Potomitan

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Annou voyé kreyòl douvan douvan
Le symbolisme des images et couleurs
dans le vaudou haïtien

Saint-John Kauss

«à Jean Robert Bien-Aimé»

                                  «Les liens entre le sexe et Dieu sont plus étroits qu’entre
l’intelligence et Dieu, et même qu’entre la connaissance et Dieu.
»
                                                                               (V. Rozanov)

                                 «Une transmission par le sexe féminin est nécessaire  pour
l’obtention des pouvoirs initiatiques.
»
                             (François Ménard)

Cérémonie
Cérémonie par Alexandre Gregoire © Macondo.

Loin de dédaigner  le symbolisme des choses primaires, il convient dorénavant d’en prescrire la pratique. Même quand il se borne à de simples définitions, le symbolisme ouvre à l’intelligence humaine maintes portes dans les couloirs du savoir. Nous nous garderons de consulter  l’excellent dictionnaire des symboles publié par Jean Chevalier et d’autres formules de définition1, 2, et force est de noter la définition donnée. Dans l’Ancien Testament3, et précisément dans les cinq livres de Moïse (Le Pentateuque), il est intéressant de constater que différent(e)s recettes ou rituels nous ont été légué(e)s par l’exécutant du Dieu caché4 des Hébreux que fut Moïse. De plus, il est symptomatique de retrouver dans la littérature ésotérique des formulations particulières concernant le symbolisme de l’amour ou du mariage mystique entre un être humain et tel ange conducteur qui lui est bénéfique et, selon les critères exigés par celui-ci, l’appréhension d’une loyauté qui lui est redevable. Ce geste ou cette action symbolique relatée dans le culte du Vaudou (5-29) a toute son importance dans la mesure ou l’élu(e) n’est plus ce qu’il était auparavant, un simple homme vacant à ses occupations journalières. Ses contacts dorénavant privilégiés avec son dieu demeurent si conséquents. Et l’on se demande encore aujourd’hui, comme l’avait déjà souligné Bergson30, comment «des êtres doués de raison pouvaient et peuvent encore accepter  des croyances et des pratiques qui sont contraires à la raison»?

Toutes les religions, nous dit Evans-Pritchard31, «sont des religions de révélation, le monde extérieur et la raison ont révélé aux hommes l’existence du divin et leur ont fait prendre conscience partout de leur propre nature et de leur destin.» Et sous la rubrique Religion, ne peut-on pas faire entrer les notions de magie, de totémisme, de tabou et même de sorcellerie? Par exemple, pour F. B. Jevons32, la religion «est un développement uniforme et évolutionnaire du totémisme». C’est cette noble raison33 d’ailleurs qui nous permet d’apprécier les principes et les différentes interprétations que suggèrent le symbolisme de l’occulte et ses dérivés.                                                                                                

LA VALEUR SYMBOLIQUE DES IMAGES

Dans le seul désir de plaire au Colon (de l’époque des Colonies), la matérialisation de l’Ange ou des loas qui se fait, depuis l’esclavage, par la représentation des images de saintes catholiques, est une supercherie du genre fondé34, 35. Le fait de donner à chaque «Esprit»  l’image catholique qui lui convient le mieux, ne saurait être chimérique. Cette tradition étant restée immuable par-delà les âges, il est, néanmoins, obligatoire de les baptiser36, 37 sous un nom fictif avant leurs «entrées» dans la maison des loas ou chez un particulier (oratoire ou rogatoire des loas), et de croire en leurs possibilités et en leurs pouvoirs pour qu’ils se manifestent. Voici en résumé ce que représente chaque Saint catholique pour chaque loa correspondant.

Saint-Patrick (Damballah): Vieillard pointant du doigt et donnant l’ordre aux serpents (de la main droite), et sceptre à la main gauche.

Saint-Ulrick (Agouet Aroyo ou Agoué): Vieillard tenant un poisson de la main droite, un livre et un sceptre de la main gauche.

Mater Dolorosa (Fréda): Femme couverte d’or et de bijoux.

Sainte-Philomène (Filomise): Une femme en prison, fleur à la main.

Saint-Lazare (Maître GrandChemin): Vieillard sur une route, accompagné de trois chiens.

Saint-Jacques Le Majeur (Ogou): Homme à cheval blanc, en pleine bataille.

