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Le Jardin créole - Août 2022

Madère
Colocasia esculenta

Hector Poullet

Photos Francesca Palli

Colocasia esculenta

En Guadeloupe on appelle madère ce taro que partout ailleurs on désigne par des noms bien différents. En Martinique dachine, dasheen dans les iles anglophones, ou encore coco yanm. C’est probablement qu’il nous est arrivé de l’ile de Madère, après un long voyage qui l’y avait conduit au cours des siècles depuis la Malaisie.

Il semble que les hommes consommaient déjà cette «racine» il y a 25 000 ans entre l’Australie et l’Asie du Sud Est.  Du temps du navigateur Cook, les Kanaks de Nouvelle Guinée la cultivaient en terrasses irriguées et cela depuis plus de 8 000 ans. En Guadeloupe on peut voir dans certaines mangroves palustres des tarodières où sa culture est faite en association avec un arbre légumineuse, le manglier médaille, Pterocarpus officinale, qui lui apporte l’azote nécessaire à sa croissance, sous forme de nitrate. Ainsi sa culture se fait sans addition d’engrais et donc sans action négative sur ces zones protégées.

Outre cette variété de madère de marais, de couleur plutôt gris-violacé et plus pâteux, il existe une variété de madère de montagne qui a moins besoin d’eau, plus farineux et de couleur plus claire. Chacune de ces variétés a ses amateurs.

Il faut dire que notre madère est un aliment dont les qualités diététiques sont indéniables, ce qui en fait une base alimentaire pour les jeunes enfants comme pour les vieillards. Vendu dans le commerce sous sa forme naturelle de racine, on peut également le trouver prêt à la cuisson en emballage sous vide.

Le poï est un dérivé fermenté, industrialisé, de ce taro.

Un proverbe créole dit: «Do an-mwen sé on fèy a madè» (mon dos est une feuille de madère) pour signifier son indifférence au qu’en dira-t-on. En effet les feuilles de madère ne sont pas «mouillables», les gouttes roulent et glissent dessus pour aller directement nourrir les racines.

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Sur Potomitan

Les «racines», plantes à tubercules comestibles

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 Viré monté