Personnellement, je ne suis pas un littéraire. Mon fonctionnement est simplement basé sur une certaine forme de logique. Ma formation en tant qu'enseignant, avant d'arriver à la retraite, a été de faire acquérir le savoir à ma portée, puis de l'utiliser pour conduire à la démarche du savoir-faire pour satisfaire des besoins. J'ai surtout pensé aux besoins locaux.

Notre société, parlant de la Martinique que je considère comme étant notre centre de référence dans le monde, a besoin de s'épanouir et cherche à s'émanciper.

Pour parler de Césaire, notre compatriote, je dirai qu'il un homme phare qui tourne dans un rond-point. "Ou wè-i, ou pa wè-i..."
Comme vous le savez, un rond-point est un carrefour qui permet de choisir en toute quiétude parmi des voies arrivant et sortant de et vers plusieurs directions. Dans cette intersection, il faut tourner afin de prendre une direction présélectionnée déjà. On peut y faire un quart de tour, un demi-tour, un tour complet, plusieurs tours et enfin sortir et continuer de rouler jusqu'à l'endroit où l'on veut arriver.

Attention! A force de tourner on peut provoquer des embouteillages... Est-ce que ce n'est pas le cas pour nous en ce moment ? Ce qui conduirait à la sclérose de la société.

Césaire est un phare, vous ai-je dit; mais aussi un repère et une référence dans ce genre de rond-point. Il part de l'Afrique, il arrive dans la colonie Martinique, il traverse toutes les étapes du colonialisme dont il subit de nombreuses épreuves, mais aussi dont il est spectateur et guide. Il s'en souvient, il écrit, il projette aussi... La batterie du phare est chargée d'énergie dont il se sert.
Il écrit des panneaux et éclaire les sorties indiquées, il tourne lui-même, mais n'arrive pas à sortir. C'est sa condition qui veut qu'il reste là. Beaucoup d'aménagement ont été fait dans ce rond-point, beaucoup de peuples et de pays ont utilisé ce carrefour pour sortir et se libérer du système colonial et s'épanouir. Césaire est la référence qui a montré les voies libératrices. Il continue d'éclairer. Nous sommes tous en train de tourner dans le carrefour autour de Césaire et avec lui. Nous voyons les sorties, mais nous ne les prenons pas...

Césaire, le poète et le littéraire, a beaucoup écrit. Nous ne l'avons pas lu. C'est vrai, quand on est au pied du phare, on reste plutôt peu éclairé. Césaire - le politicien, le témoin co-signataire de la départementalisation et pendant plus de cinquante ans maire de Fort-de-France - a vu arriver les Martiniquais/ses qui laissaient les champs de cannes des békés pour de nombreuses raisons; il les a accueillis/ies. Fort-de-France, c'est tous les enfants de la Martinique. Elle s'est épanouie, elle est devenue florissante. Je le répète : Nous sommes dans le carrefour, nous voyons et lisons les panneaux sans nous engager dans l'une des voies. La population n'est pas encore définitivement émancipée. C'est si vrai que, moi-même, je revois et relis les mêmes panneaux.

Césaire, accompagné de son fidèle ami ALIKER, vient d'être couronné de ses quatre-vingt dix ans. Il éclaire toujours. Nous lui sommes reconnaissants et nous lui rendons l'hommage particulier qui lui est dû.

Il ne faut pas rester là. Il y a de la route à faire. Il nous éclairera jusqu'au terminus et au-delà encore...

Léandre Litampha

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