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Communiqué de presse du 31/01/2009 Propos inacceptables
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Patrick Karam, délégué interministériel pour l’Égalité des chances des Français d’outre-mer, s’insurge contre les propos tenus par Alain Huyghues-Despointes, PDG du groupe éponyme et l’un des principaux chefs d’entreprises d’outre-mer, dans le cadre du reportage diffusé le 30 janvier 2009 dans le magazine «Spécial Investigation» sur Canal +.
Ce dernier a en effet déclaré:
«Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous (ndlr: les Békés), on a voulu préserver la race.» «Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l’esclavage et c’est regrettable» a-t-il ajouté.
Au moment où le consensus national est fragilisé, on ne peut accepter que quiconque puisse penser et encore moins tenir de tels propos. Ces déclarations – même isolées - jettent de l’huile sur le feu dans un climat social déjà tendu.
La seule idée de préservation «de la race» nous ramène aux heures les plus sombres de l’Histoire de l’Humanité.
Le délégué tient à rappeler que les départements d’outre-mer, où est implanté le groupe Alain Huyghues-Despointes, sont largement métissés, ce qui constitue une de leurs principales richesses.
Par conséquent, Patrick Karam, lui-même particulièrement fier de ses enfants métissés, demande à Alain Huyghues-Despointes de s’excuser publiquement dans les plus brefs délais.
Contact:
Jordan Lolo-Paolini
Email
Le reportage diffusé le 30 janvier 2009 dans le magazine «Spécial
Investigation»
sur Canal + est disponible ici.
Un couple d'hottentotes et un cafre, dessin de Georg Franz Müller (1646-1723), manuscrit Cd.1311 conservé à la bibliothèques du monastère de Saint Gall (Suisse). |
A Monsieur le Procureur Près le Tribunal de Grande Instance de Fort-De-France
Monsieur
Ayant pour avocat la SELARL GERMANY CONSEIL & DEFENSE, du Barreau de Fort-De-France, représentée par Maître Georges-Emmanuel GERMANY - Tél 05 96 53 59 49
a l'honneur de vous exposer QUE:
Le vendredi 6 février 2009 à 21h56 a été diffusée sur la chaîne cryptée de télévision Canal + Antilles un reportage d'investigation intitulé «les derniers maîtres de la Martinique».
Au cours de cette émission des propos racistes et révisionnistes ont été tenus notamment par Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES.
«Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES: Les historiens exagèrent un petit peu les problèmes. Ils parlent surtout des mauvais côtés de l'esclavage, mais il y a eu des bons côtés aussi. C'est où je ne suis pas d'accord avec eux.
Le journaliste : c'est quoi les bons côtés de l'esclavage?
Réponse de Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES: Il y a des colons qui étaient très humains, (allez!), avec leurs esclaves, qui les ont affranchi, qui leur donnaient des possibilités d'avoir un métier, des choses,…»
Le fait de prétendre qu'il y a eu des bons côtés à l'esclavage, malgré la reconnaissance par la Loi dite TAUBIRA de la Traite et l'Esclavage comme crime contre l'humanité, constitue un outrage à la mémoire, le jour même de la mort de Joseph N'DIAYE, conservateur du musée de Gorée au Sénégal, le délit d'apologie de crime contre l'humanité prévu et réprimé par l'article 24 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1881. C'est un choc violent porté à la mémoire.
Il n'est pas contestable que l'esclavage aux Antilles concerne l'esclavage des hommes de couleur, ce qui donne à ces propos un caractère raciste visant un groupe humain identifiable.
Toujours au cours de cette émission un certain Monsieur HAYOT, parent de Monsieur Bernard HAYOT, interrogé par un journaliste de l'ORTF en 1960, a déclaré:
«Le journaliste de l'ORTF: c'est facile à mener des ouvriers noirs?
Réponse de Monsieur HAYOT: Oui. Le noir c'est comme un enfant, il faut être juste, on en obtient ce qu'on veut.
Le journaliste de l'ORTF: Vous êtes un béké, qu'est-ce qu'un béké?
Réponse de Monsieur HAYOT: C'est ce qu'il y a de mieux. Les békés c'est le…ce sont les descendants des blancs européens qui se sont reproduits en race pure dans les colonies.»
Par la suite Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES va déclarer:
«Quand je vois des familles métissées, enfin blancs et noirs, les enfants sortent de couleurs différentes, il n'y pas d'harmonie. Il y en a qui sortent avec des cheveux comme moi, il y a d'autres qui sortent avec des cheveux crépus, dans la même famille avec des couleurs de peau différente, moi je ne trouve pas ça bien. On a voulu préserver la race.»
Ces propos racistes prolongent les propos de Monsieur HAYOT. Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES, par ces déclarations, légitime l'eugénisme, condamne le mélange des races, blessent profondément les familles métissées. Monsieur Alain HUYGUES-DESPOINTES se présente en représentant d'un groupe ethnique sans doute en raison de son importance économique au sein de ce groupe et explique en utilisant le terme «on» que ce groupe a collectivement voulu préserver la pureté de la race et partage ses opinions.
Cette opposition entre les descendants de colon et le reste de la population de couleur descendante d'esclave dont on a insulté la mémoire en trouvant des bons côtés à l'esclavage, constitue une incitation et une provocation à la haine raciale, faits prévus et réprimés par l'article 24 alinéa 6 de la loi du 29 juillet 1881.
