Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Retour à la page Commémoration

Lyannaj End-Karayib

Lyannaj End-KarayibINTRODUCTION | INDE ANCESTRALE | INDE AUJOURD'HUI | PAYS TAMOUL | TAMOUL, HINDI, autres... | INDENTURESHIP | MALBARITE, INDIANITE, COOLITUDE,... | INDIENS DANS LA CARAÏBE | INDIENS DE LA REUNION | AUX SOURCES DE LA FABLE | HUMOUR | MISC.
 
ban

AUX SOURCES DE LA FABLE

Inde pays créole

"La tradition de l'Inde est aussi celle de l'assimilation des apports extérieurs. Depuis des millénaires la culture de l'Inde s'est enrichie d'une grande variété d'origines et d'une multitude d'apports. L'immensité du pays a favorisé le maintien d'une diversité ethnique sans nulle autre pareille, et c'est cette diversité qui est le meilleur ciment de l'unité de la nation indienne." - Zahir.

panchatantra

Tijé de Guyane raconte...

Un ancien orpailleur Sainte-Lucien que j'étais allé enregistrer me raconte un conte qui me dit quelque chose... Je rentre chez moi, je cherche dans la bibliothèque de Krakémantò, et ne voilà-t-il pas que je retrouve le même conte, Le crocodile et le singe, dans le Pancha Tantra!!!

Chez nous en Guyane c'est «Konpè Kayman ké Konpè Makak», ce conte existe en fait dans la tradition orale guyanaise Bouchinengé (avec qui les orpailleurs, dont mon grand-père qui venait de Guadeloupe, ont eu beaucoup d'échanges).

Un Sainte-Lucien raconte un conte Bouchinengé à la manière kréyòl guyanaise («révéyé»), et le même conte existe dans le Panchatantra, de l'Inde!

Voilà les vertiges que me procure le conte!

Tijé, webmaster de Krakémanto.
 

Pour aller aux sources de La Fontaine :

n  

Contes de Vivek l'éléphant
P. Sharma - Castor Poche, Flammarion, 3,00 €

En Inde, l'éléphant est le symbole de la sagesse, il protège les maisons, les hommes.
Ces quatre contes indiens, avec les héros Vivek, l'éléphant, et Chintu, son jeune maître, nous révèlent un monde bien loin du nôtre. Ils chantent un hymne à la générosité, à la sagesse.

L'art de se faire des amis et Le singe et le crocodile
Traduits du sanscrit par A.Porte - Contes et légendes d'Asie, Philippe Picquier, 10,52 €

Deux recueils de contes extraits du Panchatantra qui fut écrit au 6ième siècle pour l'instruction et l'édification de deux jeunes princes ignares. Fables édifiantes certes, mais la malice des personnages animaux, la spontanéité des dialogues, la drôlerie des situations rendent la leçon très légère. L'art du traducteur y est sans doute pour quelque chose.

15 contes de l'Inde
P. Sharma, L. Clark - Castor Poche, Flammarion, 4,95 €

En collection de poche pour les jeunes lecteurs, 4 contes d'éléphants suivis de 11 contes extraits du Panchatantra dans une version simple et illustrée.
 

Raphaël Confiant parle des indiens...

Dans sa bio:
Ravines du devant jour

«Man Yise ou tante Emérante n’ont cesse de te mettre en garde contre les cérémonies du Bondieu-couli. A ce qu’il paraît, leurs prêtres se servent de la chair d’enfant pour satisfaire les désirs carnivores de leur multitude de dieux. Elles disent «carnivores» mais, plus tard, tu apprendras qu’elles ont voulu dire «cannibales», lequel mot ne fait pas partie de leur vocabulaire français forcément limité.»

Raphaël Confiant, Ravines du devant jour, pp. 96-97

Dans:
Eau de café - Grasset, 1991. - p. 117- 130 ; p. 215-225.


Le Nègre et l'amiral - Grasset, 1988. - p. 125 ; p. 156-165 ; p. 294-298.

«La foule gloussa comme une trâlée de coqs d’Inde. Ils commençaient à emmerdationner les gens, tous ces coulis malpropres qui envahissaient Fort-de-France depuis quelque temps. On se demandait comment le maire, Victor Sévère, malgré la prédestination de son nom, pouvait tolérer pareille chose. C’est comme si la vérette les avait tout bonnement chassés de leurs savanes à boeufs de Macouba et de Basse-Pointe. La maréchaussée ne les soupçonnait-elle pas d’enlever des enfants afin de manger leur chair ou pour les sacrifier à Mariémen, leur déesse maléfique? Chaque année maintenant, une famille pleurait une marmaille égarée et qui n’était pas revenue en dépit des pèlerinages à la Vierge de la Délivrance et des messes d’action de grâces. Et puis, c’est une sacrée bande d’hypocrites, oui! Tu passes près d’eux, ils ne sont que l’ombre d’une ficelle. Ils se font tout petits, ils baissent les yeux dans les dalots qu’ils balayent avec une lenteur désespérante, mais dès que tu les a dépassés, tu sens la braise de leur prunelles sur tes épaules et tu es certain qu’ils te traitent de salopetés exprès pour accorer tes affaires de la journée.»

Raphaël Confiant, Le Nègre et l’Amiral, p. 205


L'Allée des soupirs - Grasset, 1994.

«De mémoire de maquerelleuse des Terres-Sainvilles, monsieur Jean ne fut en retard qu’une seule et unique fois dans sa vie: le jour où ce damné quimboiseur de Grand Z’Ongles décida, par on ne sait quel hasard, de sortir exactement à l’heure où l’instituteur descendait l’avenue Jean Jaurès. On connaissait les habitudes du manieur d’herbes maléfiques, on savait qu’il ne pointait le nez dehors qu’en plein midi, heure diabolique s’il en est puisque celle où les enfants pouvaient disparaître à tout jamais, leur chair innocente étant fort appréciée (prétendait Radio-bois-patate) dans les sacrifices indiens pratiqués au quartier d’Au Béraud. On faisait donc place nette devant Grand Z’ Ongles.»

