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La poésie de
Gérard Vergniaud
ÉTIENNE

Saint-John Kauss

 

 

 

Gérard Étienne
© Conseil International d'Études Francophones

Gérard Étienne

Né au Cap-Haïtien le 28 mai 1936. Il passera bientôt sous les drapeaux, enrôlé au Corps d’aviation des Forces armées haïtiennes.  A l’âge de vingt ans, il fit ses premières armes dans la poésie, après qu’il eut découvert Eluard,  Aragon,  Yvan Goll et Lorca,  au hasard de ses lectures. Après ses humanités obtenues en 1956, il décrocha un poste d’enseignant du secondaire et collabora à plusieurs quotidiens et hebdomadaires d’Haïti. Il fut, entre autres, animateur d’une émission radiophonique, Notes et Rimes (1960-1964), diffusée sur les ondes de Radio Haïti à Port-au-Prince, et fondateur d’un petit groupe culturel. Émigré en 1964 à Montréal où il obtint une licence en lettres, il poursuivit ses études en Europe et décrocha un doctorat en linguistique de l’Université de Strasbourg en 1974. Autrefois Professeur à la Faculté des lettres de l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick. Ancien directeur de la revue Lettres et Écritures (1967-1968), metteur en scène, ancien rédacteur en chef de la Revue de l’Université de Montréal, il fut également membre des Comités de lecture de plusieurs maisons d’édition, à Montréal et en Acadie. Gérard Vergniaud Étienne a fait de la prison, beaucoup de prisons sous les différents gouvernements d’Haïti de son époque port-au-princienne. Anti-aristidien acharné, il s’est fait injurier et battre sur le terrain de Radio Canada (Montréal) en 1993, juste avant une émission-interview avec la journaliste Denise Bombardier dont il était l’hôte. Bien entendu, cette agression politique l’a complètement traumatisé. Écrivain engagé dans la vie comme dans l’écriture, il est actuellement polémiste à temps plein et professeur retraité de l’Université de Moncton.

Gérard V. Étienne a beaucoup voyagé, surtout en Europe, aux Antilles et en Amérique du Sud où il participa à des congrès et prononça des conférences publiques, pour les Nations Unies, entre autres. Il prononça également des conférences sur les sciences humaines à Montréal, Santo Domingo, San Juan, Naples, Paris, Strasbourg, Mexico, Londres, etc. Outre de nombreuses études sur la linguistique et la sémiologie, il a publié plus d’une centaine d’articles littéraires, sociologiques et politiques dans les journaux suivants: Panorama, Le Nouvelliste (1958-1964), Métro-Express (1965-1966), Quartier latin, Lettres françaises, Haïti Observateur, Le Devoir, etc. Ses hypothèses scientifiques, particulièrement sur la phonologie du créole haïtien, ont été reprises par plusieurs chercheurs américains et français. De plus, ses travaux scientifiques ont été cités dans la bibliographie d’un manuel d’introduction à la linguistique, ainsi que dans Langue française, les parlers créoles, paru chez Larousse, et dans Initiation à la linguistique, le Créole, structure, statut et origine, de Albert Valdman, chez Klincksieck, notamment.

Gérard V. Étienne a, littérairement, publié huit recueils de poésie: Au milieu des larmes (1960), Plus large qu’un rêve (1960), La raison et mon amour (1961), Gladys (1963), Lettre à Montréal (1966), Dialogue avec mon ombre (1972), Cri pour ne pas crever de honte (1982), La charte des crépuscules (1993); neuf romans: Le nègre crucifié (1974), Un ambassadeur macoute à Montréal (1979), Une femme muette (1983), La reine Soleil levée (1987), La pacotille (1991), Le bacoulou (1998), Maître Clo ou la romance en do mineur (2000), Au bord de la falaise (2004), Vous n’êtes pas seul ( 2007); et six essais: Essai sur la négritude (1962), Le nationalisme dans la littérature haïtienne (1964), La question raciale et raciste dans le roman québécois (1995), La femme noire dans le discours littéraire haïtien (1998), L’injustice (1998),  Hervé LeBreton et la poétique de la femme (2006). Son œuvre a été traduite en anglais, en espagnol, en portugais et en russe. Elle figure dans plusieurs anthologies, dont Le silence éclate (Moscou) et Présence africaine (Paris).

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Gérard Vergniaud Étienne, comme tout grand poète, croit en l’inspiration poétique. “La poésie”, soutient-il, “ne court pas les rues, et ne se vend pas au marché. L’inspiration poétique pénètre, oui ou non, l’être humain. Il n’y a pas deux poids, deux mesures, dans cette forme que les gens appellent poésie.”

L’inspiration de la poésie de G.V. Étienne vient sans doute d’en bas. Une poésie de l’immersion, parlant de choses vues qui sont d’ailleurs d’ici ou de là, avec un rituel propre aux poètes de l’après-guerre en France. Chez Gérard V. Étienne, on peut parler sans risque de se tromper d’art réaliste et de modernisme appliqué, donc d’hyper-réalisme; le fait qu’il soit possible, à partir de ses poèmes, d’énoncer une technique simple d’après laquelle le poème est le résultat de la prolixité de l’Être et de son environnement (le social). Pour nous, le recours à un système, à son système, est “une façon d’obtenir une distance vis-à-vis de l’œuvre, de prendre de contre-pied l’attitude romantique propre à ces artistes qui s’identifient à des surhommes inspirés...”

Avec Gérard V. Étienne, donc, c’est la lecture d’un monde intime, sensible aux multiples épanchements de la nature, sans cesse à la recherche de la femme (Gladys, 1963), de la ville (Lettre à Montréal, 1966) ou de son ombre (Dialogue avec mon ombre, 1972). On le lit   (et l’oeuvre) dans une quête intéressante des mots et des images, et son écriture qui charrie sans fin les gestes du quotidien rassure du choix heureux des “couleurs” qui s’imposent d’emblée. Le poète prend parfois plaisir à se noyer dans “l’oubli funeste” et dans la mésaventure de son île au regard d’acier (Cri pour ne pas crever de honte, 1982). Façonnant le souvenir telle une étoile tombée du ciel, on y retrouve exprimée toute sa rancoeur d’être ailleurs. Nostalgie de l’île en détresse. Défaillance d’un coeur marchant “à la hauteur des Tropiques”. Beauté candide d’une poésie de l’incertain retour, Cri pour ne pas crever de honte (1982) traduit une sorte de révolte dans la douleur des mots qui s’exaltent autour de la mémoire du poète.  C’est le retour des vieilles obsessions (ce retour au concret), cette étreinte faite de fiel qui dépasse les limites de simples réminiscences. Ce village bâti autour de la mémoire du poète cimente au quotidien chacune de ses démarches. Dans le “Cri...”, en effet, tout est plus décrit que suggéré.  Ce poème est bâti autour d’une nostalgie, autour d’un rêve, et autour d’un pays.

