Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

PETIT LEXIQUE DU CRÉOLE HAÏTIEN
2nd. ed. 2005
par Emmanuel W. Vedrine
(revisé & edité par E. W. Védrine, juin 2005)
© 1995, 2005 Emmanuel W. Védrine
E. W. Védrine Creole Project, Inc.
Boston, Massachusetts (USA)
Revised & edited by Emmanuel W. Védrine, June 2005

First published in 1995
Publisher: Orèsjozèf Publications
Randolph, Massachusetts (USA)
ISBN: 1-88 55 66-11-5

Note: French Creole dialects, French-based Creoles, Haitian Creole,
Haitian Linguistics, Haitian Literature, Historical Linguistics.

  boule

A | B | CH | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | Y | Z

F

FIGI fi-gi .n. Visage. achte ‘figi' yon moun (exp.): flatter une personne pour obtenir ses faveurs.

FLATÈ fla-tè .n. Flatteur. syn: ranpè, achtèdfigi, sousou, souflantyou .

FLEN-GÈT flen-gèt .atr. Maigrelet (un peu maigre).

FOU .atr. Fou, maboul. syn: tètpabyen, tètbrase, deranje, tòktòk, distrè, moun fou .

FOUBI fou-bi .v. Fourbir. Foubi bouk (exp.): Autrefois, danser avec sa partenaire de façon si lascive et si serré qu'on avait l'impression que l'un et l'autre se fourbissaient les boucles. Rappelons en passant qu'il existait une danse du genre, très connue, appelée siye bourèt . syn: ploge .

FOUYE fou-ye .v. Fouiller. ‘ Fouye' zo nan kalalou (exp.): fouiner. Le mot «kalalou» (ou « kalalou gonbo », hibiscus esculentus ) est d'origine africaine, probablement mandingue.

FRÈCHE fre-chè .n. (néologisme fin 1960). Jeune fille ou femme qui, en quête de plaisirs et relations sociales, se livre à la débauche. var: lafrechè .

FRÈ PRENÈ frè-pre-nè .n. Ceux qui boivent le tafya ensemble ( Nèg ki konn bwè tafya ansanm ).

FWOTE fwo-te .v. (c.r - Baptiste, section rurale de Belladères). Savon de lessive.

 

G

GABÈL ga-bèl .n. Avantage qu'un joueur ou un partisan, sûr de gagner, accorde à son partenaire. Jan konnen l ap gen kous la, li bay Pòl gabèl; li lese l pran devan : Jean sait qu'il gagnera la course, il donne l'avantage à Paul; il le laisse courrir d'abord. M ap ba w yon ‘gabèl', m ap parye 20 goud pou 10 goud : Je vous donne un avantage, je parie 20 gourdes contre 10 gourdes.

GAGARI ga-ga-ri .v. Se gargariser (du français, emprunté au grec «gargarizein» ou au latin médical «gargarizare». ‘ Gagari' yon ji fèy langlichat ( eupatorium odoratum ) pou pase mal gòj la.

GAGÈ ga-gè .n. (de l'espagnol, gallera ). Arène pour combat de coqs. D'après Jule Faine, le combat de coqs aurait été introduit à Hispaniola par les Espagnols. var: gadyè . vole gadè (exp.): prendre la fuite.

GALIPÒT ga-li-pòt .n. Sorcier, loup-garou, personne qui possède le don de bilocation. Ce terme est emprunt aux colons de Saint-Domingue. On trouve «galipote» dans la Mithologie Française de Dontenville.

.n. (v.v) bat ‘gè' (exp.): rappel des mystères ou des esprits devant Être placés sur une personne ou dans un talisman. Usité dans les services petro, le «bat ‘gè'» consiste à faire frapper des couteaux et des cuilers contre quatre assiettes placées chacune à extrémité d'une natte.

GEDEVI ge-de-vi .n. (v.v): (de gede , et du mot fongbé «vi», enfant). Enfant de gede . Les gede sont des mystères vodou. Esprits du cimetière, ils sont fétés chaque année, le 2 novembre. Ils sont ordinairement vétus de noir ou de violet; ils mettent du coton à leurs narines et à leur oreilles, tiennent des propos obscènes et exécutent des danses lascives imitant le mouvement éjaculatoire.

GENGENN gen-genn .n. S'emploie dans l'expression « jenn ti ‘gengenn' »: une toute jeune fille.

