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PETIT LEXIQUE DU CRÉOLE HAÏTIEN
2nd. ed. 2005
par Emmanuel W. Vedrine
(revisé & edité par E. W. Védrine, juin 2005)
© 1995, 2005 Emmanuel W. Védrine
E. W. Védrine Creole Project, Inc.
Boston, Massachusetts (USA)
Revised & edited by Emmanuel W. Védrine, June 2005
First published in 1995
Publisher: Orèsjozèf Publications
Randolph, Massachusetts (USA)
ISBN: 1-88 55 66-11-5
Note: French Creole dialects, French-based Creoles, Haitian Creole,
Haitian Linguistics, Haitian Literature, Historical Linguistics.
A | B | CH | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | Y | Z
NADMARINAD nad-ma-ri-nad .interj. équivalent à l'expression française: «peine perdu!» (t.a en créole).
NAGO na-go .n. (v.v). Se dit d'un rite vodou. Quelques mystères servis sur ce rite: Ogoun Fè, Ogoun Chango, Ogoun Palama, Ogoun Badagri, Jeneral Jule Camil, etc. ‘Nago' désignait une tribu africaine, représenté dans la colonie française de Saint-Domingue. Bien faits et laborieux, les Nagos étaient vendus deux fois plus chers que les autres Noirs.
NANNAN nan-nan.n. (l.e). Nourriture.
ODEYID o-de-yid.n. Vêtement usages, importés des États-Unis. Se ‘odeyid' ki sou li: Ce cont des vêtements usagés… qu'il porte. Ce mot dérive d'un nom de personne, Henri odéïde. Après la deuxième Guerre Mondiale, le surplus des uniformes kaki jaune des soldats américains qui avaient combattus en Europe…, a été envoyé en Haïti où les gens des classes pauvres les ont achetés à vil prix. On appelle ces vêtements: «Odeyid», par analogie aux uniformes kaki jaune des élèves du Collège de Port-au-Prince, fondé par Henri Odéïde, professeur de mathématiques. Par la suite, sous la présidence de John F. Kennedy, les vêtements usagés prendront le nom de kennedi. Jusqu'ici ils sont expédiés en Haïti par des «institution de bienfaisance» pour être distribué aux pauvres, mais certaines gens les destinent à la vente. Par ailleurs, de petits commerçants de chez nous les achètent aux États-Unis dans des maisons spéciales et les revendent sur la marché local, notamment dans la zone commerciale dénommée Brooklyn. Les mots de «odeyid», «kenedi» on une acception péjorative et donnent lieu à des lazzi.
OGAN o-gan.n. (v.v). Instrument de l'orchestre vodou, consistant en un morceau de fer que l'on frappe avec une tige métallique pour accompagner les tambours. Equivalent de l'dja du vodou brésilien (macumba). Le mystère de l' Ogan est Ogansih-Hwé-Do.
OSMAN os-man.n. (v.v). Action d'élever un initié à un rang supérieur.
OTO o-to.n. Automobile. syn: machin, vwati. vye ‘oto' (vwati): bogota, bogi, dekovil.
OTO MINWIT o-to-mi-nwit.n. Voiture circulant la nuit, piloté par un malfaiteur qui capture les passants au lasso pour en faire, dit-ton, des victims sacrificielles. On l'utilise aussi à des fins politiques. Déclaration de Féquière au cours d'une interview radiophonique au Vénézuela, 1983: «A Saint-Marc, un Pasteur macoute dirigeait une bande dénommée «kòd kout» (corde courte), qui opérait la nuit, au Portail Guêpe, conjointement avec Sanpwèl. On tuait ainsi beaucoup de jeunes opposants, et l'on disait ensuite que c'est le diable qui les a mangés.
OUVEVE ou-ve-ve.n. (v.v). Vertèbres de couleur perle qui ornent l'ason. 2. Collier que porte l'officiant durant certaines cérémonies.
O Y!.interj. familière, même sens que le français: allô! On dit aussi: Woy! Sa nou fè?
