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«Lè pwezi m jwenn van»

de

André Fouad

 

Publié le 2014-03-11 | Le Nouvelliste

 

 

 

 

 

Lè Pwezi m Jwenn Van

Avec l’enthousiasme et l’optimisme de sa jeunesse, malgré les nombreux soucis existentiels de son exil économique aux Etats-Unis, le poète et diseur André Fouad, amoureux fou de notre beau créole, récidive dans ce nouveau CD «Lè pwezi m jwenn van».

C’est son troisième opus après «Brilannuit» et «Etensèl mo m’ yo». Trente-trois pièces! Trente-trois textes dits par l’auteur principalement, aidé au passage par Durna Thélisma, Edouard Baptiste et Jacques Adler Pierre: C’est un record! C’est comme un marathon poétique qui vous accroche du début à la fin. Le parcours est ponctué de courts interludes musicaux chantés par des voix opportunes et intéressantes.

La poésie d’André Fouad, faite de symboles, d’images et de mystères est d’abord et avant tout lyrique. Qu’il s’agisse de confidences amoureuses du cœur, gaies ou tristes, qu’il s’agisse de descriptions émerveillées de la nature ou de réflexions amères, aigres-douces, sur le statu quo sociopolitique: le lyrisme est prégnant. André Fouad, diseur, a fait un pas décisif; «Lè pwezi ‘m jwenn van» est un dépassement émotionnel: le dire est vivant. Il est loin le temps des débuts inhibés, monocordes nuisibles à la sensibilité, au ‘’feeling’’ en somme.

Le poète Fouad fait un usage abondant de la métaphore, qu’on n’arrive pas toujours à saisir et à réduire dans ses écarts par rapport à la norme du langage. Breton aurait apprécié, lui qui définit le surréalisme ainsi: «C’est un abus prodigieux de cette belle figure» (la métaphore). Il se laisse aller parfois à d’heureuses et libres associations, valant par leurs sonorités, leur féérie et leur fascinante irréalité. Souvent, il est très près de nous dans ses vérités; et à ce propos, nos coups de cœur vont à ‘’Zongle’’, ‘’Kòd gita m’ kase’’, ‘’ Vil okay, Vil bekann’’, ‘’Tablo’’, ‘’Vye zanmi’’ L’illustration sonore de toutes les pièces dites est assumée par la guitare de Pierre-Rigaud Chéry assez appropriée; mais qui aurait dû, de temps à autre, s’effacer pour des pauses et des silences éloquents.

On peut renoncer, à l’occasion, à l’accompagnement au contre-chant continu et ponctuer le discours à des moments choisis- quand le diseur respire ou en fin de vers- par des accords dissonants, expressifs, exclamatifs ou interrogatifs. C’est quand même une très belle idée que ce soutien musical du dit. Il faut écouter André Fouad et «Lè pwezi m’ jwenn van».

boule

 Viré monté