GERI ge-ri .atr/v. Guerir. ‘geri' bosko sou yon moun (exp.): vivre à ses dépends, l'exploiter. Plizyè makout vin rich paske yo t ap ‘geri' bosko yo sou pèp ayisyen : Plusieurs macoutes se sont enrichis parce qu'ils vivaient aux dépends du peuple haitien.

GODO go-do .n. Calebasse à large ouverture, utilisée en milieu rural. On s'en sert pour cailler le lait. syn: kalbas gran bouch .

GONBO gon-bo .n. Malvacée ( Hibiscus Esculentus ). Il sert à l'alimentation. Il est aussi diurétique, lénitif et rafraichissant. Le terme gonbo est une abbréviation du mot congolais «quingonbo».

GOU .n. Saveur. A la différence du français, le créole l'emploie adjectivement au sens de «délicieux»; konfiti a ‘gou' (la confiture est délicieuse).

GOUYANG-GOUYANG gou-yang-gou-yang. atr. clopin-clopant ( klopiklopan ).

GOVI go-vi .n. (v.v). Jarre en terre cuite, poterie rituelle qui passe pour recevoir les mystères africains et où se loge, selon les adeptes du vodou, la couleuvre Damballah Wèdo.

GRANDOU gran-dou .n. Cerf-volant de grande dimention, fait d'une carcasse de bambou et recouvert de papier d'emballage. Le terme grandou serait d'origine indo-caraïbe.

GRANGOZYE gran-go-zye .n. Oiseau palmipède, pélican.

GRANMOUN gran-moun .n/atr. Vieillard; vieux, vielle. syn: lepè, lamè, tonton, grann; darati kòn siye; vye granmoun, ansyen testaman, ansyen fòd 3 pedal, kòrèd, selino, selina, bèkfè, ratyèfè .

GRATÈ gra-tè .n. Resquilleur (individu qui «se faufile dans une salle de spectacle», dans un bal sans payer l'entrée. En créole, on utilise parfois l'expression: pran daso pour référer à un gratè . syn: reskiyè .

GRATÈL gra-tèl .n. Démangeaison. La médecine empirique haïtienne utilise contre «gratèl» le tafya et l'amidon.

GRENADIN gre-na-din .n. Grenadille ( Passiflora quadrangularis ). Ses feuilles sont employées contre l'acné juvénile.

GRETON gre-ton (c.r, Jérémie). Rillettes. A Port-au-Prince..., se dit: griyo . Les « griyo » de Montrouis sont très recherchés.

GRIGRI gri-gri .n. Emérillon.

GWAP .atr. Intrépide (de guapo : brave). syn: vanyan .

 

H

HANM! interj. pour encourager les petits enfants à manger.

HAP! .interj. marquant l'action de frapper. 2. Bruit que fait un chien qu abroie. Chen an fè ‘hap'! ‘hap'! : Le chien fait hap! hap!

HEY! .interj. Sert à interpeller. C'est aussi un cri pour faire avancer les bêtes de somme.

 

I

INONI i-no-ni .n. (de l'italien: «i noni», les grands-parents, les ancêtres). Attardé mental, vieillard sénile. syn: atatad, entatad, etatad .

IPE i-pe .n. (c.r, Desdunes): Pont l'Estère...). 2. dévorer, en parlant des caimans.

 

J

JA .n. Grand récipient en terre cuite (jarre). On en trouve encore, mais de plus en plus rarement, dans certaines maisons, en Haïti. Note: on apporte qu'en quittant Saint-Domingue, au moment des troubles révolutionnaires de 1791-1802, le colon, espérant revenir dans la colonie, avait caché sa fortune dans la terre, et que l'esclavage qui l'avait enfouie, était abattu surle-champ par son maître, de peur que le lieu secret ne fût un jour révélé. Certains gens riches passent pour avoir découvert, à la faveur d'un songe, l'une de ces fabuleuses jarres de grés, remplies de carolus (ancienne monnaie en or, en cours à Saint-Domingue).

JAKO ja-ko .n. Perroquet (Amazon ventralis). ‘Jako' nan mòn pa kondi jako lavil (prov.).

JAKOPYEVÈT ja-ko-re-pèt .n. Celui qui courtise une femme ( gason k ap file fi, k ap kase ti bwa nan zòrèy fi ). fè ‘jakopyevèt' dèyè yon fi (exp.): courtiser une femme.

