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J’ai croisé Andrew Steinmetz l’Africain au Wall House
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Pour localiser un article cité par Me Julianne Maher dans sa bibliographie d’une étude linguistique sur St Barthélemy: BENSON, Adolph B. The Swedish Colony in the West Indies, in The Chronicle, Philadelphia (USA), ..., Spring 1954, voici l’arme absolue: Google books...
Mais comme souvent, on part en vrille; et non content de se retrouver en 1954, on se détourne en 1847, sur ceci: The Author was born in the island of St. Bartholomew, the Swedish colony in the West indies. (...) The Author’s father was of German and English origin; his mother of French and African extraction... Tiens donc! Qui c’est celui-là? Andrew Steinmetz...? un petit coup d’œil dans le très utile "répertoire anthroponymique suédo - st barth", plus de 6'000 noms publiés en l’an 2000 par M Per Tingbrand: «Who Was Who in St Bartholomew during the Swedish epoch?», on y compte bien dix «Steinmetz»... mais point d’Andrew.
Partir à l’assaut des petites histoires vraies de Saint-Barthélemy c’est direction Stockholm, Aix-en-Provence ou Basse-Terre... mais cette fois-ci ça se passe online tout près de chez vous, sur les traces d’un drôle d’oiseau. Andrew Steinmetz n’est ni à Aix, ni à Basse-Terre, ni à Stockholm, il n’est pas non plus dans le «Who Was Who in St Bartholomew» mais est déjà tout entier sur le World Wide Web; et comme l’histoire seule sait nous réserver les plus beaux pied-de-nez, il va s’avérer que l’une des plus remarquables bâtisses de Gustavia, le «Wall House», réhabilitée en 1995 pour partie en bibliothèque municipale, a vu grandir entre ses murs un écrivain pour le moins étonnant, et qui plus est... totalement inconnu au bataillon! jusqu’à aujourd’hui.
Le “Wall House” - Gustavia - Cyclone Luis (septembre 1995)
En s’armant d’un peu de patience on reconstitue petit à petit une bibliographie imposante, peut-être pas exhaustive, mais pour le moins... hétéroclite!
- Gems of Genius; or, Words of the wise; Being a collection of the most pointed sentences, remarks and apophthegms, of the greatest geniuses of ancient and modern times, Poets, Orators, Statesmen, Philosophers and Warriors. To which are added, Thoughts, from the diary of a young man. By A. Steinmetz, Alumnus of Ushaw College, Durham. London : Shaw and Sons; 352 p. (1838)
- A voice in Ramah; or Lament of the Poor African, a Fettered Exile, Afar from his Fatherland. A poem, in five cantos, by Andrew Steinmetz. London: Harvey and Darton; 340 p. (1842)
- The Novitiate; or A year among the english jesuits: A personal narrative. With an Essay on the Constitutions, the Confessional Morality, and History of the Jesuits. by Andrew Steinmetz. London: Smith, Elder & Co.; 380 p. (1846)
- The Novitiate; or the Jesuit in training: being a year’s residence among the english jesuits. A personal narrative by Andrew Steinmetz. Second Edition, London, Smith, Elder and co.; 296 p. (1847)
- The Jesuit in the Family. A Tale. by Andrew Steinmetz. London: Smith, Elder & Co.; 328 p. (1847)
- History of the Jesuits from the Foundation of their Society to its Suppression by Pope Clement XIV; Their missions throughout the world; Their educational system and litterature; with their revival and present state. by Andrew Steinmetz in two volumes. Philadelphia, Lea and Blanchard; Vol. I., 468 p. Vol. II.; 479 p. (1848)
- Tobacco: Its History, Cultivation, Manufacture, and Adulterations. Its Use Considered with Reference to Its Influence on the Human Constitution. by Andrew Steinmetz, Esq., of the Middle Temple, Barrister-at-Law. London: Richard Bentley; 174 p. (1857)
