Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan
Mondes multiples, chiralité: langues, langages
et systémique dans la poésie seychelloise contemporaine1

«Lire le texte, c’est prêter l’oreille à la «génératrice»
de chaque élément qui compose la structure présente»2

KÁROLY SÁNDOR PALLAI

(Université de Budapest – ELTE)

Article paru dans BÁRDOSI, Vilmos (éd.), Tanulmányok: Nyelvtudományi Doktori Iskola (Asteriskos 1.), Budapest, ELTE BTK, p. 253-266.

1. Préliminaires, cadre théorique

Dans le présent article, je me propose d’étudier l’œuvre de la poétesse seychelloise Magie Faure-Vidot par une lecture filtrée à travers l’approche linguistique, ainsi qu’en ayant recours à des notions de la physique quantique, de la chimie et de la philosophie qui contribuent à établir un cadre notionnel flexible, apte à conserver l’ouverture de l’analyse des identités plurielles. Mon objectif consiste à établir les bases d’une analyse linguistique comparative (créole seychellois-français) et d’une étude de l’œuvre examiné en tant qu’expression par excellence d’une voix archipélique et d’un imaginaire pluridimensionnel. Je m’intéresse également à situer la littérature seychelloise dans le contexte indianocéanien, aussi bien qu’à expliciter les dimensions géo-épistémiques et culturelles du choix (poétique) de la langue créole.

La République des Seychelles (Repiblik Sesel), un archipel de 115 îles, est un état trilingue de l’océan Indien: l’anglais, le français et le créole seychellois (seselwa) remplissent de différentes fonctions, dans des contextes différents (au niveau de l’usage institutionnel, ainsi qu’à celui des pratiques individuelles). Cette situation de plurilinguisme représente une matrice multiforme, dans laquelle se situe chaque œuvre littéraire ou autre3. Toute réalisation langagière, même si elle est objectivée en une seule langue, peut être conçue comme un point de cristallisation des intersections et interarticulations d’un domaine pluriel de plusieurs langues (co)présentes4.

Les Seychelles représentent un espace d’une typologie intrinsèquement plurielle, caractérisé par des fluctuations entre les intersubjectivités structurées par les langues et les langages. Pour modeler l’espace littéraire (et épistémique) des Seychelles, on peut avoir recours à la notion de l’espace des phases, qui est un espace abstrait5 dont chaque point représente les coordonnées, les variables, les micro-états possibles d’un système6. Dans ce paradigme, la scène littéraire et linguistique seychelloises peuvent se définir comme des macro-états, auxquels correspondent une multitude de micro-états représentés par des œuvres littéraires et par des situations d’expression langagière diverses. Sous cette même optique, l’analyse peut être poursuivie à plusieurs échelles: (a) sur le plan macro-structurel linguistique, les langues parlées aux Seychelles peuvent s’intégrer dans un contexte géo-linguistique régional ou mondial, (b) sur le plan micro-littéraire, une œuvre littéraire (roman, anthologie, recueil), qui représente une variable de l’espace des phases, peut se décomposer en sous-domaines structurels (chapitres, poèmes), qui à leur tour se subdivisent. Les œuvres constituent ainsi des objets fractals7, des entités qui, à des échelles différentes, présentent des détails similaires (qui relèvent des structurations itérées, semblables).

La matrice poétique8 seychelloise est un espace stochastique9 de probabilités et de possibilités, où s’opèrent une interarticulation et un échange linguistiques qui influent de manière considérable sur la production littéraire10.

Le terme de chiralité11 relève du dédoublement, de la polarisation, de la conglomération, de l’asymétrie. En chimie, on désigne sous cette appellation des objets qui ne sont pas superposables à l’image miroir d’un autre objet qu’il constituent eux-mêmes. Dans la lecture que je propose, la notion de chiralité désigne la formation ou la création de deux entités théoriques à partir d’un seul centre notionnel, dans le cadre d’un rapport de complémentarité: dans le contexte seychellois, la langue/les langues (et langages) d’une œuvre s’installent dans une relation chirale avec les autres langues et langages présents sous l’influence desquels se réalise l’ouvrage. Prenons comme exemple le recueil de poèmes de la poétesse seychelloise Magie Faure-Vidot (Vijay-Kumar), Flamme mystique. Le recueil se situe dans un œuvre plurilingue (français, anglais, créole). Écrits en français, les poèmes s’inscrivent néanmoins dans un espace de dépendances mutuelles, où l’anglais et le créole ont un effet transformationnel sur le langage et fonctionnent comme des éléments d’un «adstrat» idéique12. Je parle d’adstrat, car les langues se juxtaposent et entrent dans une relation réciproque transférentielle. La situation de plurilinguisme présuppose l’interaction (au moins sur le plan mental, de façon implicite) des langues utilisées dans la pratique individuelle. Le trilinguisme est un phénomène fréquent parmi les auteurs seychellois, ainsi que l’usage des trois langues nationales au sein d’un même œuvre. L’adjectif idéique montre bien l’influence souvent latente des langues.

i

Désignons désormais le recueil traité de Magie Faure-Vidot par une séquence formalisée: Fm (pour Flamme mystique) et p (pour poème). Nous aurons ainsi l’ensemble [Fm{p1, p2, ..., p37}]. Comme l’ordre des poèmes est une variable déterminante de l’analyse structurelle et systémique du recueil, je propose d’avoir recours à la notion de n-uplet, qui désigne une collection ordonnée de composantes (de nombre non déterminé: n)13. La formule correcte sera donc: [Fm(p1, p2, ..., p37)]. Le signifiant, dans le contexte seychellois, est pluriel et conjugue ses articulations en relation étroite avec l’anglais et le créole. En notant les langues nationales par des lettres (F – français, A – anglais, C – créole), on peut établir un schéma pour expliciter la chiralité des langues et des œuvres aux Seychelles et pour conceptualiser la macro-structure discursive-linguistique seychelloise (MDL{S}) dans laquelle s’articulent les contenus et les formes poétiques.

