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VIV MANGO !

Mango sé pou kochon?

Mangifera indica

Mangifera indica, mangues par Jean Claude Legagneur. © Galerie Nader

Konkou a manjé-mango, gastronomie, jeux, sculpture de fruits et légumes... etc. étaient au programme de la Fête de la Mangue qui a lieu en mars chaque année, tout partout dans l'Inde. A Mumbaï (ex-Bombay), les amoureux de la mango ont pu en savourer des centaines de variétés, et des spécialités à base du fameux fruit doré : jus, lassi, gelées, confitures, punchs, sorbets, chutneys, sorbets, remèdes... etc. et assister à tout un programme de manifestations culturelles à son entour. Chez nous, la franco-faune créole, on entend plutôt dire comme ça que 'fwiyapen é mango sé pou kochon'... La source de ce rejet est due à l'acculturation. En effet, un certain Couverchel ne note-t-il pas dans son 'Traité des fruits' dès le XVIIè siècle, que "la mangue y est fort estimée des Indigènes ; mais son goût résineux, qui rappelle celui de la térébenthine, répugne assez généralement aux Européens..." Et donc l'indigène civilisé, pommé, poudré, décrêpé et cidré a fini par cracher sur ce cadeau de la Nature qu'il aimait. Sinon pour se limiter aux Julie sans fibre, et à quelques mango-pom bien ron-rondes.

Or la mango est considérée chez nos ancêtres indiens comme sacrée, elle est symbole de joie de vivre, de vitalité romantique, et de variété. Le mot mango vient du Tamoul mang-gay, transformé par les Portugais en manga. L'arrivée du fruit est saluée chaque année avec enthousiasme dans les familles asiatiques. On l'achète avec vénération en cageots où chaque fruit est soigneusement enveloppé dans du papier journal, pour les amener au foyer qui leur fait aussitôt la fête! La Fête de la Mangue, chaque mois de Mars en Inde, prend maintenant une dimension internationale, à mesure qu'Européens et Américains, lassés comme vous et moi du sempiternel parti PPR - la triade pomme/poire/raisin - découvrent les fruits gorgés de senteurs de nos latitudes. Les exportations de mango du sous-continent indien, du Mexique, de la République Dominicaine, du Vénézuela, du Brésil (et de chez nous - mais non, que non...!) atteignent des sommets.

Ayurvédique. Il faut savoir qu'il existe près de mille variétés de mangues! Nous avons les mango pom (sic), fil, tine, thérébenthine, takté, mousach, reine Amélie, bœuf... Mais Alphonso, Kesar, Banganpalli, Totapari, Safeda, Neela Fazli, Mallika, Dusheri, Malda, Amrapali... sont d'autres jolis noms de variétés populaires de ce fruit vénéré des Indiens. Avec plus que délice ET raison, car leur sage connaissance ayur-védique n’a pas attendu la science du rapace, pour savoir que l’écorce, les feuilles, la peau, et même le noyau de la mango, ont de bénéfiques propriétés. Ces vertus étaient depuis des temps immémoriaux précisées dans les Vedas et les Upanishads.

Si on en croit l'écrivain Michel Coquet, dans un village de l'Inde, un vieux manguier âgé de plus de 3.500 ans est considéré comme l'incarnation des quatre Védas (ou sources de la connaissance classique indienne). L'arbre, qui symbolise le Sanathana Dharma (la voie juste), possède quatre énormes branches dont les fruits on quatre goûts différents, et dont les feuilles ont une texture également différente, selon la branche où elles se trouvent. D'après la croyance populaire, les femmes atteintes de stérilité doivent manger un fruit de ce pied-mango pour avoir la chance d'avoir un enfant.

