Kaz | Enfo | Ayiti | Litérati | KAPES | Kont | Fowòm | Lyannaj | Pwèm | Plan |
Accueil | Actualité | Haïti | Bibliographie | CAPES | Contes | Forum | Liens | Poèmes | Sommaire |
Tony Mardaye - Evariste Zéphyrin
Un Antillais à une Antillaise... | Un Antillais à une Antillaise... | Bon lanné | Un crépuscule antillais sur le bord de mer | Danseuse | Défuner les fulgurances | Dégénérescence du demain | Désir soupirs rire et sourire | Détracer les chemins de coeur | Elle | Éloge à la diversalité des rencontres | Émotions | Enfant d'ici et d'ailleurs | Enfin en vain | Épurer les orages | Et le temps s’égara en chemin... | Et toi et toi | Une femme un mystère | Fleurissement d’obsolescence lors d’un dépérissement de cœur | Foisonnement d'ailes | Gwan van lévé | J’ai enrichi les siècles | Je vais et je viens ! | Une île sous le vent | Les Mots-Corps | Ma musique de la nuit | Un nectar... | Nègre | Une nuitée de vacarme | Pardon | Une parenthèse enchantée | Un parfum qui invite | Parole | Pawol | Pour dire je t’aime | Pour te dire... | Que du bonheur ! | Le rendez-vous | Sourire 1 |
Éloge à la diversalité des rencontres
La vie est ce qu’elle est, la vie a de cela d’étrange, c’est qu’au milieu des tourments, des tracas, des désagréables qui nous apâlissent, des contingences qui tendraient à nous faire percevoir l’autre comme un ennemi, dans ces moments difficiles où on ne voit poindre nulle lumière, que l’on se morfond dans des cieux obombrant nos sourires, la vie à de cela d’étrange, des imprévisibles se conjuguent pour nous vivifier. Ce ne sont que des mots : votre princesse qui vous dis je t’aime, le téléphone sonne un ami (e) s’inquiète de vous, une lettre, des mails d’encouragements, ce ne sont que des mots, mais leur puissance vous tire de votre morosité, donne de l’allant, de l’entrain vous ragaillardit de rires, de chaleur et vous repartez pour un autre tour.
Nos rencontres sont nos richesses et je voudrais remercier Parolier Dumot. de m’accorder son amitié, pour ses conseils, pour ses interventions toujours pertinentes et ses mots justes qui m’éloigne de la baliverne et de l’illusoire. C’est un poète, l’ami d’un autre. Comme tous les poètes ses mots sont vivants et me parlent.
Evariste Zéphyrin
Un Antillais à une Antillaise...
In mémorium…
Une voix sonore, un rire étincelant
Une haute silhouette debout dans le vent
Comme un hêtre planté quoique chancelant
Une femme au long court qui s’esquive
Recule et disparaît pour toujours.
Et son chant soudain s’éteint
Et son sourire soudain s’efface.
Evariste Zephyrin
Un Antillais à une Antillaise...
Jeux hellènes sur l’avers…
Le verre est sur la table
Le ver est dans le fruit
Le vert est mis
L’envers du décor
Devers le mois
Et envers toi
Je muserai sur les revers de ton âme
J’irai vers ton cœur
nous jouerons aux jeux hellènes.
Evariste Zephyrin
J’ai jeté de l’eau pour arroser le soleil afin que tu ne cesses de m’aimer.
J’ai cueilli des étoiles dans le ciel afin que tu ne suspendes de m’aimer.
J’ai engraissé l’océan afin que tu n’arrêtes de m’aimer
Sais-tu,
quand mes yeux se plongent dans tes yeux,
je n’ai qu’une envie.
Quand mes lèvres enserrent tes lèvres,
je n’ai qu’une envie.
Quand ma peau frôle ta peau,
je n’ai qu’une envie.
Et quand ton parfum se répand.
Et quand ton sourire abonde.
Et quand ton rire profus résonne...
Je n’ai qu’une envie
Toi, que j’aime, qui me refuse et me dédaigne.