Saint-Joseph (Loko Atissou): Homme portant un enfant de la main gauche, et une fleur à la main droite.

Sainte-Claire (Clermesine): Femme habillée en nonne, éclairant le monde d’une lanterne.

Saint-Antoine de Padoue (Legba, rite Pétro): Homme portant un enfant de la main droite.

Saint-Nicolas (père des Marassa): Vieillard entouré d’enfants.

Saint-Isidore (Azaka Médé): Paysan laboureur agenouillé et en train de prier.

Saint-Pierre (Legba): Homme, une clef à la main droite, et un livre à la main gauche, perché d’un coq rouge.

Saint-André (Simbi Andeizo, rite Pétro): Homme portant une croix – qui a aidé Jésus à porter sa croix.

Saint-Paul (Saint-Expedit): Jeune soldat présentant une croix (HODIE) de la main droite, et une feuille de rameau à la main gauche.

Sainte-Rose de Lima (Fréda): Femme baisant le pied de l’enfant Jésus.

Jésus-Christ (Lenglensou): Jésus (Olofi) crucifié, ensanglanté et couronné d’épines.

Notre Dame du Perpétuel Secours (Erzulie Dantor): Femme noire à balafre portant un enfant de la main gauche, tandis que l’autre main est placée sur sa poitrine.

Saint-Georges (Ogou Feraille ou Ogou Chango): Homme à cheval blanc et carpe rouge tuant le Dragon.

Saint-Jean Baptiste (Ogou Saint-Jean): Enfant accompagné d’un mouton, sceptre en bois de la main droite.

Santa Barbara (Erzulie aux yeux rouges): Jeune femme couronnée et carpe rouge, fixant une croix.

Saint-Martin de Porrès (Baron Samedi): Jeune homme tenant un balai de la main droite, et un crucifix à la main gauche.

Saint-Gérard Magella (Guédé Nibo): Homme habillé de noir, une croix à la main droite.

Saint-Côme et Saint-Damien (Marassa): Les deux jumeaux.

Fe, Esperanza et Caridad (Marassa): Les trois jumeaux.

Le choix d’une icône ou d’un chromo catholique adopté pour représenter un loa ou un Esprit vaudou ne jouit pas nécessairement d’une telle dévotion en raison des vertus chrétiennes du Saint ou de la Sainte. Cette option est plutôt due à des détails picturaux qui portent le «serviteur» à déceler des attributs propres à la divinité en question.

LA FORCE DE DISCERNEMENT DES COULEURS

Agou
Agou et sa cour par Pierre Augustin © Macondo.

Les loas sont classés en deux groupes principaux: les loas «doux» ou blancs (rite Rada) et les loas «chauds» ou rouges (rite Pétro) qui représentent la force de frappe  du vaudou vindicatif et meurtrier. Erzulie Dantor, identifiée à  la Déméter-Cérès africaine38 - 41, figure sublime et Reine de la Terre; et Damballah Ouèdo, dieu de la force et de la Connaissance, le Maître du Ciel, sont, sans aucun doute, deux des plus importants loas présidant respectivement à tous phénomènes terrestres  et célestes. Selon Milo Marcelin10, Damballah est connu sous plusieurs noms: Damballah  «Arc-en-ciel» Ouèdo  (loa Rada, Moïse), Damballah LaFlambeau (loa Pétro, Saint Patrick), Pierre Damballah, Damballah  Siligwé, Damballah  Kato, etc. Il en est de même pour Erzulie qui coiffe plusieurs images de saintes catholiques sous forme de doublets. Le Pape Jean-Paul II, de regrettée mémoire, affichait une extrême dévotion pour la Vierge Noire de Pologne (Notre Dame de Czestochowa), laquelle, paraît-il, l‘accompagnait.