- The forthcoming eclipse of the sun, March 15, 1858: Historical eclipses: an eclipse of the sun explained and an answer to the question “What is the use or purpose of eclipses in the solar system?”. by Andrew Steinmetz. D. Nutt; 31 p. (1858)
- Japan and Her People. by Andrew Steinmetz, Esq., of the Middle Temple, Barrister-at-Law. London, Routledge, Warnes, and Routledge; 447 p. (1859)
- Military gymnastics of the French. Part I. The system explained. Part II. The advantages of the training demonstrated. by Andrew Steinmetz; W Mitchell; 26 p. (1861)
- Musketry instruction for the cavalry carbine and pistol, recently issued to the French cavalry: With suggestions for the training of cavalry, and its important function in future battles. Part I. The system explained. Part II. The importance of cavalry demonstrated. by Andrew Steinmetz, Esq., The Queen’s Own Light Infantry Militia, First Class Certificate, School of Musketry, Hythe. W Mitchell; 43 p. (1861)
- A Manual of Weathercasts: Comprising Storm Prognostics on Land and Sea; with an Explanation of the Method in Use at the Meteorological Office. Adapted for All Countries. Compiled by Andrew Steinmetz. London: George Routledge and sons; 208 p. (1866)
- Sunshine and showers: their influences throughout creation. A compendium of popular meteorology. by Andrew Steinmetz, Esq., of the Middle Temple, Barrister-at-Law. London, Reeve; 432 p. (1867)
- The Romance of Duelling in all Times and Countries. by Andrew Steinmetz. London: Chapman and Hall; Vol. I., 336 p. Vol. II.; 384 p. (1868)
- The Gaming Table: Its Votaries and Victims, in all times and countries, especially in England and in France. by Andrew Steinmetz, Esq., of the Middle Temple, Barrister-at-Law; First-class extra Certificate School of Musketry, Hythe; late Officer Instructor Musketry, The Queen’s Own Light Infantry Militia. London, Tinsley brothers; Vol. I., 436 p. Vol. II., 444 p. (1870)
- The Smoker's Guide, Philosopher and Friend: What to Smoke - what to Smoke with - and the Whole "What's What" of Tobacco, Historical, Botanical, Manufactural, Anecdotal, Social, Medical, &c. by Andrew Steinmetz. Hardwicke & Bogue; 184 p. (1876)
- Subtle Brains and Lissom Fingers: being some of the Chisel-Marks of our Industrial and Scientific Progress (1863 by Andrew Winter; Third edition: 1877, enlarged & revised by Andrew Steinmetz)
On télécharge alors parmi ceux de ces textes disponibles en ligne; on fait le tour de tout ce qui sort pour des requêtes autour d’Andrew Steinmetz... on pioche par ci par là et on recolle les morceaux. De la bibliographie on arrive à la biographie. Dans les préfaces de ses publications de 1842, 1846 et 1847, Andrew Steinmetz nous renseigne sur son enfance vécue à Saint-Barthélemy, et se profile...
Ce qui donnerait à peu près ça:
Je m’appelle Andrew Steinmetz. Je suis né en 1816, sur une île située entre les tropiques, une colonie suédoise. Mes parents sont d’origine allemande et française. Je préciserai un an plus tard que mon père est d’origine allemande et anglaise, ma mère: française et africaine. Mon père est protestant libéral, ma mère est catholique mais non bigote. J’ai cinq frères et sœurs (John Henry, Elizabeth, Jane, Lucretia et Maria Louisa), nous sommes néanmoins cinq à avoir été consacré par le baptême catholique de Rome, une seule par celui de Luther. J’ai vécu dans une famille bien aisée. Ma nourrice était une africaine; elle s'asseyait auprès de mon lit le soir, et elle me racontait les choses qu'elle avait vu dans sa jeunesse. Jusqu’à ma septième année je n’ai rien étudié, j’ai grandi en pleine santé auprès de la mer; naviguant avec mon père sur notre bateau de plaisance, sur cet océan que j’allais ensuite maintes fois traverser. Bricolant à la maison, j’ai appris à me servir de tous les outils. Une enfance autodidacte.
