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Les îles du Vent

Élodie Koeger & Hector Poullet

 

 

Date de lancement

Le 16 octobre 2009

 

 

 

 

 

Les îles du vent, Élodie Koeger & Hector Poullet • Caraïbéditions  • octobre 2009   •  ISBN 9782917623107 •  7,90 €

Les îles du vent

Chasse à l'homme et histoire d'amour en Caraïbe

La Guadeloupe en 2009. Toutes les polices de l’île se livrent à la chasse aux Haïtiens qui fuient leur pays ravagé par la misère et l’insécurité. À vrai dire, les autorités ne font que se conformer à un sentiment de xénophobie généré au sein des populations.

Dionine, une jeune antillaise de père guadeloupéen et de mère martiniquaise, en pleine crise d’identité, se trouve sans le vouloir au coeur de ce dilemme social. Or, au moment où Dionine rentre d’un voyage linguistique à la Barbade, le chien de la famille débusque dans un bosquet du jardin un jeune Haïtien, Adama, qui s’était réfugié là... Fautil livrer Adama à la police ou lui porter secours? Par ailleurs, Dionine est attirée par Yann, un jeune douanier blanc d’origine bretonne, autre type «d’étranger», pas toujours bien vu dans le coin...

Une histoire qui a la Guadeloupe pour théâtre, avec des prolongements en Martinique et plus tard dans le reste des îles de la Caraïbe dites «Iles du Vent».

Les îles du vent

Avant propos

L’envie était de publier un livre qui raconte les Antilles autrement, de publier un livre qui raconte une histoire de jeunes d’aujourd’hui pour des jeunes... et des moins jeunes.

L’envie était de publier une histoire locale, contemporaine et réaliste sous forme de BD. Le genre manga est apparu comme un genre original et approprié à ce type d’histoire.

L’idée était donc de publier une histoire qui se passe dans les vrais paysages et les vraies villes de Guadeloupe et de Martinique. Il fallait que le lecteur puisse s’identifier aux protagonistes de l’histoire, partageant les mêmes soucis du quotidien pour ce qui est du lecteur antillais ou puisse découvrir un pays, une société, un mode de vie pour ce qui est du lecteur d’ailleurs.

Hector Poullet, écrivain, poète et chantre du créole fut choisi pour écrire cette histoire. A lui de proposer le thème, l’intrigue, le fil rouge qui puissent mener nos héros à travers l’histoire des Antilles avec un grand «H» et à travers les îles qui les composent.

Pour le dessin, c’est Élodie Koeger, une jeune mangaka, au trait maîtrisé, au style à mi-chemin entre la BD franco-belge et le manga qui a été retenue. Partir d’une histoire romancée ne l’effrayait pas et les séquençage, découpage, crayonné, dessin ont fait partie de son quotidien pendant près de cinq mois sur place aux Antilles.

Cet ouvrage séduira les fans de BD, les amateurs de manga et les amoureux de la Caraïbe.

L’éditeur

Quand la réalité ratrappe la fiction

Les îles du vent

Alors que l’ouvrage était en cours d’impression, France Antilles Martinique, le quotidien de l’île a titré, le 8 septembre 2009, «Enceinte et perdue au milieu des bois, une jeune femme de 30 ans a été découverte à bout de force sur le sentier Prêcheur/Grand Rivière.»

Le journal fait référence à une jeune Haïtienne que des marcheurs ont découvert par hasard sur un sentier de la Martinique. Prénommée Guerlie et enceinte de 4 mois, cette jeune femme a connu les difficultés de la traversée depuis la Dominique vers la Martinique avec la complicité de passeurs et une fois découverte, a décidé de demander l’asile politique car elle se disait fille d’un partisan de l’ex président Haïtien…

Ce qui est décrit dans cet article est en fait très proche de l’histoire écrite par Hector Poullet, le scénariste du tome 1 «Les îles du vent». Méridjone, la jeune haïtienne à qui Dionine, l’héroïne, va porter secours est aussi enceinte, elle a effectué la même traversée, elle a connu le même type de sentiers à l’abri des regards, elle a aussi demandé l’asile politique car elle est de la famille de l’ex-président haïtien, elle demande également l’intervention de l’OFPRA…

Biographies

Hector Poullet

Scénariste

Hector Poullet, enseignant, est connu en Guadeloupe depuis 1977 pour être l’un des plus fervents défenseurs de l’introduction de la langue créole dans le cursus scolaire. Il a publié un certain nombre d’ouvrages sur la Culture, la Langue et l’Identité créoles allant de la poésie Parole en l’air 1982, Éditions Desormeaux aux Pacontes Tibouchina, Éditions La Farandole; Code Noir et Nègres marrons, Pour mieux comprendre la traite et l’esclavage 2007, Éditions Aux Reflets du Temps.