Les écrits ésotériques des anciens auteurs et philosophes haïtiens du Vaudou5-15 rappellent que les loas «doux» dits blancs sont ceux qui observent, commentent et dépêchent. Parmi eux, il y a lieu de citer Damballah Ouèdo (Saint-Moïse), Agoué (Saint-Ulrick), Legba (Saint-Antoine l’Ermite), Erzulie Fréda  (Sainte-Rose, Mater Dolorosa, Vierge Miracle ), Maître Kafou ou Maître Carrefour (Saint-Lazare), Loko Atissou (Saint- Joseph ou Saint-Gabriel), Clermesine (Sainte-Claire), Filomise (Sainte-Philomène); tandis qu’on peut, entre autres, compter parmi les loas «chauds» dits rouges la déesse Erzulie Dantor (Notre Dame du Perpétuel Secours, Notre Dame du Mont-Carmel), les Ogou Feraille ou Chango (Saint-Georges), Legba (Saint-Antoine de Padoue), Lenglensou (Jésus ensanglanté), Jean Petro (Saint-Sauveur), Bossou (Saint-Vincent), Jean Dantor (Saint-Jean l’Évangéliste), Badè et consorts. De ces loas précités, certains sont considérés comme des «esprits» de  nettoyage ou protecteurs (Legba, Ogou), de traitement ou guérisseur (Damballah, Simbi, Ossangne), de règlements de compte ou négociateurs (Badè, Lenglensou, Marassa); d’autres comme des loas «points» ou initiateurs à différents degrés (Kafou, Aizan).

Comme pour les vèvès9, 11, 22, 42, chaque Esprit ou loa du vaudou a sa propre couleur et son jour d’office10, 25. La Maîtresse Dantor (Notre Dame), dépendant du «degré» et du rite emprunté (Rada ou Pétro), préfère le rouge, le noir ou le bleu royal. Aïda (Ayida)  Ouèdo (Immaculée Conception), femme de Damballah, opte pour le bleu du ciel et le blanc; Maîtresse LaSirène (Notre Dame de l’Assomption), le blanc; Damballah, le vert et le blanc; Agoué, le bleu vert; Aizan, le blanc; Zaka Médé, le bleu indigo; Badè, le vert pois; Jean Dantor, le jaune pâle; Simbi, le bleu ciel;  Legba, le blanc, le rose, le jaune abricot ou le noir; Baron Samedi, le noir; les Guédé, le violet, le mauve, le blanc et le noir; Loko Atissou, le jaune; la déesse Fréda, le rose pâle, le vert et le blanc; Saint-Jacques Majeur, le bleu marin; Ogou, le rouge; Lenglensou, le vert pois ou le jaune foncé; la Maîtresse Aloumandia ou Alouba (Sainte-Anne), le blanc et le bleu; Grann (Grand-mère) Brigitte (Sainte-Brigitte), épouse de Baron Samedi, le blanc; Ogou Saint-Jean, le blanc, vert ou rouge; Agaou, le rouge et le bleu; Marassa, toutes les couleurs.

Les jours consacrés à ces dieux sont mystiquement le lundi pour les Guédé; le mardi pour la Maîtresse Dantor, le dieu Legba (rite Pétro), et tous ceux qui les accompagnent; le mercredi pour les Ogou; le jeudi pour la Maîtresse Fréda, Aïda et Damballah Ouèdo, ainsi que leurs alliés; le vendredi pour tous les Guédé; le samedi pour toutes les nations et, précisément, pour le Maître des Maîtres, Baron Samedi. Autres possibilités, selon les régions, des jours consacrés: Lundi, Brave Guédé, l’un des plus jeunes des Esprits; mardi, Dantor et Legba (rite Pétro); mercredi, Ogou Feraille; jeudi, jour de justice, Damballah, Fréda, Saint-Jacques Majeur; vendredi, les Guédé; samedi, jour de magie, jour de réunion, de rencontre des vingt et une nations ainsi que des cent et un esprits concernés. Mais tout cela demeure à la discrétion du Hougan ou de la Mambo, et ce, de génération en génération. Il nous incombe néanmoins de noter que ces jours d’opération ou consacrés aux esprits varient, non seulement, dépendamment de l’opérateur, c’est-à-dire du Hougan ou de la Mambo, mais encore en fonction des régions, des départements, et de l’accoutumance des «Habitations» des loas domestiques qui ne se retrouvent nulle part d’autre. Cette même dichotomie existe et persiste quand on fait la relation entre les loas et les images catholiques correspondantes. Car certaines illustrations de loas haïtiens par des chromos de saints catholiques varient également en fonction des zones, des cantons, des us et coutumes locaux. À Port-au-Prince, par exemple, c’est le culte Pétro (Simbi Andeizo, Dantor) qui est à l’honneur. Dans le Nord et le Nord-Ouest d’Haïti, les Guédé ne sont pas tolérés, alors que les loas dénommés Pierre (Pierre Dambara, Pierre Balawe, etc.) y sont vénérés. Les loas Ouangol, Amine et la Reine Congo sont honorés avec ferveur dans le Sud d’Haïti, alors que Danwezo est plutôt connu dans le Nord et surtout dans le Nord-Ouest d’Haïti. De plus, les rituels vaudou utilisés différemment dans plusieurs régions comme à « Nan Souvenance » (rite Rada-Dahomey, département de l’Artibonite), à «Nan Campêche» (département du Nord), à «Nan Soucri» (rite Congo, département de l’Artibonite), à «Nan Badjo» (rite Rada-Dahomey, département de l’Atibonite), démontrent la pluralité des lieux, des hommes et de leurs secrets. Quant à Saint-Jacques Majeur, il est identifié simultanément au loa dénommé Saint-Jacques ou à Ogou Balendjo (La Plaine du Nord, Haiti), et à Ogou Feraille (Arcahaie, Haiti). Les loas Ogou Achade, Legba Nago, Ogou Badagri, Ogou Balendjo, les quatre sont en général identifiés à Saint-Jacques Majeur22. Dans le département de l’Artibonite, l’image de Saint-Jacques représente Ogou Balendjo; Saint-Pierre, Saint-Pierre; Saint-Georges, Ogou Feraille; Saint-Joseph, Ogou Badagri. De ce fait, il y a lieu de se demander si les Ogou des rituels Rada (Ogou Bacouleh, Ogou Balendjo), Pétro (Ogou Chango), Congo (Simbi Ganga, équivalent de Saint-Michel), Nago (Legba Nago), Makaya (Simbi Makaya, équivalent d’Ogou Feraille), sont vraiment différents entre eux, une fois manifestés dans d’autres contrées ou sous d’autres rites?43

