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Repenser le dialogue évangélique selon les lieux ou l'époque

Saint-John Kauss

Il existe une rhétorique de l’éducation comme il existe une philosophie de la communication qui nous présente en accusation «l’immanquabilité» d’un possible dialogue entre Chrétiens et non-Chrétiens, entre les forces de la méthodique raison et celles de l’intuition, entre l’homme pensant et l’homme des variétés, entre  la fixité et la variabilité; ce qui nous aurait permis de retrouver, avec volonté de conscience, le chemin, des fois incontrôlé et incontrôlable, de la communion par la foi. Relancer le dialogue en fonction des lieux et contextes est avant tout l’objet et le sujet de l’œuvre chrétienne; ce que l’on se doit, à et pour l’avenir, de considérer comme l’œuvre d’une passion vouée à la volonté de Dieu.

LA COMMUNICATION, ISOLANT À LA DÉCONNECTION

Les cultures décomposées en sous-cultures, selon le lieu de l’immigration, facilitent l’intégration dans un système donné, mais obligent aussi l’acculturation dans un coefficient de détachement et de communion avec l’autre, l’étranger. Le migrant qui refait sa vie ailleurs, rebâtit aussi son existence dans la religion ou dans l’église d’accueil. Point n’est besoin de noter l’antidote à utiliser contre le mal de refuser la continuité de la ferveur christique ou chrétienne. N’importe quelle culture ou mémoire, sinon appuyée et cultivée, est sujette à se décomposer et recomposer en sous-cultures hybrides, quelquefois éparpillées dans l’imaginaire de quelques-uns. Ce que la Bible doit à l’Égypte est incommensurable; et ce que le Christianisme doit au Judaïsme est inestimable. L’hybridation à travers le temps, les lieux et les hommes remet souvent entre les mains du destin les velléités comme la complexité des tâches à venir.

D’aucuns font l’apologie du repliement sur soi-même, en dénomination d’église, en tant qu’unique indice d’une fuite loin des souillures du monde. Cependant, d’une ultime simplicité, la communication demeure l’instrument préalable à l’immense variabilité des analogies et connaissances actives dans le domaine des interprétations du fonctionnement de l’Esprit à partir de la matière. Ainsi en diffère-t-on le partage des idées, ne se dissimule-t-on sa propre compréhension des phénomènes de l’instant et les desseins de l’avenir où ils se manifestent.

L’ÊTRE RELATIONNEL

Sans le vouloir et sans le rechercher, Dieu y est dans le vaudou haïtien par personnes interposées. Notre Dieu qui est un Dieu de rapatriement, part souvent, à notre avis, à la recherche d’âmes perdues ou retrouvées, dans l’unique but de faire sortir l’être du Néant des ténèbres. Rien de plus supportable qu’une telle attitude qui, justement, consiste à écarter l’existence des destins fatals et à favoriser toute relation avec ses semblables. Si l’Esprit assiste à la mobilisation des fastes et des retrouvailles pour l’attachement à la mise en place et à la gloire du royaume de Dieu, qu’en est-il alors de nous, de l’émanation de notre être dans les couloirs de la conscience humaine. Quoi qu’il en soit, Dieu ne jure que par nous-mêmes sans équivoque de la lumière dans les réflexions logiques de la douleur (Exode 7: 1 – «L’Éternel dit à Moïse : Vois, je te fais Dieu pour le Pharaon; et ton frère Aaron sera ton prophète»). Réfléchissons qu’après Adam, Il ne pourrait que s’en remettre à la première décision, celle d’effacer l’homme de la surface de la terre, depuis l’homme jusqu’au bétail (Genèse 6: 7-8 – «…car je regrette de les avoir faits»). Il a plutôt choisi, dispensation après dispensation, de nous accorder toutes les chances de rejoindre le Royaume. Hypothétique? Et si Israël nous est conté dans toute sa latitude et ses secrets. L’engagement de ce peuple avec son Dieu unique comme celui des Haïtiens avec les loas, à Bois-Caïman, brave la conscience et le désir du secret de soi en soi qui se confond ici avec de la pure pusillanimité. Le mépris d’autrui ne va donc pas sans inquiétude de nos opinions. Il faut aller de l’avant des rapports entre Chrétiens et non-Chrétiens. Car Dieu est un Être de relation.

