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au poète Eddy Garnier
«Oserai-je déranger l’univers?»
tribus de ciel abandonné serpentins de joie au ventre dur tel celui d’un canari à l’eau fraîche veuf de nuit dans toute sa plénitude de ligament accablé sans relâche au bas d’un sacrilège
mais la marguerite habitée d’un limaçon au corps mou n’a point de squelette mobile allongé à l’année longue
s’il faut compter les figurines d’occasion le cri du geai la mangue écartée les libellules et l’aubier l’ombre d’un trident les cicatrices du pêcheur aimé la dague mortelle de l’archange les racines du pissenlit la passion du chêne et l’orme inhabituel
s’il faut aimer sans aimer au pied des nuits d’hiver le citronnier des hespérides la frondaison des cerisiers la configuration des galaxies le sourire des sentinelles une hanche placée sous aucun signe la passion de l’anthère le poudroiement du rocou l’effritement des œuvres d’art (figurines ptérodactyles) et les attaches définitives de ma femme aux joues coiffées des pastels d’éternité
ainsi va pour la soute à mérous les ossements de poètes devant leurs prénoms le scarabée dans sa forme urbaine l’hippocampe et l’hippodrome Eberth ou le règne végétal
imaginons au milieu de ces chiffres à dorades les battements d’un tambour qui innove le vacarme le poète et sa femme aux alentours du vent deux mains légères où repose l’ocre apaisée
des chiffres sans cesse qui font la fenaison les délires des populations l’hégémonie des artères les pêches miraculeuses en l’ossuaire des nègres fous de Virgile des chiffres et des pages où s’effrite le poème ainsi que les entrailles du verger qui se greffent jusqu’aux ongles de l’hiver des chiffres et des phrases sans cri ni angoisse de l’aire définitive aux confettis qui enfantent le glyphe
glyphes des dieux innombrables qui habitent la Terre depuis la dernière guerre céleste majesté des stèles et sables de la mer peints au pied du temps palmes d’allégresse dédiées aux enfants des vivants et des hommes
serpenteau en joie ou de peine d’amour comme une femme insatisfaite mince filet de paume qu’enfantent les cyclades sans membres mollets d’athlète et cuisses de vierges démesurées au passage du lancelot hanches fines attachées au rouet de l’huis mort
mes chiffres roux étalés par touffes de mots des poètes en larmes contre les solitudes chiffres paresseux au nombril de l’ombre des régisseurs d’écriture à la hauteur des attentes éternelles
mais que ferions-nous si nos chiffres renversent l’univers des marchés parlez tambours
chantez mages et poètes
totems aux cheveux bouclés d’un métissage d’excellence d’une politesse soûle et sans sexe les voilà seuls et sans syllabes chiffrés dans l’incompréhensible pardon des pages et bisons abattus
en mille rêves de triomphe ailleurs jusqu’aux repères sans noms à l’esclavage
Laval, 15 juillet 2007
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