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Éloge des brisements:
Philologie d’une nouvelle approche vers Dieu

par Saint-John Kauss

«Par le mécanisme quotidien de la route, l’opposition sera flagrante entre ces deux mondes: celui que l’on pense et celui que l’on heurte.» - (Segalen)

«Ils ne comprennent pas comment ce qui lutte avec soi-même peut s’accorder: mouvements en sens contraire, comme les tensions opposées de l’arc et de la lyre.» - (Héraclite)

Connaissez-vous dans ce monde un homme ou une femme qui n'a pas été brisé par Dieu? À un moment ou à un autre de la vie, nous serons brisés pour être remodelés par Lui. Rares sont les vies non brisées qui sont utiles à Dieu. Peu d'hommes et de femmes peuvent se vanter d'avoir réalisé leurs projets ou leur plan de vie, sans être arrêtés et interrogés en cours de route. Adam, Jacob, Moïse, Job, David, Frère Paul, etc., ont été tous humiliés, puis restaurés dans leur nouvelle façon de vivre. Nous avons vu le brisement de Michael Jackson, de Mohamed Ali, de John Travolta, de Jean-Claude Duvalier, de Nabuchodonosor. Nous avons noté le désert, la croix de Saddam (son arrestation et la mort de ses deux fils) ou de Kadhafi. Nous avons vu  Prosper Avril pleurer autour de sa prison et se convertir au Christianisme. Ramsès II pleurait l’Égypte, et Georges Bush l’Amérique du 11 septembre. Pourtant, ont-ils changé ou vont-ils changer avant le dernier jour?

Qu’est-ce le brisement?

Selon nous, c’est un état psychopathologique engendré par Dieu pour mieux corriger les hommes. C’est un degré de maturité à atteindre pour le salut par la grâce. C’est un dépouillement total de l’âme et du corps d’un individu pour la rencontre finale entre les deux êtres. C’est un état de maturation absolue voulu par Dieu, des deux extrêmes, l’être extérieur et l’être intérieur. C’est enfin, nous aussi, brisé au beau milieu de l’âge adulte pour la gloire de Dieu  (voir Ma relation avec Dieu, IBNQ, 2011)  – Que Sa volonté soit faite!

Selon Watchman Nee, l’un des écrivains les plus lus et auteur de «Le brisement de l’homme extérieur et la libération de l’esprit», le brisement est une nécessité de premier ordre dans la mesure où la plus grande muraille qui empêcherait le bon fonctionnement du travail de Dieu chez l’humain réside dans notre propre personne. Car l’inégalité existant entre l’homme extérieur et l’homme intérieur causerait une frustration, laquelle provoquerait un certain déséquilibre de l’être humain. Il est plutôt difficile à l’homme extérieur, le vieil homme, de se soumettre à la volonté de l’homme intérieur qui est «esprit»; ce qui empêcherait quiconque d’avancer et de faire face aux plus hautes exigences de Dieu dans sa vie. Selon Nee, «out serviteur de Dieu devrait pouvoir exercer son esprit, afin de préserver la présence de Dieu dans son esprit, approfondir la connaissance de la parole de Dieu à travers son esprit et toucher la condition humaine par son esprit. Il devrait être capable de transmettre la parole de Dieu, sentir et recevoir la révélation divine à travers son esprit.» Traités à fond par Dieu, frappés dans leur corps et esprit, soumis aux plus dures épreuves par Dieu, ils (les serviteurs) seront sans nul doute et maintenant qualifiés pour mener à bon port Son œuvre. Et Watchman Nee d’affirmer: «Ce n’est que par une épreuve fondamentale que nous pourrons devenir des instruments utiles au Seigneur.»

Figures de brisement dans la Bible

C’est dans la Bible qu’apparaît, pour la première fois, le mot «brisement». Probablement, même les lecteurs assidus de la Bible feignirent  d’ignorer ce terme tel qu’il apparaît si dur chez David, le Psalmiste, et chez les autres.  Dans les Psaumes 34 : 19 et 51 : 19, on peut lire respectivement : «L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et Il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement; Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : un cœur brisé et contrit…». Dans Genèse 32 : 25-32, il nous a été permis de comprendre la brisure et le brisement de Jacob face à l’Ange de l’Éternel, Dieu en personne. Et Jacob n’a été béni qu’après avoir été brisé. Dans Mathieu 14 : 19-20, on peut lire : «…Puis il rompit les pains et les donna aux disciples…Tous mangèrent et furent rassasiés...» Dans Marc 2 : 1-12, on sourit à l’idée du toit brisé pour laisser passer le paralytique, porté par quatre hommes, ayant la foi. Dans 1Corinthiens 11 : 23-24, Paul souligna que « Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis. Le Seigneur Jésus…prit du pain et, après avoir rendu grâces, le rompit et dit : Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi.». Dans 2 Corinthiens 4 : 8-12, on comprend bien que «la mort agit en nous, mais la vie en vous.» Outre, dans Éphésiens 3 :16, on peut lire encore de l’Apôtre Paul: «Afin qu’Il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par Son esprit dans l’homme intérieur.» Pour en finir avec les citations des versets, selon Jacques 4 : 6, soulignons alors que «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles.»

