Daniel, arrivé depuis peu en Guadeloupe, se lie d'amitié avec Armel. Les deux jeunes garçons se demandent ce que peu bien signifier l'expression «nègres marrons» et s'interrogent sur la finalité du Code Noir. Leurs recherches et le témoignage d'une ancêtre leur permettent de mieux comprendre cette période trouble de l'histoire de France. La seconde partie de l'ouvrage donne au jeune lecteur les clés pour aborder l'esclavage et se termine par la loi du 21 mai 2001 qui reconnaît la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité.

     

Extraits

«La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent»
(Montesquieu, l'Esprit des lois, XI, III [1748] )

Armel et Daniel

Daniel a treize ans. Il est arrivé de France aux Antilles il y a quelques mois. Ses parents sont des Français de l'Hexagone, ceux qu'aux Antilles on appelle des «métropolitains». Au collège, il s'est lié d'amitié avec Armel, un Français des Antilles. Daniel ne sait rien de l'histoire de ces îles. Armel n'en sait guère plus. Les deux amis se retrouvent à la sortie de l'école.

— Dis, Armel, la dernière fois tu m'as expliqué pour-quoi vous nous appeliez «métropolitains». Aujourd'hui j'aimerais que tu me dises ce qu'est un «Nègre marron». C'est pour la couleur de la peau, qu'on les dit «marrons»?

– Non, non pas du tout, c'étaient, je crois, des esclaves rebelles qui s'enfuyaient des plantations. Ils vivaient dans la forêt en se cachant pour ne pas se faire reprendre. Il y avait un règlement officiel, le Code Noir, qui disait que s'ils se faisaient attraper, la première fois on leur coupait une oreille, la deuxième fois un pied, la troisième fois ils étaient mis à mort. Mais je n'en sais pas plus.

– Le Code Noir tu dis? Je n'en ai jamais entendu parler. Tu ne peux vraiment pas m'en dire plus?

– Non, pas vraiment, mais tu sais, je te propose que nous fassions des recherches, toi sur le Code Noir, moi sur les Nègres marrons. Regarde sur Internet, quant à moi, je demanderai à ma mère, et si nous n'avons pas les réponses, nous irons à la bibliothèque de l'école, ou encore mieux aux Archives départementales. D'accord? À demain!

– C'est d'accord. Mais, dis-moi, le prof d'histoire devrait nous en parler; pourquoi ne le fait-il pas?

– Je suppose que ce n'est pas au programme. Tu l'as remarqué, les programmes sont les mêmes ici qu'en France métropolitaine; donc nous n'en savons pas...

Qui est Toussaint Louverture? (Extrait de la deuxième partie)

Toussaint Louverture (1743, 1803) est né à Saint-Domingue. Esclave, il réussit à apprendre à lire et à écrire. En 1776, il devient libre et loue une ferme de café. En 1791, suite aux répercussions de la Révolution française, les esclaves se révoltent à Saint-Domingue.

Toussaint Louverture se rallie à la rébellion et occupe une place déterminante remportant quelques victoires lui permettant de se placer en leader noir de la contestation, promettant liberté des esclaves noirs et vengeance. En 1794, la Convention abolit l'esclavage. Cependant, l'action de Toussaint Louverture ne s'achève pas puisqu'il lutte sans relâche pour la libération de l'île et résiste contre les espagnols et les anglais qu'il chasse définitivement en 1798. Il conquiert la partie espagnole de l'île en 1801.

Peu à peu, le prestige de Louverture grandit. Chef militaire, il étend ses compétences à tous les niveaux. En 1802 lors d'une expédition, décidée par Bonaparte, Toussaint Louverture est capturé et envoyé en France. Enfermé dans le Jura, il meurt peu après en 1803 sans avoir pu voir achevée son œuvre d'unification de l'île et d'indépendance de Saint-Domingue qui aura lieu en 1804.

     

Code Noir : Texte intégral.