Mon père aimait voyager; généreux à l'excès, et prodigue dans ses dépenses. Ma mère était libérale, bienfaisante, mère de tous ceux qui se trouvaient dans la misère; une gestionnaire prudente des temporalités, qu’elle a toujours gardé dans un état florissant. Mon père n’a été qu'en apparence un marchand, mais ma mère était "l'homme d'affaires." J’ai le plus tendre souvenir de mes deux parents mais en particulier celui de ma mère. J’ai gardé beaucoup de leurs maximes à l'esprit. Ma mère possédait un esprit fort et brillant, mais non cultivé par ce qui est communément appelé "l'éducation". Elle parlait français et anglais avec l'accent d'une indigène, et avait une conversation fluide et divertissante. La stricte ponctualité dans tous ses engagements la caractérisait pas moins que ses sentiments ardents: elle haïssait les dettes et à sa mort n’en a laissé aucune à payer par ses enfants, la justice scrupuleuse a été sa règle pendant toute sa vie. Dire la vérité et la franchise ont été des notions qui m’ont été inculquées très tôt, renforcées par cette confiance mutuelle qui accroît l’affection filiale et parentale. Nous avons toujours été exhortés à préférer l'utile, et les faits à la fiction.
Mes compagnons étaient des hommes adultes: j’évitais les garçons de mon âge et je n'aimais pas la compagnie des filles et des femmes. Je me souviens m’être fait réprimandé par ma mère pour mon incivilité à l’égard du beau sexe! Peut-être que l’innocence scrupuleuse de mon jeune âge tient à mon tempérament, mais mon goût d’être constamment occupé a certainement eu tendance à renforcer ce bienfait inestimable. Dieu en soit remercié! Je me délectais d’être constamment occupé, je faisais des bateaux en miniatures, je construisais des forts minuscules, et je commercialisais de la fausse poudre à canon. J’ai appris à graver les pierres tombales, à peindre les écriteaux et la poupe des navires, et je n’ai jamais été plus heureux que quand j’"obtenais un boulot".
Mon maître anglais était l’éditeur d'un journal. Le samedi, les maîtres d'école "respectant" le vrai sabbat, j’allais toujours au bureau d’imprimerie; et là j’ai appris l’art de l'imprimerie, j’ai "monté" de nombreuses colonnes dans le journal lorsque j’avais onze ans. Un samedi, je suis resté à la maison et ma mère me l’a reproché avec ses paroles mémorables: «Apprends ce que tu peux quand tu en as l’occasion: tu ne sais pas quel mal se posera sur toi quand je serai morte et que j’aurai disparu.» Ses paroles étaient prophétiques: j’ai trouvé toutes choses utiles et j’ai toujours retenu ce conseil de ma mère. Ainsi quand plus tard j’ai voyagé pour l’Angleterre, j’ai pris chaque jours une leçon de navigation, et tenu mon "journal." Par les connaissances ainsi acquises, j’ai pu un jour participer au sauvetage d’un navire promis à une destruction imminente.
¿ Mon maître anglais était l’éditeur d'un journal et j’ai "monté" de nombreuses colonnes dans ce journal lorsque j’avais onze ans ? vers 1827, donc: il s’agit du journal qui succéda au «The Report of St. Bartholomew»: «The West Indian» et mon maître anglais s’appelait donc Johnson... ou Nicol [Nicols, I; printer; applied in March 1827 for permission to publish a paper in St Barthélemy cf. «Who Was Who in St Bartholomew during the Swedish epoch?», Per Tingbrand, 2000]. Un seul et unique exemplaire de ce journal a pour l’heure été retrouvé, en bien triste état: le numéro 7 du samedi 11 Août 1827 qui aurait été extrait de la boîte n° 138 du fameux «Fonds suédois de Saint-Barthélemy» et restauré par les soins des Archives d’Outre-Mer...