Toi, qui ne promet rien, ni ton regard ni tes égards.
Toi, qui n’offre rien, ni ton corps ni ton cœur.
Evariste Zephyrin
J’ai chevauché dans la douleur
Et tous les jours
Je rêve
De cheminer dans ta douceur
J’ai marché dans le noir
Et tous les jours
Je rêve
De courir dans la lumière
J’ai fait des vœux sur l’image de ton coeur
Et un tas de jours
J’ai prié
Que tu me sortes de ma torpeur
J’ai rendu grâce à ton sourire
Et un tas de jours
J’ai récrié
Contre la rareté de tes rires
Demain est à toi
Tu es en fait des débords de chaleur
Demain n’est pas à moi
Et je défais les rebords de l’ardeur
Les lendemains s’annoncent moroses
Et pourtant, tous les jours
Je rêve
De nuits heureuses
Aujourd’hui est sans ferveur
Des chœurs
Ne s'élèveront plus le chant de l'auteure
Aucune faveur ne viendra de ton cœur.
Evariste Zephyrin
Pour que l'amour grandisse
Je sacrifierai mon égoïsme
En te faisant offrande d'un bol d'écumes
D'une assiettée de nuitées de vacarme
L'amour sera si fort
Que d'un mot
Je ferai la rivière remonter de la ravine
Mon verbe deviendra séparateur de contraire
Pourfendeur de lumière
Créateur d'espoir
Crois-moi
Je m'en irai
par mornes et par vaux
De pitons en volcans
Je grimperai sur le cône du ciel
Forcer OCHOSI
A t'ériger un pont d'arc-en-ciel
Crois-moi
Je bâtirai une forteresse
Je me ferai Oricha
Je déroberai à Orounla
Les tablettes d'Ifa
Pour te faire déesse
Ecoute
Je frapperai à coups de crachat
Tous ceux qui par mégarde
Te manqueront d'égards
Je me battrai jusqu'à demain matin
Avec tous ceux, qui sans égard
Te bousculeront du regard
D'un ressaut de parole
Je monterai sur les contreforts du fromager
Proclamer haut et fort, à la face de la forêt :
- La passion qui m'égare
Et même
Je me hisserai à reculons sur sa plus haute branche
Faire oblation de mon passé
Pour que Dieu nous bénisse
Nous garde du renoncement
de la reddition
du découragement
fevrier 2005 poésie qui fut dédiée à une Poussière d'étoile.
Evariste Zephyrin
Je suis né ici et toi là-bas
Je suis né sous un soleil chaud
Et toi sous un soleil froid
Nos chemins se sont croisés
Aujourd’hui
Tu vis où je suis né,
Je vis où tu es née
Et nous avons inversé les chemins
Mais je te raconte et partage pour que tu saches !
J’ai connu le temps d’enfance,
Le rythme de ses passions.
J’ai flâné le long de la rivière
Juste avant l’heure de la prière
J’ai fait monter haut dans le ciel
Mon cerf-volant
Il a dépassé l’arc-en-ciel
J’allais dans les bois
Chercher les goyaves
J’ai volé les cocos-befs
Et j’aimais faire ruisseler
Entre mes doigts d’enfant
L’eau de pluie.
Quand arrivait le dimanche
J’allais à la messe et à la confesse
J’écoutais le curé faire son prêche
Le mardi j’allais avec ma tante au temple
Je n’aimais pas ce Dieu bossu et cornu
Qu’ils adoraient, il ressemblait au diable
Je n’aimais pas qu’ils m’imposent les mains
Ni que je devais psalmodier des monosyllabes
J’aimais le mercredi car je chantais dans la chorale
De l’église adventiste, et j’étais amoureux…
Je me fiançais à Odile, à Octavia, puis à Maryline
J’ai vu dans le soir les lucioles
Eclairer leur âme
Et ma mère me lisait la carte du ciel
Lors de nuits sublimes.
Je rêvais en silence des étoiles
J’entendais des voix dans la nuit
« les morts nuisent aux vivants »
J’ai côtoyé les mauvais esprits
Mais j’en étais prémuni
On a volé ma magie
Je les ai maudits
J’ai haï le jappement lugubre
De ces chiens dans la nuit.