JANBLAN jan-blan .n. Albinòs.

JECHALÒT je-cha-lòt .n. Echalote (Liacées; Allium Ascalonicium). La médecine empirique haïtienne l'emploi comme sudorifique. var: chalòt, zechalòt .

JÒF .n. Coup d'oeil curieux. bay ‘jòj' : faire étalage de sa situation économique. pran ‘jòf' : regarder furtivement, et avec plaisir, une femme assise indecemment, se rincer l'oeuil.

JOFI jo-fi .n. Orphie ( strongylura raphidoma ).

JÒKMAN jòk-man .n. Personne qui s'habille sans élégance. syn: makwali. 2. Homme amoureux, qui n'ose avouer son amour.

JÒLJÒL jòl-jòl .n. Marinet. syn: wole .

JOUBABYE jou-ba-bye .n. Dindon.

JOUK .n. Juchoir. Poul la monte sou ‘jouk' la : La poule est montee sur le juchoir. 2. adv. Meme. ‘Jouk' ou tou! : Même vous!

JOUKE jou-ke .v. attacher etroitement un animal à un arbre, à un poteau. 2. v.pro. se percher (en parlant des poules). || dejouke (ki te jouke); delage (ki te mare).

JOUMOU jou-mou .n. var: joumou, jòmou, jouwoumou . Senbòl liberasyon (symbole de libération). Transformation du français: «giraumon» (famille des cucurbitacées, cucurbita moschata ). Dans la médecine populaire haïtienne, ses graines sont utilisées contre le ver solitaire. Le mot ‘ joumou ' a servi à la formation de « jòmonad » (purée de giraumon). Il s'emploie aussi dans ce savoureux pawòl granmoun (proverbe): Ou pa konnen kote dlo a sòti l antre nan bwa ‘joumou' : On ne sait d'où est venu ce liquide qui s'est infiltré dans la tige du giraumon. ‘Joumou' pa janm donnen kalbas : Le giraumon n'a jamais produit de calebasse. Cette dernière pensée est l'équivalent de: Tel père, tel fils; Pitit tig se tig (les petits du tigre sont des tigres); ti rat pa janm fèt san ke (les ratons ne naissent sans queue). On relève en outre une expression très courante, soup ‘jomou' : soupe au giraumon. A ce sujet, légende rapporte qu'à l'époque de la colonisation française de Saint-Domingue, seuls les colons et les affranchis ayant une certaine situation de fortune, pouvaient s'offrir un potage au giraumon. La soupe au giraumon était alors considérée, dit-on, comme un plat de classes aisées. Le 1er janvier 1804, à l'occasion de la proclamation de l'Indépendance Nationale, Dessalines et ses généraux, pour marquer l'abolition de l'esclavage, aurait recommandé à leurs compatriotes de consommer, ce jour-là, de la soupe au giraumon. Question également, de fêter l'Indépendance! Nous n'affirmons rien, faute de preuves. En tout cas, si tant est que ce soit vrai, ce serait à l'origine d'une coutume fortement enracinée dans les familles haitiennes, et qui veut que chaque année, à la même dâte, on s'offre une bonne soup ‘joumou' . Combien d'entre les Haïtiens, en consommant leur soup joudlan (jour de l'an) ignorent que, selon une tradition orale, ce potage symbolise la libération du peuple haïtien et le refus des discriminations sociales! var: Jomou.

JWIF .n. Juif. personne riche, dure, pingre, exploiteuse. selon un préjugé courant. 2. par ironie, usurier. 3. Mannequin de toile ou de paille, représentant Judas, et des enfants, pour venger Jésus, fouettent et brulent dans la rue, le matin du samedi saint. Cette coutume tend à disparaître.

 

K

KABÈS ka-bes .n. (de l'espagnol: «cabeza», tête). S'emploie souvent dans l'expression plénastique ( kabès tèt ). Ce mot entre aussi dans l'expression suivante: « fè de kabès » (à la borlette, gagner les deux gros lots en même temps).

KABICHA ka-bi-cha .v/n. Dormir d'un sommeil léger, généralement hors du lit. 2. Sommeil léger... fè yon ‘kabicha' (exp.): faire un somme.