À dix ans j’ai perdu mon père, son bateau s’est retourné: il s’est noyé. C’est un hasard si ce jour je n’étais pas avec lui: je l’accompagnais toujours dans ses excursions; mais ce soir là, de façon inexplicable, j’avais refusé à contre cœur d'y aller.
¿ À dix ans j’ai perdu mon père ? vers 1826, donc... mon père s’appelait donc John Henry Steinmetz. Lui, M. Tingbrand l’a retrouvé et sa tombe au cimetière de Saint-Jean, ou en une bribe ici: Register of admissions to the Honourable Society of the Middle Temple, from the fifteenth century to the year 1944 - ANDREW STEINMETZ, second son of John Henry S., late of St. Bartholomew, East Indies [West !], merchant, decd. Called 6 June, 1855. Selon M. Tingbrand, mon père venait de St Eustache où il était né en 1790, et en 1820 avait acquis à Gustavia le lot n°451 et la maison qui était dessus, faisant le coin entre les rues Köpmangsgatan et Westra Strandgatan dans le quartier Pynten, «La Pointe»...
Le “Wall House” - Gustavia – extrait d’une photographie de Carl Constantin Lyon vers 1850.
Et Mr Tingbrand &co de traduire en français un texte d’Axel T. Goës, docteur à St Barthélemy entre 1865 et 1870 [À pied autour de Saint-Barthélemy, 1882] dont cet extrait: «Les maisons à l'ouest du port sont très espacées les unes des autres. Depuis l'incendie de 1852 des rues entières sont désertes, abandonnées, les maisons ont disparu et leurs ruines sont recouvertes de cactus et de buissons de lataniers et de solanées. Les terrains avec leurs vastes dallages de pierres rappellent néanmoins la splendeur du temps passé et l'ancienne avancée de la ville dans cette direction appelée La Pointe. Jadis, il y avait ici un hôtel et un casino, des lieux de rendez-vous pour les boursicotiers de Gustavia, les hommes politiques et les orateurs populaires qui semblent avoir été assez nombreux dans cette ville, surtout autour des années 1810. (...).
Dans ce quartier subsiste encore la grande maison d'angle de la famille Steinmetz [Steinmetzska huset... "Steinmetz House"], alors que toutes les autres constructions anciennes ont été la proie des ouragans, du feu ou de l'usure du temps, et sous ces latitudes, celle-ci est dix fois plus redoutable que chez nous. C'est une des rares maisons de pierre de l'île; elle est encore intacte en apparence, mais le bois de la charpente est presque entièrement détruit, car en un demi-siècle, les termites ou les xylophages arrivent à manger même les bois les plus durs. Malgré son état d'abandon, elle témoigne, elle aussi, de la richesse passée. Chaque pierre a été amenée de loin par des esclaves qui la portait sur leur tête. Les nombreuses pierres d'angle de couleur brune proviennent des dépôts volcaniques de Saint-Eustache. Il y avait également à proximité de cette maison trois grands entrepôts appartenant à la "Société suédoise pour le Commerce avec les Indes occidentales".»