Hector Poullet continue aujourd’hui encore à participer, pour défendre et illustrer la langue créole, à la rédaction de nombreux livres tel le Dictionnaire Français/Créole. Son dernier ouvrage, en collaboration avec le martiniquais JM Rosier, est une traduction en créole des Antilles d’un album d’Astérix, Le Grand Fossé devenu Gran kannal-la 2008, Caraïbéditions.

Élodie Koeger

Dessinatrice

Élodie Koeger, d’origine alsacienne, a collaboré à divers collectifs et catalogues de Salons; elle a également réalisé des illustrations pour le mondial d’athlétisme d’Osaka diffusé sur France 2.

Amoureuse du Japon, ancienne étudiante de l’école parisienne EURASIAM, elle signe ici son premier album réalisé dans le cadre d’une résidence d’auteur de cinq mois en Guadeloupe.

Interview du scénariste

Hector Poullet, après avoir participé à l’aventure de la première BD célèbre en créole, avec la traduction d’ASTERIX GRAN KANNAL LA, vous voilà embarqué dans l’aventure du premier manga antillais... la BD est-elle devenue votre nouvelle forme d’expression?

– Oui, dans la mesure où c’est un mode d’expression qui permet de toucher un public jeune, justement celui qui a le plus besoin de connaître la culture, la langue, l’identité créole. Car l’objectif pour moi est toujours le même, mettre en valeur la culture de notre archipel Caraïbe, afin que nos jeunes et moins jeunes n’aient plus honte d’eux mêmes et de leur histoire.

Comment vous est venue l’idée du scénario «Les îles du vent»? Est-ce inspiré d’un fait divers en particulier?

– «Les Îsles du vent» de quel vent s’agit-il? Des alizés que les anglophones appellent «Tradewinds», vent du commerce, mais également jadis vents des Pirates, Corsaires, Boucaniers et autres Flibustiers en tous genres. Aujourd’hui encore la Caraïbe n’est pas seulement un paradis pour plaisanciers; des milliers d’Haïtiens, de Cubains, de Dominicains, de Surinamiens, de Sainte-Luciens, de Dominiquais, fuient leurs pays pour tenter de rejoindre les USA ou des îles provisoirement plus fortunées comme la Guadeloupe et la Martinique. Le scénario n’est malheureusement pas un fait divers, mais le quotidien qu’on tient sous silence, qu’on préfère cacher pour garder l’image touristique des «Isles Paradisiaques». Ici, en l’occurrence, nous n’avons qu’une suite de faits réels.

Avez vous personnellement été confronté au problème de l’immigration clandestine haïtienne?

– J’y suis confronté tous les jours! Tous les jours il y a un Haïtien illettré qui a besoin qu’on lui explique une lettre de la Préfecture lui signifiant qu’il a huit jours pour quitter le territoire français, ou bien qu’on aille pour lui à la Western Union envoyer de l’argent à ses enfants qui sont restés en Haïti, parce qu’il ne peut y aller sans courir le risque de se faire prendre, ou bien encore aller au centre de détention porter des vêtements et des chaussures à un Haïtien qui va se faire expulser, mais qui a été attrapé pieds nus avec ses habits de travailleur des champs de bananes, et qu’il ne peut débarquer en Haïti dans cette tenue, bref des êtres humains dans la détresse qui ont besoin d’un peu d’humanité.

Que pensez vous de la façon dont les autorités traitent le problème de l’immigration en Guadeloupe et en Martinique?

– À court terme il s’agit probablement d’un traitement qui répond à des problèmes de politique intérieure française, à long terme la France perd ses derniers amis et admirateurs Caribéens, les derniers Haïtiens qui pensaient encore qu’il eut mieux valu qu’Haïti ait été français. Déçus par la chasse systématique qu’on leur fait dans les DFA ils préfèrent désormais fuir vers Saint Tomas, Sainte Croix ou la Floride, moins xénophobes. Demain ils parleront anglais et pas français, ils préféreront consommer «américain» et pas «français».

Les îles du vent

Pensez vous que le manga ou la BD en général permet d’exprimer ses idées plus facilement que les genres littéraires dits «classiques»?