KABWÈTYE ka-bwè-tje .n. Conducteur de cabrouets. Note: sous l'administration de Toussaint Louverture, les « kabwetye » étaient assujettis aux réglements militaires. D'après les règlements de culture, repris par Dessalines en 1805, « Tout jeran, kabwètye ak kiltivatè bliye fè devwa yo... menm jan ak militè » (24 novembre 1804).

KACH .n. Prépuce.

KACHIMBO ka-chim-bo .n. Pipe en terre cuite, d'un usage courant dans nos campagnes. Elle est utilisée par bon nombre de paysans. Le terme espagnol «cachimbo» vient directement du portugais «cahimbo». Dans les milieux rurauax et populaires, cette pipe s'appelle aussi, familièrement « kokopòv ».

KAD .n. (de l'anglais cot). Lit de camps.

KADERIK ka-de-rik .n. (de «caldera», Chaudière (c.r, Nord d'Haïti). Bouilloire.

KAKAGLAS ka-ka-glas .n. Tain (d'un miroir): «amalgame d'«tain servant à l'«tamage des glaces».

KAKAPOUL ka-ka-poul .n. Petite pervenche (famille des apocynacées, vinca rosea ). Appelée aussi: sansès (sans cesse). Se feuilles sont indiquées contre les diarrhées, l'amygalite et le pertes blanches. Les alcaloides extraits de cette plante sont utilisés contre certains tumeurs, notamment les sarcomes et l'épitélioma.

KAKÒN ka-kòn .n. Plante ( Entada scandens ), dont les feuilles sont indiquées comme contrepoison.

KAL .n. Bastonade. syn: baton, bwa, makak, plich, pli makak .

KALABOUS ka-la-bous .n. Fruit du cacaoyer, contenant 20 à 40 graines ou amandes. Les paysans haïtiens, pour décortiquer le cacao, coutume de frapper les ‘kalabous' contre un corps dur. La cueillette de ces fruits se fait entre juin et décembre. var: kabòs .

KALAKIT ka-la-kit .n. Ironiquement: Syriens, Libanais. (t.a, c.r, particulièrement à Jérémie). Les Jérémiens gardent le souvenir des kalakit qui avaient nom Mardochée, Abitol, Chrem, etc... commercants etablis autrefois sur la place.

KALAN ka-lan .n. Sorte de calebasse longue, coupée par le goulot, servant à conserver la viande salée où toute espèce de chair propre à l'alimentation.

KALOMI ka-lo-mi .n. Ensemble de danses et de chants dans les veillées mortuaire. Ayè te gen yon ‘kalomi' kay Mèsilòm; misye te pèdi manman li : Hier il y avait un ‘kalomi' chez Mèsilòm; sa femme est décédée.

KANARI ka-na-ri .n. (de «kanalli»). Jarron plein de doublons. Le mot ‘ kanari ' a une autre acception: gran vase en terre cuite pour conserver l'eau. syn: ja . Vye ‘kannari' kenbe dlo fre (prov.). var: kannari .

KANBRAL kan-bral .atr. (du français: «cambre»; du latin: camur, «recourbé»). Se dit des jambes courbées en arc ( genu recurvatum ). Malformation consécutive à une paralysie musculaire ou à une laxité défectueuse des structures articulaires.

KANNTÈ kann-tè .n. Frêle embarcation empruntée par les Haïtiens non munis de papiers réguliers, pour se rendre au Bahamas, en Floride. Ceux qui prennent les kannté s'appellent botpipol ou « botpipipo » (anglais: boat people); mot crée au cours des années 1970). 2. Petit voilier d'environ 20 à 30 pieds, de fabrication locale, emprunté par les irréguliers haïtiens pour se rendre aux Bahamas ou à Miami. Note: le mote ‘kanntè' est d'origine japonaise (une marque de vehicule, canter ). On l'utilisant en Haïti dans la transportation publique. Wousvèl fèk mete yon bis ‘kanntè' sou wout Kafou a : Roosevelt vient de mettre un autobus canter sur la route de Carrefoour.

KANPE kan-pe .atr. Être debout, se tenir debout. 2. Phisiologiquement, être en état de turgescence, d'érection (pris dans ce sens, le mot créole, ‘ kanpe ' est considéré comme trivial). 3. être en grève. Anplwaye O.D.V.A ‘kanpe' : Les employés de la O.D.V.A sont en grèv.