Cette bâtisse connue aujourd’hui sous le nom de «Wall House», devenue musée-bibliothèque de Saint-Barthélemy, était donc un hôtel particulier au sujet duquel Andrew Steinmetz précisera en 1847 que «The family mansion still belongs to the family: but its children have been scattered far and widely apart by the tide of misfortune or the hand of Providence»: l’hôtel particulier familial appartient toujours à la famille, mais ses enfants ont été dispersés très loin par le sort malheureux ou la main de la Providence. Il a été avancé que le «Wall House» tiendrait son nom d’un dénommé Job Wall, qui en aurait été antécédemment le propriétaire: s’il est vrai que ce M Job Wall serait arrivé à Saint-Barthélemy en 1793 comme l’indique M Tingbrand, et s’il avait acquis ce lot, alors son nom figurerait dans le cadastre démarré par M Samuel Fahlberg entre 1790 et 1791 en application de l’Ordinance relative to measuring of Lands du 2 septembre 1790; et M. Axel Theodore Goes n’aurait probablement pas mentionné «det stora Steinmetzska huset»; et quand bien même: la "ruine" n’aurait certainement pas repris à posteriori un nom qu’entre temps elle avait perdu, d’autant plus qu’elle fut la propriété de la famille Steinmetz pendant près de 55 ans avant d’être vendue aux enchères en 1875. N’était-elle pas suffisamment imposante par ses seuls murs pour qu'on l'ait surnommée plus tard... le "Wall House"? Les archives suédoises de Saint-Barthélemy sont diaboliquement précises et il n’y a jamais eu de... "mystère du Wall House".
Le “Wall House” vers 1900.
À 12 ans ma mère me retira de l’école et me confia à un prêtre (¿ irlandais, Antoine O’Hamman ?) pour me préparer à ma première communion; Après 2 mois d’étude exclusivement dédiés à la religion, j’ai embrassé la foi avec extase, allant à confession toutes les semaines et à communion tous les quinze jours. Avec cette nouvelle ferveur vint le zèle pour la conversion des hérétiques. J’ai étudié la controverse et me suis efforcé de propager la foi. Je me suis attaqué à la tentative désespérée de la religion de mon père: ma sœur aînée; elle m’a remis son petit livre de prières que j’ai transmis au curé à sa demande pour être expédié aux flammes de la purification! Elle a été converti à la foi de Rome.
Ma mère m’a destiné à la médecine, je m’y suis consacré avec ardeur. En très peu de temps, la gestion de ce service m’a été confiée intégralement: j’ai rempli les livres, recueilli l’argent, géré l'approvisionnement en médicaments. Mon patron bienveillant, W. H. Cock de St. Kitts, me donnait 30l. par an, en plus de l'instruction et des rétributions pour les saignements et les extractions de dents que j’étais autorisé à pratiquer. Je me souviens avoir vu les marins d'un navire négrier, qui, après avoir déchargé sa cargaison dans l'une des colonies françaises, est venu à Saint-Barthélemy pour radouber. Ils sont allés au cabinet de mon ami médecin, qui a dû les soigner; j'ai été frappé par leur teint hideux et blême: certains souffraient de maladies cutanées, notamment des démangeaisons, d'autres des intestins, et nombre d’entre eux étaient atteints de fièvre. J’ai étudié ainsi la médecine pendant deux ans, tout en me vouant en même temps à la prêtrise. À la longue j'ai obtenu le consentement de ma mère, et j’ai été envoyé en Angleterre pour mon éducation, au Collège Saint-Cuthbert, communément appelé Ushaw, près de Durham, où je suis resté un peu plus de cinq ans. J’ai ainsi quitté Saint-Barthélemy à l’âge de quinze ans, en 1831.