Une fois la taxinomie explicitement articulée, la juxtaposition de l’œuvre dans l’axe horizontal (avec les œuvres de A et C), ainsi que son inclusion dans l’axe vertical (notamment dans F et MDL{S}) sont visibles. La chiralité consiste en ce cas de la non-superposabilité de l’œuvre ou des œuvres écrites en une langue à une autre œuvre ou aux autres œuvres écrites en une autre langue, elles-mêmes faisant partie de la même matrice géo-linguistique régionale (océan Indien → Seychelles). Les dérivations, malgré leur appartenance au même point nodal hiérarchiquement supérieur (F et MDL{S} pour Fm), sont en rapport complémentaire ; il y a de l’intercommunication et un échange enrichissants entre les œuvres et les langues14.

La théorie des états relatifs, ou encore la théorie des mondes multiples postule l’existence de bifurcations, de divisions, de fissures dans le tissu de la réalité. À chaque ramification, actuée par un événement, un changement ou un choix, l’ensemble des possibilités se divise en plusieurs dérivations. La théorie propose de ne pas faire le choix entre deux valeurs propres possibles d’un système, mais de les considérer comme égales, également vraies et coexistantes (Il s’agit d’une rupture de la réalité en des univers superposés mais non contigus)15. De cette manière, les différentes versions d’une œuvre (génétique textuelle) ainsi que les diverses interprétations (réception critique) constituent des univers d’une constante division en une multiplicité d’entités matérielles (manuscrits) ou théoriques (lectures).

2. Restriction contextuelle: l’œuvre de Magie Faure-Vidot

Magie Faure-Vidot a fait paraître trois recueils: Un grand cœur triste (1983), L’âme errante (2003) et Flamme mystique (2011). Elle publie régulièrement dans des journaux seychellois dont Seychelles NATION. Son œuvre est particulièrement apte à toute analyse linguistique, à l’examen des structures discursives et à l’étude sémiotique des isotopies16 par son caractère plurilingue. Elle a recours à la langue créole seychelloise (seselwa) qui présente des traces d’un substrat bantou17. Cette langue s’est formée sous l’influence de la langue des colonisateurs (français, anglais), du créole mauricien (kreol morisyen), des langues des esclaves et des immigrés provenant de l’Afrique de l’Est, de l’Inde du Sud, de la Chine et des autres îles de l’océan Indien. Le kreol seselwa est une source déjà polymorphe, un paradigme linguistique et poétique qui permet la formation d’une matrice non conventionnelle et dont l’efficacité poétique réside dans sa disponibilité flexible, dans les modulations qu’elle représente par rapport à l’anglais et au français.

Dans l’hypothèse que je formule, je propose de considérer le créole seychellois comme une langue formant un troisième espace mental dans la coexistence, toujours en dialogue avec l’anglais et le français sur la scène poétique. Si l’on attribue une dimension physique aux langues, basée sur les aires géographiques de leur présence, on peut arriver à une reconceptualisation à travers la spatialité. Bien qu’il s’agisse d’une triplicité linguistique dans le cas des Seychelles, je trouve que vues dans une perspective socio-historique, les langues peuvent être placées dans un autre modèle. Les possibilités offertes par le choix de la langue créole pourraient être décrites par la notion de «thirding»18. Ce concept implique de ne plus recourir à la logique binaire des discours totalisants, mais de s’ouvrir à l’échange critique, à l’horizon de perspectives multiples19. Le créole représente une déviation des schèmes narratifs centraux: c’est un espace libre de l’imagination, de restructuration de sens, d’alternatives ouvertes. C’est un lieu de transformation, de la valorisation d’une troisième dimension existentielle et épistémique20, un troisième mode de compréhension théorique, de l’intellection, l’axe principal d’une trialectique créative. Les interrelations relèvent des processus de centre-périphérie dans le sens abstrait, non (pas uniquement) géographique21. Le recours à la langue créole peut contribuer à la construction d’un nouvel espace noologique (ayant un rapport à l’esprit, à la pensée). L’espace et les contenus vécus sont conçus, appréhendés et interprétés selon et à travers les dynamiques du kreol seselwa. Ce choix dénote une appartenance également, une conscience collective explicitable au niveau de la linguistique diachronique22. Je tiens à souligner que la description unifiée des Seychelles relève, déjà au départ, d’une approche d’homogénéisation. Les notions d’états relatifs (et encore plutôt de mondes multiples) et de chiralité sont particulièrement aptes à caractériser l’archipel des Seychelles, un espace multiple au sens géo-historique et épistémique aussi.

3. Micro-contextes, opérations, structures

Le poème «Pti vwayaz» se prête à une analyse psycho-philosophique et onto-herméneutique. On peut entamer l’analyse psychosystémique à partir d’un extrait du poème qui peut nous servir de matrice notionnelle et qui fonctionne comme noyau proto-génétique à la source de l’épanouissement de l’œuvre de Faure-Vidot, de l’imaginaire archipélique, des emboîtements onto-épistémiques:

«Mwa konstri en bato
Avek lapo koko
Pou kontiny mon vwayaz
Reve menm parmi bann nwaz

Lo lezel en zwazo
Mwa mont pli o, pli o
Pou mwan admir pli byen
Nou losean Endyen23»

