André Fouad est un poète qui utilise la poésie pour dire le monde et en même temps pour l’habiter. Dire le monde avec ses douleurs, ses nostalgies, ses pleurs et sa tendresse. Habiter le monde pour mieux vivre avec le rythme de sa poésie. Se définissant comme un «Haïtien dans l’âme» et «Jusqu’aux os», le poète-diseur, journaliste culturel évolue depuis 15 ans aux États-Unis. Quinze ans ailleurs, mais plus de quinze ans qu’il s’inspire de nos arbres, de notre culture, et de la mer des Caraïbes.

Le thème existence, la vie, l’amour, la douceur, la mythologie habitent son œuvre dense et alarmante. Poète d’ici et d’ailleurs, il a publié deux recueils en français: Gerbe d'espérance (1992) En quête de lumière (1992) qui s’inscrivent dans la continuité de son œuvre. Il a publié de cinq recueils en créole: Bri lan Nwit (2000), Etensèl mo m yo (2006), Souf Douvanjou (2010), Pye Poudre (2018) et Lawouli (2019). On retrouve aussi ses poèmes dans plusieurs anthologies, dont l'Anthologie de la littérature haïtienne, un siècle de poésie (1901-2001).

Ses poèmes dénoncent, tantôt des situations, des faits de société, des attitudes, et ne laissent poindre qu’un mince espoir. Poète aux pieds poudrés, André Fouad joue avec les mots, avec la langue, passant aisément d’une description très factuelle à une image surréaliste. Il cherche à éliminer tout lyrisme, toute fioriture, tendant à inscrire sa poésie dans la quotidienneté. Chaque mot pèse et le poème devient un lieu de pensée sur l’homme, sur la vie, sur le rapport entre les «choses».

Poète du monde, il a immigré aux États-Unis en 2000. Et depuis il reste accroché à l'art. Sa poésie est ancrée dans l'authenticité haïtienne, qu'il juge de « peuple foncièrement culturel, littéraire et artistique ».

André Fouad est né à Port-au-Prince le 2 mai 1972. Après avoir fait ses études primaires à l'école République du Libéria (Frères du Sacré-Cœur et ses études secondaires au Collège Canado-haïtien, il a étudié la comptabilité, le journalisme et la communication. Il est ancien du journal Le Nouvelliste, Récréation Magazine et à la section culturelle de la Télévision nationale d’Haïti à titre de présentateur/rédacteur.

« Ma poésie c'est en quelque sorte mon autobiographie par rapport à tout ce que j'ai vécu à l'étranger durant ces 15 dernières années ». En mai 2004, le poète a reçu de la main du maire de la ville de Miami, Alex Penelas, un Award of Recognition dans le cadre du Mois de l'Héritage culturel haïtien. Pour l'année suivante, il a été choisi comme Artiste de la Saison par l'Alliance française de Miami. Il a aussi décroché le 2e prix dans le cadre d'un concours de poèmes organisé par le journal franco-haïtien Haïti Tribune (France) en janvier 2006.

En mai 2007, il a été choisi comme Poète de l'année pour la 7e édition du mois de l'Héritage Culturel Haïtien à Miami, comme poète, diseur et animateur culturel. Dans son parcours, il a fait tant d'expériences, bonnes ou mauvaises, voyagé ici et là. Mais il a fini par déduire que le meilleur endroit où il se sent bien dans sa peau n'est nul autre que son pays.

D’un recueil à l’autre, la lumière se fait et l’écriture devient plus accessible. L’espoir demeure toutefois fragile et l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble est souvent lourde, empreinte d’angoisse, créant un climat envoûtant. L’œuvre d’André Fouad est l’expression de la mouvance de son peuple et du regard aigu et perçant qu’il pose sur la société qu’il habite. Jamais fade, toujours vibrante, elle met de l’avant une réflexion parfois angoissée, mais jamais désespérée, sur la vie.

Marc Nicolson Ricot

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Viré monté