Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

Voukoum

voukoum

20 lanné mas

«Lavi sé on kolantenn
ka trenné adan menm bavé-la,
menm chimen-la.
Tou lé Sensilvès i ka fèmé
on won
p ôtré a on zéwo.»

«E chak joudlan
i ka woukonmansé.»

JOUDLAN (1968) de Soni Rupè
Extrait de GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes, 1982.      

  

Lorsqu’en 1988 un groupe de personnes, jeunes pour la plupart à l’époque, avait appelé à un rassemblement pour se lancer un défi culturel et donner naissance à une autre vision culturelle, nul ne pensait, malgré les critiques et moqueries des gens bien pensants qui avaient prédit une mort à court terme de ce concept à Basse-Terre, ville bourgeoise, que nous serions là aujourd’hui à célébrer les 20 ans de Voukoum.

20 ans où Voukoum a imposé un style, «on Larèl, on Lèspri.»

20 ans de «palé, ékri kréyol.»

20 ans de commémoration de nos faits historiques.

20 ans de combat pour la sauvegarde des éléments épars de notre culture:
musique grosiwo, groka, «MAS» traditionnel, danses.

20 ans pour se chercher, se connaître, se reconnaître, se retrouver
et partager avec les peuples de la Caraïbe, d’Europe, d’Afrique.

Combien de regards croisés, d’instants de transe partagés, de paroles et de mots échangés.

Tout ceci en 20 ans d’AMOUR.

20 lanné mas

 

Voukoum

LISTE DES 20 MAS DE VOUKOUM

Mas-a Rannyon: devient symbole de l’ouverture du Carnaval en 1989 et de sa clôture lors du déboulé de la Mi-carême.

Mas-a-Lous: revu et corrigé par Voukoum pour une 1ère sortie le Lundi gras 1989.

Mas-a-Kongo: Voukoum va bouleverser les habitudes avec ce Mas lors du Mardi gras de 1989. Puis ce Mas va connaître une subdivision et prendre l’appellation de «Mas-a-Kongo Guy Pommier» en 1994 et «Mas-a-Kongo Déportasyon» en 1998.

Mas-a-Fwèt: création selon un concept Voukoum  pour le  Mardi-gras de 1990.

Mas-a-Pay: création pour le déboulé du Mois de l’Afrique en 1991 à Pointe-Noire.

Mas-a-Zonbi: crée pour le Lundi-gras de 1991.

Mas-a-Roukou: revalorisé pour le Mardi-gras 1991.

Ti-Mas-Bwabwa: mélange de 2 éléments le «Mas» et le «Bwabwa» (marionnette) crée pour le Jeudi Mi-Carême  de 1991.

Mas-a-Tè-é-Féyaj-Gwadloup: création Voukoum pour le Mardi-gras de 1992.

Mas-Gran-Savann: crée par Voukoum et présenté lors du Mardi-gras de 1993.

Mas-a-Glas: revisité par Voukoum (avant 1994) ?? afin de rendre hommage aux indous arrivés en Guadeloupe après l’abolition de l’esclavage.

Mas-a-Kôn: Voukoum le réintroduit dans notre tradition carnavalesque en 1994 ??

Mas-a-Lanmô: un retour aux sources originelles de ce mas en 1995, qui déambule dans les rues sans accompagnement musical. 

Mas-Bababwa: Voukoum va revoir la façon de concevoir ce mas pour le rendre en «mannyè voukoum» lors du Mardi-gras de 1995.

Mas-a-Banblèt: revisé par Voukoum en 1996.

Mas-a-Man-Ibè: création Voukoum en 1997 pour le Lundi-gras.
Mas-Tirayè-Sénégal: création de Voukoum en l’an 2000 pour nous rappeler nos propres propos racistes envers nous-mêmes.

Mas-a-Poulbwa: crée par Voukoum en 2005 pour nous faire prendre conscience de la connaissance de nos anciens en matière de bois de construction et de protection contre les poux de bois.

Mas-Bamou: création de Voukoum en 2006 pour la protection de la race bovine créole.

Voukoum

Dékatman-Mas
(Janvier-février 2008)

20 lanné trans-mistik
  20 lanné mofwazaj-mas
 20 lanné mizik grosiwo

Ce dékatman-Mas revêt une saveur particulière à l’occasion de l’anniversaire de nos 20 ans dans la mouvance Mas.

