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''Nou pa moun'', le cri de Beethova Obas

André Fouad

Publié le 2021-08-24 | Le Nouvelliste

Aujourd'hui, s'il y a une chanson qui me plonge au coeur des nuits sombres, blanches, par rapport aux déboires existentiels de mon pays, c'est l'unique et  incontournable "Nou pa moun" du chanteur-guitariste, compositeur et interprète Beethova Obas gravé sur son deuxième opus "Si" produit par Declic Communication.

Dès les premières notes, cette pièce d'une grande portée philosophique et culturelle m'emballe avec les arrangements aux violons signés de la formation musicale antillaise "Malavoi", récipiendaire du prix Maracas (Paris), qui se distingue depuis sa création en 1972 de par ses compositions, de par son orchestration mélangeant tradition et modernité.

"La filo" et "La canne à sucre" restent des classiques de la musique caribéenne.

La chanson "Nou pa moun", au parfum du bossa nova, avec la voix tendre et pleine de sensibilité de Beethova Obas résidant présentement en Belgique témoigne en effet de la fragilité de la vie, de l'être humain, peu importe son lieu géographique, son identité culturelle, car nous sommes tous exposés, par rapport aux cataclysmes naturels, le réchauffement climatique, les épidémies, la misère, la dictature, les intempéries.

"Nou fèb, nou frajil n ekspoze

pinga pinga danje

talè kon sa gate

misil, kokayin, H.i.V

yon legliz y ap chèche

de zanmoure te bezwen marye.."

Il m'arrive couramment de déclamer haut et fort "Nou pa moun" sur scène dans mes prestations en Haïti comme à l'étranger, car c'est avant tout un poème beau comme les étoiles du firmament, comme un coucher de soleil en plein été  qui se mêle à une mélodie entrainante, accrochante et qui ne saurait laisser indifférents même les coeurs les plus insensibles.

"Tankou yon fèy palmis ki seche

k ap tann van soufle

pou li sispann pandye

tankou bwa pouri dlo bwote

ki kote l pral kore

konsa m santi la vi  a prale.."

Dans cette chanson, le compositeur Beethova Obas  dénonce à sa façon,  l'injustice, les inégalités, l'incertitude, qui endeuillent le quotidien de notre pays. D'évènements en évènements, de crimes en crimes, de dossiers en dossiers. On est arrivé à un carrefour où les mots "amour", "humanité" et "solidarité" ont perdu leur vraisens, leur poids sémantique dû à notre appétit exagéré du pouvoir, nos petitesses, notre manque de vision et de clairvoyance.

"Si n ap viv

nou pa moun, nou pa moun

yon dòmi volè louloune

kòman l ap fè konnen sa k pase ALex ak Joujou

yon dòmi vòlè tout moun

kijan n ap fè konnen sa k fèt nan riyèl Odin''.

Beethova ne se désarme pas. Il estime que le seul remède à nos malheurs reste l'unité et l'amour.

'’Si nou te ka chase tout bòs pent

wet lahèn mete lanmou

ala fèt nou ta fè nan lakou.."

"Nou pa moun" de Beethovas est un texte à écouter et à méditer, en ces temps abîmés par le chaos, la schizophrénie, la dépression et l'amnésie.

*

Viré monté