fermons la parenthèse et parlons d’amour et de grands rires attendris --- d’habitués des provinces de sortilèges et de vagues frontières
parlons de poètes enchantés dans des poèmes renversés pour la solitude que fut la fille aux cheveux d’orge / au sourire d’enfant seule
solitude que fut celle de la poétesse / la collégienne aux yeux fertiles d’appâts si sympathique à l’ombre que fut ma poésie des îles épicée d’hommes de toutes les couleurs
elle fut la goutte qui fit déborder mon âge
mouvement de nudité parfaite
ô femme d’un bond
aux clavicules et omoplates sans égaux
puits de salive fraîche aux baisers doux et plats
femme si sympathique que nulle parcelle
dans le silence des orgues
petite île dans la nuit de l’homme
ne soit capable de tant d’amours et tant de rêves
rêves muets jusqu’aux genoux des arbres
jusqu’à l’échelle nue des archipels
rêves de textes sacrés livrés à la facilité du profane
vœux d’îles en îles pourtant dressées comme des lampes
dans la nuit des hommes
femme tigée d’une terre d’indienne au pas des ours
femme aimante du poème dressé tel un chaman en transe
ô femme d’arithmétique
chronique de tous les maux du poète
ô femme d’équations doubles
inconnues aux grâces des profondeurs
que nul n’y prenne goût aux déhanchements
aux sangs mêlés de ses cadences de pur-sang
de cette reine des grands chemins
Ô renne démesuré dans l’instant du poème
et que nul n’y prenne plaisir de ses blessures et de ses morts
du cadran de ses amours brisées
de mes épanchements vers elle au-delà de la joie
de ma fuite maladroite aux yeux des geishas
je ne pouvais plus la regarder sans marquer de mon signe
poèmes frontés de mots rares
phrases belles perdues dans la douleur du refus
de partager
la partager avec le fou qui disait Homère
cette dame belle aux yeux des vivants qui redouble ma lenteur d’illuminer mes mots tristes et choisis pour la solitude que fut-elle fille aux cheveux d’orge / au sourire d’acacia
d’autisme et de battements de cœur qui définissent les premiers rendez-vous
d’houles perdues dans la mer comme une pluie d’étoiles décédées
au pas trop lent d’orgues voraces des souvenirs
que nul ne s’imagine ses pieds nus dans un feu de joie
ô femme de neige fuyant mon soleil
à l’ombre que fut
ma poésie généreuse d’un homme tranquille
et que nul ne doute de la mobilité de l’innocence
de nos morts échangés au tribunal des terriens
où guettent les derniers gestes vivants
pour la solitude que fut celle
de la poétesse dénommée
Berth
Château Audoin,
31 janvier 2007 |