PANTALON pan-ta-lon.n. 'Pantalon' swèl te di plis pase sa, makloukou kreve l (prov.): Le pantaloon swell, avait dit d'avantage, un «maklouklou» l'a crévé. C'est-à-dire: si fort qu'on s'estime, on peut être vaincu. ‘Swèl' se disait des pantalons étroits, collants. La Mode des pantalons ‘swel' avait été sous le regime de Jean-Pierre Boyer (1818-1843). A l'opposé, apparaîtra en Haïti Durant la première moitié du vingtième siècle le pantalon chalestonn large, tissue bois de rose. Cette mode a été lancée à Port-au-Prince par le Tout Paris, groupe alors formé par de jeunes Haïtiens venus de France, notemment Jacques Roumain, Ferrière Laguerre et Edouard Mathon.
PANZOU pan-zou.n. Tape appliqué à la main d'un autre pour faire tomber ce qu'il tient et s'en saisire. Le ‘panzou' est un jeu d'enfant. 2. Par extension, coup d'état (‘ panzou' pouvwa).
PAPARAMO pa-pa-ra-mo.n. Mannequin de bois, de toile ou de paille, qu promène un groupe de paysans (Nord d'Haïti), Durant la semaine sainte. Ce groupe va de porte en porte et, moyennant menue monnaie, fait danser cette poupée géante au rythme des tambours et des lambi.
'Paparamo',
Onèlamezon
Si ou pa ban nou,
N ap kraze kay la…
PATAT pa-tat.n. Patate. Ce terme revêt la même acceptation qu'en français. Le créole lui a donné un autre sens: salire misérable, pittance. syn: kaka aran, kaka zwezo, ti dlo pwa. On dit aussi pour renforcerv po ‘patat'. Gwo ‘patat' sert à designer une personne grosse et grasse. Se dit également: gwo ‘patat' si. De quelqu'un qui a lâché un pet nauséabond: li manje ‘patat' si (ou encore: li manje ze pouri). Le paysan qui vit en ville est souvent raillé en ces termes: retounen al plante ‘patat' nan mòn. Pen ‘patat', sorte de gateau à base de patate pulvérisée de sucre. ‘Patat' nan lèt: patate au lait. ‘Patat nan' siwo: patate consommé avec du sirop de canne. Il existe une variété de petites patates connues sous les noms de ‘patat' ti savyen, ‘patat' dòmi kole … Au sujet de la patate, Jean Antoine (Montréal, Canada) nous a envoyé le texte suivant: « La patate est, semble-t-il originaire de l'Amérique tropicale. Elle possède des feuilles en forme de coeur et porte des racines renflées ou tubercules. La patate pousse sous les climats chauds et fait l'objet d'une culture très importante en Afrique, en Amérique Centrale, en Chine, en Inde et au Japon». -- «Elle peut avoir une variété de couleur et de substance. La patate se reproduit par bouture ou en plantant le tubercule. Elle se récolte généralement à partir de 5 mois. Elle est riche en vitamins «C», en fer, en calcium et en hydrate de carbonne».
VALEUR NUTRITIVE:
«Une patate normale contient: 70 gr d'eau, 440 kilocalories, 4,9 gr de proteins, 1,5 gr de graisses végétale, 103,2 gr d'hydrate de carbonne, 3,4 gr de fibre, 128 mg de calcium,3,8 mg de fer, 87 mg de vitamins C». Elle contient également les vitamins A et B12».
«Haiti est un pays essentiellement agricole, nous a-ton-fait ramasser à la petite école. Nous sommes tous d'accord là-dessus. Alors peut-on me dire pourquoi sur les bancs de cette même école certains professeurs, à l'époque du Caporalisme des années 50, nous disaient: ‘Se pa grav si ou pa konprann, ou va l plante ‘patat lakawann'. Planter la patate selon une agriculture intensive et sur une base commerciale dans cette region ne servira pas d'insulte pour les fils de l'arrière-pays, ni d'instrument d'humiliation pour notre agriculture. On aurait moins beson de ‘manje sinistre' ».
PATEKWÈ pa-te-kwè.n. Parvenu.
PENCH.n. Jeu d'osselets où le gagnant donne des «pench» ou des coups d'ongles au perdant en disant: « Pismiding dira monkonpè chapon, woti, beka, bekasin, ponn pongonn, ale ponn ». Se dit aussi: jwèt pench.
PENICH pe-nich.n. 100tième parti du dollar. Li pa gen yon 'penich' nan bouda pòch li: Il n'a pas un penny au fond de sa poche. syn: senk kòb, senk kòb wouj. var: peni.
