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Dictionnaire des CHOSE BITEN/BAGAY
Dictionnaire des Créoles comparés de Guadeloupe et de Martinique, Hector Poullet & Jude Duranty • Caraïbéditions • 2020 • ISBN 978-2-37311-0666-1 • 15.99 €. |
Gwadloup Matinik menm biten menm bagay.
Quel Guadeloupéen ou Martiniquais n’a pas prononcé cette phrase qui traduit combien Guadeloupe et Martinique sont à la fois proches et distants. À l’instar d’une fratrie, et l’on peut même dire, cette même fratrie créole issue de parentés africaine, européenne, indienne et levantine; l’on trouve donc des ressemblances mais aussi des différences entre tous ces créoles de la Caraïbe anglophone, francophone et néerlandais.
Dans la préface du livre Jean-Pierre Sainton* nous disait:
«On ne sait pas trop ce qui a créé la domiciliation lexicale respective de biten et de bagay. Ce qui est sûr, c’est qu’à un moment donné, pas très lointain, les formes se sont côtoyées dans le même territoire insulaire et peut-être chez les même locuteurs, en synonymie alternative, avant d’enjamber les canaux inter-îles.»
Parmi tous ces créoles de la caraïbe inter-compréhensible, le créole de Guadeloupe et de celui de Martinique sont deux créoles très proches mais comportant cependant des particularismes. Par exemple quand un créolophone de Guadeloupe pour borgne dit zié-koklèch, celui de Martinique dit zié-bòy. Si bien que pour dire (Jean est borgne) pour l’un ce sera «Jan tini on zié-koklèch» et pour l’autre «Jan ni an zié-bòy».
Ce sont toutes ces variantes lexicales et syntaxiques entres ces deux créoles appartenant à une même langue et une même culture, qu’Hector Poullet pour la Guadeloupe et Jude Duranty pour la Martinique ont voulu inventorier dans cet ouvrage. Les deux compères à leur manière ont prix le chaltouné ou le sèbi de la transmission pour tenter d’avancer dans le fè-nwè de l’obscurité langagier.
D’aucuns devront assurément tenir le flambeau pour l’abreuver et l’empêcher de s’éteindre. Chacun à sa part comme le colibri de la fable apportant sa goutte d’eau.
D’autres estimeront que c’est dérisoire, mais dans la responsabilité du maintien de la transmission voire de la sauvegarde de la langue créole, ils y ont modestement contribué.
Prenez donc connaissance du livre. Commencez à le compléter au besoin là où vous observerez des manques ou des erreurs. Notre projet à terme c’est que les créoles fassent Un avec toutes leurs richesses l’objet d’une reconnaissance comme toutes les langues. Pour paraphraser un militant de langue: «tout lang sé lang». Ne dit on pas: une langue qui meurt est une part de richesse de l’Humanité qui disparaît.
Sans être grand militant mais simplement un amoureux de cette belle langue, l’une de vos postures sera sans aucun doute de le réclamer à votre libraire. A vous lecteur de poursuivre cette démarche entamée par les CaraïbEditions.
Ladjé kò zot adan!
Jid
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* Jean-Pierre Sainton Professeur d’Histoire, Vice-Président du Jury du CAPES Créole Université des Antilles.
Jude DURANTY est Martiniquais. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la langue et la culture créole de Martinique. Depuis une quinzaine d’année il est chroniqueur connu de Kréyolad, une rubrique ironique, d’autodérision, hebdomadaire de la vie Martiniquaise visible dans ANTILLA.
Hector POULLET est Guadeloupéen. Connu en Guadeloupe pour avoir été avec Sylviane Telchid à l’origine de l’introduction de la langue créole dans le cursus scolaire officiel. Il a également participé à l’élaboration du tout premier dictionnaire Créole-Français. Il a publié chez CaraïbEditions de nombreux ouvrages en tant que linguiste, scénariste et écrivains.
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