Dans la première année qui suivit mon arrivée en Angleterre, j'ai perdu ma mère. ¿ Mais qui était donc ma mère? Il figure une transaction quelque peu intrigante dans le fameux cadastre: mon père aurait ainsi vendu notre lot n°451 le 31 décembre 1822 à une dame Jane R. Bernier et l’aurait racheté le 25 Janvier 1823 de cette même dame... soit à peine un mois plus tard... puis l’aurait encore hypothéqué, toujours à cette même dame, le 10 Septembre 1824 pour une valeur de $ 6000... Jane R. Bernier? Un petit coup d’œil dans le «Who Was Who»... une seule ligne: Bernier, Jane Rose (1791-1832); born July 13, 1791, in St Barthélemy; dead June 15, 1832; burried in the Swedish cemetery at Anse de Public. M Per Tingbrand n’a donc retrouvé que sa tombe: c’est celle de ma mère, Jane Rose Bernier of french and african extraction, elle a laissé un testament en 1826 qu’on retrouve mentionné dans The Genealogical Pennsylvania Magazine de 1912, et après consultation dudit testament (conservé au Register of Wills Office du City Hall de Philadelphie File # A-250-1837) on rajoutera juste ici qu'à about thirty five years of age elle était infirm in body but of perfect sound & disposing mind & memory. J’ai aussi retrouvé mon frère qui porte le même nom que mon père: John Henry Steinmetz, il a épousé la fille d’un autre personnage de l’époque suédoise de Saint-Barthélemy: Jean Jacques Vaucrosson, et de sa concubine mulâtresse libre de St Kitts: Jane Wallace, puis s’en est allé pour Trinidad: je lui ai dédié mon premier livre, «Gems of Genius; or, Words of the wise»; et il figure aussi parmi les souscripteurs de mon second ouvrage, "un poème en cinq chants" dénonçant la traite et l’esclavage: «A voice in Ramah; or lament of the poor african, a fettered exile, afar from his fatherland», que j’ai écrit au moment de la première «General Anti-Slavery Convention» qui réunissait à Londres les abolitionnistes anglais et américains, en Juin 1840... en tant que descendant de la race infortunée – n’étais-je pas obligé de consacrer à la cause de l'Afrique, toutes les facultés de mon esprit, tous les bons sentiments de mon cœur?
Le Cadastre – Quartier Pynten (La Pointe) - Gustavia – Lot N° 451.
Ma mère est morte d’apoplexie; et ma nuit d'amertume a commencé, chaque lettre qui m’arrivait était un tiraillement! En me consacrant intensivement à l'étude, et par ma ferveur croissante pour la dévotion, je me suis efforcé d'oublier le sort qui m’étais promis. J'étais à présent un étudiant pauvre vivant sur les fonds du collège, voué à la prêtrise. Le succès dans mes études a calmer les angoisses de l'orgueil dans l'humiliation. La controverse a continué d'être ma matière préférée. Elle m'a coûté "la foi." Je me suis mis à douter. À ma dix-neuvième année, j'avais lu plus que les études requerrait, ou permettait, en littérature classique et générale, en philosophie naturelle et morale, et en théologie: je n'ai jamais perdu un jour dans l'oisiveté de l'esprit, depuis la première fois où je suis allé à l'école: dans ma septième année.
À ce moment, l’espoir naquit en moi, que je pouvais être en mesure, en revenant au monde, de retrouver la prospérité de ma famille. Cet espoir a sonné une trêve dans mes tentations vis à vis de la foi, dont je souhaitais m'échapper par une vie d'action, et je résolu de me démettre des certitudes de la prêtrise afin de réaliser mes rêves. Je suis rentré dans mon île natale mais quatre mois plus tard, j’ai réembarqué pour l'Europe, en passant par l'Amérique, ce qui constituait ma quatrième visite aux États-Unis. La première c’était avec son père lorsque j’avais six ans. J’ai traversé l’Atlantique à onze reprises, dans des directions différentes. Pour mon dernier voyage depuis chez moi, j’ai parcouru le continent pendant quelques mois, accumulant l'expérience, et je suis arrivé à Londres avec l'espoir d'étudier pour le barreau. J’ai été déçu des moyens proposés par la personne bien-intentionnée qui m’avait conseillé cette entreprise. Dans les réflexions amères engendrées par la calamité, l'idée de devenir jésuite s'est présentée à mon esprit et j’ai entrepris ce voyage de l’âme dans le désert de la pensée et des sentiments (1838-1839).