PENITANS pe-ni-tans.n. Pénitence, «repentir, regret d'avoir offensé Dieu»; «peine qu'impose le confesseur au pénitence». En créole, signifie en plus: s'éreinter journellement à un petit commerce ambulant. Ex: Malerèz la ap fè ‘penitans' li nan lari a a, sispann anmèkde l.
PENTAD pen-tad.n. Pintade (oiseau gallinacé). S'emploie adjectivement à propos d'un individu malin, finaud, rusé, méfiant. syn: vayatif.
PERIÒD pe-ryòd.n. Menstrues. Vant tifi a ap fè l mal, li gen ‘peryòd' li. syn: lalin, règ. Ti Mari gen‘ peryòd' li. Période, espace de temps. Note: Tour à tour douloureusement et glorieusement et glorieuse, assombrie comme l'Espagne, la France et les Etats-Unis, l'histoire d'Haïti se répartir en 7 grandes périodes.
1. Période Indienne (des origins à l'occupation espagnole de l'île en 1492). 2. Période de la colonization espagnole (1472-1625).
3. Période de la colonization française (1625-1789).
4. Période révolutionnaire (1789-1803).
5. Période nationale (1804-1915).
6. Période de l'Occupation américaine (1915-1934)
7. Période contemporaine (de 1934 à nos jours)
PETADÒ pe-ta-dò.n. Irioniquement, personne qui lâcge des pets.
PETE pe-te.n. faire un pet (familièrement en créole): fè poum. Par plaisanterie: kite prizonye sove. 2. éclater, briser. Kawotchou machin nan 'pete': Le pneu de la voiture a éclaté. 3. caresser pour mieux exploiter (mouye pou vale). Se yon fanm ki konn 'pete' gason. Ak sa, l a manje grenn je w.
PÈTPÈT MAYI pèt-pèt-ma-yi n. Grains de maïs, «éclatés par l'action de la chaleur». Équivalent de pop corn (mot américain). De ces grains de maïs on fait une sorte de confiserie dénomméee bougonnen granmoun. syn: pòpkòn.
PEYI pe-yi.n. Pays, «territoire d'une nation», «région, contrée»... 2. Ville natale. Okap se 'peyi' Anténor Firmin: Cap Haïtien est la ville natale d' Anténor Firmin.
PICHON pi-chon.n. Malchance. 'Pichon' grennen sou li: Il est en butte à la malchance. syn: devenn, malchans, giyon (en français: «guignon»). Selon une croyance populaire qui semble de moins en moins répandue, un bain aux «Sources Puantes» (Dépt. de l'Ouest) don't l'eau contenant du souffre exhale une odeur nauséabonde, aurait la vertu de chaser les plus opiniâtres déveines.
PIJON pi-jon.n. (l.e). Membre viril. var: ti ‘pijon'. 2. Pigeon (oiseau).
PIMPE pim-pe.v. lancer. Ce terme s'emploie aussi au sens de muter, transférer: Se jodi moun Lagonav t ap swete pou yo 'pimpe' kòmandan Pyèricha yon lòt kote; mouche fè twòp!
PINGE pin-ge. v. (c.r), (transformation probable du créole « pinga » (prends garde). Lutte paysanne, spectaculaire, pratiquée chaque année, durant le Carême, notamment dans certaines régions de la Grand-Anse et du Sud d'Haïti. Cette lutte, execute au rythme de chansons et de tambours, est si violente que, parfois, mort d'homme s'ensuit.
A Jérémie, dans les années 1930, l'une des figures les plus redoutables du «pinge» avait eu pour nom Gwo Eli, portefait de son état, géant d'environ 7 pieds.
Très prisé par les paysans, le «pinge» est dénué de truquages, contrairement à la lutte libre nord-américaine, par exemple, qui semble se ramener bien souvent à une sorte d'attrape-nigaud et de jeu théatral, fait de chocs amortis.var: plinge.
PIP.n. pipe. Cho tankou bout 'pip' (exp.): personne fougeuse, ardente, d'un zèle excessif. Tonton makout yo te bay pou Bòs Pent lan te cho tankou bout 'pip'. Pour renforcer: cho tankou bout ‘pip' frè Me. On dit aussi (s.f): cho tankou chabon anvi.
PIS.n. Puce. long kou ke ‘pis' (exp.): pour un peu long. Long kou ke ‘pis', tren an te kraze l: Il aurait suffi de peu de chose pour qu'il fût broyé par le train.