L’un des premiers exemples d’«homme brisé», n’est-ce pas Adam? Quoi de plus pénible, pour Adam ou tout être humain,  d'être séparé de Dieu, de perdre la vie éternelle? Le péché originel, dans toute sa plénitude, est un affront fait à Dieu. Elle est une infidélité délibérée et consciente de la part d’Adam et de sa femme. La réaction de Dieu ne saurait être autrement de la part de son serviteur infidèle. Question de principe malgré les alliances qui en découleraient après, par la grâce et la miséricorde de l’Éternel.

Jacob a beau trompé son frère jumeau, Ésaü, mais il n'en demeure pas moins qu'il l'aura payé toute sa vie, dans l'humiliation et dans l'exil chez Laban. L’Ange de l’Éternel l’aurait aussi brisé, puis béni. (Genèse 32 : 25-32)

Moïse,  homme de caractère, exilé lui aussi, rétrogradé en simple berger du désert, pour enfin aboutir au Mont-Nébo, sa mort (Exode 1-14). Parfait exécutant, Moïse aura montré à Dieu sa fidélité et son obéissance, malgré certaines erreurs de parcours, telle sa colère et des fois son oubli de prononcer le nom de Dieu dans ses actions contre le Pharaon. Ainsi, lui a-t-il été refusé d’entrer à Canaan, non pas par défaveur de Dieu, mais plutôt, si l’on comprend bien, pour l’empêcher probablement de devenir le tyran pressenti par Dieu. Car la pratique du Pouvoir corrompt et confond l’homme.

Qui dit pire que Job face aux vicissitudes de la vie et de ses tragédies (Job 1-42). Dieu et Satan jouaient aux dés de sa vie. L’homme fut brisé dans ses biens comme dans son corps, mais resta fidèle à Dieu jusqu’à refuser catégoriquement son âme à Satan.

Mais David, l'homme selon le cœur de Dieu, par brisement de son homme extérieur qui était mauvais, il faut le dire, a vu se battre ses femmes et enfants, mourir Absalon, son fils bien-aimé, pour être aussi abandonné de ses amis. Nous dit David : «…je suis comme un vase brisé.» (Psaume 31 : 13).

Frère Paul de Tarse (Cilicie), jeune et puissant, de la race des sanhédrins, a été réduit à vendre des tentes pour survivre. Dieu, dans sa toute puissance, a été le chercher alors qu’il persécutait violemment les Chrétiens. Le revirement de Paul, nous semble-t-il, aura permis aux païens comme aux Apôtres d’ailleurs qui doutaient de la résurrection de Jésus, d’y croire. Frappé sur la route de Damas (Actes 9 : 3-5), n’est-ce pas Paul qui a vu (une lumière venant du ciel) et entendu Jésus ressuscité et vivant, qu’il ne connaissait guère, lui ordonner de cesser de Le persécuter en ces termes : «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?». Paul répondit: «Qui es-tu?».  Et le Seigneur dit: «Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.» (Actes 9 : 3-5). Saul regimbait contre les aiguillons de la conviction divine. Un tel témoignage, venant de nul autre que Frère Paul, vaut tout son pesant  d’or, surtout quand on connaît sa position antichrétienne dans le passé.

Ézéchiel, aimant trop sa femme, aura, à maintes reprises, négligé le travail de Dieu à cause de la frustration héritée de son homme extérieur (Ézéchiel 2, 13 et 33; 24 : 15). Brisé par Dieu, par la mort de sa femme, Ézéchiel aura cessé d’affranchir son homme extérieur, lequel causa une frustration qui l’empêcha d’accomplir correctement les tâches de Dieu.

Jésus, Fils de Dieu, a été brisé et crucifié pour nous sauver. Ce geste expiatoire aura permis de nous justifier par grâce de Son sang versé. Jésus avait donc raison de déclarer solennellement : «En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.» (Jean 12 : 24)

Figures courantes de brisement

De ce que nous rapporte Moïse, dans la Bible, Ramsès II figure parmi les hommes le plus arrogants et les plus «brisés» de son temps. En plus des dix plaies d’Égypte assignées par Dieu, en la personne de Moïse, pour affronts et maltraitances infligés à ses enfants pendant quatre-cent ans, le Pharaon assista éperdu de son fils aîné, dépouillé de son armée et de ses esclaves. Ce fut la déroute d’un roi orgueilleux et têtu.