Un Dékatman pour analyser le chemin parcouru depuis le jour où Voukoum et ses membres et sympathisants ont choisi de se consacrer à la valorisation des masques traditionnels de Gwadloup, héritage de nos ancêtres africains, utilisés en période de carnaval pour déjouer les interdictions des maîtres blancs qui ne voulaient pas que les esclaves pratiquent des rites religieux d’origine africaine.

Depuis 20 ans Voukoum transmet le mysticisme des «Mas» qui transcende la simple dimension ludique carnavalesque importée d’Europe, car le «Mas» n’est pas un simple déguisement.

Le «Mas» recoupe tous les attirails qui vont recouvrir la personne de la tête aux pieds. C’est une conception africaine du masque, contrairement au sens occidental qui renvoie au visage.

Une fois en «Mas» nous perdons notre identité, voyageons dans l’espace et le temps par la transe qui s’empare de nous. Nous devenons alors «l’ESPRIT du Mas». Nous sommes «Mofwazé» an Mas.

«Mas-a-Rannyon» 
(Masque à Haillons)

Mas-a-Rannyon

pourquoi  m’enfermerais-je
dans cette image de moi
qu’ils voudraient pétrifier ?
pitié je dis pitié !
j’étouffe dans le ghetto de l’exotisme

tiré de Balles d’or de Guy Tirolien
Présence Africaine

En cette année particulière Voukoum revient à son traditionnel «Mas-a-Rannyon» qui ouvre le carnaval le dimanche de l’Epiphanie.

Symbolisme  (lèspri a Mas-la): après les festivités de fin d’année (Noël et nouvel an) la population se fait surprendre par le début du carnaval et n’a comme solution de rechange que de récupérer de vieux vêtements, le «lenj-an-ba-kabann», les haillons, qui servaient de couchage dans le passé, pour débouler dans les rues.
C’est de cette tradition que va naître le «Mas-a-Rannyon».

 Matériaux (sa-w ni bouzwen pou mas-la): une vielle robe sans manche ou un sac en jute recouvert de haillons, lambeaux de tissus multicolores, colle néoprène ou chaude de pistolet de plomberie; pour la coiffe: grillage fin ou tissu type voile pour se cacher le visage, fil de fer, mousse, ou maquillage pour se peindre le visage.

«Mas-a-Zonbi» 

  (Masque à Zombie)

 

 

Chyen varé-mwen !
Chyen foré-mwen !
Chyen varé-mwen
kon nenpôt-ki-jan férèdchyen !
Chyen a zôrèy-la foré-mwen !

Soni RIPÈ  «Chyen»
Extrait de GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes, 1982.

Mas-a-Zonbi

Symbolisme (lèspri a Mas-la) : depuis 20 ans Voukoum combat ses propres zombies, ceux qui portent en eux les freins à l’émancipation culturelle, les bonimenteurs, les flatteurs, les «tanbou-a-dé-bonda.»

Le zombie  est  une entité, un esprit qui peut  se transformer comme il veut, se «mofwazé» et nous faire croire, voir et entendre ce qui n’existe pas pour profiter de nos penchants et nous conduire à notre perte. En cette période électorale, tous les zombies réapparaissent en revêtant les habits de politiciens qui vont nous promettre monts et merveilles pour obtenir des suffrages et une fois élu ne pas respecter la moindre promesse faite.

Dans l’acception haïtienne, le zombie c’est la personne qu’on a fait passer pour mort et qui est récupérée, amnésique, au cimetière pour s’en servir comme esclave.  Il n’est ni mort ni vivant, entre deux mondes.

Prenons garde, dans cette société de consommation, à ne pas devenir des zombies dans notre propre pays.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè Mas-la): vieux tissus, abîmés, déchirés de couleur noire ou sombre; peinture; chaînes ; cagoule; farine de froment.