Cérémonie voudou.
Cérémonie voudou par Gérard Lafortune © Carrie Art Collection

GASTRONOMIE DES DIEUX VAUDOU

Contrairement à la croyance petite-bourgeoise, les Esprits (loas du vaudou) mangent et savent consommer. Les loas d’Haïti ou de l’Afrique mangent dans la joie28, 38, contrairement aux saints de l’Église Catholique qui fonctionnent, paraît-il, en silence.  Les menus des loas varient en fonction de leurs rangs et attributs.

AGOUÉ (jour: dimanche et tous les jours)

Nourriture: Barque d’aliments. Viande de mouton et d’agneau. Fruits: ananas, orange, poire, prune, datte, mangue, nectarine. Autres : Cigare, thé à la menthe, pâtisserie orientale.

Boisson: Champagne.

Couleur: Bleu vert.

Parfum: Florida, Pompéi.

Ustensiles: Foulard de couleur bleu vert, bougie de couleur similaire.

Pierre précieuse: Or, Rubis.

BARON (jour: samedi ou tous les jours)

Nourriture: Hareng salé, patate douce (à peau violette ou blanche), épis de maïs, maïs moulu, hareng saur, cabri ou chèvre, tasso, plantain boucané, igname, soupe giraumon, bouillon à l’haïtienne et dombreuil.

Boisson: Rhum blanc Bacardi, clairin et piment fort (sept ou vingt et un), Tequila.

Couleur: Noir ou mauve.

Ustensiles: Foulard noir ou mauve, tabac et pipe, cigare, café sans sucre, cigarette.

Pierre précieuse: Onyx noir, Or ou argent, Améthyste.

DAMBALLAH (jour: jeudi)

Nourriture: riz blanc, lait, œuf, pigeon blanc, farine, sirop de miel, gâteau, douce (sucre à la crème) à l’haïtienne.
Morue blanche pimentée sur riz à pois de souche.

Boisson: Vodka, whisky écossais, Bailey’s, sirop d’orgeat.

Couleur: Blanc

Parfum: Florida, Pompéi.

Pierre précieuse: Or,  Émeraude (vert).

ERZULIE DANTOR (jour: mardi et samedi)

Nourriture: Riz collé au pois de couleur noire, banane pesée, griot à base de viande de porc, café noir sucré, cigarette (pas de préférence). Fruits: raisin rouge, orange, clémentine.

Boisson: Cinzano, Tia Maria, Grand-Marnier, vin rouge sucré, sirop de grenadine de couleur rouge.