Pli i vet, pli i ka ba'w si! Pli i mi, pli i ka ba'w sa! La mangue (Mangifera indica en latin) est l’un des fruits les plus riches en carotène, ou pro-vitamine A. Le taux de carotène de la mangue (3 mg/100 g), est supérieur à celui du melon ou de l’abricot, deux fruits de l'ami «métro» considérés comme les plus riches en pro-vitamine A. Et ce taux augmente avec le degré de maturation du fruit: pli i mi, pli i ka ba'w vitamin A! Par son action préventive, nous disent les recherches de l'INRA et autres instituts, la mango lutte efficacement contre le vieillissement cellulaire prématuré, et aide à prévenir l’athérosclérose. La mangue verte, source de bonne acidité pour la cuisine, est également bien pourvue en acide ascorbique ou vitamine C: 44 mg / 100 g, soit un taux comparable à celui des agrumes prônés par nos diseurs d'euro-science (pamplemousse, orange ou mandarine). Mon feu père René Samson Sahaï ne mangeait pas de mango sans passer ensuite la peau sur son cou et sa figure en mouvements remontants, avec un aaaaah de ravissement. Contrairement à ce qui se passe pour la provitamine A, le taux de vitamine C de la mango décroît quand le fruit mûrit: pli i vét, pli i ka ba'w vitamin C!

Les substances aromatiques et odoriférantes du fruit descendu des contreforts de l'Himalaya sont abondantes, complexes. Fout sa bon douvan né, é andidan bouch! Ces subtiles substances embaumantes appartiennent aux groupes des aldéhydes, des esters et des alcools-esters volatiles, et atteignent leur top lorsque le fruit est à pleine maturité. Elles confèrent à la mango sa saveur typée, si de chez nous. Attristant donc, que ce fruit-pays béni soit traité avec si peu de consideration par tant de nos congénères, et même des plus instruits (c'est à dire idiotisés) qui préfèrent donner leurs suffrages au PPR. Faits maison ou emmenés de Trinidad & Tobago, les chutney de mango sont le condiment estimé du fin connaisseur, pas celui qui s'engorge de jambon-fromage-mayo-ketchup et autres indigestes exigibles de l'import...

Mais pa pè! Te fais pas de bile!... Comme il y va du fonctionnement chez nos cerveaux-lavés, lorsque la mangue, puis la sapotille, la pomme(sic)-cannelle, la grenade, le cachiman, la carambole, la pomme(sic)-liane, le monbin, le tamarin, les surettes, surelles, acerola, mini-mini-bananes et autres gâteries quénettes de mère Nature auront disparu ici-dans - ces trésors auront trouvé leurs lettres de noblesse à Paris, Tokyo et New-York. Grâce aux milliers de tonnes de ces fruits qui seront importés du Brésil et d’Asie par la jet-set du G8, nous comprendrons enfin que c'est c’est-ce qui était tan nou, et nous réaliserons comment une certaine éducation (édu-castration) nous a, par omission et substitution, aliéné l'esprit et colonisé l'estomac, de l'école à l'université. Nous cesserons, faut croire, de couper nos derniers  pyé-fwi centenaires pour poser béton, de laisser pourrir fruits d’or au pied des pieds, et faire des ti moun des pom-pom kids aseptisés qui ne savent plus ablutionner mains et figure de bon nectar...

En nattant dents, sirotez un jus de mangue - hélas en pot, jusque d'Asie. Ou un bon lassi mango-péyi, facile à faire: mixez la pulpe ek yaourt liquide et glace pilée, zeste de citron vert, sucre, pointe de muscade ou cardamone. Emmenez au bureau, dans un thermos chinois idéo-grammé Bonheur!

Lanné tala / lanné la sa, lézom é lé gazel, annou f'té bon mango tout kalté an kò an nou!

Viv mango !

Jean S. Sahaï

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Réactions

  • Je me rends compte que je consomme vraiment beaucoup lokal-lokal, ce midi bananes jaunes de mon bananier siouplè ! 4 mangues pomme d'affilée !! remarquez-vous tout comme moi le gaspillage de mangues de toutes espèces sur toutes les routes de Guadeloupe, ,je ne vois personne en ramasser, c'est grave, on dit qu'il y a de la misère ici ? Je m'interroge réellement...! Dans la Caraïbe, il y a des cultures de mangues, ici on les "méprise", tout comme le fruit à pain qui reste un mets pour les riches à Cuba par ex. Pas assez chères, pas de France... nos mango jilièt, pòm, fil, térébentine, bèf, zékodèn et j'en passe... Il est où le problème...? C.M.

 boule  

Références:

Viré monté