un passé lointain, et les matériaux ont l'air de prendre un coup de vieux.

«Bernard, tu saignes de la tête. Va te soigner à l'hôpital le plus proche», me dit Gabriel tout en me rassurant que les deux secrétaires qui sont restées au bureau sont saines et sauves.

Je noue ma chemisette sur ma tête et je prends la direction de la polyclinique de la rue Berne. Arrivé dans cette structure privée de santé, je trouve une infirmière qui refuse de m'accorder les premiers soins, sous prétexte que ses parents à elle pourraient bien se trouver éventuellement sous les décombres. Déterminé, je me rends dans une clinique toute proche. J'ai essuyé le même refus.

Je continue ma route, le cœur à la gorge, l'angoisse me cisaillant les tripes, me demandant ce qui est arrivé à mon fils, à ma femme, à mes parents, à mes amis, à mes collègues, à mes voisins... Qu'est-ce qui est arrivé à mon pays? Au fil de la route, des nouvelles alarmantes tombent: le Palais national est sérieusement endommagé, le palais de justice n'a pas tenu le coup, le palais législatif est tombé, le palais des Ministères a sombré, la Direction générale des impôts est à sac, les facultés-ci, les facultés-ça, les écoles-ci, les écoles-ça se sont effondrées, tuant par centaines, étudiants, élèves, enseignants, professeurs... Dans mes tympans, ce sont les carillons de la mort qui sonnent. 

Marchant à grandes enjambées, le corps couvert de poussière, dans un paysage de désolation, mes yeux se promènent sur des cadavres jonchant le sol, sur des maisons effondrées, sur des câbles électriques et pylônes étendus sur la chaussée; je vois des véhicules emboutis ou renversés avec des corps inertes. J'entends des gens louant l’Éternel, psalmodiant des chants, appelant les citoyens à la repentance. Je marche. J'ai des semelles de vent. J'ai envie de courir, de voler même pour rentrer à la maison.

Ma femme, tenant Olivier, mon fils (3 ans), contre son sein, vient se blottir dans mes bras. As-tu les nouvelles de mes frères et de ma sœur? demandé-je  à ma femme. Inconsolable, elle me répond: «Je vais te laisser Olivier. Ma soeur, à Carrefour-Feuilles, demande de l'aide. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ma famille. J'ai utilisé mes trois téléphones cellulaires pour leur retourner l'appel... aucun contact.»

En un tour de main, ma femme me prodigue les premiers soins, enroule une bande de tissu autour de ma tête. Et, sans prendre de souffle, je file droit, à pied, à Carrefour-Feuilles.

Partout, le même visage de la tragédie

Arrivé sur les lieux, le visage de la catastrophe se montre dans toute sa frayeur. Brouettes et charrettes chargées de blessés se frayent un passage parmi les morts et les édifices détruits. La maison de madame Pierre, la grande soeur de ma femme, deux étages, s'est effondrée. En me voyant, dans la foule affolée, au milieu de la rue, elle court vers moi et me dit, la voix fatiguée de pleurer: «Dona, ma fille chérie est morte. Widlain est sous les décombres. On vient de retirer sains et saufs les trois autres enfants. Je n'ai pas encore vu Cynthia (sa fille aînée, étudiante en gestion).» «Comment va Olivier?», me demande-t-elle avec un reste de courage et de compassion. Il va bien, dis-je, le cœur serré. «Merci Seigneur, le fils de ma sœur va bien», reprend-elle.

Widlain a trois ans, le même âge que mon fils. Chaque jour, pendant les vacances, Olivier passe sa journée à Carrefour-Feuilles. Ma femme vient le chercher en fin d'après-midi, au sortir de bureau.

Je retrouve Donna (17 ans, élève de rhéto), la nièce de ma femme, raide sous un drap blanc. À côté d'un  cadavre, Dieudalie (7 ans), étendue sur un morceau de carton, souffre, râle. Les yeux de celle-ci papillotent, oscillent entre les cadavres, les blessés, ses parents et les sauveteurs accourant de partout.  L'enfant a peur de rendre l'âme tout près du corps de sa sœur. Tragique proximité entre morts et vivants.