L’un des hommes brisés le plus célèbre de la terre fut aussi Nabuchodonosor (ou Nebucadnetsar), roi de Babylone. Le grand constructeur n’avait des yeux que pour sa femme. D’où «les jardins suspendus de Babylone». Et d’arrogance, il broyait tout ce qu’il voulait broyer. L’histoire et la Bible nous rapporte son entêtement à vouloir détruire les serviteurs de Dieu. Le grand prophète Daniel ainsi que Schadrac, Méschac et Abed-Nego furent de ses victimes. Nabuchodonosor a été réduit à vivre comme un animal jusqu’à sa compréhension et son approbation d’un Dieu unique.

Dans les temps modernes, nous connaissons, entre autres, Duvalier, Saddam et Kadhafi, blessés dans leur orgueil de dictateur-à-vie jusqu’à être «frappés» par Dieu. Il est vrai que tout pouvoir vient de Lui, mais Dieu peut changer ses plans en cours de route, suite à nos comportements, comme ce fut le cas de Saül, père de Jonathan, ami de David, le futur roi d’Israël.

Considérations sur le brisement

La philosophie théologique de Watchman Nee nous porte à croire que le brisement est d’une nécessité absolue, la seule apte à dompter les plus récalcitrants des serviteurs de Dieu. Traité à fond, l’homme brisé se doit d’être par la suite souple et conciliant. Car la frustration causée par son homme extérieur empêche son esprit, c’est-à-dire l’homme intérieur, de s’épanouir. Dieu réside dans notre homme intérieur. Il y prit place, et son Esprit est à l’intérieur de nous. Paul écrit dans 2 Corinthiens 4 : 16, que «lorsque notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour.» L’homme intérieur a besoin de liberté pour que l’œuvre de Dieu soit accomplie. Il a besoin de se libérer de l’homme extérieur pour l’accomplissement des tâches essentielles à Dieu. Il faut donc briser la coquille du «grain de blé» pour que le «vieil homme» meure, et qu’un homme nouveau soit le fruit de la promesse. Il faut faire sortir l’homme intérieur de sa prison, et, une fois libéré et libre, l’esprit n’étant plus confiné sera à son aise pour travailler pour le Seigneur. C’est donc pour cette raison que L’Esprit-Saint, à l’aide d’épreuves extérieures, doit briser et démanteler notre homme extérieur, notre «moi», afin de frayer un passage à notre homme intérieur. D’après les paroles de Jésus précitées dans Jean 12 : 24, la coquille extérieure, selon toute vraisemblance, représente notre vie (intelligence, pensées, émotions, volonté), et la vie intérieure la vie éternelle qu’Il nous dispense. Une fois l’homme intérieur libéré, on sera, à l’instar de Jacob, béni par la grâce de Dieu.

Il faut se dépouiller de l’enveloppe extérieure, du «moi» qui nous accapare, de notre égocentrisme, de notre volonté d’aller à l’encontre de Dieu, de renoncer à soi-même et à tout. Car, nous dit Jésus : «Celui qui aime la vie de son âme la perd, et celui qui a de la haine pour la vie de son âme dans ce monde la conservera pour la vie éternelle.» (Jean 12 : 25).

Selon Watchman Nee, notre propre être doit être brisé par Dieu, pour l’expansion de Sa vie (qui est en nous) sur la terre entière. Si Sa vie demeure emprisonnée en nous, nous ne serons jamais une source de bénédiction pour l’Église, et Dieu ne pourra point accorder Sa grâce au monde à travers nous. Il veut frayer un chemin afin de bénir le monde entier à travers ceux qu’Il aime, et ceux qui lui appartiennent. Le brisement peut être graduel ou radical. Nous ne pouvons pas réduire le temps nécessaire au brisement de l’homme extérieur, mais nous pouvons le prolonger. Dieu, par exemple, punissait Jacob sans cesse. Par notre comportement, notre façon de retarder l’œuvre de Dieu, par notre geste déplorable de gaspiller Son temps, l’Église aussi ne reçoit pas de bénédiction à cause de nous. Sur ce, Dieu ne peut utiliser Son Esprit pour toucher les autres à travers nous. Nous devons donc passer par la «croix», le «désert», la repersonnalisation graduelle ou intensive, c’est-à-dire le brisement total de l’homme extérieur pour rencontrer Dieu. Car seul l’Esprit peut vivifier (Jean 6 : 63); l’Esprit étant à l’origine de la vie. Puisque seul l’Esprit peut donner la vie, ce n’est qu’une fois l’esprit libéré que tout pécheur sera régénéré et tout croyant  édifié.