«Mas-a-Kongo Guy Pommier» 
(Masque à Congo Hommage à Guy Pommier)

Mas-a-Kongo

Jamais le Blanc ne sera nègre
car la beauté est nègre
et nègre la sagesse
car l’endurance est nègre
et nègre le courage
car la patience est nègre
et nègre l’ironie
car le charme est nègre
et nègre la magie
car l’amour est nègre
et nègre le déhanchement
car la danse est nègre
et nègre le rythme
car l’art est nègre
et nègre le mouvement
car le rire est nègre
car la joie est nègre
car la paix est nègre
car la vie est nègre

BLACK-LABEL de Léon Gontran Damas
Gallimard

Le premier Mardi-gras de Voukoum en 1989 va marquer l’ancrage du «mouvman» dans la tradition des Mas. En effet, c’est avec un déboulé en «Mas-a-Kongo» que Voukoum va bousculer les habitudes. Certains adhérents de Voukoum vont même refuser de se «salir» un Mardi-gras pour se «mofwazé» en Mas-a-Kongo tant que le choc psychologique, les stigmates du beau et du laid étaient présents dans l’esprit des guadeloupéens. En 20 ans nous pouvons aujourd’hui mesurer le travail de réappropriation culturelle accompli lorsque nous voyons tous ces jeunes débouler en Mas-a-Kongo. Une victoire sur nous-mêmes.  

Symbolisme (lèspri a Mas-la): ce «mas» effraie, fait peur, il est sale puisque noir comme la peau du nègre venu d’Afrique. C’est le «Mas» des «vyè nèg», masque des mauvais nègres, des cas sociaux, saoulards et autres voyous.  En fait, c’est l’expression des insoumis, ceux qui n’ont pas pu s’intégrer et qui sont restés sauvages et rebelles à la société. En entrant dans ce masque nous faisons l’expérience thérapeutique, psychologique de libération de ce mal-être qui demeure en nous depuis l’esclavage. Nous acceptons de devenir encore plus noir-ébène que la couleur «noire» de notre peau. Monsieur Guy Pommier était un Maître ès Mas a kongo qu’il a popularisé avec la danse des scieurs de long ou danse sur bâtons.

Mais à l’origine ce masque est une tropicalisation d’une pratique européenne païenne qui marquait et symbolisait la sortie d’hibernation de l’ours.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè Mas-la):   mélasse de jus de canne à sucre, sirop de batterie, noir de fumée (suie), bandeau rouge, short rouge, bustier rouge pour les femmes, boutou (branche d’arbre) à la main, fard rouge.

«Mas a Man Ibè»
(Masque de Dame HUBERT)

Mas a Man Ibè

Dèyè chyen sé chyen, douvan chyen sé misyé chyen.
Fò pa rété si roch pou palé tè mal
Dèyè do sé on péyi
Hay chyen, di dan a-y blan
Dra pwôp ka kouvè matla sal
Kannari ka di chodyè bonda a-y nwè
Pawòl an bouch pa chaj
Elèksyon san fwôd, sé koubouyon san piman
Pi ou chiré, pi chyen chiré-w
Rann sèvis ka ba maldo
Pousyé pa lévé san van
Rich ka fè sa yo lé, maléré ka fè sa yo pé
Rantré pa ayen, sé sòti ki mèt
Sòti an sann tonbé an difé
Sa ki fèt fèt

Symbolisme (lèspri a Mas-la): «sa ki ta-w sé ta-w, wôté pat a-w an sa ki pa ta-w»

Voukoum avec ce Mas va adapter la légende ou le mythe des «Bèt-a-man- ibè.»

C’est un Mas pour les hypocrites, les traîtes, les «tanbou-a-dé-bonda» car Dame Hubert guérisseuse parcourait les bois la nuit, en compagnie de ses chiens, à la recherche de plantes médicinales et magiques.

Critiquée et méprisée le jour par ceux et celles qui la consultent en cachette à la nuit tombée, Dame Hubert devient alors un véritable mythe.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè Mas-la): sac ou tissu en jute quadrillé au charbon de bois; chaussures et chaussettes (bas) usagées;  bâton (canne); herbes médicinales; farine de froment; serpillière portugaise pour les cheveux; ustensiles de cuisine.

«Mas-a-Roukou»

(Masque à Roucou)

 

 

Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.

Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs Dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.

Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.

Aimé Césaire «Discours sur le colonialisme»
Présence Africaine.

«Mas-a-Roukou»

Symbolisme (lèspri a mas-la): Voukoum a toujours lié son travail à l’histoire, aux événements tragiques, dramatiques et de luttes pour ne pas oublier ceux et celles qui ont fait la Guadeloupe et nous l’ont léguée en héritage.