Après avoir quitté le noviciat j’ai été envoyé par un ami en Amérique du Sud, à Demerara en Guyane britannique. Il était prévu que je devienne «planteur», mais une vocation plus sympathique s’est offerte à moi comme "Pharmacien à l'hôpital colonial." J’ai obtenu ce poste, mais j’ai démissionné au bout de quarante jours; écœuré par le climat, l’endroit, et l'état des choses en général. À aucun moment de mes voyages à travers la vie, l'argent ou le confort n’ont contrebalancé dans mon estime, le repos et la satisfaction de l’esprit.
Je suis rentré à Londres où la pauvreté m’a de nouveau ouvert les bras. Je l’ai traité en ami sage: je n’étais pas sans consolation et je ne désespérais pas. Un ange n'est pas descendu me relever, mais un homme est venu spontanément à mon secours: le résultat est le même. Tout au long de ma vie des interventions similaires se sont répétées à l'heure même où j’en avais le plus grand besoin, et ont offert la preuve à mon cœur reconnaissant de l’existence d'une bienveillante Providence. Quelques semaines après cette bénédiction, j’ai été reçu pour un poste scolaire dans la ville de Fakenham, Norfolk. J’ai quitté Londres au mois d'octobre, neuf mois après mon départ du noviciat. Mon accueil a été des plus satisfaisants. En peu de temps, j’ai commencé une carrière dans l'enseignement privé dans lequel je suis encore engagé aujourd’hui, sept années plus tard. Dans cette retraite calme et tranquille, je médite sur l’enseignement des expériences passées. Je suis plutôt heureux de mon sort, je n’implore plus; Mon jardin, la musique et la chanson sont mes loisirs. Un livre, un stylo, mes fleurs méditatives et ma chère pipe, ma femme tricotant dans la cécité à mes côtés, sont mes compagnons les plus doux aux heures de la nuit, Sabbat de mes jours.
Pour le reste je serai très court, par ce que révèle les seuls titres de mes livres. Je devais avoir quelques notions en allemand car j’ai fait une traduction ici publiée en 1839; j’ai été naturalisé anglais en [1851?], je suis entré au «Middle Temple» où, en 1855, j’ai été admis comme avocat; j’ai fait une école de mousqueterie et suis devenu officier instructeur de mousqueterie dans «The Queen’s Own Light Infantry Militia»; j’ai écrit sur le Japon, bien que je n’y suis certainement jamais allé, sur la météorologie, le tabac, les armes, les jeux... je ne vous dirai pas ce que valent mes écrits, voyez les critiques, des bonnes, des mauvaises: This is a disappointed book... This book might as well be entitled “Andrew Steinmetz and His Rhetoric”, mais ils continuent de faire l’objet de nombreuses rééditions, et numérisations.
London, 1842.
Canto II
VI. (p. 42-44)
Now the foaming billows roar
Round about the Slaver’s prore.
Far must speed the fatal ship
To the land of Slavery !
She must brave the angry deep—
Plague and Famine's agony !
Lo ! he comes the Terror-King—
Hunger on the hopeless sea !
Where no mortal hand can bring
Food for gold or sympathy !
The weeping coast is far away —
But further still the land they seek !
Strong were the gales—they now decay —
An air, a breath that mocks the cheek,
Then dies to calm on waves of glass !
And not a truant cloud shall pass
To lend its shade to them that pine
Upon the hot and bitter brine.
They count the days—a score have pass'd :
The ship, as tho' her anchors cast,
Sleeps on the wave, calm-bounden, fast.
Soon three hundred mouths grow dry—
Soon three hundred hungry men—
Gaze up to God's blessed sky—
Pray for food— but pray in vain,
Now the ghastly visage tells
Fiercest woes that man endures—
Foes that mortal arm ne'er quells—
Maladies he never cures !
Hollow cheek and sunken eye—
Burning tongue and livid lip,—
Only slaked in dreaming sleep.
Trembling limbs and beating heart,
Soon't will cease its faculty,
Bid the raving soul depart !
