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Pour saluer Yanick Etienne,
une chanteuse hors du commun

André Fouad

Publié le 2022-04-12 | Le Nouvelliste

Dieu merci! j'ai eu le privilège d'assister à  l'une de ses performances musicales dans le sud de la Floride, il y a une quinzaine d'années, au restaurant très prisé Kasa Champèt. Ce soir-là, elle signait son deuxième opus titré «Love songs for you» produit par  son fils D'Miles (grammy award 2020) en présence de ses fans inconditionnels, de ses sympathisants et surtout des  membres de son cercle familial en particulier son époux Dernst Emile qui l'accompagnait magistralement à la guitare.

Ce fut pour moi un plaisir de rencontrer Dernst Emile, guitariste de son état, brillant arrangeur, qui a apporté tout son savoir-faire, son expertise à l'élaboration des trois premiers disques à  succès du Skah-Shah number one et du crooner Ansy Dérose.

Yanick Etienne, coiffée de ses longues tresses africaines, l'air peu bavarde, j'ai pu lui arracher quelques mots, bien avant qu'elle investisse la scène de Kasa. Née le 17 juin 1958, elle a grandi dans un univers essentiellement musical. L'un de ses frères Lou, malheureusement décédé, a évolué au sein du légendaire groupe Tabou Combo connu à travers le monde pour son tube «New York City» classé en 1975 dans les hits parades musicaux en France et en Hollande.

Immigrée aux Etats-Unis, elle a débuté professionnellement en 1979 en faisant des chœurs dans les studios. Elle a collaboré avec le célèbre Ti Manno de Gemini All Stars, Jose Tavernier d'Ibo Combo, Elite Orchestra et surtout le Tabou Combo.

Elle s'est surtout illustrée en tant que choriste du célèbre groupe britannique de Rock n'Roll Roxy Music dans le hit «Avalon» qui lui a permis de voyager à travers le monde, notamment en Angleterre, Canada et le Japon.

Yanick, c'est surtout sa passion démesurée pour la musique, son habileté, son aisance à prendre les octaves, que ce soit dans le style jazz ou blues. Elle me rappelle ces étoiles bénies de la galaxie musicale afro-américaine comme Bessie Smith, Ella Fritzgerald et Billie Holliday.

D'ailleurs, elle nous l'a prouvée clairement dans la chanson vidéo-clippée «Mistè Damou» diffusée en boucle sur la télévision nationale d'Haïti à l'émission «Video en Vrac». Avec une sensibilité à fleur de peau, elle a su transmettre toutes les émotions, tous les mystères dégageants de ce morceau d'anthologie, arrangé par son époux  Dernst.

«Depi twa jou n ap mal boule.

menm televizyon nou pa gade

radyo pa jwe

nou pa danse......

Kote s ap rive

kote s ap rive....»

(Mistè Damou).

Saluée par la presse américaine  en 1993, elle a été classée meilleure chanteuse à Caribean Music Awards qui s'est déroulé à Appolon Theater (New York). Avec sa  disparition inattendue le mercredi 30 mars 2022, l'île d'Haiti  perd l'une de ses plus belles voix qui ont bercé notre quotidienneté, trainant nos espérances et nos incertitudes sur le cadran du temps.

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Viré monté