PISANNIT pi-san-nit.n. Enfant qui pisse dans le lit. 2. qui est très jeune et sans expérience (pej).
PIYAJÈ pi-ya-jè.n. (du français: «pillage»). Exploiteur, personne qui accapare les biens d'autrui. Anpil makout se ‘piyajè'.
PIYIP pi-yip.n. (c.r, Jacmel). Bal populaire de banlieu.
PLANE pla-ne.v. Deposer en gage (mete nan plàn: mete yon bagay, ki rele w chèmèt chèmetrès kay yon izirye, nan mezondafè). Si ou pa gen lajan pou retire l, li pran l pa fòs gwo nèg li. Yo konn di tou: mete yon matla lekòl, mete yon kwafez lekòl, mete yon machin akoud lekòl. al nan plàn (exp.). plàn: «maison d'affaires» (terme utilisé en Haïti). syn: brikabrak, melimelo. 2. se soutenir en l'air, sans movement apparent. Malfini an ap ‘plane'. Grandou a ap ‘plane'. var: plannen.
PONPONN pon-ponn.n. (l.e). Petite promenade.
POUL.n. Poule. lè ‘poul' fè dan (exp.): temps qui n'arrivera jamais, semaine des quatre jeudis.
POUPOU pou-pou.n. excrement. syn: kaka, okabine, tata, watè.
PYOUT.ono. exprimant le bruit d'un baiser. 2. adv. Excellemment: Li fè travay li 'pyout': Il fait excellemment son travail. syn: Dyòl loulou, youwann.
RABADYA ra-ba-dya.n. Personne qui parle beaucoup, et des choses oiseuses.
RALBA ral-ba.n. Jouet consistant en une capsule métallique aplatie, percée de deux petits trous, à travers lesquels s'introduit un fil que l'on enroule sur lui-même et sur quoi l'on tire pour faire tourner le disque. syn: siye kile (c.r, sud d'Haïti).
RAPADOU ra-pa-dou.n. Sucre brut coagulé dans les moules. Rappelons que le mot ‘rapadou', du temps de l'Occupation Américaine, entrait dans une expression couramment employée: pye ‘rapadou', appliqué ironiquement aux gendarmes, qui portaient des guêtres.
RATATOUY ra-ta-touy.n. Rabougri.
RÈG.n. Menstrues. syn: jinèt, kritik, lalin, periòd, pye. Li gen ‘règ' li (kritik li vini).
RENKA ren-ka.atr. Intimidé, gêné, interdit.
SARANPYON sa-ran-pyon.n. Varicelle. Ce mal disparaît après une dizaine de jours. var: salanpyon.
SAVAL sa-val.n. (type de poisson). Tarpon atlanticus. Se dit «sabalo» en République Dominicaine.
SELEBRIDE se-le-bri-de.n. (agglutination des verbes français «seller» et «brider»). Boisson alcoolisée à saveur très piquante et constituée de kleren, de citron et de sucre. Spécialité du Cap-Haïtien.
SÈPANTYE sè-pan-tye.n. (oiseau). De l'espagnol: «carpintero» pájaro carpintero. Oiseau grimpeur (Chryserpes striatus). Très utile à l'agriculture. Il fait sortir les larves de l'écorce des arbres. var: sepantye
SILABÈ si-la-bè.n. Syllabaire. gri tankou 'silabè' Dorèt (exp.): être en état d'ébriété. La couverture du syllabaire de Doret était de couleur grise.
SIRÈT si-rèt.n. S'emploie dans l'expression: « bouch ‘sirèt' » ou « dyòl ‘sirèt'» (vulg.). Bouch ‘sirèt' se dit d'un individu qui, parlant français, ne peut pas prononcer les voyelles e et u et dit par exemple lé pour le, mizik pour muzik. En Haïti, où le français et considéré comme la langue du prestige social et de la culture, on tourne en derision ceux qui commentent ces fautes de prononciation.
SIRIK si-rik.n. Crabe de mer.
SOLOBA so-lo-ba.n. Petit repas, goûter.
SOUDÈ sou-dè.n. sourd.
SOULAD sou-lad.n. (c.r.). Ivrogne. syn: souladò, tafyatè, gwògmann, kakakleren, karavachè. Nan diznevyèm syèk, youn pi gwo prezidan ‘soulad' ayisyen, se te Philippe Guerrier (1844-1845): Au 19ème siècle, Philippe Guerrier (1844-1845) était l'un des presidents ivrognes.