Dans une perspective comparative (créole-français), sur le plan syntaxique, on peut remarquer l’absence de la préposition «de», qui désigne un rapport de possession et qui est à la fois un opérateur de discernement en précisant l’appartenance d’un substantif à une classe déterminée. Parmi les éléments du champ sémantique de «peau», lors de la psychogenèse du groupe nominal «la peau de coco», on associe à «peau» ceux qui se caractérisent par les mêmes qualités que la coque de la noix de coco. Il s’agit d’un processus de particularisation, qui réduit le champ de désignation de «peau» et ne désigne dans «lapo koko» - malgré les «apparences sémiologiques inchangées»24 qu’un groupe restreint de la catégorie «peau». De cette manière «lapo» et «coco», substantifs préconstruits quant à leur champ sémantique, sont précisés dans leur juxtaposition; leur contenu est défini dans leur psychogenèse25 dans le poème. Dans le cas du créole, il faut effectuer une opération complétant le mouvement linguistique productif. En kreol seselwa «lapo» et «koko» sont des substantifs sans liaison prépositionnelle explicite. La forme «lapo» contient l’article défini, qui a fusionné avec «po» (peau) et qui est devenue partie intégrante du radical26. Ainsi, la disposition hiérarchique des éléments de la construction «lapo koko» est régie par l’ordre des mots et par un élément possessif non marqué (P0) au niveau morphologique et syntaxique.

i

Comparons la réalisation et la non-réalisation de l’élément transitionnel «de» dans la construction du groupe nominal en seselwa et de la construction prépositionnelle en français dans l’ordre de genèse des unités constitutives:

i

La fonction dative est générée au niveau syntaxique, par P0 et «de». On peut poser la question si la saturation de P0 (élément 2 dans la séquence en créole seychellois) et de «de» (élément 3 dans la séquence en français) se réalise dans la même position inter-substantivale (peau – x – coco), ou si le mouvement idéogénique et opératoire de P0 ne se fait qu’après la réalisation psychosystémique entière du groupe nominal «lapo koko» et détermine ainsi la direction de particularisation et de la réduction de l’extensité de manière rétrospective. Cette approche relève d’une comparaison interprétative syntaxique et envisage l’explication des micro-processus du groupe «lapo koko» par un marqueur syntaxique supposé.

Dans une autre optique, on pourrait postuler l’existence d’un marqueur morphologique (postposé), non réalisé au niveau graphique (Mm0), qui opère comme un support substantival et qui attribue la fonction dative à «coco» et génère ainsi l’interprétation complétée de «lapo koko» en «la peau de coco». La formalisation de la chaîne sera la suivante:

i

De cette façon, l’incidence entre «lapo» et «koko» est directe, c’est-à-dire le rapport se réalise en absence d’une «partie du discours transprédicative»27: la préposition «de». La cohérence interne du groupe nominal est plus forte car elle s’établit sans l’intervalle syntaxique désigné par Gustave Guillaume sous le nom de diastème28.

i

La générativité du pluriel peut également constituer un point de réflexion. L’élément «bann» est un marqueur syntaxique de nombre29 (MSN), responsable de générer le pluriel, en français représenté à l’écrit par l’article défini ou indéfini pluriels (les, des) et le signe «s» (marqueur morphologique de nombre MMN).

ii

Une autre différence30 réside au plan morphologique et syntaxique dans les vers suivants:

i

La proposition «Sur les ailes d’un oiseau» est formulée sans l’élément prépositionnel «de». Dans «Pour mieux admirer» la composante «pli byen» remplit la fonction de l’adverbe «mieux».

On peut voir dans l’œuvre de Magie Faure-Vidot les traces d’une visée indianocéanienne: «Pti vwayaz» dépeint une ascension, une opération mentale qui donne naissance à une vue unitaire et synthétique de l’aire géographique et culturelle de l’océan Indien. La poésie de Magie Faure-Vidot évite la réduction et les contraintes des notions et des concepts classificateurs et établit ainsi les bases d’une praxis mentale transnationale et régionale31. Les différences du métissage culturel et psychique sont dépassées par la notion opératrice du voyage et de la vue d’ensemble jetée d’en haut sur l’océan. À partir du domaine concret et défini du kreol seselwa et de la culture seychelloise polydimensionnelle, on accède au cumulatif, au pluriel, au signifiant transversal qu’est «losean Endyen». «Losean Endyen» est un horizon de phénoménalité de diversités et de particularités géo-historiques et linguistico-culturelles, une forme vectrice et médiatrice qui représente une plateforme synthétique de création. Le caractère hybride et protéiforme de l’océan Indien, dans les poèmes de Faure-Vidot, sait transcender la discontinuité noologique et épistémique du divers32; le sujet vidotien est universel pourtant local, à la fois hétérogène, intègre et uni. Les contenus épistémiques et les entités noologiques font référence ici à une éidétique (qui se rapporte à l’essence des phénomènes) indianocéanienne, c’est-à-dire aux éléments communs d’une conception ontologique (et métaphysique) formée à partir des interprétations et déterminations locales, régionales. L’œuvre vidotien pourrait être remodeler comme une intervalle structurée autour des axes représentées par les langues de l’écriture (français, anglais, créole), interprétées comme des formes de l’expérience du continu, ouvertes aux ramifications et aux dérivations de l’altérité. Les imaginaires, qui figurent dans l’œuvre, peuvent contribuer à la formation de nouvelles appréhensions de l’être et des concepts métaphysiques (à savoir par l’interpénétration des religions).

3. Transferts, thèmes, paradigmes

Un autre poème («Remordkonsyans») peut compléter et enrichir les résultats de l’étude de «Pti vwayaz». On peut découvrir une juxtaposition de perspectives et de paradigmes au sein de l’œuvre de Faure-Vidot. La langue créole, ainsi que les langues française et anglaise sont des pivots opératoires, des champs d’attraction qui structurent certaines thématiques. L’appartenance collective, et la traversée spirituelle-mentale de «Pti vwayaz» sont ainsi complétées par la tendance auto-interprétative de «Remordkonsyans»:

«Osi mon asize
Mon assize mon plere
Avek remordkonsyans
Ler mon perdi konsyans
Ler mon perdi lobeisans
Mon kwar mon pli malen
E mon bliy demen33»

L’identité, qui se voit attribuer une interprétation multiple au niveau collectif, s’affirme comme singulière dans l’univers individuel de la poétesse. Cette ontologie personnelle est à l’origine de la formation de divers plans de différentiation par les processus de la mise en échelle temporelle de la personnalité, par l’explicitation des contenus individuels inhérents. On est ainsi témoin de micro-histoires personnelles, structurées par les éléments formateurs d’expériences affectives (remords), physiques (être assis), physiologico-psychiques (pleurer, perdre conscience, perdre l’obéissance).