KANSONFÈ kan-son-fè .n. Charancon de la patate, coléoptère (cuculionidé, Cylas formicarius ). syn: razemò .

KANZO kan-zo .n. (v.v) (peut-être du fongbé kâzo , chair). Degré d'initiation dans le vodou. Le ‘ kanzo ' est un ititié du feu. Une telle opération comporte des risques. «On a vu des malheureux subir une vraie cuisson des mains par suite de ces épreuves» (Dr. J.C Dorsainvil, Vodou et Névrose , pp. 62). hounsi ‘kanzo' (degré d'initiation).

KAPLATA ka-pla-ta .n. (c.r) Sorcier.

KARAKTÈ ka-rak-tè .n. Caractère. Plante (Bauchinia morandra), qui rappelle le flamboyant. On l'appelle aussi: karaktè dèzòm (caractère des hommes). var: ‘ karaktè' lèzòm .

KARANG ka-rang .n. (de «carana», variété de poisson. «Karang» désigne aussi un parasite.

KARYOKA ka-ryo-ka .n. Chaussures légères, qui laissent apparaître certaines parties du pied.

KASAB ka-sab .n. (de «cazabe»). Cassave. var. kasav .

KASE ka-se .v. casser, rompre.

KATAFAL ka-ta-fal .atr. Enorme, colossal. yon ‘katafal' fanm . syn: kalte, kokenn , kokennchenn .

KATON ka-ton .n. Carton. ‘katon' bizoton (exp.): chose précieuse. Menmsi ou ta ban m ‘katon' bizoton, mwen p ap marye : Lors même que vous me donneriez les choses les plus precieuses, je ne marierais pas. Équivalent de: «or du Pérou». Ou pa nan ‘katon' an (exp.): Tu n'as pas ou tu n'auras pas de succès. On dit aussi en créole, ou p ap sis .

KATYE ka-tye n. Division administrative en Haïti, comme Bois-Laurence (Nord-Est), Camp-Coq (Nord), Dufailly (Centre) et Damassin (Sud). 2. Quartier de boeuf ( ‘katye' bèf ). 3. «Partie d'une ville présentant parfois une spécialisation de fonction ou habitée par une couche déterminiée de la population» (Larousse). -- QUELQUES QUARTIERS EN HAÏTI: 1. Bodmè : zone basse de Port-au-Prince, principal centre commercial. Ce quartier, ainsi appele parce qu'il longe la mer, est occupé par des commercants de diverses nationalités. L'Expression «Bodmè» s'emploie aussi pour désigner la bourgeoisie commercante de Port-au-Prince: Bodmè ap fè grèv . 2. Mònatif (Morne-à-Turf), quartier populeux de Port-au-Prince. Il compte 61.995 maisons occupées par environ 493.932 personnes. 3. Pòs Machan (Poste-Marchand), quartier populeux couvrant une surface de 39 hectares. Il compte 3.676 maisons occupées par 27.948 personnes. 4. Sou Fò , bidonville situé dans la zone de Fort-National: Moun ‘Sou fò' . Il doit en effet son nom à ce fort de la capitale, construit par les Anglais en 1794. Sous Leclerc, on l'appellera «Fort Debelle». C'est au For-National que furent inhumée le 31 mars 1818 les entrailles du président Alexandre Pétion, dans un coffre de plomb. Les dépouiles mortelles du général de brigade, Pierre Charles, y furent également enterrés en novembre 1820. 5. Lafosèt (La Fosette), Cap-Haïtien. La population est évaluée à 15.000 personnes environ (selon les données provisoires du recensement de 1971). La pêche constitue l'une des activités principales des habitants. Grande promiscuité. L'espace vital pour une famille de 5 membres ne dépasse guère 8m2 ( CHISS , juin 1974).

KAY .n. Maison. ‘ kay ' chanmwòt : habitation à étage. ‘ kay' tòl : maison au toit de tôle. ‘kay' pay : chaumière. ‘kay' madan Viktò : par plaisanterie, latrines. lave ‘kay' tè ak bale nèf : (exp.): faire des efforts absolument infructueux, équivalent de: lave men siye atè . ‘kay' kraze nimewo efase (exp.): se dit d'une masure, d'ume maison délabrée. syn: ‘kay' kokiyoko . Dèyè ‘kay' : expression plaisante pour désigner l'arrière-train, surtout volumineux, d'une femme. On l'emploie, par euphémisme, en lieu et face de « bounda », jugé excessivement trivial. ‘Kay' koule ka twonpe solèy men l pa ka twonpe lapli (prov).