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A Moncton, en 1993, aux éditions d’Acadie, Gérard V. Étienne a récidivé en publiant une rétrospective de l’ensemble de ses œuvres poétiques: La charte des crépuscules. Divisé en sept sections, ce livre n’est que la reproduction de Au milieu des larmes (1960), Plus large qu’un rêve (1960), La raison et mon amour (1961), Gladys (1963), Lettre à Montréal (1966), Dialogue avec mon ombre (1972) et Cri pour ne pas crever de honte (1982). Étrangement, les sections ont été titrées différemment par l’auteur. On peut lire maintenant: Frissons et pleurs, Clameurs de rêves, L’amour au pluriel, Romance antillaise, Montréal entre les branches de l’aube, Paroles de vents contraires, Et tombe le rideau sur un pays en notes funèbres.

Même si Gérard V. Étienne est souvent perçu comme un romancier cinglant, donc un prosateur, ses poèmes qui sont le témoignage d’une écriture vaillante et lyrique, le protègent (l’auteur) de tout scandale et de toute politique du silence. Le langage félin, souvent utilisé par le poète, note un esthète aux accents si simples, une poésie de communication munie d’une puissance émotionnelle capable d’ajouter du frisson aux mots.

Le temps n’a rien détruit de tous ses vers écrits depuis les années ‘60. Au contraire, plus engagé et plus maîtrisé dans La charte des crépuscules (1993), l’art du poète rénove et contribue à alimenter une part du surréalisme, celui qui s’identifie aux limites de l’incompris, celui qui donne sa chance au lyrisme et permet à l’artiste d’exprimer ses sentiments dans la jouissance et la révolte. En effet, la poésie de Gérard Vergniaud Étienne est l’expression même de l’état d’âme le plus concret,” une poésie de la kinesthésie” mobile qui offre à l’épanchement du lecteur l’image d’un poète spontané livré aux plus curieux. Au demeurant, le poète qui transmet, crée cette émotion qui explique pourquoi son impulsion à tout transformer par la poésie. Métamorphoses de l’idée en jets de lumière ondulée d’une écriture faite de clarté, tandis que rien de cette poésie ne relève de l’artifice. Tout baigne au contraire dans les sentiments (femme, ville, homme, misère et honte). Expression authentique d’une âme en pleurs, de l’amour au pluriel. Poésie syncopée, jazzée dans son ensemble, mais d’une trop grande sensibilité.

Gérard Vergniaud Étienne manie avec une certaine aisance un style où la magie du verbe demeure discrète et où la langue, en tant que matériau et véhicule, est partiellement dépouillée, filtrée à sa plus belle expression. C’est un grand défenseur de la langue comme possession du langage. Sa poésie, d’une forme régulière, s’exprime bien par la force de son “langage des correspondances”. Tout le discours poétique stigmatisé dans l’ensemble des poèmes de La charte des crépuscules (1993), par exemple, prend forme et langage à travers des modalités du verbe qui s’imposent comme “le commun dénominateur d’une thérapie littéraire” nécessaire. Dans cette rétrospective de poèmes, La charte des crépuscules, nous nous retrouvons, en vérité, entre l’enclume et le marteau d’un sentimentalisme à la fois fleuri de symbolisme et de surprise, la surprise si chère à Apollinaire.

LA CHARTE DES CRÉPUSCULES (extraits)

Déjà vingt-trois saisons dans une vie crucifiée
La marée disparaît au bruit des canons
Je n'ai pour boussoles que des soleils d'amitié
Maman n'a pas mis aujourd'hui la marmite au feu.

Partout des camarades tombent comme des mouches
partout des filles dépouillées de leur virginité
Le chien le plus cruel a pitié de Michel
Le ciel dort comme la fumée de ma lampe
que la nuit n'entre pas dans ma chambre
les bras chargés de désespoirs

J'en pleurerais.

 

Aussi belle qu'une étoile
Dans toutes les vagues je us ton histoire
Je fais l'amour avec les hirondelles de ton village
tu rends mes nuits insupportables
plus insupportables que le cri des tortures
Ta silhouette prend derrière un arbre la forme d'une plage
où des colibris ivres de soleils
déposeront plus tard une gerbe de vie
Et sous ton clair regard qui invite a la fête
quel paysan ira chercher sa bouteille de tafia
Si je dois t'emprunter mes façons de rêver
l'amour qui me tue
le désir qui me ronge
O fille des plaines abandonnée sur la rive
que tu répandes sur ma couche déjà vieille de cent ans
ton parfum de rose blanche

 

Je le dirai encore
Je le dirai encore
bras ouverts à l'espoir
Je le dirai encore
aux grisailles des matins
et chaumières vides de pain
Je le dirai encore pour elles a la veillée
pour ceux qui chaque jour triment dans les chantiers
les soirs coordonnés au langage des soupirs
Je le dirai encore
Oh! ce bonheur de tendre des fleurs au combat
de marcher sans crainte sous des balles
et jouer gorges déployées le temps des cerises

 

Pour toi
Pour toi
Je crache sur mon cadavre
recueille tes pluies pour les offrir aux pleines andes
et vois nos paysages se défiler dans tes yeux

Pour toi
ma jeunesse part à la dérive
J'invente pour tes nuits
des brises parfumées
et j'attends patiemment l'heure de la mort

Pour toi
porteuse de nouveaux horizons
Je prends la morphine sous 1'i1 d'une hirondelle
J'étudie avec le vent l'agonie des baraques
et je cherche mon sommeil dans les frissons du jour

Pour toi
Je ferai tout ce qu'il faut
pour fendre en deux les heures douloureuses
et j'irai jusqu'au bout d'une atroce folie
pour déloger tes mauvais anges de nos cathédrales.

..............