Il est intéressant de constater que l’intention de Dieu n’est pas de séparer son Esprit de notre esprit. Une fois sauvé, l’homme est habité par le Saint-Esprit. Ce dernier réside dans notre esprit. L’Esprit de Dieu est donc enfermé dans notre for intérieur et doit être libéré. La libération de l’esprit n’est donc pas tout simplement une libération de l’esprit humain. C’est aussi la libération de l’Esprit de Dieu à travers l’esprit humain. En fait, notre esprit apporte l’Esprit de Dieu aux hommes de bonne volonté. Et puisque nous sommes le Temple de Dieu, lorsque l’Esprit de Dieu est à l’œuvre, c’est à travers notre esprit qu’Il agit. Il a donc besoin de l’esprit humain pour diffuser Son Esprit et Ses ordres. Le Saint-Esprit est transmis et porté à l’homme à travers l’esprit humain.

Mais il y a des raisons fondamentales qui peuvent empêcher le brisement de l’homme extérieur d’une personne quelconque : son amour-propre et son vécu dans les ténèbres. Le «moi», est un véritable obstacle à la progression de l’être vers Dieu. Et ceux qui ne reconnaissent pas la main de Dieu, qui vivent dans les ténèbres, ne savent même pas si Dieu est à l’œuvre. Ils en demeurent réfractaires même après des années d’épreuves.  Parfois, l’homme extérieur se meut, mais l’homme intérieur est encore prisonnier. Il en résulte un homme intérieur qui ne réagit pas. Puisque la présence de Dieu ne se trouve pas dans la mémoire mais dans l’esprit, l’homme intérieur imperturbable ne s’unit pas tout à fait à Lui pour travailler, ni d’ailleurs avec l’homme extérieur pour accomplir l’Oeuvre. De plus, sans la consécration du Serviteur à Dieu, il serait difficile même à l’Esprit de procéder. Il Lui faut ce feu-vert que l’on exige lors des passages risqués ou dangereux. Le brisement de l’homme extérieur perçoit alors, au-delà de la consécration, la collaboration de l’individu en marche vers le royaume de Dieu.
Encore, selon Watchman Nee, Dieu nous traite de deux manières différentes. La première consiste à briser notre homme extérieur, et la seconde à séparer totalement l’homme extérieur de l’esprit. L’une se fait à travers la discipline du Saint-Esprit; l’autre résulte de la révélation de l’Esprit. Et nul ne peut arriver à la pureté voulue de l’Esprit pour l’esprit en dehors de la discipline et de la révélation (ou de l’illumination) du Saint-Esprit. Et la Bible de conclure : «Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles; elle est juge des sentiments et des pensées capables de discerner les pensées et les intentions du cœur. Il n’y a aucune créature qui soit invisible devant Lui : tout est mis à nu et terrassé aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte.» (Hébreux 4 : 12-13)

La logique ou le temps des brisements

De nos jours,  on n’entend parler que du «brisement» en tant que thème favori des Évangélistes et dans les Assemblées, comme s’il s’agit là  d’un processus facile à supporter. Jésus, déjà, nous abordait en ce sens dans Matthieu 23 : 1-4 : «Alors Jésus dit aux foules et à ses disciples : Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse. Faites et observez donc tout ce qu’ils vous diront, mais n’agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas. Ils lient des charges lourdes, difficiles à porter, pour les mettre sur les épaules des gens, mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.»Et dans Matthieu 24:13 :« Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Vous fermez aux gens le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui le voudraient.»  Jésus, en avertissant les foules et ses disciples, au sujet des scribes et des pharisiens, prévoyait déjà la montée de ce genre de discours légaliste qui finira par s’imposer avec le temps, si l’on ne prête point attention. Beaucoup de croyants veulent se rapprocher de Dieu, non pas pour être brisé comme Job ou David. Le mot «brisement» en soi,  provoque déjà des psychoses et névroses, et même des réticences chez certains serviteurs quand on connaît la souffrance qui en découle, soit d’une culpabilité ou d’une condamnation associée à la personne à reconstruire de l’intérieur.