– Certainement, parce que l’image vient renforcer le texte et facilite la lecture. C’est aussi une approche plus dynamique, selon le cadrage de chaque plan, on visualise la scène, les sentiments des personnages se lisent directement sans qu’il soit nécessaire de faire de longues descriptions. Cependant la BD ne saurait remplacer totalement la littérature dite «classique» surtout celle qui alimente les débats d’idées.

Lisez vous des BD? Si oui, lesquelles?

– Très peu, jadis quand j’étais très jeune j’ai beaucoup lu de Bibi Fricotin, de Capitaine Marvel, de Fantôme du Bengale ou de Pieds Nicklés, mais c’est vrai que lorsqu’on quitte ce monde merveilleux de l’image pour la littérature écrite on a du mal à s’y remettre. Le fait d’y revenir pour le scénario de ce manga va probablement m’y replonger, ne serait-ce que pour des raisons techniques, comprendre comment fonctionne le texte et l’image, la succession des plans, les flash-back, etc...

Comment s’est passé votre travail avec la dessinatrice Élodie Koeger?

– À vrai dire, Élodie la dessinatrice, Florent Charbonnier l’éditeur et moi le scénariste, nous étions tous à notre coup d’essai, et comme nous voulions que ce soit un coup de maître, nous avons construit une équipe très soudée, nous consultant sur tout avec de longues séances de travail ensemble. Élodie, au cours de son séjour en Guadeloupe était curieuse de tout, faisait des photos comme un cameraman. Nous avons parcouru tous les lieux où se déroule l’action et visité trois cimetières. Elle a travaillé «comme une fourmi» jusqu’à 15 heures par jour. Cette expérience a été unique pour nous trois, et aurait été impossible autrement.

Pouvez-vous déjà nous donner un avant-goût de l’histoire du tome 2?

– Il y a en Martinique, face à la Savane des Pétrifications, un rocher en forme de plateau qui émerge à peine, battu par les vagues: La table du Diable. Sous cette table une caverne sous marine à laquelle on accède en plongée. Des trafiquants venus en yacht depuis le Venezuela y ont entreposé des ballots imperméables contenant de la drogue. Un rasta qui faisait de la pêche à la langouste découvre le pot aux roses… Yann et Dionine sont sur le coup par le plus grand des hasards… Et pendant ce temps la Meridjone et Adama continuent à affronter les obstacles qui se présentent à eux pour leur régularisation…

Les îles du vent

Interview de la dessinatrice

Élodie Koeger, comment vous êtes vous retrouvée associée à ce projet antillais?

– Florent Charbonnier a tout d’abord eu l’idée de ce projet, il voulait réaliser un manga qui relate le quotidien de jeunes antillais d’aujourd’hui et c’est avec cette idée en tête qu’il a rencontré un des membres de l’administration d’Eurasiam où j’ai effectué ma formation pour devenir dessinatrice de manga. Il a fait passer des entretiens à plusieurs élèves, et c’est moi qui ai été retenue. J’ai tout de suite été emballée par ce projet. J’aime découvrir de nouvelles cultures et vivre de nouvelles expériences, j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir participer à cette aventure et de publier mon premier album.

Comment s’est passé la répartition des tâches avec le scénariste Hector Poullet?

– Hector Poullet à tout d’abord écrit le scénario de manière romancée, c’est de lui que vient le récit, c’est son histoire. Mon rôle dès le début était d’adapter ce récit en format manga. J’ai mis en scène, remanié certains passage, proposé des alternatives scénaristiques afin de rendre la narration plus dynamique, le tout bien entendu avec l’accord d’Hector. J’ai décrit page par page et case par case le déroulement des scènes, pour donner un premier aperçu à Hector de ce que j’allais dessiner, et après validation de lui même puis de Florent Charbonnier je me suis mise au dessin.

En quoi le genre manga est il différent de celui de la BD franco-belge?

– Fondamentalement, le découpage d’un manga tient plus d’un storyboard d’animation que de la Bande Dessinée traditionnelle comme on l’a développé en Occident. Les thèmes abordés sont plus nombreux, et il est plus courant de baser le récit sur la psychologie des personnages. Le manga c’est aussi un mode et un rythme de production différent de celui de la BD franco-belge et une narration du récit particulière. Mais on ne peut limiter la différence Manga/ BD Franco-Belge uniquement au style graphique, au format et au découpage. La différence est surtout culturelle!