Si l'été qui s’en vient est porteur de sanglots
si les femmes que tu prends pleurent sur ta couche
si chaque soif dans la gorge
traduit la force d'une nouvelle passion
toujours sois ferme et courageux
Si ta femme est un vitriol dans tes plaies
Si l'espoir demeure très loin de toi
si ta couleur est noire de toute la blancheur de ta conscience
Si tu te juges dieu dans l'enfer des hommes
toujours sois ferme et courageux
Quand midi dicte la faim ou fait manger le vide
quand tu te sentiras abandonné telle une bête soumise
quand les filles de ton quartier
saliront ton image au profit des bourgeois
toujours sois ferme et courageux

Si le soleil le chien de ta détresse
ne se lève plus du côté de ta case
Si l'hirondelle qui passe tous les matins
s'est aujourd'hui cachée sous la feuillée
Si tu te juges inapte à labourer le ciel
toujours sois ferme et courageux

Une graine d'espoir a germé dans la pluie
11 y a la terre qui tourne avec les hommes
Il y a le monde qui te tend la main
lève-toi
et marche à la quête de nouveaux paradis
pour le salut des diables cachés sous ton grabat

 

paupières de soleil qui battent avec mon cœur, mon sang, mes
caprices sur les flots agités de lamer; paupières d'hirondelles qui
changent de couleurs sous le reflet des arcs-en-ciel, Je vous
exhorte former une caravelle d'objets sensibles que je placerai
devant le tombeau des assassins de mon peuple;

Vous serpents qui flanquent votre queue dans le nez des
nouveau-nés de la campagne, je vous promets un bain d'acide
pour vous effacer de la carte du monde et pour embellir ma
vingt-quatrième saison en retard sur le sentier de la poésie;

dehors les enfants n'ont plus la force de chanter. Le crépuscule
au bord des nuages semble moduler un hymne seulement
compréhensible aux femmes qui jurent de reprendre le flambeau
des nègres sauvages

Et c'est fort amer ce sanglot dans la gorge
que ce tourbillon du vent qui me prend par la chair et me cache
mes arcs-en-ciel lorsqu'il faut me déplacer de mon cercle de
chimères
et c'est fort amer ce sanglot dans la gorge
que les complaintes d’un poète traînant dans la rue à la poursuite
d'un rêve qui le brûlera jusqu'à l'éternité;
et c'est fort amer ce sanglot dans la gorge

que la présence du garçon du Président au chevet d'une
aristocrate qui vient de tomber sous les balles des serviteurs de
son père

Non, il est trop tard pour espérer une goutte de pluie dans ta
blessure

............

Mon amour
Je l'ai joué sur un clavier d'aurore orange
brise frileuse un midi d'octobre blasé
par une fenêtre du collège est entré dans ma chambre
Mon amour
Je l'ai construit
humblement
patiemment
avec la tendresse de ma mère
et la voix de mon Dieu
avec des formes de ciel bleu
et des débris de rêve
avec le soir, avec les jours, avec la pluie
l'avenir qui pousse et nous enchaîne
Si vaste mon amour tel un aveu d'amants
que la terre
fille amoureuse
entre pieds nus et bras ouverts dans la baie de mon amour
Mon amour à construire de milliers lendemains
Mon amour à chanter par toutes les voix du monde
Mon amour des roses sauvages au bord des chemins
Je t'enserre plus que la pieuvre de l'Île
pour un peu de puissance a l'heure des massacres

Mon amour je t'écris sur les palmes de ma raison
Pour tout ce que je suis
le nègre et ses démons

 

mon amour debout
mon mal d'amour
mon grand amour

 

Le soir qui passe passe
et chantonne sa prière aux étoiles
offre à mon amour des airs greffes d'espoir
Il tombe sur mon amour l'amour des continents
les sanglots d'une enfant maltraitée inondent mon amour

Il pleut des larmes mon amour dans la vile barricadée
Et ma faim mon amour est la soif et la faim
des femmes des enfants des filles folles des quartiers aux enchères
Dis à mon amour que l'Alabama crève de haines
dis mon amour que 1'Alabama broie du nègre
Si je suis ton chien mangeant ses propres puces
ne me laisse pas crever tout seul quand sen va la nuit
Je veux longtemps demeurer au bord de la mer
pour apprendre les rythmes d'un amour multiforme

 

Réveille-toi
La nuit a passé
C'est l'heure de lever l'ancre
et de saluer l'aurore
Ton cœur et le mien
deux tiges qui se nourrissent de la même sève
Tes yeux et mes yeux
quatre éclairs qui vont droit au soleil
Réveille-toi mon amour
La nuit a passé
C'est l'heure de bouder la paresse
et de plier le sommeil
Nous passerons sous des tonnelles
où la nuit a laissé trop de cadavres
Nous passerons dans les maisons
où les cagoulards ont dévoré la chair d'un nouveau-n6
Nous passerons devant les portes submergées de détresses
Partons pour cueillir le bonheur aux branches des cerisiers.
Le monde sera à nous
bâtisseurs de l'amour

 

Puisque mes regards ont fouillé ta silhouette
et que ton odeur d'oranger
apporte un goût exquis à mes lèvres qui se fanent
laisse que j'emprisonne d'une main malhabile
ton image de sirène
Tes courants sont pour moi des lignes d'une femme
sur la surface d'un sourire assiégé de vents tièdes
Tu m'emportes sur tes ailes comme un air léger
et j'ai toujours soif de toi à la campagne

Puisque la bouche ouverte je bois tes paroles
pour engloutir en moi la haine toujours présente
et cajoler les ivresses de mes saisons couleurs de flammes
que je sois la sève de ton arbre 0 mon amour
et consens que je porte sur mon cœur déjà vieux
de rouges soleils dune seconde naissance.

............

Dis-moi la tendresse de tes profonds regards
et la forme de tes cils deux ailes d'un papillon
parle-moi de ton âme qui serait mon sauveur
lorsque valsent des aubes dans une marée de nuages
Repeins-moi le sourire de Josette ou d'Évelyne
perdu dans les ondes infinies de la rivière
Elles étaient deux bouquets d'un songe insaisissable
la pureté de l'automne quand s'amène la nuit
Dix fois autour de toi mon désir pavanait
J'étais un morceau du ciel ivre de tes brouillards
et je mendiais à ton ombre un peu de pitié
pour être les demi-cercles de tes doigts frêles de pluie

 

Seigneur s'il faut lever ce lourd voile de la brume
quelle somme d'angoisse va couvrir mes regards
et quelle route prendre pour trouver ses fées
si belles à nourrir mon espoir et ma vie
Je t'appelle hirondelle de mes vingt-six saisons
Il n'est pas de sommeil sans décor ni folie
C'est l'heure de cueillir les roses de la lune
Lève-toi Bien Aimée le Grand rêve arrive.

 

Je t'ai vainement cherchée au milieu des oranges
quand un soleil tropical broie la frayeur des ténèbres
L'âme de mon rêve venait avec mille aubes d'or pur
un enfant dans la rue se laisse envahir par une brise légère
J'ai compte toutes les branches de la lune levant
et remis mon chagrin au frisson tiède du soir
J'ai fait le tour de moi pour trouver ton image
plus frêle que les sauterelles des plaines abandonnées
Oh tout bas les jours s'effacent les ombres qui s'allongent
Tous les chemins qui mènent à toi sont pris de poussière
Même les ruisseaux se taisent lorsque balade ton nom
sur un bout du rocher de la ville qui se meurt

 

Et l'arrivée du soir n'aura pas rafraîchi ma douleur
Agneau bien loin du pâturage je cherche un nouvel absolu
où tranquillement s'embrasseront plaines et montagnes
et où se confondront tous les rythmes du temps qui rêve
Combien de nuits pour édifier le sommeil des contraires
pour avoir seulement un dixième de ta vie
n'attends pas que vieillisse ton immense poésie
avant de venir à moi toute belle et sans bornes

 

      J'ai longé tous les chemins cherchant les traces de tes pas. J'ai
même joué à cache-cache avec mon obsession croyant trouver
le mystère de tes arcs-en-ciel au flanc des mers tropicales que
mes regards n'auront pas scrutées. J'ai pane aux fantômes de ma
chambre dans l'espoir que les ondes du soir seraient assez
puissantes pour t'apporter le souffle de mon message fraternel.