Nous avons maintes fois précisé le parcours du peuple d’Israël comme celui du peuple haïtien. On dirait des frères siamois relâchés à deux extrémités de la nature. Génétiquement, mis à part le délire épidermique, ces deux peuples auraient une mission pour Dieu à remplir, chacun selon la race et selon la lignée, Sem ou Cham, deux des trois fils de Noé. Ils ne font parler d’eux que par leur désobéissance et non leur soumission. Soumission à l’unique Être suprême qui est Fidélité à la Parole donnée, l’accomplissement des desseins de tout un chacun, dans un plaisir profond.

DIEU ET LES CULTURES (Mattieu 9 : 13 - «Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices

La culture, peut-elle servir d’obstacles à l’évangélisation? Tous les arguments accordent cette prétention à la culture qui montre son attachement à l’essence invariable de ce qui est, mais qui n’emprisonne pas les fruits d’une expérience quelconque. D’exemples, nous pensons à l’Égypte copte. Quand Saint-Marc, vers 60 après Jésus-Christ, ou les missionnaires juifs de l’église de Jérusalem ont importé le Christianisme  en Afrique, les réactions des Africains, surtout du peuple arabe, disaient tout; c’est-à-dire que le devoir de la mémoire, soit du Père Abram ou Abraham (Genèse 16, 17), est de conserver ce qui fut, pour la seule raison que cela fut. L’inculturation des anciens missionnaires accompagnés de colons malfaiteurs, fit penser aux habitants des contrées d’alors de réagir contre l’urgence de l’envahissement et contre le brutal désir de tout ramasser, même la mémoire de l’enfance. Dans l’enfance, on voit les us et coutumes voués à un peuple, à tout peuple qui se doit de s’épanouir sous le soleil. L’Évangile, par exemple, avait bien débuté en Afrique noire comme en Afrique du Nord. Mais le Moyen-Orient n’est pas l’Occident raisonnable, ni l’Afrique des Rois et des dieux, encore moins l’Asie de Confucius ou de Bouddha. Après Tarse et Damas, Antioche, Derbes et Jérusalem, l’Apôtre Paul s’est réfugié en Europe; et c’est à Philippes (Macédoine-Grèce) que l’Église s’est finalement fortifiée. Ceci signifie que les Européens, bien que philosophes et polythéistes, surtout les Grecs, ont été plus perméables à l’Évangile ou plutôt ont été si bien convaincus par l’Apôtre Paul de Tarse. Ce travail de kilométrage évangélique presque parfait a permis au Christianisme de faire du chemin, surtout après la mort d’Étienne. L’Apôtre Paul, rebelle et nouveau Chrétien, bousculé par l’Esprit-Saint, fit son devoir de missionnaire et d’apôtre des Païens. Le devoir de protéger les souvenirs ou l’engagement envers son peuple de garder ses motifs et coutumes religieux, est l’un des obstacles à la modification du statu quo. D’où cette activité de protection que l’on retrouve dans tous les lieux et milieux surtout chez les peuples superstitieux. L’arabisation de l’Afrique ou l’invasion arabe de l’an 639 a permis aux soldats de Mahomet, les Musulmans, de reprendre, avec le temps, Le Caire et Alexandrie (Égypte), deux anciens bastions du Christianisme et de l’Église copte. De nos jours, ne reste-t-il que quelques Chrétiens persécutés, de l’Iran jusqu’au Liban.

Un écrivain haïtien, du nom de Mesmin Gabriel, souligna magistralement ce refus dans un de ses ouvrages, «La culture du refus de la dimension humaine» (1968). Philosophe et hougan, il a su mettre en relief la culture africaine (et ses palimpsestes), tout en avertissant les générations à venir de ne pas oser substituer à leur culture celle de l’Européen ou du Blanc. Dans un contexte politique, esclavagiste et abolitionniste, l’on comprend bien sa démarche et mise en garde de protéger nos valeurs et coutumes africaines. Mais il s’agit ici de Dieu dans l’accomplissement du dépassement de soi, dans la confection du dialogue fondamental qui est de dépasser les esprits minimalistes et terrestres, et de rejoindre l’Esprit-Saint dans toute Sa plénitude. Il faut quitter le ciel local pour retrouver le ciel universel. Être Chrétien, c’est, pour Dieu, faire qu’un autre soit ému et transformé, au même titre que soi. D’où fut le rôle des croisés et des croisades qui est le refus même de l’intimité définitive, mais l’élargissement des lieux et des mentalités humaines.