«Pli mon grandi
Mon realize ki lavi
I bezwen ganny fofile avek en difil
Akoz i pa fasil
E monn kriy oli mon paran
Se zot ki kapab ed mwan

Me enn ler i tro tar
Tristes i ranpli mon regar
Mon pa konnen si pou al gos ou al dwrat
Mon sey bat bat
Sa lezel lour
Pou rod rod lanmour34»

C’est le paradigme philosophique et onto-herméneutique qui sous-tend l’œuvre. La quête de l’essence, de la vérité et de l’amour domine l’encadrement poétique. Au lieu d’une représentation purement panoramique et descriptive, Faure-Vidot essaie de sonder les profondeurs de l’expérience humaine et elle nous offre ainsi des modalités existentielles où la compréhension et la recherche des structures profondes instaurent un mode analytique d’être. Au centre de toute interrogation se situe l’être et les implications ontologiques, métaphysiques: thèmes qui forment le nœud principal de toute herméneutique et de toute ontologie35.

4. L’herméneutique de l’unité submergée

Dans l’extrême fragmentation des Seychelles (115 îles) réside les traces d’une morphologie géo-épistémique unifiée. La poésie vidotienne retrace une voie vers l’époque où les îles Mahé, Praslin et la Digue ont formé une seule île36: la genèse de cette poésie se nourrit de la pluralité qui se manifeste suite aux érosions, aux émersions glaciaires et de la singularité interne des liaisons coralliennes, granitiques et spirituelles. La compréhension de soi ne peut se réaliser que par le biais d’une lecture et d’une sémantique collectives. La syntaxe et la réflexion ipséiques doivent être coextensives aux contenus d’une réflexion sur l’altérité. Une dimension universelle peut être retrouvée dans la poésie de Faure-Vidot, entre autres dans «The Agony of Suspense»37. Dans le poème, la poétesse analyse l’abîme entre le monde extérieur des représentations et les dynamismes intraindividuelles. L’eau, l’océan, les ailes et le vol sont des topoï récurrents (p. ex. «Different Waves»38). Une homologie ou isotopie39 importante se dessine par le rapprochement des larmes et de l’eau des océans: «Le cœur en pleurs / ... / Des larmes qui rejoignent l’eau de la mer»40. Il s’agit d’isotopies de contenu, d’isotopies lexicales qui se définissent au niveau sémantique et qui se caractérisent par la redondance, par l’itération et par le regroupement possible de sèmes nucléaires41 en des «faisceaux isotopiques»42. L’extraction et la formalisation d’éléments isotopiques, homologuables nous permet l’établissement d’axes sémiques isotopiques dénotés par des lexèmes suivants: (a) AILE – OISEAU – VOL43,  (b) EAU – MER - OCÉAN44.

L’unité des îles australes de l’océan Indien naît dans l’œuvre vidotienne pour s’élargir ensuite aux dimensions des influences directes et indirectes européennes, africaines, asiatiques (indiennes, indonésiennes) et arabo-persanes pour ne mentionner que les plus importantes. Après s’être basée sur l’unité géo-épistémique et historico-culturelle, la poétesse s’intègre dans une anthropologie indianocéanienne45, dans une herméneutique flexible et ouverte aux pluralités qui, une fois filtrée à travers les singularités seychelloises (tout de même un plurale tantum idéique) gagnent de l’ampleur à l’échelle mondiale et universelle également.

Dans «Au cul de sac» (7)46, Faure-Vidot évoque les rêves et les imaginaires, les éléments constitutifs de codes culturels47, de polarités idéiques, des modalités mentales et conceptuelles. «Notre solitude» (8) parle de l’inquiétude et de la distance physique, mentale: «Tu étais là au bout du fil / Très loin dans l’autre île / ... / Mais on était trop loin». «Fleurs de campagne» (9) et «En autorité» (12) réactualisent les questions d’une identité régionale, locale en faisant miroiter les dynamismes de l’intercommunication des villes et de la campagne. Par une lecture individuelle et globalisante, on peut interpréter ces lignes comme la retranscription des micro-histoires personnelles de la poétesse, comme des destinées multiples concevables et réalisées dans les états relatifs, coextensifs et cooccurentiels représentés par les poèmes et par chaque vers, par les expériences personnelles de Faure-Vidot. L’œuvre vidotien se prête à une lecture cosmique où l’expansion des mondes poético-personnels nucléaires fournit les jalons des recherches d’une dimension universelle48. À travers une clarté notionnelle et des formes simples, Faure-Vidot cherche à représenter une structure universelle, la syntaxe des mondes possibles intrinsèquement puriels. Le caractère superpositionnel de l’œuvre de Magie Faure-Vidot - à savoir la pratique de juxtaposer le particulier et l’universel, l’individuel et le collectif - mobilise nos structures épistémiques pour décomposer les interprétations réductrices de l’identité locale, close. Les énergies conceptuelles et refondatrices, encodées dans les poèmes, déstabilisent les théorisations monolithiques qui enlèvent l’identité d’un champ interactionnel et transférentiel, en contact permanent avec les imaginaires des aires culturelles et géographiques diverses49.

