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Léon LALEAU et la musique nègre

Saint-John Kauss

Léon Laleau, né à Port-au-Prince (Haïti) le 3 août 1890. Études secondaires au Lycée Alexandre Pétion. À moins de vingt ans paraissait dans Le Matin son premier article de journaliste. Diplomate et homme de lettres, Léon Laleau a représenté Haïti en Europe et en Amérique Latine comme Consul ou Chargé d’affaires. Dans l’île même (Haïti), il fut quatre fois ministre.

Léon Laleau est décédé à Port-au-Prince le 7 septembre 1979 à l’âge de 89 ans.

Grand officier de la Légion d’honneur française, Médaille d’or des lettres, des  sciences et des arts, membre de diverses académies, il avait reçu en 1962 le prix Edgar Poe, décerné par les maisons de poésie.

Léon Laleau a publié en poésie: À voix basse (1919), La flèche au cœur (1926), Le rayon des jupes (1928), Abréviations (1929), Musique nègre (1931), Ondes courtes (1933); en prose: Jusqu’au bord (1916), La danse des vagues (1919), Le choc (1922); pour le théâtre: Amitiés impossibles (1916), Une cause sans effet (1916); des essais: Maurice Rostand Intime (1926), Apothéoses (1952). Il a collaboré au Figaro Littéraire, au Mercure de France et à Paris-Soir. En Haïti, il fut directeur des journaux Haïti-Journal et Le Nouvelliste.

Léon Laleau a obtenu le prix littéraire Deschamps en 1978.Les Éditions Henri Deschamps, la même année, ont publié une rétrospective vaste de son œuvre poétique. Une autre rétrospective, Musique nègre, parut en 2005 aux Presses Nationales d’Haïti, à Port-au-Prince.

 

SACRIFICE

Sous le ciel, le tambour conique se lamente
            Et c’est l’âme même du Noir :
Spasmes lourds d`homme en rut, gluants sanglots d’amante
            Outrageant le calme du soir.

 

Des quinquets sont fixés aux coins de la tonnelle,
            Comme des astres avilis.
L’ombre sue un parfum de citronnelle
            Séchée à l’acajou des lits.

 

Et montent, par moments, du houmfort tutélaire,
            Parmi des guirlandes d`encens,
Les bêlements du bouc qui, dans la brise, flaire
            L’odeur prochaine de son sang.

 

TRAHISON

Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes,
Et sur lequel mordent, comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m`est venu du Sénégal?

 

 

CANNIBALE

Ce désir sauvage, certain jour,
De mêler du sang et des blessures
Aux gestes contractés de l’Amour
Et de percevoir, sous les morsures
Qui perpétuent le gout des baisers,
Les sanglots de l’amante, et ses râles…
Ah ! rudes désirs inapaisés
De mes noirs ancêtres cannibales…

 

 

  • LALEAU (Léon): A voix basse, 1920; La flèche au cœur, Parville, Paris, 1926; Le rayon des jupes, Collection des Amis de Tristan Derème, Paris, 1929; Abréviations, Librairie de France, Paris, 1929; Musique nègre, 1931; Ondes courtes, 1933; Orchestre, Éditions du Divan, 1937; Œuvre poétique, Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1978; Musique nègre, Presses Nationales d’Haïti, Port-au-Prince, 2005.

 

3.1.2012

Viré monté