C’est pourquoi, nous nous devons d’honorer la mémoire des premiers habitants de «Kaloukaera»: les Arawaks, et autres tribus caraïbes qui les premiers connaîtront le génocide. Les derniers descendants des caraïbes survivent dans une réserve dans l’île de la Dominique sans pouvoirs économique, politique, sans reconnaissance sociale et toujours exploités. Leur terre est aujourd’hui convoitée. Pourtant ils furent les premiers à résister, «mawoné». C’est en mémoire de ce peuple fier, valeureux, combatif mais respectueux de leur environnement, dont nous occupons les terres aujourd’hui, que Voukoum  dédie ce «Mas».

Respect et dignité pour ces peuples qui nous ont légué leur connaissance médicinale, l’art de leur cuisine et autres plantes comestibles et utiles.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè mas-la): sac ou tissu en jute pour le pagne et bustier des femmes, coquillages; pour la coiffe: carton d’emballage, tiges de feuilles de cocotier (kokoyé),  plumes, coquillages,  colle; collier en coquillages; roukou huile de table pour la préparation de l’huile de Roukou.

«Voukoum-an-Tchou-a-Yo»

 

 

Tanbou,
ou sé on pyès-fanm,
doubout dwèt kon bitasyon san-bityé;
mouchwè anpizé, maré san on pli
lantou a tèt a-w,
ren sanglé pou-w pé sa woulé,
pou-w wouklé, pou-w boula;
Ha ! tanboudibrèz !
ou sé on fanm-bitasyon:
ou pa ni kolyé;
ou pa ni zanno,
mé lè ou baylavwa
sé on sèl voumtak, onsèl voukoum,
moun ka santi-yo adan on nich a taktak.

Extrait de TANBOU de Soni RIPÈ
GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes.

Voukoum-an-Tchou-a-Yo

Symbolisme (lèspri a déboulé-la): depuis 2005 le déboulé «Voukoum-an-Tchou-a-yo» s’est intégré dans la  programmation  du carnaval. Il est devenu aujourd’hui une tradition, un moment pour un «gran sanblé» (rassemblement) de tous les voukoumiens et sympathisants où chacun exprime sa foi, son appartenance à la culture «fondal-natal» véhiculée par la «Nasyon Voukoum.»

«Nasyon-Voukoum an-tchou-a-yo tout-tan» même si beaucoup de ceux, qui nous ont toujours dénigrés, reconnaissent aujourd’hui la richesse du travail accompli, nous restons vigilants et «véyatif» car longue est la route pour atteindre nos objectifs.

«Dèyè bwa tini bwa» mais nous ne devons pas baisser les bras pour autant.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou déboulé-la): un tee-shirt Voukoum à acheter au Lokal Voukoum, un foulard aux couleurs de notre drapeau: rouge, vert, jaune, noir.

On jénès an mouvman adan on péyi si chimen boulvès.

«A la recherche du sens sacré des éléments culturels épars qui nous restent, nous créons notre propre approche mystique pour comprendre le passé, surprendre le présent, conquérir notre avenir et nous l’approprier à notre façon».

Badibou An Mouvman:
«Swaré Grosiwo»  4ème Edition

 

 

Tanbou,
ou sé on pyès-fanm,
doubout dwèt kon bitasyon san-bityé;
mouchwè anpizé, maré san on pli
lantou a tèt a-w,
ren sanglé pou-w pé sa woulé,
pou-w wouklé, pou-w boula;
Ha ! tanboudibrèz !
ou sé on fanm-bitasyon:
ou pa ni kolyé;
ou pa ni zanno,
mé lè ou baylavwa
sé on sèl voumtak, onsèl voukoum,
moun ka santi-yo adan on nich a taktak.

Extrait de TANBOU de Soni
RIPÈ
GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes.

Swaré Grosiwo

Ce « Badibou an Mouvman » sera consacré encore une fois  à la musique « Grosiwo » et aux virtuoses des « Fwèt ».

Par contre cette année, nous terminerons la soirée par une veillée culturelle traditionnelle où les conteurs, les slameurs pourront déclamer leurs proses et « jédimo » an lari badibou.  

Au programme:

A partir de 20 heures:

  1. musique à «Mas-Grosiwo»
  2. concours de «Pété Fwèt» :
  • par catégories (de 6 à 10 ans ; de 11 à  15 ans ; de 16 à …; et toutes catégories);
  • par épreuves :
    • sonorité: plus fort claquement «pétayman Fwèt» de fouet;
    • vitesse: plus grand nombre de claquements de fouet en 30 secondes;
    • endurance: plus grand nombre de claquement de fouet en 3 minutes maximum.