5. Ouvertures insulaires, transgressions archipéliques

«À Polymnie» (14) est une émanation de la complexité mentale et spirituelle archipélique (seychelloise). Polymnie, dont le nom signifie chants multiples et hymnes pluriels50, est la muse de la Rhétorique, de la persuasion. L’invocation et la présence de Polymnie sous-tend implicitement tout l’œuvre vidotien qui est pluriel par ses signes, par ses transformations et forces motrices. Ces énergies et forces assurent l’interpénétration et les échanges entre les composantes de l’épistémé matriciel circoncrit (ou plutôt esquissé conformément à une dimension d’ouverture) par l’œuvre de Magie Faure-Vidot. Le sable, la baie, les brises, les hauteurs et le paquebot fonctionnent comme les opérateurs ou vecteurs déterminant les directions de l’attribution de sens en désignant l’île Polymnie, une des îles principales de l’atoll Aldabra. Aldabra comprend des îles coralliennes avec un lagoon qui est le seul endroit au monde ou vivent, à l’état sauvage, des tortues géantes: motif qui revient dans la poésie vidotienne51. La polydimensionnalité et le caractère unifié des éléments fragmentés et divisés – approche qui rend possible de concevoir l’archipel comme un ensemble (mathématique) de 115 éléments - sont encodés dans la réalité seychelloise, qui est une réalité de mondes multiples. Cette inspiration, très manifeste dans l’œuvre de Faure-Vidot, a ses bases dans la genèse géographique même des îles, ainsi que dans les sources génératrices et formatrices des imaginaires.

Sous forme de «l’oiseau du Sud», c’est l’auteur qui se met à la découverte d’une myriade d’horizons pour entamer des milliers de kilomètres, pour enfin «retourner vers ses racines» (16). Le langage est une «sacrée limite», l’eau devient une source riche en significations, dont chaque goutte nous renvoie l’image de celle que nous adorons (18). «Musée naturel» (20) nous étale les richesses de la faune et de la flore. La Vallée de Mai est une réserve naturelle, inscrite sur la liste du patrimoine mondial, qui accueille la plus grande forêt de coco de mer du monde52. La poétesse mentionne les pigeons et les tourterelles, les papillons et les reptiles, des palmiers et des papayes, ainsi qu’Esmeralda, une tortue géante, vivant à l’île Bird, qui est considérée comme l’une des tortues les plus âgées du monde53. La poésie vidotienne établit ainsi des liens interinsulaires et transarchipéliques.

À travers l’analyse sémantique, comparative et psychosystémique, j’ai désigné les principales pistes de réflexion, les axes des problématiques centrales. Les notions d’états relatifs, d’espace de phases, de chiralité, de n-uplet, comme les concepts psychosystémiques et sémantico-syntaxiques se sont révélés efficaces dans l’établissement d’une taxinomie interne de la littérature seychelloise (contemporaine). J’ai défini des cadres analytiques interdisciplinaires pour expliciter les complexités et les polymorphismes inhérents du champ littéraire seychellois contemporain, étudié dans une perspective comparative créole-français-anglais. Le choix de la langue créole, promue par Lenstiti Kreol Sesel54, s’avère être un facteur primordial dans le cas d’une littérature en devenir qui fixe les cadres et le rôle d’une littérature en langue maternelle parmi les autres langues nationales et dans un contexte culturel archipélique, océanique et global.

Notes

  1. KRISTEVA, Julia, «Sémanalyse et production de sens», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 218.
     
  2. Je tiens à remercier ma directrice de thèse Dr. Réka Tóth de sa disponibilité, de son travail de relecture, de ses conseils et encouragements. Je suis reconnaissant à Magie Faure-Vidot (Vijay-Kumar) qui a mis à ma disposition ses textes publiés et inédits. Je la remercie particulièrement pour son amitié, pour ses précieuses remarques, pour sa relecture et ses éclaircissements sur le créole seychellois. Grâce à la bourse doctorale TÁMOP-4.2.2/B-10/1-2010-0030/1.4 (Tendances des changements d'identités langagières et culturelles), je peux consacrer le plus clair de mon temps à la recherche.
     
  3. Cf. BARTHELEMY, Fabrice, «Situation linguistique seychelloise: entre trilinguisme constitutionnel et usages individuels», Synergies Algérie, n°8, 2009, p. 159-168.
     
  4. Toute articulation s’achève dans la présence et sous l’influence (consciente ou inconsciente) des autres langues. Pour de plus amples informations sur l’hybridation et l’intersubjectivité langagière cf. BENNETT, David (éd.), Multicultural States: Rethinking Difference and Identity, Londres, Routledge, 1998. p. 30-34.
     
  5. dans notre cas théorique, postulé pour la modélisation.
     
  6. Voir BARBEROUSSE, Anouk, La physique face à la probabilité, Paris, J. Vrin, 2000, p. 170.
     
  7. TRICOT, Claude, Courbes et dimension fractale, Berlin, Springer, 1999, p. 139-146.
    Dans une praxis linguistique, il s’agit de l’enchaînement, de la concaténation hiérarchique de particules linguistiques élémentaires (dans l’analyse sémique: sèmes, phèmes, syntaxèmes etc.). Cf. VAN DIJK, Teun A., «Aspects d’une théorie générative du texte poétique», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 191., Sur la nature fractale de l’identité et de l’œuvre littéraire Cf. PALLAI, Károly Sándor, «Dis-sémantiques», Első Század, 2009/2, p. 21.
     
  8. Et surtout poïétique qui relève de l’étude des configurations qui débouchent sur une réalisation créative.
     
  9. Donc un espace qui n’est pas de la nature des phénomènes déterministes, intrinsèquement déterminés Cf. KUSHNER, Harold J. et DUPUIS, Paul G., Numerical Methods for Stochastic Control Problems in Continuous Time, New York, Springer, 1992, p. 1-26.
     
