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Une Femme Chambardée

Dominique Lancastre

 

Extrait

Nouvelle édition

 

 

 

 

Une Femme Chambardée, Dominique Lancastre • 2012 • Edilivre
ISBN 978233248288 • 212 pages • 21.50 €.

Une Femme Chambardée

Helena, une femme abandonnée par son mari, est amenée à élever seule son jeune fils, Amédée. L’auteur nous brosse le portrait d’une société matriarcale où le rôle de la femme est de plus en plus présent dans la vie quotidienne. Une lutte permanente au quotidien avec les hommes. Un chômage grandissant, des problèmes d’adaptation dans une société à deux vitesses.

Helena est atypique, peu bavarde; on suit sa progression qu’à travers les descriptions qu’elle veut bien donner de ce qu’est sa véritable vie. À travers elle, on pénètre au plus profond de la société guadeloupéenne avec comme toile de fond l’éruption de la Soufrière de 1976. Éruption qui allait bouleverser toute la quiétude d’une île et chambarder les habitudes. Ce personnage se révèle passionnant pour le lecteur parce que suite aux vicissitudes de la vie, il devient progressivement athée. Or, dans une société antillaise où la religion catholique joue un rôle dominant c’est une situation presque inconcevable et qui de toute façon fait débat. Son regard sur la métropole est intéressant. La rencontre avec sa sœur partie, il y a des années puis son départ brutal; autant d’événements qui font d’elle une femme chambardée, bousculée en permanence.

boule  boule boule

Lavi Chouboulé par Nikki Elisé

Lavi Chouboulé par Nikki Elisé.

Nikki Élisé

Nikki Elisé.

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Réactions

Lettre à Dominique, l’homme volant

Michèle Jullian

Je n’imaginais pas, à l'heure  nous échangions nos romans mutuels, «LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES» pour moi, «UNE FEMME CHAMBARDEE» pour toi, dans cet improbable café des Champs Elysées traversé de touristes excités de fouler cette avenue qu’on dit la plus belle du monde (ouais! j’en ai vu d’autres et des mieux!).… Je n’imaginais pas donc, que nos deux romans ancrés dans deux terres lointaines, la Thaïlande pour moi, la Guadeloupe pour toi, auraient dans leur phase finale, des similitudes troublantes. Si troublantes que, lorsque je suis arrivée au dernier chapitre, aux dernières pages de ta femme chambardée, les larmes ont coulé dans mon café. Pas seulement d’émotion, même si les intellos de St Germain des Près prétendent qu’on n’écrit pas de bons romans avec des bons sentiments. Sans doute, mais avec des sentiments, OUI.

Ton roman, c’est l’histoire d’un destin, celui d’une sacrée bonne femme, Helena, originaire d’une ile dominée par une autre dame, éruptive et toujours présente et qui prend un malin plaisir à bouleverser les habitudes de ses habitants, au point de faire venir à son chevet, ou plutôt à ses pieds, le célébrissime Haroun Tazieff. L’histoire se passe entre 1976 et 1981. Helena a du chien, «elle bèche sa terre avec rage» tout comme elle aimerait taper sur la tête de son mari, fainéant, ivrogne, coureur, heureusement il meurt vite. Bien débarrassée Helena. Elle se prend en main «pas une de ces femmes qui se tiennent la mâchoire d’une main en attendant que le facteur passe leur remettre le chèque des allocations familiales». Elle fait donc son chemin seule, et s’en prenant même à Dieu, ce «Bondié  qui tournait le dos aux malheurs d’en bas: les pauvres trouvent toujours un moyen pour s’en sortir. Ils sont habitués de toute façon» Parce qu’il ne faut pas lui marcher sur le gros orteil à Helena.

Et puis elle quittera sa terre, la «où les vieux corps sont princes quand ils commencent à avoir les cheveux grisonnants et deviennent rois quand la tête devient blanche comme du coton de Louisiane» Sublime!

Combien de fois, toi, Dominique, l’homme volant, as-tu dis comme Helena lorsqu’elle atterrit en France: «Merci Bon Die bitin rivé» (merci dieu, l’engin est arrivé)? Je ne le dis pas exactement en ces termes, mais je le fais moi aussi. A chaque fois, je le jure.

Finalement, il n’y a pas que ta femme de chambardée dans ce roman écrit avec des mots qui éclatent comme les fruits et les fleurs de la-bas, mais, nous, lecteurs, on est aussi secoués comme après une éruption de la Soufrière ou après le passage d’un cyclone…

Et je regarde avec tristesse et bonheur Helena s’éloigner brandissant le drapeau de la contestation, tout comme Excalibur dans mon roman mettant le feu aux magasins symboles de richesses et d’injustice à Bangkok.

boule

 Viré monté