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À l'école des soins palliatifs: Dieu

par Saint-John Kauss

On ne peut même pas parler de racisme dans les hôpitaux sinon de mépris de tous les vieillards, de traitement malsain des gens âgées dans les centres d’hébergement affiliés, et de soulagement non soulagé d’une maladie par manque de place surtout dans les urgences. Le Québec n’est plus ce qu’il était. Toujours les mêmes hôpitaux, mais près de 80.000 immigrants par année. D’où l’engorgement des salles d’urgence, le manque de médecin, et le sourire brisé des infirmières qui travaillent trop et qui n’ont guère  une vraie vie sociale ou intime. Marier une infirmière, c’est avoir beaucoup d’argent et peu d’affection en retour. Les infirmières partent  alors pour  Cuba  chercher un homme «rose», lequel, une fois «immigrant reçu», s’en va danser la «salsa» avec une immigrante de son choix, toujours quelqu’une de sa langue. Au Québec, il faut savoir discerner, analyser, et choisir. Sinon, on peut se marier tous les mois et dans plusieurs villes. Les médecins étrangers nous apportent la chaleur des Tropiques ou du désert. La plupart des grands médecins québécois sont  Belges, Français, Italiens, Hindous, Chinois, Arabes ou Haïtiens. Des noms: Jean-Claude Fourron, J. Defay, André Asselin, Roger Lahens, Labrense Bien-aimé, Ferdinand, Nérée, Léger, Théus, Hyppolite, Marc-André Ulysse, Serge Rousseau, Guillaume, Dominique Gatereau, Robert Élie, Hubert Turenne, Dickens Saint-Vil, Lionel Carmant, Menos Desamour, Eugenio Rasio, Ijaz A. Qureshi, Omar Seri, Brunengraberg, Daa, Sarma, Ho, Cho, Nguyen, Hoang, etc. Des infirmières aussi. Ils ont ainsi formé des milliers de jeunes québécois dans le domaine de la recherche, de la médecine et des soins infirmiers,  rehaussant alors l’image de l’immigrant «bon-à-rien» que l’on nous avait assigné auparavant. Tous ces hommes et femmes professionnels ont forgé une place aux plus jeunes bien qu’il existe encore des bastions impénétrables. À la relève, nous leur demandons de continuer et d’agir intellectuellement pour la survie et l’image de nos pays d’origine.

Sartre disait que «la seule chose qui permet à l’Homme de vivre, c’est l’acte». Oui, il faut agir pour changer les choses. Il faut souffrir pour mieux comprendre l’acte. Nous avons ainsi donc compris pourquoi chaque communauté a son propre hôpital au Québec? Pourquoi l’on ne verra jamais un Chinois ou un Juif dans les couloirs de Saint-Luc ou de l’hôpital Hôtel-Dieu? À moins d’un cas extrême de chirurgie majeure,  il se trouve d’habitude ailleurs. Le Juif, gâté après la deuxième guerre mondiale, possède jusqu’à ses propres chiottes (rions un peu).

Dans les hôpitaux au Québec, prière de ne pas accoucher dans les toilettes. Plusieurs cas de femmes enceintes, négligées par habitude ou par racisme, accouchent là où bon leur semble dans les hôpitaux. Arrivées en trombe, faute de place, trop basanées, et même voilées, on dirait que même les médecins ont peur de les toucher. Les infirmières passent et repassent, et s’en moquent. Le temps devient alors si long que Dieu et l’enfant s’en mêlent. Des cas aussi de diabétiques méprisés, malgré les commandes de nourriture spécialisée…en urgence. Sans oublier les douleurs associées à un fibrome suranné qu’on peut laisser traîner pour être plus mûr facilitant l’opération de son enlèvement. Disons des patients à long terme. Combien, blancs, noirs et jaunes, sont morts sans être opérés?  Des vieillards se plaignent du mépris de certains médecins à leur endroit. Ils sont trop vieux pour avoir besoin d’être traités, pensent-ils que les médecins pensent. Glaucomes et cataractes, obtenus avec l’âge, rendent presque aveugles la majorité des bénéficiaires. Et pourtant, on dirait, disent les vieux haïtiens, qu’ils n’aiment pas nous voir faufiler devant eux. Probablement, le syndrome d’être DIEU. Allons messieurs, l’existence doit précéder l’essence, nous criait  Sartre.

 Viré monté