  10. MANCA, Tania, «Bilinguisme, trilinguisme, plurilinguisme», [En ligne], p. 1-3.
     
  11. L’objet et son image miroir sont appelés énantiomorphes (formes opposées). Voir aussi le processus de stéréosélection, lors duquel se forment deux entités (énantiosélectives) de quantité inégales. Cf. COLLET, André et al., Molécules chirales : Stéréochimie et propriétés, Paris, CNRS, 2006, p. 7-14.
     
  12. L’adstrat signifie la juxtaposition des langues, l’influence d’une langue sur une autre sans aboutir à la disparition d’aucune des deux langues. Voir KLINKENBERG, Jean-Marie, Des langues romanes, Bruxelles, De Boeck Université, 1999, p. 70. L’idéique désigne des contenus mentaux, l’univers des entités conceptuelles, ce qui est en rapport avec les idées. Sur les rapports entre les langues anglaise, française, créole et la production littéraire seychelloise cf. GUÉNARD, Marie, «Une littérature seychelloise ?», [En ligne] et BARTHELEMY, Fabrice, op. cit., p. 161.
     
  13. Dont l’ordre n’est pas renversable. Voir BLACKBURN, Simon (éd.), Oxford Dictionary of Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 262.
     
  14. Fm étant hiérarchiquement inférieur à A et C, l’œuvre est incluse dans le champ corrélatif MDL{S} et elle est influencée par A et C.
     
  15. Cf. EVERETT, Hugh III, The Many-Worlds Interpretation of Quantum Physics, thèse de doctorat, Université de Princeton, 1957, [En ligne], p. 3-82. et  GRIBBIN, John, In Search of the Multiverse, New Jersey, John Wiley & Sons Inc., 2009, p. 24-34.
     
  16. Isotopie (terme introduit et défini au sens linguistique par Greimas) est utilisée ici dans le sens d’éléments similaires et compatibles formant une catégorie dominante par leur redondance ou par leur rôle joué dans la construction du texte. La catégorisation classèmatique peut garantir l’unité de la lecture, l’homogénéité du texte. Voir RASTIER, François, «Systématique des isotopies», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 84.
     
  17. MICHAELIS, Susanne, «Valency patterns in Seychelles Creole», Roots of Creole Structures, Amsterdam, John Benjamins, 2008, p. 225-251.
     
  18. Voir SOJA, Edward W., Thirdspace: Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Cambridge, Blackwell, 1996, p. 1-30.
     
  19. Ibid., p. 4-5.
     
  20. Si l’on désigne l’anglais et le français comme deux structurateurs ou groupements de dimensions.
     
  21. L’usage de la langue créole est prépondérante dans la vie quotidienne. Cf. BARTHELEMY, Fabrice, op. cit.
    Sur le rôle des systèmes de valeurs, des institutions et des langues dans la dialectique centre­-périphérie cf. ZARYCKI, Tomasz, «An interdisciplinary model of centre-periphery relations: A theoretical proposition», Regional and Local Studies, numéro spécial 2007, [En ligne], p. 110-130.
     
  22. Parmi les théories sur l’origine et la base du créole seychellois figure une interprétation (la théorie «Isle de France Creole» de Baker et de Corne désigné par «IdeFC») qui établit un rapport entre le créole de l’île Maurice et ceux des îles Rodrigues et des Seychelles, et une autre (la théorie «Bourbonnaise» de Chaudenson désigné par «RC» – Reunion Creole) qui suppose l’origine commune réunionnaise des langues créoles de l’océan Indien. Voir FLEISCHMANN, Christina Tamaa, Pour Mwan Mon Lalang Maternel i Al avek Mwan Partou: A Sociolinguistic Study on Attitudes towards Seychellois Creole, Berne, Peter Lang, 2008, p. 21-40. et BRENDSTRUP, Jesper, «Baker, Philip and Corne, Chris: Isle de France Creole. Affinities and Origins», Revue Romane, 18/2, 1983, [En ligne], p. 303-304. 
     
  23. Petit voyage: Je construis un bateau / Avec la peau (coque) de coco / Pour continuer mon voyage / Rêver même parmi les nuages // Sur les ailes d’un oiseau / J’irai tout en haut, tout en haut / Pour mieux admirer / Notre océan Indien (tr. fr. K. S. P.) FAURE-VIDOT, Magie, «Pti vwayaz», [poème inédit, manuscrit mis à ma disposition par l’auteur]
     
  24. LOWE, Ronald, Introduction à la psychomécanique du langage: Psychosystématique du nom, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, p. 422-437.
     
  25. Ibid., p. 235-240.
     
  26. Sur l’invariance morphologique des substantifs et la fusion de l’article dans l’élément initial, ainsi que sur l’influence des langues bantoue, swahilie et malgache sur le lexique seychellois cf. MICHAELIS, Susanne et ROSALIE, Marcel, «Seychelles Creole», [En ligne], p. 4.
     
  27. LOWE, Ronald, op. cit., p. 368.
     
  28. Ibid., p. 370.
     
  29. Cf. MICHAELIS, Susanne et ROSALIE, Marcel, op. cit., p. 4.
     
  30. À savoir entre le poème en créole et sa traduction/interprétation en français.
     
  31. Sur les diverses interprétations des notions de «la Créolie», de «l’indianocéanisme» et sur le facteur unificateur du français comme «langue littéraire du domaine austral» cf. BENIAMINO, Michel, «Camille de Rauville et l’indianocéanisme», in: L’océan Indien dans les littératures francophones, ISSUR, Kumari R. et HOOKOOMSING, Vinesh Y. (éds.), Paris, Karthala et Presses de l’Université de Maurice, 2001, p. 87-105.
     
  32. Concernant l’éidétique et la phénoménalisation cf. RICHIR, Marc, Phénomènes, temps et êtres: Ontologie et phénoménologie, Grenoble, Jérôme Millon, 1987, p. 1-21. Sur l’extension de l’épistémologie et sur le contenu noologique de la/des formes de transcendance voir MILET, Jean, Ontologie de la différence: Une exploration du champ épistémologique, Paris, Beauchesne, 2006, p. 302-315.
     