J’ai joué à des jeux d’enfants
J’ai ri en toute innocence
J’ai grandi pour un essor mesuré
Fait des rêves qui se réfléchissaient
Sur ma candeur, j’étais ailleurs
Et je fus solitaire, même déjà là.
J’ai rêvé du pays aux quatre saisons
Sur mon abécédaire j’ai vu la neige tomber
La grêle chuter du ciel et tout fracasser
J’ai vu le vent pousser les gens dans la rue
Et en hiver se réchauffer auprès de la cheminée
J’ai aussi vu les arbres verdir avec l’arrivée du printemps
J’ai vu les arbres porter leurs fruits en été
Et la terre s’éteindre en hiver.
J’ai rêvé de ce pays aux belles images sur mon abécédaire
Et, j'ai vu les saisons défilées…
Puis, je suis parti à la rencontre de ton pays,
Ce jour augural où je fus dépecé
Et où je palissais à me sentir.
Il fallait me voir débarquer de l'avion avec ma chemise cintrée,
Mon pantalon patte d’éléphant et mes chaussures pingouins
J’étais beau et à la mode
Mais en arrivant ici, en y repensant je devais être ridicule
Un petit négrillon débarquant de sa jungle
J’étais beau, mais personne ne me regardait
J’étais devenu transparent
Il ne voyait pas le nègre que j'étais,
Ce fut mon premier contact avec l'altérité, avec l'autre, avec cette terre aux quatre saisons, et ce fut un jour sombre dans ce ciel gris, des maisons des tours, du béton, des avenues...
Je cherchais l'arbre, quelque chose à quoi me raccrocher, je quittais mon île aux deux saisons, et je foulais l'enfer. Rien ne paraissait beau, tout était froid et vide, les gens tristes, le regard terne, non, je suis mort ce jour là ! Mes parents m'ont tué, ils m'ont coupé mes racines, séparé de mon premier amour, de mes premiers baisers consentis et non volés, de mes premiers malélivés offerts et non achetés ou forcés. Ils ont coupé mes branches.
Et je me suis retrouvé balayé par ce vent froid, cloîtré dans un studio du 15 e arrondissement, j'ai échappé au taudis, là où l’on enfermait les nôtres, et dans ce quartier nous étions les seuls noirs, et je cherchais des yeux, saluais dès que je voyais un au Felix Potin.
J’ai connu le mépris dans leur regard
J’ai vu des parents qui ont empêché leurs enfants de jouer avec moi.
Même dans le square, je jouais seul avec mon ballon.
C'était mon compagnon et mon ami, puis j'avais mes livres.
Je me plongeais dans mes encyclopédies. Je dépassais le big-bang.
Je reformulais les théories : l'univers connu n'est qu'un atome, d'une cellule, il fait parti de quelque chose de plus grand que lui. Je contestais les théories…
En fait, j’avais mes livres, un ballon et mon esprit pour vivre avec moi et je devais me suffire dans ce pays sans repère. Je n’avais plus mes longues promenades dans les bois à aller chercher les goyaves, plus de ciriques à pêcher, je n’avais plus mes jeux d’enfants.
Evariste Zephyrin
Espérance - consternation
Tu as posé un baiser sur mes lèvres comme on pose un regard enfiévré sur un rêve. Je l’ai habillé du crépuscule comme on lite des renoncules et j’ai illuminé les aurores pour épreindre ta chaleur.
Errance - divagation
Et tout conspire, que tu ne sois
La rive nous sépare
Guéer la rivière à dos de pierre
Afin de rallier ta présence
Mais les confluences divergent.
Evidence – destruction
Je m’assieds sur le quai
J’endors mon cœur
Mon être indésiré
Rague des bas-fonds
L’indifférence s’entrouvre
Porte ouverte à l’affection délitée
Je ne peux m’empêcher !
