16.5.2004
Bien cher Ralph,
Marie-Noëlle et moi venons de découvrir avec ravissement ton dictionnaire.
Comme la patate douce, patat' manman ! nous nous empressons
de faire la jonction entre le Pacifique et la Caraïbe pour t'exprimer
nos félicitations aussi vives que sincères...
et signaler deux superbes lacunes :
- koukoun chatrou (qui nous rappelle notre toute première soirée avec toi au Marin
en compagnie de Gerry L'Étang)
- Le Barbare Enchanté dans ta bibliographie.
En toute amitié
Et cric ! Et crac !
Serge et Marie-Noëlle
Je sais l'important travail que Serge fait en anthropologie à l'Université du Pacifique et j'en viens à regretter qu'il ait quitté la nôtre. Il fallait, en effet, trouver le lien entre Amérindiens et Polynésiens et c'est la sublime patate douce qui le fait comme les travaux du DEA IMAGO MUNDI (dirigé par Serge) l'ont magnifiquement démontré.
Bien vu pour "koukoun chatwou" ! Effectivement, je ne l'ai pas mis dans mon dictionnaire mais c'est parce que je n'en connais pas l'équivalent français. Ha-ha-ha ! Je suppose que cela doit être quelque chose comme "chagatte caresseuse", à moins que ce ne soit "vagin pompeur". Mais connaissant un tout petit peu la mythologie tahitienne, je sais que vous pouvez m'y trouver un équivalent évocateur.
Dans le même ordre d'idée, il faudra que je vérifie si j'ai mis "koukoun mab" ("mab" venant de l'anglais "marble" qui signifie "bille"). Là aussi, j'aurai besoin de votre aide.
Salut à Tahiti !
Raphaël
17.5.2004
Bien cher Ralph,
Cocon poulpeux me paraît bien puisqu'il joue avec la paronymie de pulpeux
et que pieuvre serait bien sûr trop fort...
Quant à Mab, je me demande, en bon fana de Shakespeare que je suis,
s'il ne s'agit pas d'une allusion à Queen Mab :
Romeo and Juliet, of course, Act I, scene 4
Romeo : I dream'd a dream to-night
Mercutio : And so did I
R : Well, what was yours ?
M : That dreamers often lie
R : In bed asleep, while they dream things true
M : O ! Then, I see, Queen Mab hath been with you
Benvolio : Queen Mab ! What's she ?
M : She is the fairies' midwife, and she comes
In shape no bigger than an agate-stone
On the fore-finger of an alderman,
Drawn with a team of little atomies
Athwart men's noses as they lie asleep :
Her waggon-spokes made of long spinners' legs;
The cover, of the wings of grasshoppers;
The traces, of the smallest spider's web;
The collars, of the moonshine's watery beams;
Her whip, of cricket's bone; the lash, of film;
Her waggoner, a small grey-coated gnat,
Not half so big as a round little worm
Prick'd from the lazy finger of a maid;
Her chariot is an empty hazel-nut,
Made by the joiner squirrel or old grub,
Time out o' mind the fairies' coach-makers.
And in this state she gallops night by night
Through lovers' brains, and then they dream of love;
O'er courtiers' knees, that dream on curtsies straight;
O'er lawyers' fingers, who straight dream on fees;
O'er ladies' lips, who straight on kisses dream;
Which oft the angry Mab with blisters plagues,
Because their breaths with sweetmeats tainted are.
Sometimes she gallops o'er a courtier's nose,
And then dreams he of smelling out a suit;
And sometimes comes she with a tithe-pig's tail,
Tickling a parson's nose as a' lies asleep,
Then dreams he of another benefice;
Sometimes she driveth o'er a soldier's neck,
And then dreams he of cutting foreign throats,
Of breaches, ambuscadoes, Spanish blades,
Of healths five fathom deep; and then anon
Drums in his ear, at which he starts and wakes;
And being thus frighted, swears a prayer or two,
And sleeps again. This is that very Mab
That plats the manes of horses in the night;
And bakes the elf-locks in foul sluttish hairs,
Which once untangled much misfortune bodes;
This is the hag, when maids lie on their backs,
That presses them and learns them first to bear,
Making them women of good carriage :
This is she -
R : Peace, peace ! Mercutio, peace !
Thou talk'st of nothing.
M : True, I talk of dreams
Which are the children of an idle brain,
Begot of nothing but vain fantasy;
Which is as thin of substance as the air,
And more inconstant than the wind, who woos
Even now the frozen bosom of the north,
And, being anger'd, puffs away from thence,
Turning his face to the dew-dropping south.
Peut-on rêver, c'est le cas de le dire, meilleure association ?
"I have a dream !" Tout est dans Shakespeare !
Mab la ka galopé
Mab la ka kuri
Mab la ka volé
(comme le cheval dans Le sang du flamboyant)
Et puisque nous délirons encore et toujours sur les femmes,
voici l'allusion persienne qui te tarabuste depuis que j'ai récité
ce vers en te tatouant sur les flancs abrupts des Pitons du Carbet :
Amers, bien sûr ! Strophe II
"Et sur la grève de mon corps l'homme né de mer s'est allongé.
Qu'il rafraîchisse son visage à même la source sous les sables ;
et se réjouisse sur mon aire, comme le dieu tatoué de fougère mâle..."
Vive le créole martiniquais !
Serge Dunis
(Professeur à l'Université du Pacifique, Tahiti)
Je retiendrai cette traduction. Elle a l'avantage de sauvegarder l'idée tout en la désenrobant de sa vulgarité originelle. Quant à "mab", je ne suis pas certain qu'on puisse faire le rapprochement avec la Queen Mab de Shakespeare quoique le rapprochement soit séduisant. Je crois qu'il faudrait plutôt se tourner vers une certaine habitude asiatique (japonaise en l'occurence) qui pourchasse le moindre poil sur le corps humain, en particulier sur les "parties" féminines.
Car "mab" qui signifie "bille" évoque le lisse, le glabre. Mais autant "cocon pulpeux" me plaît, autant "cocon lisse" ou "cocon glabre" ne me semblent pas très heureux. Continuons à chercher !
Et si d'autres internautes pouvaient nous proposer des traductions de leur cru, ce serait magnifique.
Merci pour la citation de Saint-John Perse que j'ai longtemps recherché en vain ! Nos dieux amérindiens tatoués de fougère mâle rêve encore à l'en-haut des Pitons du Carbet, songeant sans doute à leurs cousins de Tahiti.
Tjenbé red, pa moli !
Raphaël
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