  33. Remords de conscience: Aussi je suis assise / Je suis assise et je pleure / Avec un remords (de conscience) / Quand je perds conscience / Quand je perds l’obéissance / Je crois que je suis plus malin / Et j’oublie demain   (tr. fr. K. S. P.) FAURE-VIDOT, Magie, «Remordkonsyans», [poème inédit, manuscrit mis à ma disposition par l’auteur]
     
  34. Plus je grandis / Je réalise que la vie / Elle doit se faufiler avec un fil / Car ce n’est pas facile / Je crie où sont mes parents / C’est vous qui pouvez m’aider // Mais des fois c’est trop tard / Et la tristesse remplit mon regard / Je ne sais pas si j’irai à gauche ou à droite / J’essaie de battre battre / (De) cette aile lourde / Pour chercher chercher l’amour (tr. fr. K. S. P.) FAURE-VIDOT, Magie, «Remordkonsyans», [poème inédit, manuscrit mis à ma disposition par l’auteur]
     
  35. GREISCH, Jean, Paul Ricœur: L’itinérance du sens, Grenoble, Jérôme Millon, 2001, p. 140-142.
     
  36. GUÉBOURG, Jean-Louis, Petites îles et archipels de l’océan Indien, Paris, Karthala, 2006, p. 145-147.
     
  37. FAURE-VIDOT, Magie, «The Agony of Suspense», 2001, [En ligne]
     
  38. Idem., «Differents Waves», 1996, [En ligne]
     
  39. Isotopie désigne ici l’itération d’un élément linguistique. Cf. RASTIER, François, op. cit., p. 80.
     
  40. FAURE-VIDOT, Magie, Flamme mystique, Victoria, Yaw Enterprises, 2011, p. 7.
     
  41. Voir GREIMAS, A. J., op. cit., p. 13-14.
     
  42. RASTIER, François, op. cit., p. 80-84.
     
  43. La numérotation marque les pages du recueil Flamme mystique. AILE: 16, 27, 39, 51 ; OISEAU: 7, 16, 16, 16, 20, 22, 48 ; VOL: 13, 39.
     
  44. EAU: 7, 15, 18, 29, 48 ; MER: 7, 31, 31, 32 ; OCÉAN: (4), 29, 42.
     
  45. Voir RAOUL, Lucas (éd.), Sociétés plurielles dans l’océan Indien: Enjeux culturels et scientifiques, Paris, Karthala, 2002, p. 2-14.
     
  46. Les numéros entre parenthèses désignent les pages du recueil Flamme mystique.
     
  47. Concernant l’usage des codes dans le rapport centre-périphérie voir ZARYCKI, Tomasz, op. cit., p. 14.
     
  48. Cf. ROBINET, André, Les signes et l’insignifiant, Paris, J. Vrin, 2005, p. 69-76.
     
  49. Pour une approche critique de la notion d’«aire culturelle», sur les enjeux des pouvoirs et sur les implications géo-historiques dans les rapports de domination voir HERZFELD, Michael, «Briser les frontières conceptuelles de l’Europe en anthropologie sociale. La géographie bureucratique d’une discipline», [En ligne], p. 1-19.
     
  50. MANCING, Howard, The Cervantes Encyclopedia, Volume II (L-Z), Westport, Greenwood Press, 2004, p. 502.
     
  51. GUÉBOURG, Jean-Louis, Les Seychelles, Paris, Karthala, 2004, p. 11-13. L’unité géo-historique du subcontinent indien, de Madagascar et des Seychelles est une trace géo-morphologique de l’appartenance collective (voir p. 23.).
     
  52. Pour la description et l’histoire du coco de mer (Lodoicea sechellarum) cf. WISE, Rosemary, A Fragile Eden: Portraits of the Endemic Flowering Plants of the Granitic Seychelles, Princeton, Princeton University Press, 1998, p. 502.
     
  53. Voir STANFORD, Craig B., The Last Tortoise: A Tale of Extinction in Our Lifetime. Cambridge. Harvard University Press. 37-48.
     
  54. L’institut a été fondé en 1981 pour diriger les travaux mis en œuvre pour l’établissement du créole à l’échelle nationale sous forme écrite et orale et pour assurer le développement de la langue au sein de l’éducation, de la science et de la culture. Cf. http://www.creoleinstitute.sc

Références:

BARBEROUSSE, Anouk, La physique face à la probabilité, Paris, J. Vrin, 2000, p. 165-191.
 
BARTHELEMY, Fabrice, «Situation linguistique seychelloise : entre trilinguisme constitutionnel et usages individuels», Synergies Algérie, n°8, 2009, p. 159-168.
 
BENIAMINO, Michel, «Camille de Rauville et l’indianocéanisme», in: L’océan Indien dans les littératures francophones, ISSUR, Kumari R. et HOOKOOMSING, Vinesh Y. (éds.), Paris, Karthala et Presses de l’Université de Maurice, 2001, p. 87-105.
 
BENNETT, David (éd.), Multicultural States: Rethinking Difference and Identity, Londres, Routledge, 1998. p. 29-46.
 
BLACKBURN, Simon (éd.), Oxford Dictionary of Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 262.
 
BRENDSTRUP, Jesper, «Baker, Philip and Corne, Chris: Isle de France Creole. Affinities and Origins», Revue Romane, 18/2, 1983, [En ligne], p. 303-304. 
[consulté le 25 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://img.kb.dk/tidsskriftdk/pdf/rro/rro_0018-PDF/rro_0018_94751.pdf
 
COLLET, André et al., Molécules chirales : Stéréochimie et propriétés, Paris, CNRS, 2006, p. 7-24.
 