Je t'ai attendue longtemps.

 

      Une existence de chien au bord des métamorphoses de la
matière me paraît trop sombre; et ces poussières de lune
ramassées avec des mains nerveuses me disent le nombre de
perles qu'il faudra entasser avant que notre âme se purifie au
paradis des enfants pales et craintifs. Que cherches-tu au milieu
des abîmes? Est-ce son ombre exposée à la merci des premières
lueurs du crépuscule, ou l'éternelle chanson de l'homme errant,
ou cette heure sainte au cours de laquelle nos désirs s'embuent?
Viens doucement poser tes mains d'amante sur mon corps de
prisonnier. Et tout ce qui fait ma raison de vivre s'accrochera,
vois-tu, au clair du petit jour.

 

Ma rivière endolorie
Je ne sais et ne sens qui je suis
devant l'océan de ta beauté. Immobilité.
Si je dois accepter que tu panses mes folies
quand vient ton sourire avec un drôle de sourire
ta chanson avec quelque rien d'amour
tu chercheras mes roses fanées
pour les éparpiller sur une nuit de cauchemars
Gladys mon immaculée
le Chopin dans le soir fortifie ma douleur
et l'orage aura brisé un pan de mon espoir
Sur la place publique avec un ami
humant l'odeur d'une belle-de-nuit qui se promène
Je presse contre mon cœur les déesses de la nuit
Et toutes les notes vertigineuses
qui font le tour de ma pensée
pareilles à ces vols rapides d'ortolans
comme pour courtiser les fées des matins éblouis.

............
     
      Mon ombre d'hier, l'ombre en moi palpitante, mon ombre, ma
fièvre et mon délire, d'où viens-tu? De queue contrée les démons
m'envahissent quand je suis seul dans ma baraque peuplée
d'univers et que tombent les nuages sur ma tête; de quel pays
ce froid brûlant, les enfants qui mangent la neige faute d'un
bonbon à sucer. Et quand tu me panes d'une clairière aussi vaste
qu'un espoir, une clairière à traverser dans la révolte avec le
mugissement des bagnards, je me demande si les feuilles
d'érable ne sont pas de nouveaux calendriers qui indiquent le
renversement du temps.

      Mon ombre d'hier, l'ombre en moi palpitante, je te montre
mon labyrinthe, ma jeunesse qui s'affaisse. Que tu me voies dans
le tumulte du fleuve, que tu attendes patiemment mon départ,
je serai ton double dans le soir le matin.

      J'ai dit tant de fois l'amour à inventer. J'ai dû inventer toutes
les douceurs du monde. Est-ce possible que ma raison devienne
la déraison, qu'au-delà du désespoir des voix m'appellent pour
me demander le secret de la mer. J'ai tant de fois joué avec les
mots mais je suis enchaîné par un silence foudroyant.

      Mon ombre d'aujourd'hui je dis salut pour mon plaisir et pour
mes peines mes passions de sauvage. La tête ailleurs, les
chemins sont couverts d'images et de signes volcaniques. Je dis
salut pour des livres que je n'ai pas compris, une peau que je
porte comme une carapace, mon identification. Le ciel devient
grave quand je crie à la vie et ta présence ajoute à mon désespoir
des soleils toujours neufs mais qui se meurent aux premières
lueurs de l'aurore.
     

.............

Terre antillaise génératrice de lèpres
mon patrimoine aux veines gonflant de matins
Tu es dans ma chambre avec tes bayes que signe la peur
un cimetière suspendu aux lisières du sommeil
Tu mets sur mes épaules tes mains de pauvresse
cette barque de paysans défiant la haine des dieux
tel l'insecte une cachette de militants incendiée
où germe le désir d'apprivoiser la mort
telle la bourgeoise vomissant nos cases de puces
témoin de notre histoire acide sur nos lèvres
Et tu gémis avec à l'esprit
des révoltés pendus au sous-sol du palais
les maisons délabrées où même les enfants
n'osent braver l'angoisse que dicte la faim
Me reconnais-tu O ma haine sacrée
sol étrange crispé dans mon orgueil
ami des lampes chaudes ami des marées noires
de ces lacs en détresse parmi les gestes de l'ange
qui aurait séquestré le temps la mémoire et l’amour
Me reconnais-tu vierge mule fois immolée
nerveuse aux cols fermés à la concupiscence
les bras en croix dans les manufactures
dans les cercueils millénaires du Général
en cire comme en charbon ardent
en volcans ou tempêtes comme en toile mouillée
sous la paillasse des miséreux
des fleuves en colère rythmant l'insurrection
en poupée envoûtée entre les fentes de l'aube
Tu m'as coupé le souffle avec les mêmes douleurs
le même sanglot du juste qui déchira l'espace

O ma terre lointaine reste-t-il dans tes murs
quelque courant rapide du dragon
y a-t-il pour nous un boucan allumé quelque part
où nous escamoterons à la nuit
des diables qu'on nous crée
est-il passé le temps où tu crevais des mythes
dans les cases pleines de morts arrachés aux collines

Voilà que tes enfants dessinent un horizon
que les murs du palais s'affaissent sous ta colère
voilà que je mesure la nuit à ma souffrance
et que ma rue s'allonge a côté de l'espoir

Je ne sais comment réapprendre le néant
Ni faire le tour du rêve nourri des ma naissance
me fendre contre tes cris tes savanes désolées
Je ne sais comment étudier ton absence
ni ce regard d'en face porte sur ma noirceur
sur l'escadron qui me colle aux tortures du passé
que prolongent l'exil les images et l'attente

J'ai crevé sous les sabots d'un buveur de sang
maltraité mon double sous un grand réverbère
J'ai mange la rage d'un homme à carcans
la neige effacée à l'orée de la nuit
où j'ai poursuivi mes morts
Jusque dans un puits recouvert de glace
de fables à récrire selon vos aurores
selon nos vertiges ou nos villes en mine
Qu'à l'instant où j'écris sous une fièvre brûlante
que je multiplie en moi les cris du supplicié
qu'ont boudés tant de mers de sirènes fabuleuses
Je retiens le souffle de ton visage
les couronnes de ronces d'il y a vingt-deux ans
qu'ils ont mises sur ta route aux colporteurs de deuils
Je veux te dire ma déchirure
Je veux te dire ma typhoïde
(...)