Raphaël Confiant, L’Allée des soupirs, p. 34-35

«Je buvais les paroles de Ziguinote, ma main serrée dans la sienne. On prétendait qu’il faisait du quimbois avec les os des morts, qu’il était tafiateur, qu’il était fou, que son sexe était ravagé par la vérette, qu’il enlevait des enfants pour les sacrifier dans les cérémonies de bondieu-couli et patati et patata. Tout ça n’était qu’un lot d’abominables calomnies. Il se comportait comme un vrai père, alors qu’il n’avait jamais eu ni femme ni progéniture.»

Raphaël Confiant, L’Allée des soupirs, p. 195

Le barbare enchanté - Ecriture, 2003.

«Cette partie, les nègres la désignent sous le nom de «Case à coulis » et leurs bouches dessinent ce faisant un mépris sans nom. Au plus fort de la nuit, il n'est pas rare d'y entendre des cris de femmes, des bruits de lutte et des soupirs sans fin: un costaud de la rue Case-Nègres est venu assouvir ses sens. Et le lendemain, le même, pas peu fier de son exploit, explique à la cantonade que la «femelle coulie s'est débattue pendant etcetera d'heures et qu'en plus, elle a les poils du sexe aussi tranchants que des lames de barbier».

Les coupeurs de canne et les muletiers, assemblés autour du tamarinier vénérable qui semble indiquer une frontière avec l'entour de la Grand'Case, celle de monsieur de Cassagnac, dans l'attente du commandeur mulâtre qui leur distribuera leurs tâches journalières, rivalisent de sarcasmes: «Coulis mangeurs de chien! Coulis qui puent le pissat! Coulis, dernière des races après les crapauds ladres! Coulis mendiants! Les bras des coulis sont rattachés à leur corps avec de la colle de papayer!» Je ne m'étais jamais attendu à trouver l'Inde à la Martinique...»

Raphaël Confiant, Le barbare enchanté, p. 147

«Le prêtre hindou me reçut avec égards, mais sans cette servilité dont faisaient généralement montre les gens de sa race envers les Blancs. Il s'exprimait d'une voix étonnamment calme et douce, dans un créole que j'aurais eu quelque difficulté à décrypter sans l'aide de Pierre-Marie. Je compris immédiatement à quoi tenait le comportement de ses frères de l'habitation Anse-Turin: il n'y avait en eux aucune stupide résignation, comme je l'imaginais, mais une sérénité héritée d'une sagesse millénaire.

Singanallé, possesseur de livres sacrés rédigés en tamoul, ces puttugam qui avaient la réputation, jusque chez les Créoles blancs et noirs, de soigner toute personne qui avait la chance de poser la main sur leur couverture pourtant mitée, me déclara d'emblée que la civilisation indienne était à la fois antérieure à l'européenne et supérieure à elle. Cela sans bravacherie aucune, sans volonté de m'en imposer ni d'afficher un quelconque esprit de revanche, lui à qui la colonie venait de refuser son rapatriement en Inde, bien que son contrat de cinq ans fût largement arrivé à son terme. Son ton était celui de l'évidence tranquille.

Brahmâ veillait sur l'univers, me fit-il, bien longtemps avant que le dieu de Moïse, Jésus ou Mahomet ne se révélât à ces derniers.» Puis il ouvrit l'un de ses livres et, s'asseyant par terre dans la position du lotus, entreprit de méditer sans plus s'occuper de ma personne.»

Raphaël Confiant, Le barbare enchanté, p. 153-154

«Nul ne quitte le lieu où il est né, le lieu où sont enterrés ses ancêtres, commença soudain le prêtre hindouiste, s'il n'est poussé par le plus extrême besoin. C'est la famine qui nous a chassés hors de l'Inde! Deux grandes calamités s'abattirent en même temps sur nos têtes: des sécheresses scélérates se sont succédé durant toute la première moitié du présent siècle, réduisant nos champs et nos rizières à l'état de plaques de boue séchée, jetant sur les routes des hordes d'affamés et d'enfants abandonnés. Nous eûmes beau implorer Rama, offrir des sacrifices en l'honneur de Kannavédi et de Maldévilen, l'eau du ciel se refusait à tomber. La terre de l'Inde se craquelait sous un soleil qui nous écrasait de lumière impitoyable, blessant nos yeux, décapant notre peau.

Ensuite, une race d'hommes sans cœur débarqua sur nos rivages, a bord de bateaux de guerre lourdement armés, et nous obligea à signer des contrats de commerce. Épices, toileries fines, pierres précieuses, riz, parfums, bois rares, défenses d'éléphant, tout était bon à ces Anglais braillards qui, en contrepartie, nous apportaient mécanique, quincaillerie et électricité. Jusqu'au jour où ils entreprirent de concurrencer nos filatures, nous ruinant d'un seul coup. Mon père se retrouva sans travail. Ne pouvant se résoudre à mendier comme un paria, il se suicida sous le tout premier train qui traversa notre région.»

Raphaël Confiant, Le barbare enchanté, p. 156-157

ban

Lyannaj End-KarayibINTRODUCTION | INDE ANCESTRALE | INDE AUJOURD'HUI | PAYS TAMOUL | TAMOUL, HINDI, autres... | INDENTURESHIP | MALBARITE, INDIANITE, COOLITUDE,... | INDIENS DANS LA CARAÏBE | INDIENS DE LA REUNION | AUX SOURCES DE LA FABLE | HUMOUR | MISC.

Viré monté