Evariste Zéphyrin
Fleurissement d’obsolescence lors d’un dépérissement de cœur
La reviviscence est à l’œuvre, la nature reverdit, les arbres ont effacés leurs stigmates, les blessures dues au cyclone sont biffées d’un trait de vie. Dans tous les jardins les boutons ont éclos, les fleurs se sont ouvertes aux regards, les feuilles bruissent au venté de l’alizé.
Posément dans un air apaisé, les merles jasent dans la cour, se babillant comme chien et chat. Des papillons blancs et jaunes, gracieux volètent çà et là, s’en allant et venant de fleur en fleur butiner le pollen.
A une toise d’yeux, de l’allamanda violacée poussant sur une gibbosité de terre dans un tout cimenté, le sucrier chasse l’éclatant colibri aspirant le nectar.
L’humeur s’halète des soubresauts de lumière. Une libellule rouge au vol bourdonnant territ sur la branche du citronnier, dont le parfum s’exhale à l’entour.
Le temps se fige, je m’assoupis un instant et je te rêve me chantonnant des susurrements à l’oreille, tu me confies les présences de toi, mais en l’absence de toi, ton souvenir s’obombre.
Evariste Zephyrin
Tu fus mon premier sourire du matin,
Et mon premier éclat de rire.
Tout fut conforme à ton vœu
Et à ton souhait d’être la première
À occuper mes pensées matineuses.
Je te renvoie une rose, elle te symbolise
Elle est rose et non rouge, mais fait comme si...
Ta lèvre sur mes lèvres.
Et ton odeur.
Ta chaleur.
Fièvre de te sentir.
De l’instant, de l’heure,
Tu te poses t’imposes.
Ravisseuse coudoie
Une dense présence
Alterné de temps
Entrelacs d’émotions
Tu joues – Adieu
Ce soir, cette nuit
Si fraîche, si douce.
Outrepasse la distance.
Je te cherche,
Flairant tes joies,
Reniflant tes émois,
Mangeant tes éclats de voix.
ENFIN – EN VAIN !
Evariste Zephyrin
Mon île n'est pas très grande on a vite fait le tour
Mais elle recèle une souffrance plus grande qu'un pays entier
Mon île est un pays atroce
Dès que vous enfoncez dans la forêt
Vous trouverez des vies qui s'agitent
- impalpables -
Déambulant dans les corridors de l'histoire
Demandant réparation des outrages
Mon île est une terre qui pleure car le chant du feuillage se transforme en gémissement que l'alizé ne cesse de relayer à travers les mornes
Mon île est un pays vorace
De sueur
De sang
De larmes
Car pour chaque canne qui fut coupée
Combien de coups de fouet furent donnés
Va sur le morne les balatas témoigneront des drames oubliés
Va dans la mangrove les palétuviers te raconteront les souffrances contenues
Va dans la ravine les siguines attesteront que :
Mon île est une terre féroce
De sang
De sueur
De larmes
CAR
Pour chaque balisier couleur rouge
Pour chaque arum couleur rouge
Pour chaque hibiscus couleur rouge
Pour chaque flamboyant couleur rouge
Qui étale son arrogance sous nos cieux
C'est une goutte de notre sang qu'elle régurgite.
Savez-vous combien de foetus avortés à cause de l'histoire
Savez-vous combien de tués pour qu'un naisse
E
ntrez dans les profondeurs de la forêt et vous comprendrez
que mon île est une terre rebelle
Elle ne se donne pas, elle se prend par la force
Mon île est une terre insoumise
Elle ne s'offre qu'avec réticences
Mon île ydillique vantée par les poètes est une terre de souffrance
Mon île paradiasiaque hantée par les touristes est une catin qui s'ouvre à l'ailleurs
ET
Mon île soporifique désertée par dizaines de milliers
prend dans le souvenir une forme irréelle
- Enchanteresse -
Car le Nègre oublie vite.
MAIS EN FAIT
Femme, toi seule la rend belle.
