Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan

extrait (III) de mon projet de roman, journal d'une vieille folle

Umar Timol

Tuer en moi tout désir, humilier en moi toute exaltation, ébraser toute étincelle, tout ce qui me rappelle à l’ordre du devenir. Il ne doit, en moi, ne demeurer rien. Non pour y instaurer un quelconque culte de la foi et de la lumière. Mais pour y édifier un silence plus vaste que tous les néants.

Je veux que ce silence s’étende en moi, qu’il prolifère en moi, qu’il brise et décortique chacune de mes cellules pour s’y greffer.

À défaut de pouvoir me tuer car je suis trop lâche, car je suis l’adepte des violences fades, je ne m’autorise que les fêlures d’une lame ou les fracas de ma tête contre un mur, je veux, en moi, fonder le silence.

Et il faut donc que tu t’en ailles. Car t’aimer c’est affamer mes sens, car t’aimer c’est encrasser mes lendemains de rêves.

Va t’en.

Je veux instruire en moi les grands vents du silence.

Etre le silence. Au-delà de la mort et de la vie. Au-delà de tout.

umar

Viré monté