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Calendrier des métiers en voie de disparition Brice, une des dernières héritières Brice et Hector dialoguent. Photo Francesca Palli. |
Les Kalinas, comme chacun sait, se protégeaient du soleil et des piqures de moustiques en se frottant tout le corps avec du roucou dont les graines avaient macéré dans de l’huile. Mais quelle huile? Puisque ni le ricin ni la noix de coco n’étaient encore connus dans nos régions à cette époque. Peut-être de l’huile extraite de l’arbre carapa, bois rouge, puisque le mot est d’origine amérindienne et qu’ils vont justement appeler le ricin, introduit très tôt dans la flore des iles, karapat.
Vous savez comment on fait l’huile de karapat à partir des graines de ricin? Brice, qui n’est plus toute jeune, sait très bien le faire. C’est sa mère qui le lui a appris. Mais qui donc l’avait appris à sa mère? Sa grand-mère?
Quoiqu’il en soit, il ne serait pas étonnant que cette technique remonte aux Kalinas car, comme on le sait pour le manioc, ces derniers étaient experts dans l’art d’extraire, à partir de plantes toxiques et vénéneuses, des produits de consommation courante. En effet les graines de ricin contiennent de la ricine et si l’on ne respecte pas scrupuleusement la procèdure d’extraction on risque d’en retrouver dans l’huile.
C’est de la ricine qu’on a injectée, à l’aide d’un parapluie, à l’espion bulgare Georgi Markov pour le supprimer à Londres en 1978, et la rumeur publique prétend que c’est également par ce même procédé qu’aurait été assassiné Amédée Fengarol en 1951 en le piquant à la jambe alors même qu’il haranguait la foule le jour de sa victoire aux élections municipales de Pointe-à-Pitre. Allez savoir?
Brice, elle, sait comment griller les graines, pas trop pour que l’huile sorte assez claire, les piler pour en faire une pâte, faire bouillir la pâte avec de l’eau de pluie afin de recueillir à la petite cuillère, l’huile surnageant, alors que les tourteaux, le dépôt, tombent au fond du récipient. Ce sont ces tourteaux qui contiennent le poison, la ricine.
Brice apprend à ses petites filles à faire l’huile de karapat, mais pourquoi faire puisque presque plus personne ne s’en sert, et que l’huile de ricin, vendue en pharmacie, plus pure, coûte bien moins chère!
L’huile de karapat est pourtant toujours un excellent cosmétique, elle ferait pousser des cheveux sur n’importe quelle tête fada (chauve). Allez savoir? En tout cas cette huile fortifie les bulbes des cheveux, fait du bien à la peau, soulage des douleurs de l’arthrose. A condition d’avoir de la vraie huile de karapat et pas de ces huiles frelatées par l’addition d’huiles minérales, c’est-à-dire d’huiles tirées du cracking (huile de moteur de voiture) des produits pétroliers.
Merci Brice!
Brice en train de griller les graines de ricin. Photo Geneviève Poullet.
Pour plus d'information
Ricinus communis - Euphorbiaceæ - Karapat, ricin, risen, fey grenn (Photos)