Comment demander à un peuple prophète comme les Tibétains, à un peuple médecin comme les Navajo, à un peuple artiste comme les Aborigènes d’Australie, à un peuple superstitieux comme les Haïtiens, de laisser tomber les paradoxes de toute une vie afin d’unir son «Moi social» à un autre «Moi spirituel»? Si certains le font pour un peu conjectural, c’est par peur de l’idée de la mort spirituelle, ou du moins afin de se positionner dans la passion de concevoir le rôle des hommes auprès de Dieu. Une manière de répondre, une fois pour toutes, à la fausse gentillesse des dieux sur terre par la trahison et l’infidélité de la parole donnée. Les dieux grecs comme ceux des Haïtiens ont mauvaise mémoire et se donnent la solution immédiate qui est de rechercher le «Moi authentique».

Si nous prenons le soin d’élargir le rôle des cultures (ou de la culture) en tant qu’obstacles potentiels à l’évangélisation, l’on verrait bien que, dans le cas de l’Afrique par exemple, la réception des Évangiles n’a pas été de gaieté de cœur. L’église de Jérusalem, en envoyant des missionnaires à cette importante communauté juive d’Alexandrie, favorisa, au début du IIe siècle, la multiplication de nouveaux adeptes qui auraient embrassé la nouvelle foi. Et c’est ainsi que le Christianisme s’est propagé au-delà de la communauté juive. Et vers l’an 200 existait déjà une église chrétienne de langue grecque, qui finira par s’émanciper  jusqu’en Égypte. Au début du IIIe siècle, le christianisme se développa chez les Égyptiens comme chez les Grecs. L’Église copte, missionnaire, était ainsi formée, mais non sans désintégration des cultes traditionnels, de l’ancienne religion et de la culture égyptienne. Les autorités, d’accoutumance, persécutaient les prêtres  traditionnels, et fermèrent leurs temples, ou les transformèrent en églises ou  en monastères. Des moines ermites tel Saint-Antoine ainsi que des communautés monastiques réglées, dont Pacôme, firent leur apparition, vers l’an 321. Et vers l’an 400, 90% des Égyptiens étaient chrétiens. Le Christianisme atteignit aussi le Maghreb via les Grecs ou les Romains plutôt que par le réseau juif; et en l’an 180, on exécutait déjà des Chrétiens à Carthage (Tunisie actuelle). En Numidie (Algérie actuelle), la nouvelle foi se propagea si rapidement à l’intérieur des terres qu’elle  aura favorisé, à maintes reprises, la répression des Empereurs romains. Le Christianisme y prit alors l’allure d’une protestation contre l’ordre social établi et signifiait un refus de l’État. Mais l’invasion arabe du VIIe siècle, de l’an 639,  entraîna la quasi-disparition de l’Église copte officielle, tandis que les Chrétiens d’alors devenaient des tributaires plutôt préoccupés de survivre et se faisaient musulmans. Le Christianisme s’implanta aussi en Éthiopie, à Aksoum, comme en Nubie (Soudan, l’actuelle Khartoum) sous la supervision d’Alexandrie. En Éthiopie, le Christianisme n’était que l’une des religions dont le Judaïsme déjà imposé depuis l’époque de  Salomon et de la reine de Saba, Makéda.

En s’implantant en Afrique, le Christianisme a pu trouver une terre propice à ses principes humanistes et à son évangélisation. Celui-ci y créait une communauté transcendant les strates des différentes couches sociales et religieuses; promettait littéralement la résurrection des corps ou des morts aussi bien qu’une protection spirituelle de Dieu face aux «daemones» et sorciers très présents au Moyen-âge. De plus, cette religion de la non-violence ne menaçait pas l’ordre social; mais elle  nourrissait des conflits entre générations ou entre hommes et femmes, au sein des foyers de type patriarcal. On peut ainsi expliquer la quasi-disparition du Christianisme copte, maghrébin ou nubien par son incapacité à s’adapter aussi pleinement à la culture locale, trop soumise à des influences externes comme l’Islam, et trop enclin à des contradictions internes tel le schisme d’après le Concile de Chalcédoine en l’an 451 (primauté des Évêques de Rome et de Constantinople au détriment d’Alexandrie). De plus, l’adoption d’une définition théologique du Christ, possesseur de deux natures, humaine et divine, n’a pas aussi aidé, l’Église copte ou le clergé d’Alexandrie, étant de foi monophysite. D’où le schisme de l’an 536.