Evariste Zephyrin
Paris: 1995
Sur les mornes anciens résonnent la corne de lambi
Convertissant des pleurs oubliées en mélodie
Je ramasse des airs égarés pour te faire une rhapsodie
Pendant que le balisier déglutit sa mélancolie
Et que mon cœur charrie des fleuves ternis
Alors que ma pensée agrège des futilités
Ne demandant qu’a grossir au son de ta mélopée
Je m’établis sur un promontoire
Pour te lancer une prière jaculatoire
Et des confins de ma pensée absconse
De la transe émancipée fuse
De l’émotion infuse
Ma parole ne peut que se faire violence:
Si tu me quittes dans mon agonie je te vomirai.
Ce pour dire je t’aime : Parole de Nègre !
Evariste Zephyrin
Bon lanné
An bon lanné ka koumansé ba,w
Mwen lé,ÿ bel ba,w
Ki, ÿ poté bon bagaye ba,w
Anlo lanmou ba tjé
Anlo lanmityé ba tjé
Anlo dousé ba tjé
Mwen lé,w dodiden lavi-a
Mwen lé,w kalinen lavi-a
Mwen lé,w tjouboulé lavi-a
Ni an bel lespry pou maché dwet
Gadé zyé,w ouwé pou paped an lannuit,la Kon lapot syél, la, ouwé kor,w pou maché an lari-a
kléré nanm-ou kon zétwal adan syél
kléré nanm-ou pou simen lanmou an chimen
kléré nanm-ou pou fléwi jaden Bondyé,-ya
Planté flè sovaj wousé nan péyi doubout
Planté sanvann bonné, wousé nan zwel plézi Planté razié lespwa, wousé nan rev flitijé
Pas nou bel kon an tjé lanmou
Pas ou bel kon an tjésoté
Pas nou bel kon an chalé lanvi
Evariste Zephyrin
L’être fit éclore de la boue cosmique
Un fragment de lumière céleste
Il remplit l’entité d’une étincelle d’archange
Examina sa merveille avec des yeux de père
Puis l’installa sur la plus haute marche de la genèse
L’être s’en retourna à sa création
Laissant l’homme à son éden vivre son éternité
Un jour, s’inquiéta de sa créature
Visita le Paradis:
Alors, il put contempler sa poussière d’ange dans sa
splendeur démoniaque.
Ceci pour vous dire qu’avant d’être humaine, l’erreur fut divine.
Pardon
Evariste Zéphyrin
1995
«Mési mondié mési
Ou ba mwen en fanmille
Ou ba mwen an zanmi!»
Ton sourire m’a accompagné dans la journée
Ton parfum et ton odeur
Ont exhalé des fragrances sucrées
Ton cœur qui s’offre, je le reçois comme une poésie imagée,
Eludons les ombrages et gagnons les ensoleillés...
Evariste Zephyrin
Cette femme n’est pas une femme, mais un secret tu
C’est un mystère qui conduit à des dérobés obtus
J’eusse voulu qu’elle dénoue ses charades
Que je déchiffre ses arcanes et révèle son énigme.
Cette femme n’est pas une femme mais un rébus à décoder
Une cabbale irrévélée, une grotte profonde et sombre
Elle m’égare dans des souterrains introuvables
Et avance des retenues dans ses silences.
Cette femme n’est pas une femme mais une poésie hermétique
Elle se tapit dans les replets de ses cachotteries
Elle glisse de mes mains comme l’eau qui dévale la pente
Elle n’enfreint pas son mystère, qui se cache dans des livres ésotériques
Cette femme n’est pas une femme mais un égarement des sens
Elle est sibylline et énigmatique ne reste plus qu’à dévoiler le secret tu,
Elle est absconse et impénétrable, c’est une ligne inintelligible et abstruse
Et elle m’échappe, en ne sortant pas ses replis inavoués, elle me contus.
Evariste Zephyrin
"Chassé par mes frères
J'ai banni leur mémoire
J'ai payé en brutalité
Un lourd tribut au sang."