EVERETT, Hugh III, The Many-Worlds Interpretation of Quantum Physics, thèse de doctorat, Université de Princeton, 1957, [En ligne], 140 p.
[consulté le 24 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.pbs.org/wgbh/nova/manyworlds/pdf/dissertation.pdf
 
FAURE-VIDOT, Magie, Flamme mystique, Victoria, Yaw Enterprises, 2011, 56 p.
 
FAURE-VIDOT, Magie, «Pti vwayaz», [poème inédit, manuscrit mis à ma disposition par l’auteur]
 
FAURE-VIDOT, Magie, «Remordkonsyans», [poème inédit, manuscrit mis à ma disposition par l’auteur]
 
FAURE-VIDOT, Magie, «The Agony of Suspense», 2001, [En ligne]
[consulté le 28 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.republicofseychelles.com/Seychelles-Seybay/SeyBay-DATA/seychelles_books_seybay.htm
 
FAURE-VIDOT, Magie, «Differents Waves», 1996, [En ligne]
[consulté le 28 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.republicofseychelles.com/Seychelles-Seybay/SeyBay-DATA/seychelles_books_seybay.htm
 
FLEISCHMANN, Christina Tamaa, Pour Mwan Mon Lalang Maternel i Al avek Mwan Partou: A Sociolinguistic Study on Attitudes towards Seychellois Creole, Berne, Peter Lang, 2008, p. 21-40.
 
GREIMAS, A. J., Essais de sémiotique poétiqe, Paris, Larousse, 1972, 239 p.
 
GREISCH, Jean, Paul Ricœur: L’itinérance du sens, Grenoble, Jérôme Millon, 2001, p. 130-151.
 
GRIBBIN, John, In Search of the Multiverse, New Jersey, John Wiley & Sons Inc., 2009, p. 24-34.
 
GUÉBOURG, Jean-Louis, Les Seychelles, Paris, Karthala, 2004, p. 7-25.
 
GUÉBOURG, Jean-Louis, Petites îles et archipels de l’océan Indien, Paris, Karthala, 2006, p. 145-160.
 
GUÉNARD, Marie, «Une littérature seychelloise ?», [En ligne]
[consulté le 24 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.potomitan.info/articles/seychelles.htm
 
HERZFELD, Michael, «Briser les frontières conceptuelles de l’Europe en anthropologie sociale. La géographie bureucratique d’une discipline», [En ligne], 23 p.
[consulté le 29 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.ucm.es/info/antrosim/docs/HerzfeldMichael07_Frontiers_Conceptuelles_Europe_Anthropologie_Sociale.pdf
 
ISSUR, Kumari R. et HOOKOOMSING, Vinesh Y. (éds.), L’océan Indien dans les littératures francophones, Paris, Karthala et Presses de l’Université de Maurice, 2001, p. 5-9., 87-105.
 
KLINKENBERG, Jean-Marie, Des langues romanes, Bruxelles, De Boeck Université, 1999, p. 70-79.
 
KRISTEVA, Julia, «Sémanalyse et production de sens», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 207-234.
 
KUSHNER, Harold J. et DUPUIS, Paul G., Numerical Methods for Stochastic Control Problems in Continuous Time, New York, Springer, 1992, p. 1-26., 108-126.
 
LOWE, Ronald, Introduction à la psychomécanique du langage: Psychosystématique du nom, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, p. 235-240.
 
LUCAS, Raoul, (éd.), Sociétés plurielles dans l’océan Indien: Enjeux culturels et scientifiques, Paris, Karthala, 2002, p. 2-14.
 
MANCA, Tania, «Bilinguisme, trilinguisme, plurilinguisme», [En ligne], 4 p.
[consulté le 23 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.cndp.fr/fileadmin/user_upload/OUTREMER/OM_03.pdf
 
MANCING, Howard, The Cervantes Encyclopedia, Volume II (L-Z), Westport, Greenwood Press, 2004, p. 502.
 
MICHAELIS, Susanne, «Valency patterns in Seychelles Creole», Roots of Creole Structures, Amsterdam, John Benjamins, 2008, p. 225-251.
 
MICHAELIS, Susanne et ROSALIE, Marcel, «Seychelles Creole», [En ligne], 16 p.
[consulté le 26 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://lingweb.eva.mpg.de/apics/images/2/21/SurveySeychelles.pdf
 
MILET, Jean, Ontologie de la différence: Une exploration du champ épistémologique, Paris, Beauchesne, 2006, p. 302-315.
 
PALLAI, Károly Sándor, «Dis-sémantiques», Első Század, 2009/2, 34 p.
 
RASTIER, François, «Systématique des isotopies», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 80-106.
 
RICHIR, Marc, Phénomènes, temps et êtres: Ontologie et phénoménologie, Grenoble, Jérôme Millon, 1987, p. 1-21.
 
ROBINET, André, Les signes et l’insignifiant, Paris, J. Vrin, 2005, p. 69-76.
 
SOJA, Edward W., Thirdspace: Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Cambridge, Blackwell, 1996, p. 1-54.
 
TRICOT, Claude, Courbes et dimension fractale, Berlin, Springer, 1999, p. 139-146.
 
VAN DIJK, Teun A., «Aspects d’une théorie générative du texte poétique», in: Essais de sémiotique poétiqe, GREIMAS, A. J. (éd.), Paris, Larousse, 1972, p. 180-206.
 
WISE, Rosemary, A Fragile Eden: Portraits of the Endemic Flowering Plants of the Granitic Seychelles, Princeton, Princeton University Press, 1998, p. 502.
 
ZARYCKI, Tomasz, «An interdisciplinary model of centre-periphery relations: A theoretical proposition», Regional and Local Studies, numéro spécial 2007, [En ligne], p. 110-130.
[consulté le 26 janvier 2012]. Disponible sur Internet :
http://www.studreg.uw.edu.pl/pdf/Special%20Issue_2007/Zarycki_wyd_spec.pdf

boule

 Viré monté