Couleur: Bleu royal ou rouge.

Parfum: Florida, Rêve d’or.

Ustensiles: Foulard de couleur bleu royal, bougie bleue ou rouge, poignard, bouquet de fleurs à rose rouge.

Pierre précieuse: Argent.

FRÉDA  (jour: jeudi)

Nourriture: Poisson, poulet, pigeon blanc, plantain mûr, ananas.

Boisson: Sirop d’orgeat, Amaretto, Anisette.

Couleur: Rose, bleu ciel, et blanc (identifiée des fois à Immaculée Conception).

Parfum: Florida, Bien-être (Cap-Haitien), Rêve d’or (Port-au-Prince).

Pierre précieuse: Or, diamant.

GUÉDÉ (jour: samedi)

Nourriture: Mélange à base de pois, de maïs en grain et de viande épicée et salée (Tiaka), hareng boucané, patate douce et plantain boucané, tabac et pipe.

Boisson: clairin, piment fort, cannelle et canne-à-sucre.

Couleur: Noir, blanc, mauve et violet.

JEAN DANTOR (jour: mardi et samedi)

Nourriture: Mille feuilles, gâteau, tartre aux fruits, pâtisserie, assiette de bonbons et friandises, Cola rouge, sirop de grenadine.

Couleur: jaune pâle.

Pierre précieuse: Argent.

LEGBA (jour: mardi)

Nourriture: riz collé au pois noir, poule noire.

Boisson: Clairin et Sirop.

Couleur: noir, blanc.

Pierre précieuse: Pierre noire.

MARASSA (jour: vendredi)

Nourriture : Semoule de couscous (carotte, navet, courge, tomate, chou, pois chiche, raisin sec, mouton, beurre salé, beurre rance aromatisé de thym), cuit au beurre.

OGOU (jour: mercredi et vendredi)

Nourriture: Poisson rose ou rouge (frits ou en sauce tomate), riz collé au pois rouge, plantain et salade (laitue et tomate). Mélange de noix d’acajou, d’amande, de datte et de pistache. Lambi, crevette et fruits de mer.

Boisson: surtout le Rhum Barbancourt (cinq étoiles).

Couleur: Rouge

Parfum: Florida, Opium.

Ustensiles: Foulard rouge, bougie rouge, machette, tabac et pipe, cigare, café noir sucré.

Pierre précieuse: Grenat (rouge).

SIMBI (jour: samedi)

Nourriture: riz collé et viande de poulet.

Boisson: liqueur Saint-Raphaël, alcool fort (rite Pétro).

Couleur: Bleu ciel, blanc (Simbi Dlo, rite Rada); rouge (Simbi Makaya, rite Pétro).

Pierre précieuse: Or, diamant.

ZAKA MÉDÉ (jour: samedi)

Ustensiles: Absinthe, sac, pipe et tabac. Bouteille composée de clairin, anis étoilé, racine de «zodevan».  Dans le sac ou «djakout» destiné à Zaka, on doit retrouver: bonbon amidon, pistache, bonbon sirop haïtien, noix de coco (coconut), pain blanc haïtien, une poignée de maïs, de riz et de pois, cassave, pain doux (bobori), surettes, bois de pin, allumette, et quelques sous noirs ou blancs.

Couleur: Bleu indigo.

Pierre précieuse: Rubis, Saphir.

Pourquoi s’entêtait-on, à une époque donnée44, 47, dans une attitude de refus, à vouloir détruire, sacrifier, et même faire disparaître  une telle religion aux richesses inexpliquées? Incapable de comprendre les phénomènes et manifestations reliés au Vaudou, l’Étranger contrarié dans ses désirs de conquérant a toujours voté pour sa disparition en prenant soin de l’avilir de prime abord. Pourquoi faut-il toujours associer le Vaudou aux pactes de sang48 ou au monde de la sorcellerie49? Le Vaudou doit-il évoluer50 ou l’est-il? Autant de questions à débattre durant ce nouveau millénaire.

GLOSSAIRE no 2

Aïzan (Ayizan): Esprit de la Terre-Mère. On la célèbre par la fête de l’igname. Mambo dans l’invisible (symbole: le laurier blanc). Identifiée à Sainte-Lucile.