J'ai dépéri pendant trois siècles et cinq lustres dans une calebasse remplie d'immondices. Rien ne m'a été épargné, ni la vente à l'encan ni le baisé du fouet ni la caresse du ravet. Je n'étais pas en vie, je n'étais qu'une souffrance béante au sein d'une lumière prometteuse. Rien ne m'a été épargné sur cette terre d'abjection, ni l'humiliation ni l'avilissement ni la vexation. Mon jour était fait d'ignominies, mes nuits d'infamies, mon lot, brimades et rebuffades. J'ai sué sous le soleil des îles, j'ai plié sous la charge de la canne, j'ai couru après la faim et enrichi les siècles.
J'ai fait tout cela et bien plus encore
J'ai supporté tout cela et bien plus encore
J'ai été la lie de la terre, un être sans lumière
J'ai marché dans les ténèbres tel Lucifer banni de la sphère.
Je me suis battu contre la résignation
Je me suis défendu contre l'exécution
Je me suis levé contre l'abomination
Je me suis fait complice de mon incarcération.
Je n'étais pas en terre de tolérance, j'étais en pays de collusion
Rien n'était pareil ailleurs, car d'un état de pourriture, ils s'en faisaient une âme de grandeur. Sur cette terre mortifère pour échapper à la folie, j'ai bâti un être complexe, j'ai construit un homme nouveau.
Ils me crurent naïf, ils se sont trompés
Ils me pensèrent docile, ils se sont fourvoyés
Ils m'imaginèrent futile, ils se sont égarés
De leur vision de moi, rien ne s'est avéré.
Les marées ont refluées, l'histoire battue en brèche se dépassait. Le temps s'arrêtait pour me laisser passer. Alors je retournai au Pays des Anciens, nul ne me reconnut, je fus apatride sur une terre qui jadis fut mienne. Alors je compris que l'enfant n'est pas son père, que l'enfant n'est pas sa mère.
Je revins sur ma terre de souffrance, bâtir un univers de tolérance. Mais dans ce pays neuf, trop d'hommes dépassés promènent leur silhouette anodine sous un soleil où on prend goût à la lenteur et où le temps s'étire à dormir.
Je vis dans ces embruns, des hommes jeunes cachant derrière un sourire affable des dents carnassières. Je vis dans le chemin des Hommes surannés ayant fait leur temps s'attarder trop longtemps sur le parvis de la cathédrale. Alors je leur dis: bousculez vos préjugés pour que j'avance, j'ai une terre de fraternité à édifier et un enfant à faire ce Mardi-gras."
Evariste Zéphyrin (1995)
Comme le silence
D'un cri dans l'obscur
D'un trait insolite
Je créerai ma parole
J'asservirai le temps
J'abolirai les frontières du passé
Comme le silence d'un rire asservi
je revisiterai les recoins de l'histoire
Ma parole prolongera ma spiritualité
Mes mots accompliront les gestes égarés, porteront témoignage
des actes détournés du langage oublié du verbe sacré.
Evariste Zéphyrin
Elle avait percé en moi
Un cœur battant
Un cœur invitant
Sur une musique
Mélancolique
Puis sa voix :
- une chanson
Son corps :
- une poésie
Ses formes :
- envoûtantes…
Evariste Zephyrin
Blanc est la couleur du muguet, une couleur de soie, comme tu l'es.
Blanches sont les clochettes, elles tintent une musique douce, comme tu l’es.
Vertes sont les feuilles, elles fécondent une histoire vivifiante, comme tu l'es.
Vert et blanc sont le brin, comme une pureté, une abondance, ce que tu es.
E. Zephyrin
Et le temps s’égara en chemin...
Les mots vacillent dans l’évanouissement des sens.
Elle m’a fait oublier les heures et avec elle une heure devenait une minute. Elle a raccourci le temps et six heures après nous étions toujours à la sixième minute, car les mots circonscrivent l’espace et l’affection élude le temps.
Tout s’effaça, il ne restait que nous et notre émotion dans le rétrécissement de la nuit.
Le jour s’ouvrait et les oiseaux chantaient, car les ténèbres s’étaient enfuies.
