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à Jeanie Bogart
«Élever plus haut notre éternelle chanson
dix mille se lèvent comme un seul homme et pourtant la vie est une chimère insoupçonnée de l’insoumise qui s’interdit dans la poussière étoilée
vingt mille se lèvent pour dire à la chair immobile la marche des dieux pèlerins l’impatience des prédateurs ou l’attente d’un immigrant démesurée cent mille se glissent dans l’ombre dérisoire où la tige avide et maigre n’a pas d’avenirs ---------------- où le soleil cabossé termine sa giration amoureuse où le cœur n’a pas sa raison d’être attentif et furieux
que passe dans le vent la faim la soif la liberté aux vœux de voyage formulés à chaque rendez-vous de poète gâté au premier cri du geai impérieux le rappel instantané de l’abandon
car ces élégies dites dans les mouvements de femmes aux corps d’acrobate de la hanche aux gestes de perdrix bouleversé par la gourmandise des seins si solidement attachés au thorax de ton rivage fille sauvage
deux mains joyeuses d’une étrangère ma Reine de sa bouche et de celle qui accompagne ce fragment de mon corps de coupe anonyme qui est vie vivante verge des soirs atomisés captive dans la poursuite de l’oiseau migrateur sous verrous
il est écrit que les hommes et les villes n’aiment pas les cicatrices minuscules au friselis d’un cœur joyeux
deux doigts d’une main étrangère à honorer sa bouche osseuse de chair des tribus des peuples à tout casser comme des filles de joie en cours de création tombes d’eau et de chants où les poètes ne parlent plus dans la respiration des belettes aux appétits de grandes orgues une main d’effeuillaison qu’accueillent les sept femmes qui accompagnent la féminine hydre dans l’oubli double de la rose
une jambe étrangère une biche et un saule qui bravent le vent la corrosion et les cyclones
mémoires d’Ève et de tous les fruits défendus d’acajou ou d’églantiers en abats de pierres au milieu de la ville ma Ville d’ardentes fleurs dans des larmes mal versées Adam de tous les continents arraché dans des allégories ou l’écart d’une plante comme l’aire d’une feuille où s’étale ma femme dans le silence
ma seconde fille aux yeux d’amande et de vie m’a rassuré du temps de la besace de l’amoncellement des heures et de la solitude des cœurs
le geste d’aimer
le geste essentiel du peintre ramolli dans la peinture de l’homme préposé au gouvernail de la barque aux scarabées
ô belles aux bouches bées d’allégresse Ô fauves belles de nuit amantes chaudes dévorantes aux petits pieds
est-il aussi écrit que j’accepte d’exister dans l’infini de celles qui accueillent et accompagnent les arbres et le phoenix le daim et la rosée l’Aïeul tatoué comme une icône
dix mille vingt mille cent mille se lèveront comme un seul homme à la conquête de la faim la soif la liberté du triomphe des peuples sans souvenirs ni paroles
Laval, 21 septembre 2007
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