Aïzan, la purificatrice des hounforts, qui précède Papa Loko. Sa couleur est le blanc. Sa nourriture est la bouillie de farine de maïs (ou Akasan), et autres douceurs comme la banane mure, l’ananas, le pigeon blanc et riz blanc.

Asson (ou Açon): C’est le dieu Loko qui donne l’asson.

Bokor: Prêtre de la magie noire ou maléfique.

Chaman: Magicien ou sorcier. Mais tout sorcier ou magicien ne saurait être un chaman.
Selon Mircea Eliade, le chaman est «le spécialiste  de l’âme humaine». Il sait «comment la vie se manifeste, où résident les futurs hommes, avant leur incarnation, de quelle manière ils s’incarnent dans le sein de leur mère. Il se place face au mystère de la naissance, peut influer sur elle, choisir les âmes, et faciliter leur introduction dans le monde.»

Condiments: Offrandes destinées à remplir le «djakout» où la «macoute» d’un loa.

Demembre (nan demembre, nan habitation): Lieu ou les membres d’une même famille procèdent aux rituels destinés aux loas domestiques.

Djakout: Sac de paille ou de cisale tressé, chargé de «condiments» selon l’esprit (loa) auquel il est destiné.

Djèvo (guévo): Caveau d’initiation. C’est Ogou qui place l’Initié dans le djèvo.

Foulard: Pièce de tissu utilisée lors des cérémonies d’invocation des esprits. Comme attributs et selon le rite, sa couleur varie. C’est l’équivalent d’un long mouchoir.

De couleur blanche, Damballah; rouge, Ogou Feraille; noire, Baron Criminel; bleu royal, Erzulie Dantor; Rouge, Agaou; Jaune, Legba; Bleu du ciel, Simbi; Rose, Erzulie Fréda; Mauve, Brave Guédé; Bleu vert, Agoué; Bleu indigo, Cousin Zaka Médé.

Hougan «djakout»: Prêtre du vaudou non «assogué».

Hougan «djèg»: Individu dénommé auparavant «confiance-kay» qui, à un moment donné, laisse la maison du hougan pour monter ses propres affaires.

Hougan «tchatcha»: Hougan qui, au terme de son initiation, a reçu le hochet sacré en lieu et place de l’asson.

Kay-loa: Maison ou logent les esprits. C’est le hounfort.

Lakou: Lieu de pèlerinage, de traitement vaudou. Réf : Lakou Grann Guitonn (mère de Dessalines).

Loa: Force naturelle. Esprit (loa) guerrier, buveur d’alcool. Loa paisible, consommateur d’aliments doux.

Ogou Achade, Badagri, Balendjo, Legba Nago, les quatre identifiés à Saint-Jacques Le Majeur, selon les régions. Ogou Batallah, à Saint-Philippe; Ogou Feray (Feraille) et Ogou Chango à Saint Georges.

Damballah, Agoué et Simbi, loas des sources et rivières.

Legba Atibon, Legba Mèt Potay (Maître Portail), Legba Mèt Kafou (Maître Carrefour), Legba Nago, sont identifiés respectivement à Saint-Antoine, Saint Pierre, Saint-Lazare, Saint- Jacques Majeur.

Simbi Dlo (de l’eau), Simbi Boua (Bois), Simbi Andeizo (entre deux eaux), Simbi 3 Kafou (Trois Carrefours), représentent respectivement Saint-Raphaël et les Trois Rois Mages.

Loa d’habitation (ou domestique): Loa (ange ou esprit) que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Loko Atissou: Divinité-Hougan, médecin et initiateur (symbole: l’asson), dieu des nouvelles, identifié à Saint-Gabriel. C’est lui qui donne l’asson. C’est un loa guérisseur dont la couleur est le jaune. Bien qu’il soit  servi» sous le rite Rada, on lui donne à boire de l’alcool. On lui donne à manger du bœuf.

En ce qui a trait à la couleur de son « mouchoir », tout dépend des régions. On lui attribue tantôt le jaune, tantôt le rouge. Au cours des diverses cérémonies auxquelles nous avons assisté, nous avons vu l’utilisation des deux couleurs. Il semblerait que la couleur utilisée changerait le « point » ou degré sous lequel l’esprit serait invoqué.