Evariste Zephyrin
Me promenant dans une savane, sous un fromager centenaire, un vieil homme me parla. Et dans la broussaille de ses paroles fertiles me confia :
- Dans la remontée de la vie, espérance je plantais. Dans le dévalé de l’existence, quand le jour vint, désillusions je cueillis.
Et dans le maquis de ses pensées fécondes me demanda :
- Dans la sénescence approchant d’une multitude de solitudes de nuits d’ennui, d’ombres étoilées, de crépuscules décrépis, qui a t’il au fond du tourbillon sans fin. Le jour naissant se réveille t’il pour respirer à la semence ?
Evariste Zephyrin
Une pensée insane s’empare de moi
Je refoule la mangrove
Dans le rêve
La pioche à la main
Je creuse la baie
Je sacrifie l’aéroport
Je modifie le relief
Piocher – pelleter – bêcher
Telle est mon obsession.
Je détruis des quartiers entiers
Je terrasse une masse informe de terre grasse.
Car,
Je mettrai à bas toutes les tours inhumaines
J’éradiquerai tous les marigots poisseux
Je bousculerai toutes les montagnes hautaines
Je raserai tous les mornes venteux
Pourvu que j’amène la mer à ta fenêtre.
Evariste Zephyrin
Désir
Je veux que tu sois qu’un rire
Un rire plein de désir
Sourire
Comme un rire qui fuse de tes plaisirs
Un plaisir plein de sourire
Ecrire
Comme un rire sur ton sourire
Ecrire un sourire sur ton rire
Venir
Comme un rire sur ton désir
Venir vers toi avec un sourire
Partir
Très loin de ton ire
Partir récolter tes sourires
Revenir
Tout plein de désirs
Revenir avec un fou rire
Gravir
Les pentes ardues de tes rires
Gravir l’écho de tes sourires
Marcher sur le chemin de tes désirs
Réaliser tous tes plaisirs
Marcher vers toi juste pour un sourire
Dormir
A l’ombre de ton sourire
Sourire aux lignes de tes plaisirs
Frémir
A la caresse de ton rire
Rire à l’aune de tes désirs
Gémir
Au son de tes soupirs
Gémir pour faire naître ton sourire
Détruire
Chaque ruine de tes sourires
Détruire l’amer des tes rires
Construire
Le chemin de tes sourires
Construire un palais à tes rires
Périr
Dans l’océan de tes rires
Rire pour renaître dans ton sourire
Ravir
Tous tes éclats de rire
Ravir de ton sourire tes désirs
Cueillir
Les rêves de tes désirs
Cueillir les images de tes plaisirs
Ecrire l’histoire de tes désirs
T’offrir une grappe-sourire
Rire sur la note de tes plaisirs
Désir rire soupirs et sourire
Désir
Je veux que tu sois qu’un sourire
Un sourire plein de désir
Sourire
Comme le plaisir qui fuse de tes rires
Un rire plein de sourire
Ecrire
Comme tes sourires sur mes plaisirs
Écrire tes plaisirs sur mon désir
Venir
Comme un désir sur ton rire
Venir à toi avec un sourire
Partir
Loin de tes délires
Partir récupérer tes rires
Revenir
Tout plein de plaisir
Revenir avec ton désir
Gravir
Les pentes ardues de ton ire
Gravir l’écho de tes déplaisirs
Marcher sur le chemin de tes plaisirs
Réaliser tous tes désirs
Marcher vers toi juste pour ton rire.
Dormir
A l’ombre de ton rire
Rire aux lignes de tes sourires
Frémir
A la tendresse de ton sourire
Sourire à l’aune de tes rires
Gémir
Au gré de tes désirs
Gémir pour faire naître tes soupirs
Détruire
Chaque pan de ton ire
Détruire tous tes déplaisirs
Construire
La route de tes rires
Construire un château pour ton sourire
Périr
Dans la mer de tes plaisirs
Un plaisir pour rugir de désirs
Ravir
Tous tes fous rire
Ravir tes plaisirs de tes désirs
Ecrire le roman de tes désirs
T’offrir un panier de rire
Rire sur les notes de ton sourire
Evariste Zephyrin
14/08/06
Aperçu par delà les distances et les lieux, elle parlait de choses et d’autres, employant des mots-corps qui résonnaient comme un appel aux sens et le vent emporta mes pensées vers les siennes. Notre approche fut « frontale » nous nous sommes apostrophés, il convenait de lui parler ainsi, sans doute ! Elle a élevé le ton et m'a haï. Entre nos mots coulaient l'insulte, nous avons continué dans l'animosité à bâtir les échanges. En la rudoyant je l'amenais à mes envies, son regard changea et elle vint à moi.