Œuvres de Gérard Vergniaud Étienne:

  • Au milieu des larmes, poésie, Port-au-Prince (Haïti), Togiram Presse, 1960.
     
  • Plus large qu’un rêve, poésie, Port-au-Prince, Imprimerie Dorsainvil, 1960.
     
  • La raison et mon amour, poésie, Port-au-Prince, Les Presses Port-au-Princiennes, 1961.
     
  • Essai sur la négritude, essai, Port-au-Prince, Panorama, 1962.
     
  • Gladys, poésie, Port-au-Prince, Panorama, 1963.
     
  • Le nationalisme dans la littérature haïtienne, étude, Port-au-Prince, Éditions Pétion, 1964.
     
  • Lettre à Montréal, poésie, Montréal, Estérel, 1966.
     
  • Dialogue avec mon ombre, poésie, Montréal, éditions Francophones du Canada, 1972.
     
  • Le nègre crucifié, récit, Montréal, éd. Francophones du Canada, 1974. Métropolis, Genève (Suisse), 1989.
     
  • Un ambassadeur-macoute à Montréal, roman, Montréal, Nouvelle Optique, 1979.
     
  • Cri pour ne pas crever de honte, poésie, Montréal, Nouvelle Optique, 1982.
     
  • Une femme muette, roman, Montréal, Nouvelle Optique, 1983.
     
  • La reine soleil levée, roman, Montréal, Guérin littérature, 1987. Métropolis, Genève (Suisse), 1989.
     
  • La Pacotille, roman, Montréal, L’Hexagone, 1991.
     
  • La charte des crépuscules, poésie 1960-1980, Moncton (Canada), éd. d’Acadie, 1993.
     
  • La question raciale et raciste dans le roman québécois, étude, Montréal, Balzac, coll. “Littératures à l’essai”, 1995.
     
  • La femme noire dans le discours littéraire haïtien (Éléments d’anthroposémiologie), Montréal, Balzac-Le Griot, coll. “Littératures à l’essai”, 1998.
     
  • Le bacoulou, récit, Genève, Métropolis, 1998.
     
  • L’injustice, pamphlet, Montréal, Humanitas, 1998.
     
  • Maître Clo ou la romance en do mineur, roman, Montréal, Balzac-Le Griot, 2000.
     
  • Au bord de la falaise, roman, Montréal, CIDIHCA, 2004.
     
  • Hervé LeBreton et la poétique de la femme, essai, Miami (Floride), Educa Vision, 2006.
     
  • Vous n’êtes pas seul, roman, Côte Saint-Luc (Montréal), Du Marais, 2007.

Littérature secondaire:

  • ALEXIS, Jacques Stephen, «Prolégomènes à un manifeste du réalisme merveilleux des Haïtiens», in Dérives, Montréal, 1978, no 12, pp. 27-55.
     
  • ANTOINE, Régis, La littérature franco-antillaise, Paris, Kartala, 1992.
     
  • APOLLINAIRE, Guillaume,  Alcools, Paris, Gallimard, 1920; Calligrammes, Paris, Gallimard, 1966.
     
  • ARAGON,  Les yeux d’Elsa, Paris, Seghers, 1945; Le fou d’Elsa, Paris, Gallimard, 1963; Le roman inachevé, Paris, Gallimard, 1966; Le mouvement perpétuel (précédé de) Feu de joie, Paris, Gallimard, 1970.
     
  • BACHELARD, Gaston, La poétique de la rêverie, Paris, Gallimard, 1961; L’intuition de l’instant, Paris, Denoël, 1966.
     
  • BADIOU, Alain, L’être et l’événement, Paris, Seuil, 1988.
     
  • BARIDON, Silvio F. et PHILOCTÈTE, Raymond, Poésie vivante d’Haïti, Paris, Les Lettres Nouvelles - Maurice Nadeau, 1978.
     
  • BATAILLE,  Georges, La littérature et le mal, Paris, Gallimard, 1967.
     
  • BAUDELAIRE, Charles, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1975.
     
  • BEAULIEU,  Michel,  Desseins, Montréal, Hexagone, 1980.
     
  • BERGSON, Henri, L’évolution créatrice, Paris, PUF, 1962; La pensée et le mouvant, Paris,  PUF, 2000.
     
  • BERTRAND, Jean-Pierre et DURAND, Pascal, Les poètes de la modernité, Paris, Seuil, 2006.
     
  • BIRON, Michel, DUMONT, François et NARDOUT-LAFARGE, Elisabeth, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, 2007.
     
  • BLAKE, William, Poems / Poèmes, Paris, Aubier-Flammarion (bilingue), 1968.
     
  • BLANCHOT, Maurice, L’espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955.
     
  • BONNEFOY, Yves, L’imaginaire métaphysique, Paris, Seuil, 2006.
     
  • BORGES, Jorge Luis, Enquêtes, Paris, Gallimard, 1968; Neuf essais sur Dante, Paris, Gallimard, 1987.
     
  • BOSQUET, Alain, Anthologie de la poésie américaine, Paris, Librairie Stock, 1956; Poésie du Québec, Paris / Montréal, Seghers / HMH, 1968.
     
  • BOURASSA, André-G., Surréalisme et littérature québécoise, Montréal, Les Herbes Rouges, 1986.
     
  • BRAULT, Jacques, Mémoire, Paris, Grasset, 1968; Alain Grandbois, Paris, Seghers, 1968.
     
  • BRETON, André, Les pas perdus, Paris, Gallimard, 1969;  Entretiens, Paris, Gallimard, 1969; Manifestes du surréalisme, Paris, Gallimard, 1973.
     
  • BRIERRE, Jean, Black Soul, La Havane (Cuba), Lex, 1947; La nuit, Lausanne (Suisse), Impr. Held, 1955.
    BROSSARD, Nicole, Le centre blanc,  Montréal, Hexagone, 1978.
     
  • BROUARD, Carl, Pages retrouvées, Port-au-Prince, Panorama, 1963.
     
  • CAMILLE, Roussan, Assaut à la nuit [1940], Montréal, Mémoire d’encrier, 2004; La multiple présence, Sherbrooke / Port-au-Prince, Naaman / Caraïbes, 1978.
     
  • CARRÉ-CROSLEY, Bernadette, La poésie de Villard Denis: Davertige, Mémoire de maîtrise, Faculty of the graduate school, University of Maryland, MD, 1987.
     
  • CASTERA, Georges, L’encre est ma demeure, Arles (France), Actes Sud, 2006.
     
  • CÉSAIRE, Aimé, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence Africaine, 1939; Cadastre (suivi de) Moi,  Laminaire, Paris, Seuil, 2006.
     
  • CHAMBERLAND, Paul, Terre Québec, Montréal, Librairie Déom, 1964.
     