Pour les épreuves de vitesse et d’endurance le fouet ne doit jamais s’arrêter dans son élan, l’épreuve prend fin pour le «péteur» de fouet dès qu’un temps mort apparaît dans son «balan».

D’un outil de répression, punition et de torture, «Fwèt-la» (le fouet) nous en avons fait un élément important de notre culture carnavalesque. Au point qu’aujourd’hui les jeunes s’affrontent, en toute fraternité, dans des compétitions de virtuosité dans l’art de faire claquer le fouet.

A partir de 23 heures: Véyé an lari Badibou.

Pwan tiban-la sizé
Kouté pou tann
Tann pou konpwann.
Ti grenn ka fè gwo pyébwa
Adan on kalbas tini dé kwi.

«An Tan Révolisyon»

«La Révolution Voukoum»

 

 

Chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque matraquage policier, chaque réclamation ouvrière noyée dans le sang, chaque scandale étouffé, chaque expédition punitive, chaque car de C.R.S., chaque policier et chaque milicien nous fait sentir le poids de nos vieilles sociétés. 

Aimé Césaire
«Discours sur le colonialisme»
Présence Africaine.

 

An Tan Révolisyon

Symbolisme (lèspri a révolisyon-la): la Révolution Culturelle de Voukoum a pris place dans le carnaval dès 1991 et revient chaque année comme un rituel. Une Révolution pour se réapproprier «sa ki tan-nou» nos us et coutumes et se rappeler les soulèvements et révoltes d’esclaves à l’encontre de leurs tyrans.

La Révolution Voukoumienne va, encore une fois, enflammer les rues, «wèt, lankogni, chimen, kat-chimen é patiraj» depuis Gourbeyre jusqu’à Basse-Terre. Voilà une tradition instaurée par Voukoum pour annoncer les jours gras du Carnaval et démontrer toute la puissance de la Culture Gwadloupéyèn.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou Révolisyon-la): un foulard rouge, symbole du sang de nos ancêtres morts pour leur quête de liberté;  des vêtements blanc (sans publicité) pour marquer la justesse et pureté du combat de Voukoum et autres Mouvman Kiltirèl engagés dans ce combat; un «boutou» (branche d’arbre) à la main représentant le côté violent de toute Révolution.

«la Répression»

« la Répression »

Kanmarad, annou fèmé lawonn
pou nou kozé pawôl an-nou,
pou-y pa rivé pi lwen
ki dé tou a zôrèy an-nou.
Pa ni tanbou-adé-bonda !
Sé nou-men-nou-menm !
Té ni on vayan nèg, non a-y sété Ignas.
Té ni on nèg trèt yo té ka kriyé Pélaj…

 «Chopin é Dimipo» de Soni RIPÈ
GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes

Symbolisme (lèspri a dérizyon-la): cette dérision a été créée par Voukoum en 2001, année du 199ème  anniversaire du suicide collectif du Général Louis DELGRES et de ses 300 soldats dans les hauteurs du Matouba pour refuser à jamais de revenir esclaves. La société guadeloupéenne est née dans la violence puisque coloniale et les rapports de force entre pouvoir politique et population ont toujours rythmé l’évolution sociale.

La société apparaît encore plus violente et répressive de nos jours, plus la loi sanctionne et plus la jeunesse se rebelle, brave les interdits et plus la violence s’accroît et plus la loi devient répressive. Cercle vicieux et vicié. 
                         
Matériaux (sa-w ni bouzwen pou dérizyon-la): tenus militaires camouflages, kaki-kas (création Akiyo), bleu police, CRS, gendarmes, officiers militaires (en blanc), Préfet, juges, avocat, procureur, douaniers, vigiles, chiens avec muselière, «manti-mantè», politiciens avec écharpe tricolore, Monseigneur, abbé.

«Mas-a-Lous»
(Masque à Ours)

Le sauront-ils jamais cette rancune de mon cœur
A l’œil de ma méfiance ouvert trop tard
ils ont cambriolé l’espace qui était le mien
la coutume
les jours
la vie
la chanson
le rythme
l’effort
le sentier
l’eau
la case
la terre enfumée grise
la sagesse
les mots
les palabres
les vieux
la cadence
les mains
la mesure
les mains
les piétinements
le sol.                                      

Extrait de «LIMBÈ»
Pigments de  Léon Gontran Damas
Editions Présence Africaine - Poésie

Mas-a-Lous

Symbolisme (lèspri a Mas-la): c’est le masque mystique qui va surgir de la nuit le lundi gras de 1989, premier lundi gras de Voukoum. Masque culte,  le «Mas-a-Lous» est là pour confirmer que la tradition des «Mas» est vraiment un héritage des temples religieux africains, puisque nous retrouvons cette divinité recouverte de feuilles de bananier en Afrique.