SOULYE sou-lye.n. Soulye. Se ‘soulye' ki konnen si chosèt gen twou (prov.): Si les chaussettes ont des trous, ce sont les souliers qui le savent. C'est-à-dire: les personnes qui vivent dans votre intimité connaissent vos défauts mieux que personne. Équivalent de: Ou dòmi ak Jan, ou konn kouman Jan wonfle.
SOUSOU sou-sou.n. Flagorneur, lèche-cul. syn: souflantyou. Sousou désignait une tribu africaine représentée dans l'ancienne colonie française de Saint-Domingue.
SOUSOUBRAKE sou-sou-bra-ke.n. Personne collante, fatigante par ses assiduités: Nèg sa a kole lan kò m; misye se yon ‘sousoubrake'. syn: mòpyon (s.f).
SOUTIRASYON sou-ti-ra-syon.n. Tolérance, excès de faiblesse pour un enfant. syn: sitirans. Moun ki gen defo sa a, yo rele yo: «sitirè», «soutirè» (fém.: sitirèz, soutirèz). Si pa t gen sitirè, pa ta gen vòlè. (prov.)
T
TAKO ta-ko.n. (oiseau). Coucou à la queu mobile (coccyzus mirror – Teres, Peters). Mèg kou ‘tako' (exp.): très maigre (syn: se zo ak po).
TAPTAP tap-tap.n. (de l'onomatopée créole taptap, en un clin d'oeil. N ap rive 'taptap': Nous arriverons dans un clin d'oeil. syn: plop plop. 2. Camionette publique, peinturlurée, desservant la population des faubourgs de Port-au-Prince. Plus de 450 taptap dont chachun porte un nom «Ti Guy douce», «Se konsa lavi», «Jen e parle pas, je travaille»…sillonnent la Grand'Rue (Boulevard Jean-Jacques Dessalines). Le plus souvent, la voiture n'appartient pas au conducteur. syn: kamyonèt.
TATA ta-ta.n.: (l.e) Excrément. syn: poupou. fè 'tata' (exp.): déféquer.
TAYO ta-yo.n. Autre nom du malanga. Le mot ‘tayo' est courant à Jérémie (dept. de la Grand-Anse). On peut rapprocher «tayo» de taye, tayove (Guyane, taro (Philippines). syn: malanga.
TAZA ta-za.n. Type de poisson. En anglais, king fish.
TIKOMA ti-ko-ma.n. (c.r, Plaine du Cul-de-Sac). Ironiquement: personne qui n'est pas originaire de la localité.
TÒCHON tò-chon.n. Le fruit d'une liane (Cucurbitacées; Luffa Acutangula). Long de 20 à 25 centimètres, il est employé par les gens du peuple à laver la vaiselle. Il sert aussi à fabriquer des sacs à main. Fè yon moun sèvi 'tòchon' (exp.): infliger à une personne un traitement humiliant.
TONMTONM tonm-tonm.n. Nourriture populaire, faite du fruit de l'arbre veritable broyé. (de l'indien caraïbe: «tountouma»). Très consommé à Jérémie… Le 'tonmtonm' s'accompagne ordinairement d'un bouillon de calalou.
TOWOBANN to-wo-bann.n. Individu brave et redoubtable. (c.r). var: towobanj.
TWASÈT twa-sèt.n. Jeu de carte, qui se joue ordinairement en trois manches.
TWONPÈT twon-pèt.n. Arbre aux feuilles multipennées (famille des moracées; cecroia pelptata). Ses racines entrent dans la composition d'une tisane antiblennorragique. Ses feuilles sont aussi utilisées. Un bain de feuilles de «twonpèt», administré pendant sept vendredis consécutifs à un chien trop doux pour le rendre méchant. 2. Trompette (instrument musical). Mete zòrèy an 'twonpèt' (exp.): écouter attentivement.
TYO.n. Familièrement: jeune homme. (c.r, Anse-à-veau, Port-de-Paix, Saint-Louis du Nord, Île de la Tortue…). 'Tyo', kouman ou ye?: Comment vas-tu jeune homme?
