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HOMENAJE à Edouard Glissant |
Depuis les berges improbables du Cocibolca, où étais attendu
Les eaux des lacs prospères là-bas pleurent ton départ, Edouard
Les grondements du volcan Monbacho, que déjà tu entends
Sont les arpèges du glas élevé des cimes pour saluer ton envol
Paroles de Sioux dans l’encensoir de la peine
Nous voulons te dire notre chagrin, amant vorace des idées devancières
Ondes rhizomes projetées d’héritiers sans pères
Antillanité
Créolisation
Poeta que fue y ya no es
Le temps se pare de blanc
Du blanc qui endeuille les travées orphelines de Tombouctou
De Granada à Bâton-Rouge
Du grand nord d’Amérique à la pointe confuse de la Terre de feu
Depuis les déserts convulsés de l’Arizona, à nos portes si familières
Des mondes conquis, en mondes soumis aux errances capricieuses
Un arc dans le ciel s’est fané ce matin aux bornes des savanes ivres
Je prends la langue de mon sol composite et tu m’entends dans la tienne
Te donner place à la table des silences
Graver l’empreinte de tes pas dans le sable fin de mon île
Ba lang travay et tout dire du monde neuf à bâtir
Faire un tout de ces petits riens qui sont nous
Mariage osé de nos différences, pour donner
Au monde des accords dont la tablature est créole
Concepteur de concepts maintes fois lacérés
Bâtisseur d’utopies qui épousent les rêves diurnes
Je demande aux livres demeurés ouverts de marquer la page de ce jour
Je demande aux quatre quarts du monde un big put your hands together
Pour toi, trop aîné pour être un frère
Partenaire de luttes complices dans la ruse des ravines traversières
Je te salue comme un phare dont les fanaux encore tièdes
Embrasent mon souvenir chaviré
Nous n’aurons pas de larmes qui retournent les corps
Car le poète ne disparaît pas en mourant
Sa parole se laisse prendre dans les lassos souples des vents fécondants
Et alors, sa voix devient parole…
Rivière-Sens. Gourbeyre, le 3 février 2011-02-03
Max Rippon