Potomitan

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Préservation de la langue Rodriguaise:

Le créole Rodriguais

 

ADJOURNMENT – 1ST SITTING 2010- 9 FEBRUARY

Intervention of Mrs Arlette Perrine-Begue,
1st Local Member Region N0. 3

 

 

 

 

Grand Baie - 22 juillet 2006. Photo F. Palli

Rodrig

Mon intervention cet après midi Monsieur le Président constitue une alerte parlementaire sur l’importance de la préservation de la langue Rodriguaise, c'est-à-dire le créole Rodriguais. En marge des défis qui se présentent à nous, je veux donc parler de la sauvegarde de l’identité linguistique Rodriguaise, de la préservation de la saveur spéciale de notre langue créole dans le monde créolophone et dans la République de Maurice.

Quels sont donc ces défis ? Ils se présentent à deux niveaux. Il y a d’abord le challenge social qui s’opère dans la société Rodriguaise elle-même, et le challenge politico-institutionnel qui s’annonce sur le plan national.

En ce qui concerne le challenge social dans la société Rodriguaise, on note depuis un certain temps que le mouvement de masse entre Maurice et Rodrigues est tellement actif, et le séjour migrateur des Rodriguais en quête d’emplois à Maurice tellement prolongé, que la pression démographique et donc pression linguistique sur le créole Rodriguais se fait naturellement et à terme cette  assimilation lente et latente du créole Rodriguais sera irréversible, notamment auprès de la jeune génération.

Et toujours à l’intérieur de notre société on note qu’il y a une telle nonchalance, à l’égard de ce patrimoine, à tel point que notre  langue s’agonise dans l’indifférence. Un bref coup d’œil sur quelques unes de nos institutions démontre ce manque de vigilance ou les difficultés à contourner le problème. On voit des SLAMS, POEMES ET AUTRES ECRITS primés par des institutions dont parmi parfois la Commission des Arts et de la Culture,  ou imprimés  dans les médias locaux, qui  ne font pas attention aux spécificités linguistiques  de notre communauté. L’établissement de critères de sélection dans le cadre de toute production ou compétition littéraire est aujourd’hui une nécessité pour démontrer une volonte politique et  institutionnelle de préserver nos acquis et notre tradition linguistique.

La religion est aussi, vous le savez une des institutions culturelles et d’intégration sociale. Dans ce contexte j’ai rencontré certaines autorités  religieuses locales, dont l’Église Catholique qui parle d’un effort déjà de son comite liturgique de réadapter à la sensibilité linguistique Rodriguaise les écrits en créole reçus de Maurice. Cependant les défis demeurent les chants dont ceux très populaire de Grégoire et d’autres compositeurs qui sont difficiles à revisiter et qui pourtant ont un impacte certain sur notre manière de parler.

Ensuite mon deuxième point Monsieur le Président relève de la politique nationale dont nous avons le devoir d’analyser au plus vite.  C'est-à-dire la reconnaissance officielle de la langue créole comme medium d’enseignement  et son introduction future comme matière.

Après certaines hésitations du Ministre Bunwaree nous voyons arriver une volonté politique prononcée, qui malheureusement arrive en fin de mandat, avec le Premier Ministre qui est venu apporter sa caution a cela.

Cela implique Monsieur le Président qu’un travail colossal de standardisation de cette langue doit se faire sur le plan national. Et c’est là ou la vigilance Rodriguaise doit être exercée, tout comme nous l’avions fait il y quelques années dans le cadre du projet national Graffi Larmoni ou nous avions insisté auprès du Professeur Hookoomsing qu’il vienne étudier les spécificités de la langue créole Rodriguaise avec toutes ses variations locales, et en débattre avec les acteurs Rodriguais dont les politiques, les dirigeants de l’éducation et les acteurs et observateurs culturels et sociales. Il s’agissait de comprendre la portée de son projet concernant Rodrigues et de la sauvegarde et de la reconnaissance de notre specificite. Dans son rapport final le Professeur  codifie le créole Rodriguais comme le RCL- le Rodrigues Creole Language. Nous devons bâtir là- dessus à mon avis, pour que les spécificités de la langue Rodriguaise soient maintenues quand sortiraient éventuellement les manuels  pédagogiques pour l’enseignement de cette langue dans l’éducation nationale.

Je lance donc un appel pour un plan d’action pour la préservation de l’authenticité de la langue Rodriguaise avec sa forte dose francophone et ses emprunts Africains. Rodrigues doit se donner une mission et les outils nécessaires pour sauvegarder notre langue en danger de disparition.

Mon intervention Monsieur le Président ne se situe pas dans un but conservateur de souligner une certaine différence communautaire qui existe, il est vrai bel et bien. Ce n’est pas non plus un souci de repliement  dans des retranchements inventés mais dans le sens d’un devoir de préserver et de promouvoir un patrimoine par excellence qui doit rester notre repère et notre référence en tant que peuple. Quand notre langue authentique est connue de tous nous n’aurons aucune crainte à garantir et à accepter la liberté individuelle de chacun de s’exprimer selon son choix.

Et je termine par une citation de la Déclaration Universelle de l’UNESCO  sur la diversité culturelle qui dispose d’un programme de sauvegarder les langues en danger.

«Chaque langue reflète une vision du monde et un complexe culturel unique et constitue une part essentielle du patrimoine humain vivant. Cependant selon les experts plus de 50% des 6000 langues du monde sont en danger de disparition» Fin de citation.

Je vous remercie Monsieur le Président.

Arlette Perrine-Begue

 Viré monté