TYOUL.n. Valet. Peut-être de l'espagnol «chulo», aide-torero). Anpil gouvènman ayisyen, se 'tyoul' ameriken. syn: souteneur, gigolo. syn. (créole): èddekan (c.r), restavèk.
VÈRÈT vè-rèt.n. Petit vérole. Note: En août 1881, une épidémie de vèrèt s'est declaré au Cap-Haïtien, par suite du passage d'un navire étranger, venu de Dominicanie. Le mal ne tarda pas à s'étendre à tout le pays. Fort d'une croyance populaire, on brûla, pour limiter les dégâts, le goudron et le charbon de terre. A Port-au-Prince, on enregistrait plus de 60 décès par jour. Ce terrible fléau fut appelé par les Haïtiens: « vèrèt Salomon ». On trouve le mot «vérété» (formé de vèrèt) dans un ouvrage de J.F Lafosse, médecin de l'ancienne colonie française de Saint-Domingue: «… transporter tous les vérétés dans un logement particulier, éloigné des autres établissements …» (Avis aux habitants des colonies).
VESO ve-so.n. Assiette (vaiselle). Lè tout moun fin manje, bòn nan lave ‘veso' yo: Après que tout le monde eut mange, la servante lava la vaiselle. Emprunté au français «vaisseau» (recipient servant à contenir les liquides; ce mot créole désigne les ustensiles de cuisine. Il y a deux acceptions proprement françaises qu'il n'a point: «artère» (au sens physiologique du mot) et «navire».
VEYE ve-ye.n. Veillée des morts. A cette occasion, les cantiques, les prières se mêlent aux jeux de clairin, aux rasades de clairin, aux victuailles et aux blagues de toutes sortes. Ces genres de veillées ne s'observent que dans les quartiers populeux et surtout dans les campagnes. Gen yon ‘veye' aswè a: Il y a une veillée ce soir.
VITÈS vi-tès.n. (c.r, Cayes, Camp-Perrin…). Manière de vivre en ménage, harmonie, entente. Nou Swete nouvo marye yo ‘vitès'.
VITYELO vi-tye-lo.n. Souliers de fabrication italienne. Vitiello appartenant à la colonie italienne est un marchand de souliers, établi à la Grand-Rue. ale sou de (2) ‘vityelo' (exp. courante): aller à pied.
VLAW!.ono. imitant le claquement d'un fouet. Correspond au français: vlan! Kout sentiwon an fè ‘vlaw'! ‘vlaw'!
VÒL LADWANN vòl-la-dwann.n. Contrebande. Anpil moun mare fòtin yo nan ‘vòl ladwann'. Note: En 1936, une vaste campagne fut menée en Haïti contre les operations de contrebande. Des lois et des lettres-circulaires furent publiées à cet effet (loi du 12 septembre 1936, loi du 23 novembre 1936, lettre-circulaire du Dépt. de la Justice, en dâte du 21 décembre 1936…) La législation douanière prévoyait même des récompenses aux indicateurs de police. De nombreuses arrestations pour ‘vòl ladwann' ont été opérées. Selon les rapports de la Garde d'Haïti, elles se chiffrèrent à 474 en 1935-1936 et à 566 en 1936-37 (Rapport Annuel du Représentant Fiscal pour l'Exercise octobre 1936- septembre 1937, pp. 67-69).
VOLIM!.interj. Cri des auditeurs ou des spectateurs pour demander à quelqu'un de parler plus fort.
VONVON von-von.n. Lachnosterna hogardi. Nom vulgaire d'un gros coléoptère scarabéide (5 cm de long sur 2 de large), au vol bruyant, aux pattes puissantes, armées de griffes. Son corps est d'une grande rigidité, qui s'explique par une combinaison de chitine et de scléro-protéines. On appelle aussi cet insecte: rinosewòs ou towo. Il s'attaque aux raciness des cocotiers (cocos nucifera). n.s: Lachnosterna hogardi.
VOUMTAK voum-tak.n. (c.r, Dépt. du Nord). Parapluie.
VYÈJ.n. vierge. syn: tifi, tifi kach kay manman, timoun. var: vyèy.
WA.n. Roi || rèn. Pran nan twa ‘wa' (exp.): être dans une situation difficile, dans le pétrin. Ou pran nan twa ‘wa'. ‘wa' pa kouzen (+pro) depite pa tonton (+pro): être très orgueilleux. ‘Wa pa kouzen l, depite pa tonton l: Il est très orgueilleux.
