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La Caraïbe et moi

Trois jours à Saba

Hector Poullet

Saba, Saint-Martin, Saint Eustache, dites les trois S, trois iles du nord de l’archipel Caraïbe, sont d’anciennes colonies néerlandaises.

Nous sommes arrivés à Saba via Saint Martin, par avion. Les pilotes qui ont le permis d’atterrissage à Saba sont des spécialistes. L’ile est un cône volcanique de 13 kilomètres carrés, au milieu de la mer caraïbe. Le petit coucou, avec une dizaine de passagers à bord, arrive face à une montagne. Nous avons l’impression qu’il va percuter ce mur, puis brusquement il décroche, penche du côté de l’aile droite, descend très rapidement vers une minuscule piste, plutôt un quai de béton de 400 mètres comme posé sur l’eau, il atterrit face au vent pour s’arrêter en bout de piste. Ouf!

Un petit aéroport sur une petite ile bien tranquille loin du bruit et des rumeurs. Un taxi. La route monte sans cesse, la voiture passe rarement la troisième vitesse, il nous dépose au gite, un éco-lodge en pleine nature. L’accueil est chaleureux. La végétation tropicale de ce côté de l’ile rappelle celle de notre côte sous-le-vent: de grands arbustes plus que des arbres. Pas de champs, ni de plantations. Ceux qui tiennent le lodge ont leur propre jardin de légumes qui alimente la table d’hôte, repas frugal. Le jardinier est d’Aruba. On échange en Anglais.

Le lendemain nous sommes descendus, à pied, en ville, the Botton, le fond, par un sentier, un interminable escalier. Sur cette ile, impossible de faire un pas à l’horizontal, on monte ou on descend. Déjà sur ce sentier nous découvrons ce qui fait l’originalité de Saba, les «Saban cottages». De ravissantes maisons en bois toutes blanches au toit rouge avec de nombreuses fenêtres à petits carreaux et des volets peints couleur vert foncé ou marron: une architecture très particulière. Le tout dégage une atmosphère de calme paisible, d’une grande sérénité. Tout autour de chacun de ces cottages, un jardin de légumes bien entretenu ainsi que des arbres fruitiers. La plupart de ces habitations date de la fin du 19 siècle ou du début du 20ème. Leurs propriétaires étaient des capitaines au long cours, qui les faisaient construire, y laissaient femmes et enfants pour revenir au bout d’un an, parfois plus, y passer quelques mois et repartir. Un art de vivre.

Des maisons avec une architecture néerlandaise classique.
Photo de Richie Diesterheft from Chicago, IL, USA. License Creative Commons.

La ville, quelques rues que nous avons parcourues en nous extasiant devant chaque maison plus belle les unes que les autres. Peu de monde, quelques touristes comme nous déambulent. Une Université américaine y a ses premières années de médecine. Ici, les étudiants ne risquent pas de se laisser distraire de leurs études. En effet, les distractions sont rares, mis à part la randonnée et la plongée sous-marine. Saba possède les plus beaux fonds marins de la Caraïbe.

Quand il nous a fallu revenir au gite, nous avons compté les marches, je ne me souviens plus du nombre, mais ce qui est certain c’est que les Sabéens doivent avoir de bonnes jambes.

Le soir, après le souper, nous avons quitté la salle à manger pour rejoindre les chambres, encore une bonne centaine de marches à monter. Extinction des feux, une nuit étoilée, sommeil profond bien mérité, dans le silence et la paix des premiers temps.

Mount Scenery. Photo de Richie Diesterheft.
Creative Commons

Le lendemain inutile de penser aller à la plage, il n’en existe aucune, tout autour de l’ile on ne trouve que des falaises. Reste les randonnées, nous optons pour le Mont Scenery, le point le plus élevé de l’ile, mais également de tous les Pays-Bas, 887m et des milliers de marches à monter au milieu d’une forêt tropicale humide, si humide que des gouttelettes d’eau tombent des «spanish moss», des mousses qui donnent l’impression que les arbres, beaucoup de fougères arboressantes,  sont barbus. Au milieu de ce brouillard, de l’air saturé d’eau, une atmosphère fantomatique. Nous avons froid. Arrivés au sommet, comme si nous étions au-dessus d’un nuage, tout autour, la mer à perte de vue et une vue panoramique de Saba.

Le jour suivant, encore deux randonnées, sur le chemin toujours ces beaux cottages tous différents, tous respirant la sérénité. Nous avons fait la visite de St John et de Hell’s Gate, des portes d’enfer qui n’ont rien d’infernal, de Windwardside, la côte au vent, toujours sur des sentiers qui montent ou qui descendent, toujours la mer pour horizon, un ciel bleu, un soleil éclatant, et nichés dans la verdure des maisons qui toutes ont une histoire particulière.

Le lendemain nous sommes repartis, avec le sentiment d’avoir vécu une parenthèse, hors du temps, un séjour sur l’ile de la Reine Immaculée, The Unspoiled Queen.

Saba

Source NASA.

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 Viré monté