L'art occupe une place prépondérante dans la vie des étudiants qui fréquentent l'Université publique des Gonaïves (UPAG) située à la rue Chrisostome de la dite commune. Membres de clubs littéraires, d'associations culturelles, ces étudiants expriment leurs frustrations, leur joie à travers la peinture, le théâtre, la musique, la sculpture  et, notamment, la poésie considérée comme un genre majeur en Haïti.

C'est le cas du jeune poète Antidote, de son vrai nom Jules Odige Juderson, qui vient d'être couronné au concours de texte international sur le continent africain parmi plus de cinquante-deux participants. Totalisant plus de quinze points sur vingt, il a pu convaincre les membres du jury composé de Koulo Plénitude, Luvonah le noir et Ephraim Adhalou avec son poème en français intitulé «Mutisme».

Selon le poète Antidote, actuellement étudiant en sciences de l'éducation, option philosophie et lettres modernes, ce texte met l'emphase sur sa vie solitaire mêlée de chagrin, de mélancolie, de désillusions. Orphelin de père et de mère depuis son adolescence, il croit retrouver  à travers le médium poétique, une source de réconfort, de motivation, de positivité, face à toutes les vicissitudes de l'existence humaine où la vie côtoie la mort, la haine prédomine sur l'amour.

D'un autre côté, il estime que le champ artistique est le lieu sûr et certain où l'être humain peut dévoiler ses sentiments. Le texte «Mutisme» divulgue ce qui semble muet à l'intérieur de moi, confie le poète, fier de son appartenance à la cité de l'Indépendance.

«Dans l'alphabet  quotidien
j'ai décrypté indicibles sensations
codées par les rigueurs des midis pointillés»

ou

«Je marche à rebours
sur les voyelles des mots saturés
jusqu'à ce que les phrases trouvent leur point G.
ma cie est en deuil
au dessein silencieux
dont la finalité de ma souffrance
est sans fin».

            (Mutisme)               

Né le  13 septembre 1997, Jules Odige Juderson  passe son enfance aux Gonaïves avec sa mère qui l'a dirigé vers la poésie. Influencé par des poètes contemporains dont Inema Jeudi, Coutechève Lavoie Aupont, il brille dans de nombreux concours en Haïti et à l'étranger.

En 2017, il est sorti lauréat du concours de poésie organisé par la société du samedi soir (Cap-Haïtien). En mai 2020, il a récolté le prix pour «Eritaj Kilti Kreyòl». Jules Odigé Juderson ne compte pas se reposer sur ses lauriers, il  envisage la parution prochaine de son premier florilège en créole «Boulpik» qui sera un ultime hommage à sa feue mère, Etranger Fénelon, qu'il a tant affectionnée.

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Viré monté