WAF.n. Warf. Ce mot désigne aussi un lit paysan consistant en quatre pieds fiches dans le sol avec des perches en travers.
WANGATÈ wan-ga-tè.n. Personne qui pratique les sortilèges (fem: wangatèz).
WATCHÒKÒ wa-tyò-kò.n. (de «kwashiorkor»). Malnutrition due à un manque de protéines et caractérisé par des oedèmes, par la rousseur des cheveux qui deviennent cassants. En Haïti, cette affection est interprétée à tort par certains comme une crise de vers.
C'est pour limiter les dégâts de la malnutrition que le docteur Bengola avait proposé la création de centre de récupération nutritionnelle, idée qui fut appliqué en Haïti en 1964 dans le cadre du projet pilote de Fond Parisien. Le docteur William Fougère a mené une enquête diétique dans ce village, où le kwashiordor a fini par disparaître.
WÈCH.interj. Cri pour exiter un chien contre quelqu'un. Cette exclamation est très courante aux Cayes, à Camp-Perrin et aux environs. Elle équivaut à sa! sa!, employée notamment dans le department de l'Ouest.
WIFOUT! wi-fout.interj. Cri, d'admiration: 'Wifout'! Yo di l sa! 'Wifout'! Ala yon bèl fanm!: Quelle jolie femme!
WIPIP! wi-pip.interj. marquant la contrariété. ‘Wipip'! Bakadi pèdi!
WOULOBAY wou-lo-bay.atr. De peu de valeur, sans talent. mizisyen ‘woulobay'. Frewo se yon mizisyen ‘woulobay': Frewo est un musicien sans valeur, sans talent.
WOWOLI wo-wo-li.n. Sasamus orientalis (famille des pédillicées). « Roroli, ce terme éveille tant de souvenirs d'enfance parmi nous Haïtiens, que notre collaborateur Mango Dyesifò l'avait privilégié dans l'étude des premiers mots faisant partie de «Lang manman nou». Aussi, le présentons-nous une nouvelle fois, plus particulièrement pour nos lecteurs en Haïti.
Un vraiment joli mot, et tellement évocateur! Qui d'entre nous, dans son enfance, n'a raffolé des sucreries locales, connues sous le nom de « tablèt roroli ». Moi, je m'en procurais avec d'autant plus d'aisance que ma grand-mère vendait, dans le temps, ces friandises.
Elle avait, grand-mère, de bonne recettes pour préparer ces «tablettes» qui avaient toujours un gout de revenez-y. Je m'en gavais jusqu'à l'indigestion; et à l'heure même où je vous parle, rien qu'à prononcer ces cinq syllables croustillantes: « ta-blèt ro-ro-li », li sirop me vient à la bouche.
Emile Roumer, aussi, doit en être friend, lui qui narguant nos petits français tropicaux, hasarda cette suave comparaison: «Le ciel est une tablette de roroli ».
Roroli se dit des graines de sesame. Ce mot créole derive de l'espagnol «ajonjolis». Les graines de roroli sont également utilisées dans les ceremonies de vodou et à des fins magiques. Pour empêcher l'exhumation d'une personne enterrée dans un état cataleptique (mort vivant, zombi), certaines familles déposent auprès de sa dépouille un sachet de graines de roroli. Dans leur croyance, la victime occupée à compter ces semences, ne prêtera pas l'oreille à l'appelle nocturne des loups-garous. var: hoholi (c.ru).
YAM.n. Ignamme (de «inham» ou «anyama», terme des anciens Taïnos d'Haïti et qui fut incorporé à l'espagnol. Anyama est encore employé à Costa-Rica et en Colombie.
YAY.n. Liquidation. Jodiya gen ‘yay' nan yon magazen Bodmè: Il y a une liquidation a Bodmè aujourd'hui. syn: likidasyon.
YÈS.atr. Convenable, de bonne qualité. Fanm lan pa fin ‘yès'. syn: kòdyòm.
YESKEN yes-ken.n. Plante (Memordica Charancia). c.r, Les Cayes et environs. Asosi (dans l'Ouest et ailleurs). L' asosi est une plante de la famille des cucurbitacées dont les feuilles excessivement amères sont utilisées comme infusion pour stimuler l'appétit. Elles passent, en outre, pour avoir une action antipaludéenne. var: yèsken. A la Guadeloupe et à Costa-Rica, cette plante est connue sous le nom de sorosi. Le terme ‘yesken' est inconnu dans l'Ouest et dans d'autres departments géographiques d'Haïti. syn: asowosi, sosi, sowosi.