Étrangement, l’Empire romain qui persécutait les Chrétiens depuis Étienne jusqu’à l’Apôtre Paul et jusqu’aux derniers Martyrs, était et est devenu le lieu de la chrétienneté par excellence. En l’an 312, l’Empereur Constantin fit du Christianisme la religion officielle de l’Empire romain. Ceci signifie que le facteur «culture» peut être à son tour incorporé et assimilé par une nouvelle religion, et que tout cela dépend en grande partie des enjeux sociaux et politiques, selon les besoins et intérêts des lieux et milieux, et selon l’époque.

En Haïti, le Christianisme est apparu avec l’arrivée de Christophe Colomb en 1492. Les représentants de cette religion ont si bien collaboré avec les «Conquistadors»  espagnols que les Amérindiens du pays auront disparu dès le début de la colonisation. Des esclaves ou bois d’ébène d’Afrique ont pris la relève; ce qui a donné naissance à la nation haïtienne. Un peuple métissé de plusieurs peuples, à plusieurs cultures combinées pour donner le folklore haïtien. Les Espagnols, puis les Anglais et les Français, et maintenant les Américains ont essayé et essayent encore d’abattre cette culture, ce folklore campé du vaudou, afin de favoriser l’infiltration des Évangiles dans la mentalité haïtienne. Les Français, par l’intermédiaire des prêtres catholiques; et les Américains, grâce à d’ambitieux  pasteurs formés selon leur goût, ont pressé le fruit de la «bénédiction» et pratiquent aujourd’hui l’ascétisme ou la charité mentale, ou les deux à la fois, pour que la chrétienneté règne en Haïti. Vers les années 1940, sous la présidence d’Élie  Lescot (lire Christianisme et paganisme en Haïti, 1974), des campagnes de «renoncement» ont été planifiées afin d’extirper l’effort dans le mal des démons et autres entités fréquentées par les Haïtiens. Mais le passé brutal de l’Église catholique en général autant que l’ingérence de la politique américaine dans les «Affaires Haïtiennes», sont les deux principales implications rebutant l’imposition des Évangiles dans ce pays.

DIEU ET LA SANCTIFICATION AU XXIe SIÈCLE?

La sanctification qui est le tracé graphique d’un cheminement évangélique aussi bien que l’œuvre de satisfaction, de finalité ou d’exception envers Dieu, nous permet de grandir et d’évoluer sur le chemin de la Vérité. Le mot «sanctification» est une dérive en soi, vu les différents énoncés proposés sur la doctrine de la Sainteté à travers les âges, et qui sont sujets à des révisions permanentes à différentes périodes de l’Histoire de l’Église. Toute communauté de foi, bien que soutenue par une tradition quelconque, doit périodiquement reformuler son langage, mettre à jour ses principes de base pour les générations montantes, et renouveler sa vision des circonstances, faits et vécus de la dite communauté. Pour cela, de nouvelles analyses sur la foi et la sainteté du cœur, aussi bien que sur les «Évangiles», en étroite corrélation de compréhension avec le dilemme Péché et Perfection chrétienne, devraient être à l’ordre du jour, et des travaux de restructuration des articles de foi et des lois statiques de l’Église deviennent alors impassibles.

a) SIGNIFICATION AU PASSÉ

Depuis 1947 jusqu’à 2010, les multiples définitions sur le concept de la Sainteté ont prouvé que le langage humain vis-à-vis de cette signification a évolué. Au préalable, une différence nette existait entre l’Être justifié et l’Être sanctifié. Le premier, pardonné de tout péché extérieur par la rédemption en Christ, reste quand même tâché du péché adamique. Il est alors et naturellement incliné au mal, ce qui le prédispose à s’éloigner de Dieu. Le second, entièrement sanctifié, est exempt de tout péché intérieur et de toutes infirmités. Purifié totalement de tout péché, il doit croître en grâce jusqu’à la phase finale qu’est l’Adoption filiale. Mais plus tard, vers les années ’60,  il a été précisé que «le croyant pleinement consacré par l’exercice de la foi dans le sang expiatoire du Christ se voit purifié sur-le-champ de tout péché intérieur et rempli de puissance pour le service ». Outre, «la foi» fut suivie de «l’obéissance», quand on sait que ce processus fut le secret et la force vitale de l’Église primitive et des Apôtres dans leurs actes, à savoir l’obéissance scrupuleuse au commandement du Christ par les Apôtres et l’obéissance continue de l’Église primitive à travers ses responsables. Et nous citons:

«…bien avant la Pentecôte, les disciples de Jésus avaient été appelés, convertis et gardés par Christ (Jean 17 :6-16). Ils avaient été complètement régénérés. Et pourtant, ils s’enfermaient derrière des portes closes par crainte des Juifs….