  • CHAR, René, Poèmes en archipel (anthologie), Paris, Gallimard, 2007.
     
  • CLAUDEL, Paul, Réflexions sur la poésie, Paris, Gallimard, 1963; Cinq grandes odes, Paris, Gallimard, 1966.
     
  • COLLECTIF, «Littérature haïtienne» (dossier), in Prestige, Montréal, vol. 3, no 2, automne 1996.
     
  • CORZANI, Jack, HOFFMANN Léon-François et PICCIONE Marie-Lyne, Littératures francophones (II. Les Amériques : Haïti, Antilles-Guyane, Québec), Belin, Paris, 1998.
     
  • COUFFON, Claude, René Depestre, Paris, Seghers, 1986.
     
  • CROSLEY, Réginald O., Immanences, Montréal, CIDIHCA, 1988; Harmoniques, Paris, L’Harmattan, 2001.
     
  • CUMMINGS, Edward Estlin, 58 + 58 poèmes, éd. bilingue (anglais-français), Paris, Christian Bourgois, 1979; 95 poèmes, Paris, Seuil, 2006.
     
  • DANTE: La divine comédie, Paris, Albin Michel, 1995.
     
  • DARWICH Mahmoud, Comme des fleurs d’amandier ou plus loin, Arles, Actes Sud, 2007.
     
  • DAVERTIGE (Villard DENIS, dit), Idem, Port-au-Prince, Impr. N. A. Théodore, 1962; Idem et autres poèmes, Paris, Seghers, 1964; Anthologie secrète, Montréal, Mémoire d’encrier, 2003.
     
  • DEPESTRE,  René, Gerbe de sang, Port-au-Prince, Impr. de l’État, 1946; Minerai noir, Paris, Présence Africaine, 1956; Pour la révolution, pour la poésie, Montréal, Leméac, 1974; Poète à Cuba, Paris, P.J. Oswald, 1976; Bonjour et Adieu à la négritude, Paris, Robert Laffont, 1980; Le métier à métisser, Paris, Stock, 1998; Rage de vivre (oeuvres poétiques complètes), Paris, Seghers, 2006.
     
  • DIOP, Cheikh Anta, Nations nègres et cultures, Paris, Présence Africaine, 1955.
     
  • DOLCÉ, Jacquelin et JEAN Eddy Arnold, Paroles en liberté, Port-au-Prince, Impr. des Antilles, 1992.
     
  • DOMINIQUE, Max, L’arme de la critique littéraire, Montréal, CIDIHCA, 1988; Esquisses Critiques, Port-au-Prince, Mémoire / CIDIHCA, 1999.
     
  • DOMOND, Marie Flore, Écrivain en résidence (Douze entretiens de Marie Flore Domond avec Saint-John Kauss), Montréal, Humanitas, 2004.
     
  • DOUGÉ, Gérard, La lune l’Amérique, Port-au-Prince, Presses Port-au-Princiennes, 1969; Pollen, Port-au-Prince, Impr. Centrale, 1971; «Manifeste du mouvement pluréaliste haïtien», in Le Petit Samedi Soir, Port-au-Prince, 1973, no 16.
     
  • DURAND, Jean-François et coll., Regards sur les littératures coloniales, Paris, L’Harmattan, 2000.
     
  • DURAND, Oswald, Rires et pleurs (Tomes I et II), Paris, Impr. Corbeil-Crété, 1896.
     
  • ELIOT, Thomas Stearns, La terre vaine et autres poèmes, Paris, Seuil, 2006.
     
  • ELUARD, Paul,  Poésie ininterrompue, Paris, Gallimard, 1953; La vie immédiate, Paris, Gallimard, 1966; Capitale de la douleur, Paris, Gallimard, 1966; Poésies (1913-1926), Paris, Gallimard, 1971.
     
  • ÉTIENNE, Gérard, La charte des crépuscules, Moncton, D’Acadie, 1993.
     
  • FERJUSTE, Marie Marcelle et GERMEIL Castel, Politique et culture à l’haïtienne, Port-au-Prince, Sans nom d’édition, 2007.
     
  • FIGNOLÉ, Jean-Claude, Etzer Vilaire, ce méconnu, Port-au-Prince, Impr. Centrale, 1970; Pour une poésie de l’authentique et du solidaire, Port-au-Prince, Fardin, 1974.
     
  • FIRMIN, Anténor, De l’égalité des races humaines [1885], Montréal, Mémoire d’encrier, 2005.
     
  • FRANKÉTIENNE (Franck Étienne, dit), Chevaux de l’avant-jour, Port-au-Prince, Sans nom d’édition, 1966; Ultravocal, Port-au-Prince, Impr. Serge L. Gaston, 1972.
     
  • GABRIEL, Mesmin, La culture du refus de la dimension humaine, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1968.
     
  • GAILLARD, Roger, La destinée de Carl Brouard, Port-au-Prince, Impr. Henri Deschamps, 1966; Etzer Vilaire, témoin de nos malheurs, Port-au-Prince, Les Presses Nationales d’Haïti, 1972.
     
  • GARNEAU, Saint-Denys, Œuvres complètes, Montréal, Fides, 1949.
     
  • GAUVIN, Lise et MIRON, Gaston, Écrivains contemporains du Québec, Paris, Seghers, 1989. 
     
  • GIGUÈRE, Roland, L’âge de la parole, Montréal, Hexagone, 1965; Forêt vierge folle, Montréal, Hexagone, 1978.
     
  • GLISSANT,  Édouard, Le discours antillais, Paris, Seuil, 1981.
     
  • GONGORA, Luis de, Les solitudes et autres poèmes, Paris, Seghers, 1964.
     
  • GOURAIGE, Ghislain, Histoire de la littérature haïtienne (De l’Indépendance à nos jours), Port-au-Prince, Impr. A. Théodore, 1960; Les meilleurs poètes et romanciers haïtiens, Port-au-Prince, Impr. La Phalange, 1963; La diaspora d’Haïti et l’Afrique, Sherbrooke (Québec), Naaman, 1974.
     
  • GRANDBOIS,  Alain, Poèmes, Montréal, Hexagone, 1963.
     
  • GRÉGOIRE,  L’Abbé, De la littérature des nègres, Paris, Librairie Académique Perrin, 1991.
     
  • GRIMARD, Luc, Sur ma flûte de bambou, Port-au-Prince, Presses Nationales d’Haïti, 2007.
     
  • HÖLDERLIN, Friedrich, Œuvres, Paris, Gallimard, 1967.
     
  • HURBON, Laënnec, Culture et dictature en Haïti, Port-au-Prince, Henri Deschamps,  1987.
     
  • JAKOBSON,  Roman,  Huit questions de poétique, Paris, Seuil, 1977. 
     