YI!.interj. (emprunté au fongbé). Cri de nos paysannes pour faire advancer leur âne.
YOYO yo-yo.n. «Jouet consistant en un disque évidé que l'on fait monter et descendre le long d'un fil enroulé sur son axe». En France, au temps de la Révolution, il portrait le nom d'émigrette (Larousse). En Haïti, sous Sténio Vincent, il était devenu l'un des passé-temps favoris des enfants.
ZA!.ono. Marquant la fuite. Lè lapolis parèt, misye file, ‘za' !: Il a pris la fuite quand la police est venue.
ZENGLENDEN zen-glen-den.n. c.r. Diable. syn: lougawou, denmon.
ZÈP.n. Saute mouton («Jeu dans lequel les joueurs sautent alternativement les uns par-dessus les autres»).
ZÈS.n. (du français, «zette»). Dans le créole haïtien, ‘zès' n'a pas la même acceptation qu'en français. Sens français: écorce extérieure jaune de l'orange, du citron, du pamplemousse. Sens créole: embruns volatiles qui nous piquent les yeux quand vous épluchez l'un de ces fruits (Roc J. Raymond), «Du créole au français», 1966, pp. 290).
ZEYE ze-ye.n. (transformation du français oeuille). Boutonnière.
ZO.n. Os. jwenn ak ‘zo' grann (exp.): essuyer les pires revers. Lè dechoukay 7 fevriye 1986 la, plizyè makout te jwenn ak ‘zo' grann yo: Lors du «dechoucage» du 7 février 1986, plusieurs macoutes ont essuyé les pires revers.
ZONBI zon-bi.n. (de l'angolais «zumbi», revenant; ou deu congolais «mvumbi». Personne en état de catalepsie; individu à qui l'on a donné l'apparence de la mort et qui est déterré nuitamment pour être employé aux pénibles travaux des champs. Le ‘zonbi' est donc un esclave en état d'hébétude provoquée. Le sel aurait la vertu de lui redonner ses facultés (mémoire, intélligence, volonté).
Certaines personnes, pour épargner ce triste sort à des parents qu'on croit être apparemment morts, leur tranchent la tête avant de les mettre en bière, ou bien leur font administrer une grande quantité d'eau sublimée. Dans le but d'empêcher l'exhumation, on place parfois dans le cercueil une pelote de fil et une aiguille au chas brisé.
ZÒRÈY zò-rèy.n. Oreille. Redi ‘zòrèy' (exp.): reprendre, réprimander, faire une semonce à quelqu'un. Mari twò radi, mwen blije redi ‘zòrèy' li: Marie est très impertinente, je suis obligé de lui faire une semonce. ‘Zòrèy' kònen: bourdonnement d'oreilles; l'Haïtien attribute ordinairement cela à la médisance ou à la calomni don't il se croit être l'objet. Jouda ti ‘zòrèy' (appellation plaisante des fouinards).
'Zòrèy' bourik: nom donné au papier monnaie dévalorisée qui circulait sous le gouvernement de Salnave (1867-1869). A cette époque, une paire de souliers se vendait 18.000 gourdes; un poulet, 500 gouurdes, etc… Ce papier-monnaie, appelé ainsi à cause de son format, fut retiré de la circulation sous Nissage Saget (1870-1874), qui se lança dans une nouvelle opération financière, dite: «Emission de la Révolution».
ZÒT.n. Correspond au créole yo. ' Zòt' ap konprann: Ils ne comprennent pas). Il sert aussi à designer «les autres». Zafè ‘zòt' pa gade mwen: Les affaires des autres ne me regardent pas. Ce pronom est de moins usité dans le créole haïtien et s'emploie plûtot dans les oeuvres littéraires. Expression jugée triviales: santi pase kaka ‘zòt' (exhale une odeur très fétide).
ZOTOBRE zo-to-bre.n. Personne riche, gros-bonnet. Se dit aussi: gwo ‘zotobre' malzenk.
ZWENGE zwen-ge.v. pincer. syn: penche, penchen, penchinen, pichkannen, zongle.
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Emmanuel W. Védrine
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