Ha ! the maniac laugh begins !
Rabid with the rage for food,
Burning in the quenchless flame,
Blessed God ! they curse thy name !
Thine, the good man's sweetest sigh
Tho' afflictions round him fly !
In life, in death, to thee he clings
As bird beneath its parent's wings !
Aye ! the brain in agony spins
Waking thirst for Blackman's blood !
“Ope the hatch !” the hatch they ope;
“Bring the reptiles from their hole !”—
From the fetid hold they grope,
Few that could their limbs control !
“To the deep— or die the death !”
Welcome ! welcome ! to the deep !
Fatherland ! receive their breath—
Ah ! their spirits now shall sleep !
Deep in Ocean's gurgling billow,
Christians make the Blackman's pillow !
Limbs unshackled, how they clung
In a moment's fond delight—
As the evening when they sung
Ere that dread disastrous night !
Husband near the wife once more—
Friend with friend and son with mother—
Till the billows eddying o'er,
Pitying, Afric's anguish smother !
Half they drown—but half they spare.
“Hold !” the skipper mocks, “Repair
“To whence ye came ! Bolt on the chain !
“Your kinsmen sleep well in the main.
“Back — foul remnants ! ye must live
“Recompense for life to give!”
God beholds the deed on high—
Guardian Angels shuddering weep—
Still no lightnings rend the sky,
Whirlpools rise not from the deep !
«Asia, Europe, America, Africa, the West Indies, successively furnish the scene, or place; Ambition and Avarice the action; and the time is from the Creation of Man to his present degradation in the United States of America; for, when we speak of the moral effects of slavery, colour is out of the question—Slavery is general in its effects, disastrous to the master, disastrous to the slave.» A.S.
J’ai parait-il fini aveugle... pour avoir trop fumé de tabac! Andrew Steinmetz,... , himself a desperate smoker, ... But one fact will be better than any amount of speculation; that fact is that Andrew Steinmetz died in a miserable condition in University College Hospital.
Andrew Steinmetz,
born in St. Bartholomew, West Indies 1816.
Died University College Hospital, London, 10 avril 1877.
Studied medicine & was naturalized in England [1851 ?]
Admitted to Middle Temple 1855.
Blind in the latter part of his life – an affliction said to have been brought on by excessive smoking!
Author of “Novitiate, or a year among English Jesuits, a personal narrative” 1846,
“History of the Jesuits” 1848,
and a dozen other works.
And of “the Smoking Guide, Philosopher and Friend, first published anonymously in 1864 [1854?]
Alors peut-être qu’un beau jour on m’apposera une petite plaque sur le "Wall House"... ou plutôt, sur le "Steinmetz House"?
«ici grandit Andrew Steinmetz,
écrivain illuminé; sa pipe est toujours allumée.»
Mais par dessus tout: faîtes-moi une petite place sur une étagère au premier étage, dans votre Bibliothèque territoriale... vous savez? tout en haut, dans ma chambre... Ma nourrice était une africaine; elle s'asseyait auprès de mon lit le soir, et elle me racontait les choses qu'elle avait vu dans sa jeunesse. Dès tout petit j’ai été sensible aux douleurs de l'Afrique. Combien peut être injuste le reproche d'un manque d'affection chez ces misérables! Lorsque plus tard je suis retourné dans l'île, la brave dame était faible et âgée, elle me dit, les larmes aux yeux: «Maintenant, je vais pouvoir mourir heureuse, car je t’ai vu encore une fois», et puis elle est allée jusqu’à son lit, en est revenue avec dans la main un vieux vêtement que je portais quand j’étais petit, et elle m’a dit: «tu vois, je l’ai toujours gardé sous mon oreiller, et quand je mourrai, il doit être placé sous ma tête, dans mon cercueil».
Je m’appelais Andrew Steinmetz, l’Africain...
L’amiRAL du C.L.A.S.H. île de Nantes.
13 août 2009.