Ogou (Nago): Nombreux sont les Ogou : Ogou Cancannican (Nago Pétro), Ogou Bhacouleh (Nago Rada), Ogou Bhathalah (mixte), Ogou Tonnerre (Nago Pétro), Ogou Balisère, Ogou Palama, Ogou Ashadeh, Ogou Fer, Ogou Bha-lin-dyo (Nago mouillé), Ogou Shango (Nago Pétro), Ogou Bha-da-gri, Ossangne, Ogou Yamsan.

Points: Degrés. Coucher «sou point» pour apprendre à travailler, à placer les esprits durant huit à neuf jours.

Prière «djo»: Litanie de prières d’invocation des loas du Panthéon vaudou.

Sang: Le sang contient l’âme, ou du moins une des âmes, et il est nuisible de le répandre. Car «l’âme de toute chair, c’est son sang, qui est en elle.» (La Bible, Le Lévitique, 17, v. 10-14).

Société: Péjorativement, association d’initiés à la magie noire ou maléfique (ex : Zobop, Sans-poils, Grand-Drap, Bizango, Makaya, Makanda, etc.).

Transe: Manifestations conscientes ou inconscientes de l’individu à un moment donné. Elle peut être violente ou non s’il y a refus de l’individu d’être possédé.

Trois: Le chiffre de la Trinité. Les trois femmes d’Égypte: Dantor (Terre et Feu), Fréda (Air), Simbi (Eau).

Vèvè: Écriture symbolique des esprits sous forme de dessin ou motif.

Zaka (Azaka Médé): C’est le cousin Zaka, le paysan. Le dieu de l’agriculture.

En l’honneur de Zaka, nous n’avons jamais vu de «mouchoir» bleu, mais toujours le rouge. Pourtant, sa bougie est bleue. Nous pensons que cela dépend du règlement de chaque «lakou».

Zombi: Individu jugé et condamné à son insu par ses pairs, des gens de sa connaissance. Être «zombifié» est synonyme de la peine de mort. Arrestation de l’âme et de l’esprit de la personne concernée. Profil catatonique.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