Nous avons égaré le rituel pour l’invoquer, mais sa transe demeure toujours là dès que nous entrons dans le «Mas» et qu’elle nous possède.

Ce «Mas» est aussi présent dans toute la Caraïbe sous différentes appellations, en Martinique il est connu sous «Mariyan-la-Po-Fig».

Nous éprouvons beaucoup de respect dans la façon d’aborder ce «Mas» et de le préparer. La vibration ne peut venir que d’une bonne représentation et lorsque les conditions sont remplies pour se «mofwazé» en Mas. Il ne suffit pas de se mettre une feuille de bananier autour du cou pour se dire en « Mas-la. » Le faire semblant est un obstacle à toute évolution.

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè Mas-la): feuilles séchées de bananiers; cornes de bœuf; foulard; maquillage (noir et blanc); vêtements (débardeurs, short, pantalon) de couleur noire; un boutou (branche d’arbre) à la main.

 

«Mas-a-Tè-é-Fèyaj-Gwadloup»

Masque de Terre et de feuillages de Guadeloupe

Dèmen douvan

Dépi an tan gyab té ti gason, nou la
ka maché kon lawa-a-gran-tété !
Gyab menm ja mô !
Poutan nou pôkô gè vansé onlo.
Tini on bon longè chimen toujou.
Monn é falèz !
Pikan ! Zôdi !

Krab é kribich ka fè dèyè.
Souda é kanklo soudé an zékal a yo.
Kongoliyo é kolantenn ka trenné an labou.
Tobi ka pèd-lakat.
E nou, fô-nou maché douvan,
évè tousa ki sav sa travay yé.
Nou ké bityé, brilé, bouré,
pou simé, planté, wouzé…
E si nou pa ni tan vwè rékôt,
piti an-nou ké sôti an nwèsè. 

«Dèmen douvan» de Soni RIPÈ
GRAN PARAD TI KOU BATON
Editions Caribéennes

Mas-a-Tè-é-Fèyaj-Gwadloup

Cette année nous recevons AKIYO pour célébrer avec eux leur trentième anniversaire dans les rues de Basse-Terre. Avec les vingt ans de Voukoum, ce sera 50 ans de Mas, de résistance culturelle que nous allons commémorer.

Symbolisme (lèspri a Mas-la): «le vêtement est social, la nudité est liberté». Le «Mas-a-tè-é-Féyaj-Gwadloup» est une création de Voukoum qui date de 1992 et qui ne laisse personne indifférente. Le corps s’exprime dans toute sa nudité originelle, juste recouverte d’argile et de feuillages comme au début de la prise de conscience de l’homme qu’il n’est plus animal, qu’il a évolué. La nature, l’environnement et l’homme ne faisaient qu’un.

Ce masque renvoie à la  symbolique matrice qu’est la terre. Mais c’est aussi le respect de la nature: faune, flore. «Longan annou sé rimèd razyé».

En outre, c’est aussi un moyen de rappeler que nous ne faisons que passer sur la terre, nous naissons nu et repartons aussi nu que nous sommes venus. Que chacun accomplisse son dessein dans l’humilité. 

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou fè Mas-la): argile de différents teintes; feuillage (mexicaine) pour pagne et coiffe, calebasse ou bois-flot pour cache-sexe (hommes); calebasse coupée en 2 (kwi) pour soutien-gorge (femmes); ficelle chanvre; branche d’arbre recouverte de feuilles en mains.

«Mô é Lantèwman VAVAL»
(Mort et Enterrement de Vaval
)

Mô é Lantèwman VAVAL

Alors Almitra parla, disant, Nous voudrions maintenant vous questionner sur la Mort.
Et il dit :
Vous voudriez connaître le secret de la mort.
Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie?
La chouette, dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour, ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie
Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.

Khalil Gibran
«Le prophète»
CASTERMAN

Symbolisme (lèspri a vidé-la): fidèle à la tradition Voukoum enterre le Roi VAVAL lors du Grand Vidé du Mercredi-des-Cendres. Vaval, mascotte du carnaval, la marionnette (bwabwa) désarticulée ouvre le dernier déboulé suivi par tous ses sujets.