«Ils n’étaient pas libérés intérieurement parce qu’ils n’étaient pas encore complètement possédés de Dieu. De même, sans le baptême du Saint-Esprit, nous ne sommes pas équipés pour supporter les tensions d’un environnement hostile…. Il nous faut la plénitude de l’Esprit si nous devons être des chrétiens effectifs. Comment pouvons-nous la recevoir? Par une complète obéissance.» (Actes 5 :32).

Jésus, lui-même, a été revêtu de l’Esprit avant de commencer son Ministère parmi les hommes. Simon Pierre dixit : «Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth.» (Actes 10 :38a). Et ils en étaient de même pour les Apôtres. Jésus l’annoncera : «…car Jean a baptisé d’eau, mais vous dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.» (Actes 1 :4-5). Revêtus d’abord de la puissance d’en haut, les Apôtres ont parcouru le monde pour prêcher l’Évangile à toute créature et à toutes les nations. Ils quitteront alors la Palestine (Jérusalem, la Capitale du Judaïsme) et seront à Antioche, Éphèse, Alexandrie, Athènes, Corinthe et Rome, à tous les grands centres culturels et à toutes les grandes Capitales du monde de l’époque, pour en faire des grands centres de l’activité du Christianisme. Leur secret : la plénitude de l’Esprit-Saint. Sauvés et sanctifiés, les Apôtres ont vécu et marché selon l’Esprit, par leur consécration à l’Esprit, l’obéissance et la confiance absolue envers Lui.

Comme déjà discuté, le Salut, à notre avis, n’est complet que jusqu’à la réception du baptême du Saint-Esprit. Dieu nous justifie afin que nous soyons sanctifiés par le baptême qui est le geste essentiel. Être régénéré et ne pas être sanctifié entièrement, c’est ne pas vivre selon l’Esprit pour être et demeurer en communion avec Lui en tant que guide. En d’autres mots, le Salut n’est efficace que jusqu’à ce que le problème du Péché soit résolu par le nettoyage et le renouvellement de l’Être, la restauration  et la transformation ou repersonnalisation de toute nature humaine en beauté christique.

b) SIGNIFICATION AU PRÉSENT

Certes dans l’optique de l’Église actuelle et en relation à la sanctification, la Sainteté demeure le grand dessein de Dieu pour chaque chrétien; une relation dynamique avec Dieu; une marche vivante et sainte avec Lui; une expérience continue, une bénédiction personnelle par la foi et par la grâce de Dieu. Pour nous Chrétiens effectifs et actuels, en élargissant le cadre de la doctrine et en la soumettant à l’ordre des générations montantes, on y voit un processus divin, à court et long terme, dans la vie du Croyant. Seul un événement significatif et divin peut aller chercher l’Homme du tréfonds des Ténèbres pour le conduire dans la lumière christique. Et surtout de nos jours, en rapport avec tout ce que nous offrent les grandes villes et les chimères associées, en un mot la sécularisation, l’expérience de la Sainteté est plus qu’une grâce. Comment donc incorporer les pécheurs et les intégrer dans un processus de rédemption pour les aider à changer, changer leur vie en une vie presque sainte ou spirituellement plus saine? Comment donc dispenser notre enseignement sur la Sainteté?