  1. Jean CHEVALIER et Alain GHEERBRANT: Dictionnaire des symboles, Robert Laffont – Jupiter, Paris, 1982.
     
  2. Oswald WIRTH: Le tarot des imagiers du Moyen-Âge, Claude Tchou Éditeur, 1966.
     
  3. Professeur Frank Charles THOMPSON: La Bible, Vida, Miami (Florida), 1997.
     
  4. Lucien GOLDMANN: Le dieu caché, Gallimard, Paris, 1959.  
     
  5. Dr Arthur HOLLY (Her-Ra-Ma-El): Les «Daïmons» du culte vodou, Impr. Edmont Chenet, Port-au-Prince, 1918.
     
  6. Jean PRICE-MARS: Ainsi parla l’oncle (1928), Leméac, Montréal,  1973.
     
  7. J. C. DORSINVILLE: Vodou et névrose, La Presse, Port-au-Prince, 1931.
     
  8. Lorimer DENIS et François DUVALIER: Évolution stadiale du vodou, Port-au-Prince, 1943.
     
  9. Dr Louis MAXIMILIEN: Le vodou haïtien, Impr. de    l’État, Port-au-Prince, 1945.
     
  10. Milo MARCELIN: Mythologie vodou (Tomes I et II), Les Éditions Haïtiennes, Port-au-Prince, 1949-1950.
     
  11. Milo RIGAUD: La tradition voudoo et le voudoo haïtien (son temple, ses mystères, sa magie),  Niclaus, Paris, 1953.
     
  12. Lorimer DENIS: Origine des loas, in Mémoire de l’Institut Français d’Afrique Noire, Dakar (Sénégal), 1953.
     
  13. Léonce VIAUD: Le hounfor, in Bulletin du Bureau d’Ethnologie, no 12, 1956.
     
  14. Alfred MÉTRAUX: Le vaudou haïtien (1958), Gallimard, Paris, 1977.
     
  15. Placide DAVID: Héritage colonial en Haïti, Madrid, 1959.
     
  16. Emmanuel C. PAUL: Panorama du folklore haïtien, Impr. de l’État, Port-au-Prince, 1962; Fardin, Port-au-Prince, 1978.
     
  17. Dr Jean Baptiste ROMAIN: Le vaudou haïtien, Impr. de l’État, Port-au-Prince, 1970.
     
  18. Laënnec HURBON: Dieu dans le vaudou haïtien, Payot, Paris, 1972.
     
  19. Jean KERBOULL: Le vaudou, magie ou religion, Robert Laffont, Paris, 1973.
     
  20. Amar HAMDANI: Rites et secrets du vaudou, Idégraf & Vernoy, Genève (suisse), 1979.
     
  21. Eddlyn DESRUISSEAU: Les amantes du mystère, Humanitas / Nouvelle Optique, Montréal, 1989.
     
  22. Gérard Alphonse FÉRÈRE: Le vodouisme haïtien, sans nom d’édition, Philadelphie     (USA), 1989.
     
  23. Mercédes GUIGNARD (Déita): La légende des loas, sans nom d’édition, Port-au-Prince, 1993.
     
  24. Jean Rosier DESCARDES: Dynamique vodou et droits de l’homme en Haïti, Mémoire de DEA d’Études Africaines (Option: Anthropologie juridique et politique), Université Paris I (Panthéon – Sorbonne), 1998-1999.
     
  25. Claude PLANSON : Le grand livre du vaudou, Librairie de  l’Inconnu, Paris, 1999.
     
  26. Reginald O. CROSLEY: The vodou quantum leap, Llewellyn Publications, St-Paul, MN (USA), 2000.
     
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  28. Yvonne DANIEL: Dancing wisdom, University of Illinois Press, Urbana and Chicago, 2005, pp. 117-118.
     
  29. Saint-John KAUSS: La terre, les hommes et le pouvoir des dieux, in la revue Hauteurs (France), no 21, décembre 2006.
     
  30. Henri BERGSON: Les deux sources de la morale et de la religion, 1956, p.103.
     
  31. E.E EVANS-PRITCHARD: La religion des primitifs, Payot, Paris, 1971, p. 7.
     
  32. F. B. JEVONS: An introduction to the history of religion, 1896, p. 206.
     
  33. Colin WILSON: L’occulte (Histoire de la magie), Albin Michel, Paris, 1973.
     
  34. Lévy BRUHL: L’expérience mystique et les symboles chez les primitifs, Alcan, Paris, 1938.
     
  35. Mircea ELIADE : Images et symboles, Gallimard, Paris, 1952.
     
  36. Charles-Rafael PAYEUR: Aspects occultes du baptême, de l’Aigle, Sherbrooke (Québec), 1989; La magie des cierges et de l’encens, de l’Aigle, 1990.
     
  37. COLLECTIF: Le livre des sacrements, Centurion - Cerf - Desclée De Brouwer, Paris, 1974.
     
  38. Pierre VERGER : Dieux d’Afrique, Paul Hartmann Éditeur, Paris, 1954.
     
  39. Louis SÉCHANT et Pierre LÉVÊQUE : Les grandes divinités de la Grèce,  Paris, 1966.
     
  40. Hermès TRISMÉGISTE: Corpus hermeticum, Belles Lettres, Paris.
     
  41. Héléna Pétrovna BLAVATSKY: Isis dévoilée, Adyar, Paris, 1981.
     
  42. Milo RIGAUD: Vè-Vè (Diagrammes rituels du voudou), French and European Publications Inc., New York, sans date de parution.
     
  43. A. VANEL: L’iconographie du dieu de l’orage (dans le Proche-Orient ancien jusqu’au VIIe siècle avant J.-C.), Gabalda, Paris, 1965.
     
  44. Jacques ROUMAIN: À propos de la campagne anti-superstitieuse, Impr. de l’État, Port-au-Prince, 1942; Le sacrifice du tambour Assotor, Publications du Bureau d’Ethnologie, Port-au-Prince, 1943.
     
  45. Père Carl Edward PETERS: La croix contre l’asson, Impr. La Phalange, Port-au-Prince, 1960.
     
  46. Élie LESCOT: Avant l’oubli: Christianisme et paganisme en Haïti et autres lieux, Impr. Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1974.
     
  47. Jean-Claude DE VERGER: Vodou et catholicisme en Haïti, éd. Métuca, Montréal, 1999.
     
  48. Paul HAZOUMÉ: Le pacte de sang au Dahomey, Paris, 1937.
     
  49. Jean-Paul ROUX: Le monde du sorcier, Seuil, Paris, 1966.
     
  50. Edouard SCHURÉ: L’évolution divine: du Sphinx au Christ, Librairie Académique Perrin, Paris, 1936.

 

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