KAZWÈL ka-zwèl .n. Se dit d'un homme si timide, qu'il est incapable de courtiser une femme. Antwàn se yon nèg ‘kazwèl', li pa konn pale ak fanm .

.n. Coeur. Courage, edurance. Trivial. syn: grenn . Èske ou gen ‘kè'? : Est-ce que vous avez du courage?. fè ‘kè' (fè maladi ‘kè') : maladi coronarienne, ( infarctus du myocarde ), affection relativement rare en Haïti - si l'on se réfère au rapport annuel de biostatistique de la Santé Publique (1949), si l'on en juge aussi par les recherches ou l'analyse statistique du docteur Gérard Pierre, établissant que, de 1963 à 1968, parmi 19.172 malades admis à l'Hopital Canapé Vert, à l'Hopital Français et à l'Hopital St-François de Sales, il y eut 30 personnes atteintes par l'infarctus du myocarde, dont 7 Etrangères de race blanche.

KECHAT ke-chat .n. Plante euphorbiacée aux feuilles vertes et aux fleurs rouges (Acalypha hispida ). Ainsi appélée parce que sa forme rappelle celle d'une queue de chat.

KÈT .interj. traduisant l'admiration, l'étonnement, la contradiction. ‘Kèt'! Ou pa bon nan bakaloreya! : Vous n'êtes pas réussi au bac!

KIBI ki-bi .n. Préparation culinaire consistant en semoule de blé, en viande de mouton, et que consomment les Syriens en Haïti.

KIBADACHI ki-ba-da-chi. n. «Po ur les pieds: ‘de mon temps' au Bas Peu de Choses, il y avait le fameux ‘concept' de ‘kibadachi'. C'est un nom de coup de karaté qui en était venu à être utilisé pour désigner tout coup de pied, de karaté ou autre. Les bouillonnants jeunes gens étaient toujours prêts à vous bailler un kibadachi… Chez les plus grivois, le concept en arriva même à traduire une manière de tenir la cavalière irrémédiablement serrée contre soi-même, lorsqu'on s'adonne à une danse sexuellement suggestive (ploguer ou grouiller)… ( Dr. Ludovic Comeau Jr )».

KILMIK kil-mik .n. Mésentente. ‘Kilmik' ant 2 zanmi : mésentente entre deux amis. syn: mezantant, dyòl long .

KIT .n. Un tout petit oiseau ( mniotilla varia ). ‘Nich kit' (le nid de cet oiseau).

KLETE kle-te .v. fermer à clé.

KLOWÒKS klo-wòks .n. Eau se Javel.

KÒB .n. (de «cobre», cuivre). Ancienne pièce de cuivre d'un ou de deux centimes. Ces monnais ont disparu de la circulation vers le début des années 1940. Par extension, argent, situation de fortune. syn: bidòl, grinbak, lajan, lamama .

KODAS ko-das .n. Jadis, gros souliers de travail. ‘Kodas' sa yo fè yo kòde yaya : Ces gros souliers les font trémousser). ‘ Kodas ' est une abbréviation familière de «Cordasco», qui fut à Port-au-Prince un marchand et fabriquant de chaussures. Les paysans haïtiens qui partaient pour Cuba comme coupeurs de cannes, portaient, pour la plupart, des chaussures Cordasco , qui souvent trop serrées, les faisaient disgracieusement boiter; ce qui provoquaient rires et sarcasmes. il ne seraitt pas superflu de rappeler que le général Antonio Th. Kébraeau, grace au développement d'une nièce de feu le président Tancrède Auguste, bénéficia, dans son adolescence, des faveurs de Cordasco, qui lui donnait gratuitement des souliers ‘kodas'.

KOKOBE ko-ko-be .n/atr. impotent, perclus. Misye ‘kokobe'; li pa ka fè anyen : Il est impotent; il ne peut rien faire.

KÒKSANBÈK kok-san-bèk .n. Personne édentée. syn: mazora, mazora bèt lèd, danrachòt . Si yon moun manke dan devan, yo rele li mazora (titre d'une chanson): Si une personne est édentée, on l'appelle mazora .