Votre présence en Guadeloupe et en Martinique a-t-elle été importante pour la réalisation de cet ouvrage?

– Si je n’étais pas venue en Guadeloupe j’aurais certainement fait pas mal d’erreurs de représentation. En venant j’ai pu observer et ressentir le lieu du récit. Pour simple anecdote, je suis arrivée au courant d’une semaine anormalement froide pour la Guadeloupe, en commençant mes crayonnés j’ai dessiné plusieurs personnages en manches longues. Lorsque la température est revenue à la normale, j’ai compris que mes personnages n’étaient pas habillés de manière très réaliste, et encore par la suite, il m’arrivait de reproduire cette erreur (Hector me l’a signalé très souvent). Plus sérieusement, ma venue m’a permis de prendre des photos précises de ce que je voulais pour mes scènes jusqu’au moindre petit détail. J’ai fait des rencontres qui m’ont permis de mieux comprendre l’histoire de Dionine, d’autres qui m’ont simplement apporté un petit plus pour l’interprétation de certains personnages secondaires. La production a été bien plus riche du simple fait de ma venue sur l’île.

Auriez vous pu le réaliser sans venir aux Antilles?

– Je pense que ça aurait été beaucoup plus difficile. Comme je l’ai expliqué, j’ai beaucoup appris de mon séjour en Guadeloupe. J’aurais très certainement fait un travail moins vivant et moins réaliste si je n’étais pas venue sur place. Cela aurait certainement été moins intéressant.

Connaissiez vous, avant de lire le scénario, les problèmes d’immigration clandestine dans la Caraïbe?

– Je ne connaissais ni la culture, ni les soucis d’immigration que connaissent les Caraïbes, j’ai tout découvert par le biais de ce projet. J’ai même été très étonnée en lisant le scénario, et je n’ai réellement compris l’ampleur du sujet que lorsque j’ai eu l’occasion d’en parler ouvertement avec Hector Poullet et Florent Charbonnier.

En combien de tomes est prévue de se dérouler l’histoire complète?

– L’histoire est prévue sur 3 tomes.

Il parait que l’histoire du tome 2 doit se passer en Martinique, vous confirmez?

– Oui, le tome 2 se passe en effet en Martinique. On suit toujours Dionine et sa famille, ainsi que Yann, quant aux Haïtiens… je ne peux pas trop en dire pour l’instant…

À quand la sortie de ce tome 2?

– La sortie est normalement prévue pour juin 2010.

Les îles du vent

Caraïbéditions

Caraïbéditions est une Maison d’édition qui souhaite ouvrir un nouvel espace d’expression créole et plus largement «Domien». Elle a été la première maison d’édition a publier en 2008, des BD célèbres en créole antillais et réunionnais. Elle publie également des ouvrages en français.

Après la publication d’Astérix en créole des Antilles (GRAN KANNAL LA), de Titeuf en créole des Antilles (CHIMEN LAVI), d’Astérix en créole de La Réunion (LA KAZ RAZADE), de Tintin en créole des Antilles (TINTIN EK SE PICAROS LA), Caraïbéditions a publié trois romans ; un premier roman policier en français (CHACUN SON TOUR) dont l’histoire se passe en Martinique ainsi que KOD YANM & LE GOUVERNEUR DES DÉS de Raphaël Confiant (deux re-publications d’ouvrages parus il y a plus de 20 ans).

Aujourd’hui, Caraïbéditions s’apprête à lancer LES ÎLES DU VENT, le premier manga antillais, en français. Caraïbéditions souhaite donc publier des ouvrages destinés à tout public, mêlant le texte, le dessin et la photo sous toutes ses formes: BD, livres jeunesse illustrés, romans, essais...

Pour cela, elle souhaite mettre en avant des talents issus des Départements d’Outre Mer, débutants ou confirmés et permettre à des auteurs étrangers reconnus de travailler sur des projets ayant pour thème les Antilles-Guyane, La Réunion et ses habitants.

Le lectorat de Caraïbéditions est essentiellement à l’intérieur des frontières des Antilles-Guyane et de La Réunion, cependant, à travers sa diffusion, Caraïbéditions touche également les lecteurs antillo-guyanais et réunionnais, de souche ou de cœur, basés en métropole ou dans le reste du monde.

Avec certaines de ces publications, tel que le manga ou les romans en français, Caraïbéditions tente aussi de toucher un lectorat métropolitain plus large, curieux des sociétés et cultures ultra-marines.

Les îles du vent

 Viré monté