Sous les pierres rigoureuses de la mort : un haïtien, Pierre Vernet crépusculairement enfoui avec ses étudiants en plein cours – celui qu’il dispensait entre les murs modestes de l’Université avec sa générosité habituelle.

J’avais toujours, à l’heure des retrouvailles avec cet ami de la première heure, constructeur d’autels dédiés à la parole créole, le sentiment de l’amitié calme, faite d’échanges fructueux en nous demandant ce que nous pouvions faire pour que nos pays et nos peuples soient plus proches.

Sa présence confidente me manquera. Le port léger de ses lunettes, ses yeux pétillant de la curiosité du chercheur, l’empreinte laissée de son sourire et sa parole toujours fraternelle se font substantielles en ma mémoire, et aucune catastrophe ne pourra ensevelir cela.

Il y a plusieurs manières pour un peuple de protéger sa souveraineté. L’une d’elle est de donner naissance à de tels fils, ceux qui ne manquent jamais à leurs promesses.

Pierre, j’en suis sûr, repose dans un jardin de clartés.

Voilà pourquoi nous continuerons à chanter pour lui cette fraternité caribéenne.

 Viré monté