KÒL .n. Cravate. Li mare ‘kòl' li mal : Il a mal noué sa cravate).

KONG .n. Congre. move kou ‘kong' (exp.): mauvais comme un congre. Être en colère. «Kong» (du français: congre ) est un poisson de mer, de la famille des anguillidés.

KOT .n. Vieux vêtements usagés, loques, employés comme moyens de couchage, ou placé sous le matelas: ‘kòt' kabann . 2. cote (partie du corps).

KOLÈT ko-lèt .n. (de «coleto»). Toile à sac servant à laver le paquet. Se dit aussi « twal kòlèt ».

KOLOKENT ko-lo-kent .n. Personne très chiche. syn: kòkòtò, kras, kourèd, sirik . On trouve en français: «coloquinte», mais dans le sens de: plante «dont le fruit fournit une pulpe amère et purtative» (cucubitacées). fanm ‘kolokent' (exp.): prostitué.

KÒLÒWÒCH kò-lò-wòch .atr. Dur. tèt ‘kòlòwòch' : tête dure.

KOMISYON ko-mi-syon .n. «Message que l'on transmet au nom d'une personne»; attribution d'une fonction par une autorité... »; «ensemble de personnes désignée par une autorité ou choisies par une assemblée pour étudier un projet, surveiller divers actes» (Larousse); «Pourcentage qu'on laisse à un intermédiare». 2. vagin. Tifi, sere ti ‘komisyon' w lan, tande. Gason se bèt ki mechan . syn: afè, bouboun, ti bouboun . var: konmisyon .

KOMÒD ko-mòd. n. Latrines (on dit aussi latrin en créole). Le terme ‘ komòd ' est un dérivé du français «commodité»: lieux d'aisances (1667). Nos latrines populaires rappellent celles des africains, décrits en ces termes par Jean Fouchard: «des trous profonds de 8 à 10 pieds, recouvers de planches pour empêcher les odeurs... » On dit aussi, familièrement, kay Madan Viktò: al kay Madan Viktò (aller au cabinet d'aisances). syn: ale lasèl, ale nan latrin, ale nan watè, al poupou, al fè bezwen, al okabine .

KÒN .n. Micro. syn: miko. pran ‘kòn' nan (exp.): parler pendant longtemps (dans une conversation). 2. corne. ‘kòn' yon bèt : les cornes d'un animal.

KONFYOLO kon-fyo-lo .n. Complot. Yo arete Milo; siman li te nan yon ‘konfyolo' : On a arrêté Milo, il tramait sûrement un complot).

KONGO kon-go .n. terme (pejoratif) pour désigner les Noirs qui, trahissant d'autres Noirs, prennent parti pour la minorité mulâtre. Ce mot, très en vogue en 1946, serait appliqué en souvenir des Noirs Cagnet et Jacques Tellier, qui, la veille de l'Indépendance Nationale, passèrent dans les rangs de Rochambeau avec les Congos de la Plaine du Cap. 2. (v.v) nom des mystères: Kongo Demele, Kongo Kondong, Kongo Mousandi ... Abiye tankou ‘kongo' belizè (exp.): Être vêtu de façon grotesque et voyante. Cette expression ironique vient du fait que les Congos, tribu africaine venue de Côte d'Or, et représentée dans la colonie française de Saint-Domingue, aimaient les couleurs voyantes. 3. Ceux qui sont recemment arrivés (on utilise ce mot parfois pour réferer aux coupeurs de canne haïtiens qui sont recemment debarqués en Republique Dominicaine). Misye se yon ‘kongo'; li pa konn anyen nan baty yo : Il est recemment débarqué; il ne connait rien dans les bateys). Pwa ‘ kongo' (type de pois qu'on trouve en Haïti).

KONGOLO kon-go-lo .n. (de la langue bonda ), Angola, ou du lingala «Ngongolo», Zaïre). Millipède cylindrique à carapace chinineuse. Il s'enroule en spirale en cas de danger; iule. 2. kongolo (deformation de la phrase: yon gwo lo (?). ‘ Kongolo' w ale, kilè w a vini wè m ankò w ale... (refrain d'une chanson): ‘Kongolo', tu t'en vas; quand est-ce tu reviendras me voir... tu t'en vas…

KONKONM kon-konm .n. (français: concombre; plante, famille des cucurbitacées ). En créole, signification en plus, contusion au front ou à la tête.