Le plaignant porte plainte pour les faits précités et sollicite d'être informé des suites de la présente plainte afin de pouvoir se constituer partie civile avec élection de domicile au cabinet de son Conseil.
Fait le 7 février 2009 à Fort-De-France
Déposons plainte contre les propos raciste de Despointe
Nous sommes pour l'heure un petit groupe de Martiniquais choqués (déjà + de 10) à avoir déposé une plainte chez maître Germany contre Mr Despointe pour ses propos qui au sens du droit constituent une Apologie de crime contre l'humanité (voir le document). D'autre part ses mots et accents stigmatisant les races constituent une incitation à la haine raciale en ce sens que dans notre contexte historique, le principe de race pure dont il fait l'éloge choque particulièrement nos enfants qui se trouvent donc de par leurs différentes peaux allant du café au lait au noir, désignés comme des non personnes impures. Si nous observons en outre qu'à n'importe quel moment, ces blessures volontairement faites par le discoureur risquent de pousser la population martiniquaise issue du crime, à réagir par la violence, nous ne pouvons continuer à nous plaindre en commentaires aussi avisés qu'ils soient. Il y a une délinquance légalement répréhensible.
C'est cela que nous demandons aux juges de trancher.
Et par là même nous souhaitons faire taire tous les nombreux accents racistes qui fleurissent dans notre société, visent-ils les blancs, les noirs ou les rouges...
Je vous transmet la copie de la plainte déposée samedi par une dizaine de personnes. Il ne s'agit pas d'une affaire raciale. Nous ne voulons parler que de droit. Ce canal légal fait de nous des êtres natures, hors toute émotions et gesticulations légitimes, que nous soyons békés ou sang mêlé.
La démarche ne coûte pas un sou. La saisine est réglée pour l'heure par maître Germany. Dans quelques jours et selon le volume des plaintes, un collectif d'Avocats sera constitué.
La procédure est simple.
- Remplir l'entête du document joint. Nom, prenom, date de naissance, adresse.
- Signer et joindre une photocopie pièce d'identité.
- Déposer au cabinet de Maître Germany (boite au lettres si vous voulez) - Face à l'ex cinéma Pax angle rue l'abbé cornu et Victor Sévère (Fort-de-France).
Si par Poste, voir l'adresse exacte sur vos bottins habituels.
Alexandre Cadet-Petit
Communiqué de Marie-Reine de Jaham
L’écrivain Marie-Reine de Jaham, présidente du Cercle Méditerranée Caraïbe, Chevalier des Arts et des Lettres, avait été interviewée en août dernier par l’auteur du reportage sur Canal Plus «Les derniers maîtres de la Martinique» Sur l’avis de son conseiller, Me Yvon Thiant, président de la FADOM, Marie-Reine de Jaham tient à exprimer publiquement son indignation devant ce film aussi révoltant que mal documenté.
Lettre adressée à Romain Bolzinger
La Présidente : Marie-Reine de Jaham Nice, le 12 février 2009
M. Romain BOLZINGER
Monsieur,
Il existe un point commun entre le journaliste, l’écrivain et le magistrat : la poursuite du Vrai- qu’on appelle cela objectivité, authenticité ou simplement justice; le travail humble et sérieux pour cerner au plus près une vérité toujours complexe.
Au nom de cette fraternité spirituelle, je vous ai accueilli l’été dernier à Nice où vous souhaitiez m’interviewer sur les «békés», sujet délicat entre tous. Vous vouliez, disiez-vous, tracer un portrait objectif de ce petit groupe au lourd passé. Et il y avait tant à dire…
Qui sont exactement les békés? Qui sont leurs hommes et leurs femmes, leurs penseurs, leurs artistes, leurs entrepreneurs, leurs honnêtes gens déterminés à résoudre les problèmes au lieu de les envenimer? Quels rapports entretiennent-il avec les autres occupants de l’île? Quelle vision ont-ils de l’avenir? Et les jeunes? Comment réagissent-ils dans un monde en mutation? Qu’est-ce qui est en train de changer chez les békés?
Ma surprise et mon indignation sont grandes en découvrant votre film documentaire tendancieusement intitulé «Les derniers maîtres de la Martinique». Non seulement vous n’apportez pas les éclairages annoncés, mais surtout, vous faites preuve du plus grand mépris pour l’équité, qui vous commandait de donner la parole à l’ensemble des forces afin que chacun puisse faire son opinion.
Au lieu de peindre le groupe béké dans sa diversité, vous focalisez sur une infime minorité, dont vous montez en épingle les pires travers, dans le but évident de faire de vos «Békés» de vieilles crapules cyniques et racistes, passant sous silence les honnêtes gens qui oeuvrent patiemment pour la justice, pour le partage et pour la paix.
Vos «Noirs» ne sont pas mieux lotis. Ces dockers furieux peu différents en somme de ceux de Marseille, ces consommatrices épuisées et soucieuses, comme leurs soeurs de métropole, les croyez-vous suffisamment représentatifs du tissu social de l’île?
Non, Monsieur. Votre film n’exprime pas la réalité béké, pas plus qu’il ne reflète la société créole plurielle que je connais et que j’ai chaque année le bonheur de mettre en scène au long du Festival Créole que j’ai créé sur la Côte d’Azur.
Vous n’avez pas servi la vérité. Vous l’avez manipulée. Pourquoi? Surtout, pourquoi maintenant? Que ce soit par naïveté ou par calcul, vous portez une lourde responsabilité.
Marie-Reine de Jaham
Ecrivain