L’auteur Watchman Nee, que des disciples interprètent mal involontairement et plusieurs fois, cite l’Apôtre Paul dans Romains 7: 22 : «car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur», ou dans Éphésiens 3:16 : «puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur », et encore dans 2 Corinthiens 4:16 : «Lorsque notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour». Et de ces trois citations, on peut distinguer que l’homme intérieur est l’esprit de l’homme qui sonde l’homme et les profondeurs de l’homme; que l’homme extérieur, qui est l’âme; que l’homme très extérieur, qui est le corps (ou l’enveloppe charnelle). De ce fait, lors de la nouvelle naissance, l’Esprit de Dieu nous habite davantage, réactive, régénère, ressuscite notre esprit, cette partie de notre être altérée par le péché. Et c’est ainsi que nous pouvons communier avec Dieu, le louer et l’adorer, vivre et marcher dans et selon l’Esprit. L’âme fait partie de l’être extérieur dans la mesure où elle réagit avec tout ce qui vient de l’extérieur (intelligence, pensées, sentiments et volonté). Pour que nous puissions rendre à Dieu un culte en esprit et en vérité, pour que nous puissions servir l’Esprit selon un régime nouveau et non selon la loi ou la chair, notre homme intérieur doit être libéré. Ce qui justifie simplement que le brisement que Dieu veut, c’est le brisement de notre homme extérieur pour avoir la vie éternelle (Jean 12 : 25), la vie en abondance (Jean 12 : 24), non pas pour nous faire souffrir.

La réalité du brisement

L’auteur de l’Épître aux Hébreux dans la Bible faisait remarquer qu’ «après avoir autrefois à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils…» (Hébreux 1 :1). L’auteur du livre de Job, de son côté, s’exprimait en ces termes : «Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde.» (Job 33 : 14).

Nous avons alors compris que les déceptions et humiliations rencontrées sont souvent des rendez-vous avec Dieu; et ce que nous considérons comme des tragédies, sont bien souvent des occasions par lesquelles Dieu choisit de se manifester. Chez certains, au début de leur vie; chez d'autres au milieu ou à la fin de l'usure de leur vie (voir Ma relation avec Dieu, IBNQ, 2011). Cet homme extérieur, ce flacon, ce "vase d'albâtre", il faut le briser pour qu'enfin le parfum, l'homme intérieur remodelé, l’esprit sain embaume l'air.

Les épreuves de la vie sont là pour nous porter à réfléchir sur nous-mêmes, à baisser notre orgueil de plusieurs crans, et à faire la volonté de Dieu, nullement nos quatre volontés. Dieu nous broie des fois comme la coquille du grain de blé afin que nos tares meurent dans la terre, et qu’on soit un nouveau fruit, un nouvel homme de l’œuvre de purification qui s’est accomplie en purgeant la confusion entre l’homme intérieur et l’homme extérieur.

Tout ce que Dieu fait dans notre vie et de notre vie a pour but de faire sauter notre «coquille» pour que nous devenions des personnes renouvelées et modèles qui soient en bénédiction par rapport aux autres. Pour porter du fruit  (Jean 12 : 24), il nous faut subir ce brisement. Nul ne connaît le plan de Dieu pour sa vie,  mais on ne doit que prendre garde aux désirs de son esprit, non pas à ceux de son âme et de son corps. Une fois le brisement effectué, brutalement ou progressivement, nous sommes alors plus sensibles au Saint-Esprit, et Il pourra alors atteindre les autres à travers nous en tant que modèles et vecteurs dans l’assurance. C’est probablement le «principe de la croix» dans notre vie. Les obstacles à surmonter seraient : forte volonté, vie intellectuelle intense, fortes émotions ou sentiments aléatoires, indulgente complaisance, pitié de soi, etc. Demandons, par la prière, à l’Esprit de détruire la «coquille», le «vase d’albâtre», et d’arracher de nos cœurs ou de notre «moi» tout ce qui peut entraver Son Œuvre. Ainsi, Il pourra planter la vie en nous (…c’est l’Esprit qui vivifie), et la faire produire du fruit éternel.

CONCLUSION

Nous ne devons même pas imaginer la terre sans des êtres brisés, sans des hommes assouplis par les épreuves de la vie. Si la mort met souvent une sourdine à la dureté des cœurs humains, si les obsèques réunissent les adversaires les plus inconciliables d’autrefois, le «désert», la «croix» confond l’homme et l’adoucit pour son bonheur dans l’éternité. Cette expérience de la délivrance de l’esprit par Dieu serait fondamentale et non fragmentaire. Notre esprit doit être libéré sans mélange, à savoir d’être pur. Notre «moi» doit disparaître pour faire complètement place à l’homme intérieur, à l’esprit qui ne fera qu’un avec l’Esprit de Dieu afin de faciliter la transmission des attributs du Saint-Esprit à travers l’humain.

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 Viré monté