c) SIGNIFICATION À L’AVENIR

Puisque l’Esprit-Saint demeure pour certains l’une des trois personnes de la Trinité la plus discutable, et pour d’autres une entité indicible, surréaliste et coupable d’absence totale, il faut aller chercher des repères dans des exemples bibliques de sainteté à modeler. Personne sur cette terre n’aimerait être Job, mais plutôt David et surtout Salomon. Cependant il existe dans la Bible d’hommes plus simples à comprendre dans leur démarche quotidienne, mais spirituellement plus fortunés que ces deux célébrités. Prenons le cas de l’Apôtre Paul de Tarse et son fameux revirement dans sa marche vers Dieu; de Joseph, fils de Jacob (Israël), dans sa destinée réelle qui l’a conduit non pas à la mort mais à la puissance et à la  gloire, de par la grâce de Dieu. Deux exemples convaincants qui peuvent encourager tout  Croyant qui s’ignore et le ramener au service de l’Église. À partir d’exemples qualitatifs inclus dans des formules d’adhésion, comme ceux déjà mentionnés, le Croyant saura s’édifier et nous joindre sur la route de la saine vie. La reformulation de notre enseignement sur les «Évangiles et sur la «Sainteté» serait ainsi d’importance dans la mesure où elle permettrait une simplicité de compréhension du langage et du contenu des formules évangéliques, en des termes clairs et précis pour le bien-être et l’allégeance de tout un chacun. Les niveaux d’éducation et d’instruction des croyants et pasteurs peuvent aussi, dans un certain contexte, soit le contexte académique, ne pas favoriser la promotion de l’Esprit-Saint et de son œuvre. En un mot, l’état actuel de la compréhension de la Sainteté et de sa pratique, aussi bien des Évangiles, même au niveau des pasteurs, rend confus celui  qui voudrait bien s’améliorer et faire de cette approche la base de sa vie quotidienne. Les grands mécanismes de la Sainteté suivis des différents énoncés sur la primauté du processus du Salut et sur la crise de conversion (justification, régénération, sanctification et glorification) émerveillent, mais en même temps alourdissent le temps de l’affect envers la Sainteté. Un enseignement simple et clair sur la possibilité d’une vie simple et saine, en prenant comme repères des personnages bibliques et le folklore du pays concerné, saura améliorer la définition de la Sainteté comme un état d’esprit et de communion constante avec Dieu que l’on devrait tous rechercher. Finalement une vie sainte, sans ressource vivante qui est l’Église (la communauté des Croyants), ne peut s’atteindre qu’à l’apogée de la sève brute de l’arbre de la vie chrétienne. Cela dit, il n’y a de sainteté que par la mise en place d’une sainteté sociale, laquelle doit se confondre avec celle de la mission durant le Ministère. L’expérience de la Sainteté, en exerçant son Ministère, peut aider à élargir davantage notre compréhension plus raisonnable du phénomène de la Sanctification et de l’existence d’un Dieu unique.

CONCLUSION

Il est vrai que la culture peut servir d’obstacles à l’évangélisation et conséquemment à la sanctification; mais cela dépend aussi des lieux et des époques. Car c’est sur les traces de la langue, de la pensée et des cultes grecs que le Christianisme avança dès les premiers jours. Et la nouvelle religion, aussi grâce à la dispersion des Juifs, leur monothéisme, leur morale, leurs synagogues et leurs Écritures saintes, sans oublier leur zèle missionnaire, concevait alors l’inconcevable dans la propagation pressante de la foi chrétienne. Qu’on le veuille ou non, la mission chrétienne qui n’est autre que la continuation de la propagande juive, a su créer son propre désert, son propre espace qui ne peut être atteint que par la seule voie de la poursuite de Dieu. L’Église chrétienne a mis tant de passions à se débarrasser de l’impossible, de l’incréé, de l’inconcevable qu’elle se livrait à la divinité entière où se recomposaient les âmes et les êtres perdus, comme l’athéisme à l’adoration de ses propres hasards, de son autre Moi.

Il faut, sans plus tarder, en ce début du XXIe siècle, redéfinir l’Église, repenser le dialogue évangélique, et traduire les nouvelles aspirations sans les consonances du passé.
Soit, tout pour que Dieu règne!

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  • THOMPSON, Franck Charles: La Bible, Vida, Miami, 1997.
  • VERNET, Daniel : La Bible et la science, Ligue pour la lecture de la Bible Guebwiller (France), 1971.
  • WALKER, Luisa J. de : Dans quelle direction?, Vida, Miami (Floride), 1982.
  • WATSON, Thomas : Consolations divines, La bannière de la vérité, La Bégude de Mazenc (France), 1976.
  • WHITE, John: The cost of commitment, InterVarsity Press, Downers Grove, Illinois, 1976.
  • YOHANNAN, K.P.: Le chemin vers la réalité, GFA Books, Carrollton (TX), 2003.

 Viré monté