  • JEAN, Eddy Arnold et DOLCÉ, Jacquelin, Paroles en liberté, Port-au-Prince, Haïti- Demain, 1992.
     
  • JOUVE, Pierre Jean, Apologie du poète, Cognac, Le temps qu’il fait, 1982.
     
  • KAUSS, Saint-John, Pages fragiles, Montréal, Humanitas, 1991; Testamentaire, Montréal, Humanitas, 1993;  Territoires, Montréal, Humanitas, 1995; Paroles d’homme libre, Montréal, Humanitas, 2005; Le manuscrit du dégel, Montréal, Humanitas, 2006; Hautes Feuilles, Montréal, Humanitas, 2007.
     
  • KESTELOOT, Lylian, Anthologie négro-africaine, Verviers (Belgique), Gérard et Co., coll. «Marabout», 1981.
     
  • KOKIS, Sergio,  Les langages de la création, Montréal, Nota Bene, 2006.
     
  • LAFOREST, Edmond, L’œuvre poétique de M. Etzer Vilaire, Jérémie (Haïti), Impr. du Centenaire, 1909.
     
  • LAFOREST, Jean-Richard, Le divan des alternances, Montréal, Nouvelle Optique, 1978;  Poèmes de la Terre pénible, Montréal,  Équateur / CIDIHCA, 1998.
     
  • LAGARDE, André et MICHARD Laurent, XXe siècle, Paris, Bordas, 1962; XIXe siècle, Paris, Bordas, 1967.
     
  • LALEAU, Léon, Œuvre poétique, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1978.
     
  • LANGEVIN,  Gilbert, Origines, Montréal, Du Jour, 1971.
     
  • LAO-TSEU, Tao-to king, Paris, Gallimard, coll. “Folio”, 1967.
     
  • LAPOINTE,  Paul-Marie, Le réel absolu, Montréal, Hexagone, 1971.
     
  • LAUTRÉAMONT (Isidore Ducasse, dit le comte de), Chants de Maldoror, 1869.
     
  • LEBEL,  Maurice, D’Octave Crémazie à Alain Grandbois, Québec, De l’Action, 1963.
     
  • LEGAGNEUR, Serge, Textes interdits, Montréal, Estérel, 1966; Textes en croix, Montréal, Nouvelle Optique, 1978; Poèmes choisis (1961-1997), Montréal, Noroît, 1997.
     
  • LEMAITRE,  Jules, Les contemporains, Paris, Lecène, Oudin et Cie, 1895.
     
  • LÉNINE,  Vladimir, Écrits sur l’art et la littérature, Moscou, Du Progrès, 1978.
     
  • LEPAPE, Pierre,  Le pays de la littérature, Paris, Seuil, 2003.
     
  • LÉVY, Bernard-Henri, Le siècle de Sartre, Paris, Grasset, 2000.
     
  • MAÏAKOVSKI, Vladimir, Vers et proses, Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1957.
     
  • MAILHOT Laurent et NEPVEU Pierre, La poésie québécoise (Des origines à nos jours), Montréal, Typo, 2007.
     
  • MALLARMÉ, Stéphane, Poésies, Paris, Gallimard, 1992; Correspondance (suivi de) Lettres sur la poésie Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1995; Écrits sur l’art, Paris, GF-Flammarion, 1998.
     
  • MARC, Jules André, Regards sur la littérature haïtienne (Tomes I et II), miméographié, Port-au-Prince, 1973.
     
  • MARCOTTE,  Gilles, Le temps des poètes, Montréal, Hurtubise, 1969.
     
  • MARTELLY, Stéphane, Le sujet opaque (Une lecture de l’œuvre poétique de Magloire Saint-Aude), Paris, L’Harmattan, 2001.
     
  • MATESO,  E. Locha, Anthologie de la poésie d’Afrique noire, Paris, Hatier, 1991.
     
  • MATTÉI,  Jean-François, De Heidegger à Hölderlin, Paris, PUF, 2001.
     
  • MESCHONNIC, Henri, Les états de la poétique, Paris, PUF, 1985.
     
  • MICHEL, Jean-Claude, Les écrivains noirs et le surréalisme, Sherbrooke, Naaman, 1982.
     
  • MILLEVOYE, Charles-Hubert, Poésies, Paris, Charpentier, 1851.
     
  • MIRON,  Gaston, L’homme rapaillé, Montréal, PUM, 1970; Paris, Gallimard, 1999.
     
  • MORISSEAU,  Roland, Poésie (1960-1991), Montréal, Guernica, 1993.
     
  • MORPEAU, Louis, Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne, Paris, Bossard, 1925.
     
  • NELLIGAN,  Émile, Poésies complètes (1896-1941), Montréal, Fides, 2004.
     
  • NOEL, Bernard, Le reste du voyage et autres poèmes, Paris, Seuil, 2006.
     
  • OUELETTE, Fernand, Poésie, Montréal, Hexagone, 1972; Depuis Novalis, Montréal, Hurtubise, 1973.
     
  • PERSE, Saint-John, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1982.
     
  • PESSOA, Fernando, Œuvres poétiques, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 2001.
     
  • PHELPS, Anthony, Mon pays que voici, Paris, P.-J. Oswald, 1968; Montréal, Mémoire d’encrier, 2007; La bélière caraïbe, Montréal, Nouvelle Optique, 1980; Orchidée nègre, Montréal, Triptyque, 1987.
     
  • PHILOCTÈTE, René, Ces îles qui marchent, Port-au-Prince, Sans nom d’édition, 1969;  Port-au-Prince, Fardin, 1974; Poèmes des îles qui marchent (anthologie), Arles, Actes Sud, 2004.
     
  • POMPILUS, Pradel et BERROU, Raphaël, Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes (Tomes I à III), Port-au-Prince, Caraïbes, 1975-1977.
     
  • PRICE-MARS, Jean, De Saint-Domingue  à Haïti. Essai sur la culture, les arts et la littérature [1957], Paris, Présence Africaine, 1959; Ainsi parla l’oncle [1928], Montréal, Leméac, 1973.
     
  • PROUST, Marcel, Écrits sur l’art,  Paris, GF-Flammarion, 1999.
     
  • RICHARD,  Jean-Pierre, Onze études sur la poésie moderne, Paris, Seuil, 1964.
     
  • RILKE,  Rainer Maria, Œuvres, Paris, Seuil, 1966-1976.
     
  • ROMBAUT, Marc, La poésie négro-africaine d’expression française, Paris, Seghers, 1976.
     
  • ROUMAIN, Jacques, Œuvres complètes, Paris, Agence Universitaire de la Francophonie, 2003.
     
  • ROUMER, Émile, Poèmes d’Haïti et de France, Paris, De la Revue Mondiale, 1925.
     
  • SABATIER, Robert, La poésie du vingtième siècle, Paris, Albin Michel, 1988.
     