Wilgens Pierre – le mari de ma belle-sœur, qui est mécanicien, aidé de quelques bons hommes habiles – parvient aux environs de dix heures du soir à extraire Widlain de dessous les gravats. Embrassades, pleurs, réconfort. Cynthia, traînant du pied, retrouvera ses parents, le lendemain, vers dix heures du matin.

Le soleil s'est levé sur une ville saturée de cadavres après le séisme. Port-au-Prince est meurtrie. Les parents de ma femme, rudement éprouvés, arrivent dans notre quartier et élisent domicile à côté de nous, dans la rue où ils dorment à la belle étoile parmi d'autres familles. Qui a perdu un parent, qui est amputé d'un bras, d'une jambe, qui d'autres, comme les parents de ma femme, ont tout perdu dans le tremblement de terre. Certains de mes voisins, telle la femme du doyen de la faculté linguistique appliquée, madame Pierre Vernet, a quitté la 2e ruelle Rivière après la mort de son mari, enseveli parmi étudiants et professeurs, sous la bâtisse de cette faculté publique. D'autres sont partis en province, fuyant le relent pestilentiel des cadavres accumulés de l'Université de Port-au-Prince (rue Rivière). Mais il y a encore des voisins qui restent à quelques pas des murs fissurés, espérant que les répliques qui font trembler la terre ne causeront aucune perte en vie humaine et en matériel. Et, pour apaiser l'angoisse et redessiner l'avenir dans un environnement fragile, on s'entraide. Ainsi, les activités recommencent peu à peu, dans la saleté, les rondes bleuies de mouches grasses, l'odeur des cadavres; la vie reprend son cours, sans l'aide humanitaire, qui est un écho lointain que les stations de radio relaient au fil des éditions de nouvelles.           

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Poèmes

Que d'histoires inédites,
au cœur muettes non dites
de pleurs et d'obsèques
à faire toute une bibliothèque.
des survivants d'un drame
qui jour et nuit vivent dans l'âme
la perte de quelqu'un, un être cher,
un père, une mère, un frère,
une sœur, un ami, un fils, une fille
tous les membres de la famille
qui sait tout à la fois
qui ont encore gardé foi
à la vie. Parle leurs en,
après ces quelques ans
ils vous en feront le récit
de pleurs faites de si. ..

Pour tous ceux qui ont perdu quelqu’un durant et après or séisme de 2010.

boule

Sous les décombres,
rescapés de l'ombre
de la mort,
de fortune
par le sort
épargnés, qui d'un pied
ou d'un bras estropié
clopin-clopant la vie
continue à peine
comme fortune
si ce n'est de folie...
Ò Haïti tu survivras ta peine
même quand sur béquilles
tu traines ta coquille....

boule

Haïti! Haïti! Mon pays!
Même si je t'ai laissé
je ne t'ai point trahi,
par delà les sept mers
j'ai été ton cœur chercher,
ton sol coulé vers l'amer...
Tes fils sont partis là-bas
où dans ton sang tu bats
la campagne, ta veine
de divisions vaines
déchirée d'issues,
d'une élection sans issue....

boule

Déjà six ans...Six ans après,
nous ne sommes pas prêts
d'oublier. Ce jour combien fatal
quand la mort jusqu`à l'horreur
près de trois cents mille
fois t'a frappé Ô Haïti, le mal
nous est resté dans le cœur
gravé de sang indélébile...
Seulement quelques secondes
ont détruit tout un monde,
la terre a tremblé et les portes
de l'enfer se sont ouvertes,
dans le néant qu'importe
sans la moindre alerte
tout emporté sur son passage
sans regard ni de l'âge
ni du fort qui semblaient défier
le temps. Tout est éphémère
mais il y a un temps de l'amer
qu'on ne peut jamais oublier....

Guy Cayemite

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Commémoration 2015

Commémoration 2014

Commémoration 2013

Commémoration 2012

Sommaire des pages commémoration 2011

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