Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Voyager sur les ailes de
Georges Castera

André Fouad

Photo: Le Nouvelliste

Il y a de ces poètes-artistes dans l'âme qui ont su traverser le temps et l'espace de par leur vision, leur dynamisme et leur engagement tant sur le plan social que sur le plan politique. C'était le poète et critique d'art Gary Augustin  en l'année 1992, l'auteur du recueil «Girandole du jour» (éditions mémoire), qui m'a suggéré de lire profondément Frank Étienne, Manno Ejèn, Lyonel Trouillot, Rudolph Muller et surtout l'incontournable Georges Castera afin de mieux pénétrer l'univers de la poésie aux accents créolophones.

Voyager sur les ailes de Castera fut pour moi un vrai régal, une vraie découverte, une joie à nulle autre pareille. De «Konbelan» en passant par «Biswit Leta» jusqu'à «Jòf», sa poésie reste vivante et sublime.  Elle vous parle constamment. Elle arrive à vous surprendre.  Elle vous fait plonger dans de profondes réflexions sur la fragilité de l'être humain, la mort, la solitude, l'amour, les inégalités humaines, les injustices sociales.

«Nou se yon pèp ki fè kolizyon ak malsite
solèy krache sou nou
nou di nou frèt»

(In A wodpòte)

Qui de ma génération n’a pas subi de près ou de loin les influences de l'esthète qu’a été Georges Castera. Définitivement, il a fait école. Il a su renouveler, apporter une touche de modernité à la poésie créole, qui a été scellée auparavant par le sceau du folklorisme.

Il a su bousculer tous les codes, sortir des clichés, puiser dans la culture populaire pour nous faire découvrir toute la richesse, les subtilités de cette langue à travers la floraison des images audacieues, inattendues, recherchées, des ellipses, des oxymores, des onomatopées.

«Mwen si tèlman viv
nan mitan moun fou
solèy k ap kouri kache
pou l kouri kache
yèswa mwen reve lanmè ap voye wòch sou mwen»

(in A wod pòte).

Il va au-delà de la réalité pour nous peindre la beauté du rêve, du songe, le coucher du soleil, le cri des oiseaux, le murmure des passants, la solitude des îles caribéennes dont Haïti Thomas, le temps, le temps qui passe qui meurt à petit feu.

*

Viré monté