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Gwadaids-city:

La ville qui vaincra le Sida

Laurent Farrugia

 

Lettre ouverte à Monsieur Juppé,  Monsieur Rocard, et 28 autres éminents conseillers de la République française.

Messieurs les conseillers,

Si Monsieur le Président  de la République vous a choisis comme conseillers, c’est parce que vous êtes, je suppose, informés, avertis, avisés, et sages; au moins un peu. Je ne vous dénie aucune de ces qualités; aussi ne vous ferai-je pas l’injure d’imaginer que vous ne connaissiez pas encore  Gwadaids-city; si tel  était néanmoins le cas, voici pour votre gouverne:

En Guadeloupe, lorsqu’on arrive à la jonction de la ravine Rivon et de la rivière du Baillif, et qu’on regarde vers les hauteurs, on voit se profiler une magnifique superstructure à trois étages superposés:

  1. Sur la ligne d’horizon, un viaduc analogue à celui de Millau. C’est l’œuvre maîtresse. Il soutient toute une ville dynamique et moderne, la ville où l’Humanité entière se consacrera à la recherche du vaccin contre le sida. Son financement est assuré par ONUSIDA, institution internationale dont madame Michelle Obama et madame Carla Bruni-Sarkozy sont à la fois initiatrices, instigatrices et ambassadrices. Projet structurant du sud Basse-Terre, cette ville caraïbe a vocation à rayonnement universel. Le viaduc se nomme Viaduc du Chevalier Saint Georges.
     
  2. Dans les entrailles, une citadelle, fortifiée et multifonctionnelle, pouvant abriter à n’importe quel moment 3 000 personnes contre toute calamité  sismique ou volcanique, quelle qu’en soit la nature ou la violence. Alors que, depuis cinquante ans, on en parlote à longueur d’années, notre région n’a toujours aucun abri. Zéro abri. Bien piètres seraient nos architectes s’ils n’y avaient jamais songé; l’occasion simplement ne leur a pas été donnée. L’architecture protège du chaos; ne l’oublions pas; c’est une de ses raisons d’être.
     
  3. Au sommet, futuriste, avant-gardiste, une Acropole pouvant servir de Palais des congrès en permanence et de Palais de la République tous les 6 ans, quand il n’y aura plus de centre ni de périphérie; et que la capitale de la République française sera en mouvement. Il en était ainsi dans l’antique Ethiopie, dont tous nous venons, et dont la capitale, Lalibela, était tournante.

Cette Acropole se nommera  MANDELADREAM.

Monsieur le Président de la République s’apprête à lancer un emprunt national. Il est  bien précisé que cet emprunt ne devra pas être utilisé à des opérations boursières, spéculatives et dangereuses, mais destiné à des investissements  productifs sensibles, contrôlables  et de nature à permettre au monde de sortir de cette situation catastrophique où un  libéralisme mondial sauvage l’a jeté, libéralisme impitoyable et aveugle que nous récusons et condamnons sans ambigüité.

Afin d’être judicieusement conseillé sur l’usage de cet emprunt, monsieur le Président a créé une commission de trente personnes, choisies dans un éventail politique très large, susceptibles de l’éclairer sur le bon usage et le suivi de cet emprunt.

Je suis de ceux qui pensent que la Guadeloupe doit emprunter le moins possible, afin que nous ne laissions pas en héritage à nos enfants une dette qui les poursuivrait, les aliénerait et qui finalement  au lieu de les délyanner, les enchaînerait dans une économie universelle sans scrupule qui demeurera hélas encore,  pour longtemps peut être, impitoyable à l’égard des damnés de la terre.

Si un emprunt est lancé, il doit être contrôlé, au moins en ce qui nous concerne, par nous Guadeloupéens qui devons devenir souverains maîtres de notre destin; il doit  également pour être remboursé avec profit, générer des plus-values. Cette  rentabilité   permettra à notre pays d’élaborer une économie viable, condition indispensable pour être efficacement solidaire des classes laborieuses du monde entier, et pour apporter notre contribution positive aux aspirations légitimes de l’Humanité.

Voici, à titre non exhaustif, quelques-unes des productions qui pourront être entretenues dans la Citadelle, avec certitude de   forte valeur  ajoutée:

  • la vanille
  • les orchidées
  • le corossol chyen
  • les bonsaï
  • le champignon Auricularia polytricha

Le docteur Joseph, éminent Guadeloupéen, est d’ores et déjà en mesure d’indiquer aux scientifiques un grand nombre d’espèces, s’adaptant parfaitement aux serres de la Citadelle, toutes génératrices de propriétés indiscutables qui réjouiront Tramil. Le parc national aura bien sûr droit de contrôle permanent. Un bref stage de formation dans les serres analogues d’Afrique du sud et du Japon sera indispensable; mais c’est là un travail de formation agréable qui ne présentera pour les candidats aucune difficulté majeure.

Voici les investissements sûrs qu’il faudra par contre envisager.

Nous partons d’un décret paru au Journal officiel, qu’il ne nous appartient pas de changer. Il s’agit d’une concession, ce qui en droit international n’est pas une mince affaire.

«Par décret en date du 17 juin 2009, il est accordé à la société Géothermie Bouillante, pour une durée de 50 ans jusqu’au 30 avril 2050 une concession de gîtes géothermiques à haute température, d’une superficie  d’environ 24 kilomètres carrés portant sur une partie du territoire de Bouillante et sur les fonds marins.»

Toutes les installations de la Citadelle peuvent fonctionner sur la base de la géothermie. Sont donc à prévoir:

  • un géophone avec camion vibrateur
  • deux injecteurs à haute pression
  • une foreuse chalumeau Robert Potter
  • un système léger de quadri tubulures, certifié aux normes internationales.

C’est là un investissement relativement faible, au regard des gains prévisibles pour la Guadeloupe et pour l’Humanité. Vous n’ignorez pas que la Suisse, la Norvège et le Japon ont dix ans d’avance sur le reste de la planète dans ces technologies qui triompheront de la pollution. Le surplus d’électricité  généré par la Citadelle allégera de 13 à 15 pour cent notre facture énergétique globale; ce n’est pas  négligeable. Il faut que vous sachiez, messieurs, que notre pays, aussi minuscule  fût-il, entend être une terre d’innovation et d’excellence et que notre jeunesse, extrêmement avide de savoir, soucieuse d’aimer l’Humanité, est prête à relever ce défi. Trente millions de vies à sauver; oui, la Guadeloupe a du cœur; et ce qu’elle peut faire, elle le fera.

J’ai donc l’honneur, messieurs les conseillers, de bien vouloir nous considérer comme éligibles à l’emprunt. La moindre des politesses serait d’ailleurs que vous accusiez réception de notre requête. La politesse n’est pas une élégance royale; c’est une vertu  républicaine. Je ne saurais  vous imaginer impolis.

Vifs remerciements.          

Laurent Farrugia
Juillet 2009

 Viré monté