Ce mercredi sera mis fin à son règne. Les sujets de sa Majesté Vaval sont conviés au cortège funèbre revêtus pour la circonstance des couleurs du deuil: Noir et Blanc.

Vaval étant un grand jouisseur, buveur et joyeux épicurien, pour ses obsèques les hommes se travestissent en femme et vice versa. Chacun pourra se laisser aller à ses fantasmes les plus exubérants: grosses fesses, gros sexe, gros seins, etc…

Mais le respect et la dignité que nous avons pour ce Grand Homme nous imposent une tenue correcte, un comportement digne. Pas de violence !

Le Roi est mort ! Vive le Roi !
Comme le veut la tradition le Roi Vaval sera brûlé sur le bûcher dressé au Bas-du-Bourg et ses cendres dispersées.

«Hommage AKSIDAN»

27 février 2008

AKSIDAN

AKSIDAN, reine du «bèlè» nous a quittés le 23 février 2007 au petit matin sans faire de bruit. Mais sa veillée et ses funérailles ont été suivies dans toute la Guadeloupe et même au-delà. Pour lui rendre hommage, Voukoum va consacrer cette soirée à sa mémoire.

«Nos Ancêtres les Gaulois»

Nos Ancêtres les Gaulois

Dènyé-katégori-moun,                     
moun dènyé-dèyè,              
nèg-mové-nasyon, nèg-razyé,          
moun-la-chyen-ka-japé-pa-ké,    
sé nou.
Nèg a sab, nèg a fak,                           
nèg a hou, nèg a matoch,      
sé nou.                                                 
Nèg-mové-sijé, moun a lang sal,
nèg an dégenn, nèg a labou,
nèg-ka-maché-chiré,
sé nou.
Nèg-ka-bouyi-manjé-si-bwa,
nèg a chaltouné, nèg a lanpagaz,
sé nou.
Nèg-ka-palé-yenki-kréyôl,
nèg kouyon, nèg san-santiman,
nèg-ki-pa-janmé-pyété-lékôl,
sé nou.
Nèg a vè, nèg pwatrinè, nèg rachitik,
nèg a pèpèl, nèg a bobo, nèg a chofi,
sé nou.
Nèg a pôyô, fouyapen, anbabon,
nèg a mori,
nèg a gèl-a-kochon-salé,
nèg a boudiki é képrétèt,
sé nou.
Sé sa ki kad an-nou.

«Chopin é Dimipo» de Soni Ripè
«Gran parad ti kout baton»
Editions caribéennes

Symbolisme (lèspri a dérizyon-la): cette dérision a été créée par Voukoum lors du Mardi-gras de 1999, car la dérision fait partie intégrante des différents aspects du Carnaval de Guadeloupe. Se moquer de ses propres failles, de ses hommes politiques, des évènements ou petits malheurs d’autrui. Se railler des autres, de ses propres peurs et souffrances.

«Nos Ancêtres les Gaulois» est l’expression de cette assimilation poussée jusqu’à sa caricature puisqu’il n’y a pas si longtemps de ça les enfants de Guadeloupe n’avaient pour seule représentation de leur origine ethnique que des blancs gaulois, ceux qui nous ont colonisés et asservis.

Combien d’entre-nous ont  chanté ce précepte: «nos ancêtres les gaulois» que les professeurs guadeloupéens eux-mêmes enseignaient aux élèves sans rechigner.

Après l’assimilation, l’Europe et la Mondialisation ne laisseront aucune place à la culture guadeloupéenne si nos enfants ne sont plus baignés dans notre sauce «fondal natal». La «Nation Voukoum» veille en tout cas.
 
 Matériaux (sa-w ni bouzwen pou dérizyon-la): «on sap’»: Costume ancien (complet 2 ou 3 pièces, Tailleur), Chapeau ancien (style feutre), Maquillage Rouge ou gants rouges pour les mains, Chaussures anciennes de cérémonie, Maquillage blanc pour le visage, Cravate en carton avec drapeau de l’Europe peint dessus à récupérer au Lokal Voukoum.

La Mi-carême marque aussi la résurrection du Roi Vaval, tel le phénix il va renaître de ses cendres.

Voukoum

Vive le Carnaval 2009 !

Voukoum

 

Viré monté