J’ai appris à avoir des secrets                            depuis la sortie miraculeuse des hébétés de la pleine lune depuis                         la dictature des flots à consoler depuis la mer à boire jusqu’au port d’Égée

J’ai connu des nuits réveillées jusqu’aux larmes                                     à attendre le matin des frères de l’instruction primaire                       des rues sans poteau et fil d’Ariane                   jusqu’au bel air des quartiers détendus jusqu’à l’appui des femmes mulâtresses si rebelles

J’ai appris à aimer des filles si dociles et modernes                       des filles sans histoires et paillettes étoilées                                de la chair vérifiée avant la lettre

Nadia                   sœur de mon ami d’enfance                Ô Jérémie la Métisse                       que de querelles pour rien et d’abominations entre les hommes et les morts

Un tintamarre de poètes qui fait la queue à l’ardoise                                une bougie qui pleure jusqu’à l’absolution des pécheurs                          un mendiant en haillons qui agonise devant l’église

Je regrette d’avoir cultivé tant de secrets sans ami                     tant de paragraphes depuis le temps des homicides volontaires                                   rencontré tant de voisins qui ont faim

Saurai-je lequel des deux est l’infidèle

*

 Viré monté