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Fromager sous la pluie. Photo F.Palli |
Nous y voilà! Le temps, cet grand ennemi du vivant, décharnant, déboyautant, aspirant tous les sucs de vie, marche à grand ballant et à pas ronds, il avance sans jamais sourciller ou reculer, nous laissant à nos fatuités et à nos pensées discrépantes.
Il est le grand impitoyable.
Fatum, Fatalis, Fortuna…
C ‘est l’hivernage la saison des pluies, le ciel se charge de nuages en prévision de l’avalasse.
La mer brutale, d’un bleu marine vire au bleu roy, a la vague qui se hausse.
Menaçante, les flots à la bave écumante grossissent, ils forcissent comme s’ils s’engraissaient.
L’air est troublé, il respire tour à tour la terre ou la mer, le vent souffle, il ne s’apaisait.
La pluie s’invite au serein, les alizés attiédissent l’air, il fait presque froid.
Rien ne craint pour l’heure, l’ouragan est en chemin.
Et le poète prosait sur les panicules des fleurs du manguier, mais depuis la saison des mangues est passée et le poète s’en est allé dans un grand vin.
Nous sommes en dérade, dans l’attente du cyclone, cette dévastation qui nous fit pousser.
Nous sommes des êtres expectants, des êtres sortant comme des tigettes de la feuille d'acanthe, des hommes habités d’un perpétuel renoncement, d’un continuel recommencement.
Les rivières sont endiguées, mais débordent, des mornes l’eau ruisselle.
Les traces latéritiques comme des raidillons coupent l’élan, des chemins sales.
Nous nous retrouvons dans l’enfance, faisons corps comme pour nous réchauffer.
Les contes, les comptines meublent le temps des après-midi mouillés.
Le vent s'entête, l'ouragan nous guette.
Notre mère nous regarde...
Evariste Zephyrin