  • SAINT-AUDE, Magloire, Dialogue de mes lampes (suivi de) Tabou et Déchu, Paris, Première Personne, 1970; Dialogue de mes lampes et autres textes (œuvres complètes), Paris, Jean-Michel Place, 1998.
     
  • SAINT-LOUIS, Carlos et LUBIN, Maurice, Panorama de la poésie haïtienne, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1950; Miami (Floride), Educa Vision, 1996.
     
  • SARRAUTE, Nathalie, L’ère du soupçon, Paris, Gallimard, 1956.
     
  • SARTRE, Jean-Paul, L’être et le néant, Paris, Gallimard, 1943; Critiques littéraires, Paris, Gallimard, 1947; L’existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1970; Qu’est-ce que la littérature, Paris, Gallimard, 1970; Plaidoyer pour les intellectuels, Paris, Gallimard, 1972.
     
  • SEGALEN, Victor, Essai sur l’exotisme, Italie, Fata Morgana, 1978.
     
  • SENGHOR, Léopold Sédar, Poèmes, Paris, Seuil, 1973; Anthologie de la nouvelle poésie nègre et  malgache de langue française, Paris, PUF, 1948; Paris, Quadrige / PUF, 2001; Œuvre poétique, Paris, Seuil, 1990; Poésie complète, Paris, Planète libre, 2007.
     
  • SOLJÉNITSYNE, Alexandre, Les droits de l’écrivain (suivi de) Discours de   Stockholm, Paris, Seuil, 1972.
     
  • SOUFFRANT, Claude et coll., Littérature et société en Haïti, Port-au-Prince, Henri  Deschamps, 1991.
     
  • SYLVESTRE, Guy, Anthologie de la poésie québécoise, Montréal, Librairie Beauchemin, 1974.
     
  • THOORENS, Léon, Panorama des littératures (Tomes I à VII), Verviers (Belgique), Gérard et Co., 1966.
     
  • TROUILLOT, Hénock, Les origines sociales de la littérature haïtienne, Port-au-Prince, Impr. Théodore, 1962.
     
  • VIATTE, Auguste, Histoire comparée des littératures francophones, Paris, Nathan, 1980.
     
  • VICTOR, René, Choucoune ou le destin d’un beau poème, Port-au-Prince, Fardin, 1977.
     
  • VILAIRE,  Etzer, Poésies complètes  (Tomes I à III),  Paris, Messein, 1914-1919.
     
  • WHITMAN, Walt, Feuilles d’herbe,  Paris, Gallimard, 2002.
     
  • WHITE,  Kenneth, La figure du dehors, Paris, Grasset, 1978; Terre de diamant, Paris, Grasset, 2005; Un monde ouvert (anthologie personnelle), Paris, Gallimard, 2006.
     
  • YAGUELLO, Marina, Les langues imaginaires, Paris, Seuil, 2006.

Repères biobibliographiques:

1936
Naissance de Gérard Étienne au Cap-Haïtien. Fils de Altagrace Mesadieu et Vergniaud Étienne.

1944
Départ de sa mère pour la République dominicaine.    

1951
Reçoit une bourse de Fifine Magloire pour étudier à Port-au-Prince. Rencontre Timo Innocent. Participe à la distribution de tracts contre le gouvernement de Paul E. Magloire. Arrêté en compagnie de Luc B. Innocent et de Windsor K. Laferrière.

1952
Rédaction de son premier recueil de poèmes à 16 ans.

1955-1957
Affectation au Département de Météorologie du Corps d’Aviation des Forces Armées d’Haïti.

1959
Milite au P.E.P. (Parti de l’Entente Populaire de Jacques Stephen Alexis). Emprisonnement avec les capitaines Chenon Michel et Bouchereau ainsi que le colonel Vildouin, pour avoir comploté contre François Duvalier.

1960
Publication d’un premier recueil de poèmes.

1961
Critique littéraire au quotidien le Nouvelliste.

1962
Fonde avec Max Manigat le groupe culturel «Samba» qui allait devenir «Haïti littéraire».

1962-1964
Critique littéraire et Reporter à Panorama.

1963
Avec François Latour et Alexandre Abellard, fondateurs de la Société des Messagers de l’Art et de l’émission  «Notes et Rythmes» sur Radio Port-au-Prince.

1964
Exil au Canada.

1964-1965
Collaboration aux journaux Métro Express et Quartier Latin.

1964-1970
Licence ès lettres à l’Université de Montréal.

1967
Mise en scène des «Justes» de Camus. Rencontre Natania Feuerwerker, sa femme depuis 40 ans.

1968
Retrouve sa mère en République Dominicaine. Sans papiers, ne peut aller la voir. Puis, permis du ministre pour un court séjour en R.D.

1970
Décès de la mère sans pouvoir aller aux funérailles.

1972-1987
Collaboration au journal Le Devoir, Montréal.

1972-2001
Professeur à l’Université de Moncton, Nouveau-Brunswick. Fondateur du module «Information Communication».

1972
Co-fondation avec Melvin Gallant des Éditions d’Acadie.

1974
Doctorat à l’Université de Strasbourg.

1974-1977
Collaboration à la revue de l’Université de Moncton.

1977-1983
Rédacteur en chef de la revue de l’Université de Moncton.

1975-1984
Collaboration au journal Haïti-Observateur.

1984-1989
Collaboration au journal Haïti-Progrès.

1986-1987
Éditorialiste au journal Le Matin, Moncton.

1987-1989
Éditorialiste au journal Le Voilier, Caraquet.

1988
Prix du meilleur éditorialiste de la presse francophone hors Québec.

1989
Défense des droits d’auteur de Raymond Philoctète.

1991
Médaille de l’Association des Écrivains Guadeloupéens.

28 janvier 1993
Subit une agression d’ordre politique sur le terrain de Radio-Canada avant une émission avec Denise Bombardier.

1994
Prix de la meilleure émission de Radio Communautaire, pour «Apprenons à nous connaître» (CKUM-FM).

1996
Certificat d’honneur «Maurice Cagnon» du Conseil International d’Études Francophones.

1997
Médaille d’or de la Renaissance française.

1998
Prix Cator de Vermeille, pour l’ensemble de son œuvre.

1989-2008
Chroniqueur politique au journal Haïti-Observateur.

2 avril 2004
Guy Fillion, reconnaît l’agression de 1993, adjoint au Directeur général des programmes (SRC-RDI), Information- Télévision, Société Radio-Canada.

2006-2008
«Notes et Rythmes» à Radio Shalom, Montréal.

2008 -  Avril 2008, publication et première représentation de la pièce de théâtre «Monsieur le Président» par la troupe «Racines».

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Sur le web:

Gérard Vergniaud Étienne sur le site Îìle-en-Île.

Interview réalisée par Ghila Sroka

Viré monté