Kaz | Enfo | Ayiti | Litérati | KAPES | Kont | Fowòm | Lyannaj | Pwèm | Plan |
Accueil | Actualité | Haïti | Bibliographie | CAPES | Contes | Forum | Liens | Poèmes | Sommaire |
À la santé des femmes Publié le 2021-03-08 | Le Nouvelliste
|
Il y a un mois de l'année que j'ai appris à affectionner dans le calendrier des saisons. Il s'agit de mars, qui charrie tant de couleurs et de symbolisme.
Tout d'abord, il est l'annonciateur d'une nouvelle saison: le printemps. Aux États-Unis, la nature sourit de tous ses éclats et enfile de nouvelles robes aux motifs divers, après la période rigoureuse, voire déprimante, traînant ses flocons de neige, de verglas comme des pantoufles.
Il est aussi celui des femmes. C'est l'Allemande, militante-activiste marxiste Clara Zetkin qui a proposé pour la première fois en 1910, lors de la Conférence internationale des femmes, le 8 mars, l'inscrivant ainsi dans une perspective révolutionnaire. Une grande place a été réservée à leurs luttes, leurs combats et leurs aspirations.
À l’occasion de cette fête, je lève mon verre à la santé des femmes, peu importe leurs itinéraires, leurs chapelles, leurs adresses. Elles constituent l'épine dorsale, le «poto-mitan» de toute société, en particulier celle de chez nous.
Aujourd'hui, je survole l'époque de ma jeunesse en évoquant des poètes-éclaireurs, des poètes-vigiles, des troubadours, des chansonniers qui n'ont pas manqué de leur rendre un vibrant hommage. Ce sont des êtres fragiles, d'une sensibilité inouïe qui méritent toute notre admiration en ces temps de déchéance, de violence, de sécheresse et d'amnésie.
Le chanteur-guitariste franco-algérien Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Ghrenasia, dans l'une de ses compositions immortelles, «Pour toutes ces raisons, je t'aime», estime que l'absence de l'être aimé peut provoquer un choc considérable, des blessures réellement profondes.
«Les bouquets de fleurs semblent dérisoires
je ne chante plus dès que tu t'en vas
tu connais par cœur ma vie, mon histoire
mes chansons d'amour parlent encore de toi....».
Quant au poète français Louis Aragon, artiste de grande magnitude, romantique dans l'âme, il n'a pas cessé de tarir d'éloges sur son autre moitié dans son poème-culte «Les yeux d'Elsa» interprété par le talentueux chanteur Alain Barrière. Les yeux de sa dulcinée Elsa lui ont permis de rêver pleinement et de voir le monde autrement.
«Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
j'ai vu tous les soleils y venir se mirer
s'y jeter à mourir tous les désespérés
tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une lame y luit
tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
moi, je voyais briller au dessus de la mer
les yeux d'Elsa, les yeux d'Elsa, les yeux d'Elsa...».
L'auteur de ''Ces îles qui marchent '', René Philoctète, clame haut et fort son amour peuplé d'étoiles pour «Margha». Il la célèbre joyeusement dans une langue pure, ciselée, feutrée, sublime.
«Margha, tu es un continent d'amour à ma détresse
il dit les choses mon poème
dans un matin de fleur grisée».
Paul Eluard, l'une des figures incontournables du mouvement surréaliste français, dans son livre «Derniers poèmes d'amour», paru aux éditions Seghers, vénère la femme avec un accent très particulier.
«Je suis devant ce paysage féminin
comme un enfant devant le feu
souvent vaguement et les larmes aux yeux
devant ce paysage où tout remue en moi
où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent
reflétant deux corps nus saison contre saison...».
De son côté, le poète-diseur et dramaturge Syto Cavé nous a rappelé encore une fois la richesse et le côté polysémique de la langue créole dans son texte succulent «Fanm nan bèl», interpreté avec brio par le guitariste Wooly Saint-Louis sur son premier opus «Quand le poème se fait chanson».
«Fanm nan bèl
tankou yon bèl dlo klè
yon jandam ta ofri yon prizonye
Fanm nan bèl tankou yon gèp panyòl
avan l mòde w...».
Les mots, les phrases, les mélodies, les envolées lyriques ne suffiront jamais pour traduire ce que représente la gent féminine au fil des saisons. On en a toujours besoin quand tout se bascule à l'horizon, quand l'aurore entonne son hymne d'angoisse.
On a toujours besoin d'un doux baiser angélique, de ce manteau humain, comme l'aurait dit le célèbre chansonnier français Charles Aznavour dans cet infini espace-temps qu'est le Cosmos.
*