Evariste Zephyrin
Tu écris que ce jour est le mien
Il est aussi un peu le tien
Et comme tu le souhaites,
Je savoure d’être l’homme du jour
Tu me vois comme un bon rhum hors d’age,
C’est-à-dire précieux, rare et chaud.
Alors savoure et déguste
Laisse toi griser par le précieux distillé.
Evariste Zephyrin
J’ai chevauché dans la douleur
Et tous les jours
Je rêve
De cheminer dans ta douceur
J’ai marché dans le noir
Et tous les jours
Je rêve
De courir dans la lumière
J’ai fait des vœux sur l’image de ton coeur
Et un tas de jours
J’ai prié
Que tu me sortes de ma torpeur
J’ai rendu grâce à ton sourire
Et un tas de jours
J’ai récrié
Contre la rareté de tes rires
Demain est à toi
Tu es en fait des débords de chaleur
Demain n’est pas à moi
Et je défais les rebords de l’ardeur
Les lendemains s’annoncent moroses
Et pourtant, tous les jours
Je rêve
De nuits heureuses
Aujourd’hui est sans ferveur
Des chœurs
Ne s'élèveront plus le chant de l'auteure
Aucune faveur ne viendra de ton coeur.
Evariste Zephyrin
La nuit est tombée, finalement il a plu, la rue est détrempée, le vent s'est tu après s’être levé. La nuit est éclairée par la lumière des lampadaires, des lumières jaunes, comme des auréoles de petites lunes, elles luisent dans le soir. Et entre les arbres, les profondeurs s’assombrissent, ferment le regard sur la forêt, enténébrée par une obscurité inaccoutumée… Nous sommes en été et pourtant nous nous croyons déjà être en hiver.
La lumière est particulière, la nuit est étoilée, et je suis avec toi, je me sens moins seul aujourd'hui. Tu m'accompagnes en l’instant, bien que loin de moi ta présence se fait sentir auprès de moi, et dans cette nuit d'avant nuit de cette nuit éclairée, elle est enluminée par ton image, ton visage est à mes côtés.
Tu es avec moi en ce moment, comme la musique que j'écoute, tu es ma musique de la nuit.
Evariste Zephyrin
Une profusion de lumière dans la nuit
Comme un scintillement d'étoiles
Dans une explosion d'émotions
Assise dans la clameur de la vie
Et tels des débris d'espaces
Elle s'en ira porter témoignage des moments à venir.
A la gloire de l'affection dont je vous porte
Vous êtes chère à mon cœur
Je vous attends
Là où vous le voudrez,
Le jour ou vous le désirerez
A l'heure que vous m'indiquerez, fusse à la 25 e
heure du 367 jours de la dernière année.
Evariste Zephyrin
Et ton rire vient à me manquer comme ton sourire
En ce jour ou je te cherche dans mes absences
Femme dont le corps long et souple s’élance fière
Ambulant journellement dans mes effervescences.
Toi avançant dans ma rue d’obsolescence.
De ta démarche altière et hautaine
Je te guette au coin de mes souvenances
Toi ma muse, mon inspiratrice, ma reine
Mais encore enfant du bateau négrier
Tu désinsères les trames, ténorises le drame
Messéant l’irrationnelle, couvant la fragilité
Toi mon égérie, ma respiration, mon âme
Et ton sourire vient à défaillir comme ton rire
Demain ta silhouette démanchera de mes sens
Femme dont le corps saillant et souple s’étire
déambulant journalièrement dans ses réticences
Evariste Zephyrin
2008