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Elle veut s’affranchir de l’opacité de son corps. Se libérer de son étreinte pour le toucher enfin. Non parce qu’elle l’aime, non parce qu’elle a envie de lui mais parce qu’elle exècre la solitude. Elle sait les aléas des premiers élans, elle sait les connivences de l’extase, elle sait l’ode des temps perdus, elle sait la suffisance de croire qu’il suffit d’aimer.
Mais tout ensuite revient, chute des mots qui chahutent et qui ensuite se dispersent à tout vent, chute du désir qui ne survit pas aux semonces des saisons, chute des rêves qui égrènent les rouages de la solitude.
Et le soir venu, elle le regarde alors qu’il dort, elle écoute son souffle mais qui est donc cet homme, qui es-tu, mon mari, qui est donc cet inconnu qui subsiste à mes côtés depuis si longtemps?
Qui es-tu?
Elle aimerait que toutes les veines qui pulsent son corps s’immiscent dans le sien, elle aimerait qu’elles claustrent son cœur pour y transmuer ses paysages ensablés de remords, elle aimerait que sa bouche le cherche pour dépailler ses monologues incessants, elle aimerait qu’il soit le cartographe de ses déroutes, qu’il délimite les territoires de sa folie, elle aimerait s’ouvrir aux louanges d’un savoir qui professe la communion des âmes.
Mais elle le sait, le long apprentissage de la défaite le lui a appris, la solitude est l’autre visage de la mort, celui, impuni, qui ne se dévêt qu’à la lisière du dernier souffle.