KONPARÈT kon-pa-rèt .n. Patisserie faite de farine, de noix de coco râpée, etc. (spécialité de Jérémie). Dans les années 1930-1940, le meilleur konparèt Jérémie était celui de Fifine Charmant, propriétaire d'une boulangerie. Kèk moun afime ke yo vin rele patisri sa a konsa paske depi machann nan te fèk parèt ak yo, moun kouvri l . «K on w parèt, yo kouvri w ».

KÒT .n. vieux vêtements usages, loques, employés comme moyens de couchage, ou placés sous le matelas: kòt kabann .

KOTON ko-ton .n. Cotton. pa pete nan ‘koton' bay yon moun santi (exp.): ne pas faire cas de quelqu'un.

KOUCHKOUCH kouch-kouch .n. (de «cous-cous». Pâte alimentaire préparée avec la farine de manioc et consommée avec la purée de pois. Yanm ‘ kouchkouch' , variétée d'igname.

KOUDOUG kou-doug .n. Tambour.

KOULOUT kou-lout .n. Personne pingre, dure à la détente. var: ti ‘koulout'.

KOUMABO! kou-ma-bo .interj. exprimant la surprise, l'admiration. var: komabo!

KOUNOU kou-nou .n. (c.r). Mensonge: KNG a touye pèp la ak ‘kounou' .

KOUKOUK kou-nouk .n. Cahute, taudis. syn: ajoupa, joupa.

KOUPYE kou-pye .n. Pourpier (de la famille des portulacacées, Portulaca oleracea ), employée notamment comme somnifère.

KOUTÈ kou-tè .n. Poudre magique, nocive, prepare avec de l'encens, du soufre, un crapaud, une couleuvre Madeleine desséchés et pulvarisés. Le ‘koutè' est fréquemment utilisé par la société secrète dénommée Sanpwèl .

KOUYAN kou-man .n. (c.r). Ami intime. Respekte m! Betize pito ak ‘kouyan' ou : Respectez-moi! Tournez plûtot en ridicule vos amis intimes.

KOYO ko-yo .n. (transformation probable du français «couillon», sot). Homme qui garde la maison tandis que sa femme se balade avec un amant . ‘Koyo' veye kay la : ‘Koyo' veille la maison.

KRAPONNAY kra-pon-nay .n. Intimidasyon. Makout renmen fè ‘kraponnay' pou pran lajan moun.

KRAS .n. Crasse. Petite quantité: yon ti ‘kras' manje . syn: yon ti zing. 2. atr. Pingre, avare, syn.: kourèd. Nan Jeremi, te gen yon mouche ki te rele Brenus Couba, lit e kras anpil (à Jérémie, il y avait un homme nommé Brenus, il était pingre). Pour montrer à quel point une personne est parcimonieuse, le créole emploie une expression très imagée: si moun k ap sere manje nan tiwèt tab.

KRAZE GRENM kra-ze-grenn .(exp.). Supplice infligé, sous Duvalier, à des prisonniers politiques, et consistant à écraser leurs testicules sur une table appelée: « tab ‘kraze grenm' ».

KRAZE RAK kra-ze-rak .(exp.). S'enfuir. syn: bwaze, grate, sove, pran anbasad, kraze raje, vole gagè .

KRIPKRIP krip-krip .ono. S'emploie dans l'expression: fè ‘kripkrip' : criser. Ex: fè ‘kripkrip' anba dan : criser sous les dents.

KWAPE kwa-pe .v. Econduire, conédier brutalement: Tout tan l ap ‘kwape' moun : Constamment, il éconduit les gens.

KWI .n. Récipient fait avec une moitié de calebasse vidée et séchée. Le ‘kwi', qui est d'un usage courant dans les communautés rurales haïtiennes, n'est pas une création locale. Bien avant l'arrivée des conquistadores, on l'utilisait en Polynésie et au Pérou comme recipient à eau. La calebasse est appelée «kimi» dans l'île Pâques et au nord du Pérou. 2. cuir (po bèt, tèlke bèf).

KWOKWO kwo-kwo .n. Haemulon sciurius . Il produit une sorte de grognement sorti de l'eau.

KWÒT-KWÒT kwòt-kwòt .ono. imitant le coassement d'une grenouille.

  boule

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Emmanuel W. Védrine
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