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«Le Chef de l’Exécutif a promis une prochaine convocation des États Généraux de l’Outre Mer...»

Vous avez dit États Généraux…

Il y a des concepts qu’il faut manipuler avec beaucoup de précaution à ce niveau de pouvoir, sous peine de se brûler les doigts….

A ce titre, revisitons l’Histoire si vous le voulez bien…

Nous sommes dans les années 1780- 1789, Louis XVI (le serrurier) qui a besoin d’argent décide de convoquer à Paris (France) des États Généraux, mal lui en prit car son royaume était plongé dans un profond malaise depuis de nombreuses années, et de ce fait le monarque ira de déconvenues en catastrophes.

Car les forces convoquées étaient traversées de contradictions, si le Clergé (les membres de l’Église catholique) et la Noblesse (l’aristocratie de l’époque), subodoraient une occasion d’étendre leurs pouvoirs et immenses privilèges, par contre le Tiers États composé de tous les autres…était fermement décidé  à en découvre, pour arracher des réformes et partager voir même confisquer le Pouvoir. Du reste par la suite ce Tiers État  deviendra la Bourgeoisie, occupant la Droite de l’échiquier politique, engendrant par son sectarisme et son mode de fonctionnement, le concept de la lutte des classes décrit par Karl Max, toujours d’actualité malgré les apparences.

Mais revenons à 1789, et ce sera pour Louis XVI le début d’une longue agonie, qui passera par

 Le serment du jeu de paume (Juin 1789).

 La prise de la prison de la Bastille par le peuple parisien (Juillet 1789).

 La nuit du 4 Août 1789 avec l’abolition de privilèges.

 La création d’une première République (Septembre 1792).

 La tentative d’évasion vers l’étranger du couple royal (Juin 1791) qui, reconnu et arrêté à Varennes sera ramené à Paris, et emprisonné aux Tuileries, avant leur comparution devant le Tribunal Révolutionnaire, un tribunal revanchard qui n’aura aucune peine à avoir la tête de ces princes avec un certain Saint Just plein d’ardeur …  quelle descente aux enfers … Louis XVI et Marie Antoinette la reine son épouse (l’autrichienne par dérision) condamnés à mort, monteront sur l’échafaud ce 21 Janvier 1793, autant de chapitres qui nécessiteraient un long développement.

Dès lors le pays va rentrer dans une période qualifiée de Terreur, où il ne fera pas bon de déplaire à son voisin, sous peine de voir sa vie écourtée, ce sera ainsi jusqu’au 9 Thermidor 1794 qui verra le Député d’Arras, Maximilien Robespierre le leader incontesté de cette période révolutionnaire, l’incorruptible, monté à son tour sur l’échafaud…

Un Directoire prendra la suite d’une Convention balayée, qui ne tardera pas de s’écrouler à son tour sous les coups de boutoir politique d’un général plein d’ambition…

Mais l’ère napoléonienne sombrera sans panache à Waterloo (1815) pour donner la place à une suite de monarques sans envergure, par rapport à Louis le 14ème bien entendu, allant de Louis XVIII, Charles X, à Louis Philippe.

En 1848, on pensait que le pays retrouverait la sérénité et la paix civile avec la deuxième République, mais voilà que se pointait ce coup d’État du 2 Décembre 1851 fomenté par le neveu de qui vous savez...

Il aura fallu attendre la déroute de 1871 face aux armées allemandes, et l’avènement de la troisième république, avec l’élection de Mac Mahon à la Présidence de la République pour constater la fin de la Monarchie.

Quelle accélération de l’Histoire, que d’évènements de rebondissements depuis 1789, à cause d’un souverain qui s’était trompé de siècle, une période que je recommande aux amateurs d’histoire pour bien comprendre le mode de fonctionnement politique du pays dans lequel on vit.

Honnêtement je ne pense pas que l’Histoire nous repassera pas le même plat à l’occasion de ces États généraux annoncés, quoi que depuis la chute soudaine du mur de Berlin il ne faut jurer de rien en politique…on risquerait alors de se retrouver dans une situation à la "dreyfusarde"

Alors soit, nous irons aux États généraux de l’Outre Mer, mais pour tout mettre sur la table…

À commencer d’abord par les Institutions, car le sacro saint principe de la République une et indivisible hérité de la Convention étant dépensé avec l’émancipation des peuples indochinois, africains et algériens, les territoires encore sous tutelle du Pacifique bénéficiant de larges autonomies de gouvernance, reste à examiner la situation politique, des 4 colonies entrées dans la sphère départementale à titre juridique depuis la loi d’assimilation du 19 Mars 1946…

Car on ne va pas rester indéfiniment en l’état, en dédaignant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à ce sujet je connais les arguments des partisans du statut quo, les élus de ces territoires bien entendu toutes catégories confondues, qui ne débordent pas d’intelligence de volontarisme et surtout de courage.

Mais je dois reconnaître que la situation est complexe  pour des pays à économie sous perfusion, en raison de l’application des règles strictes du colonialisme, où règnent depuis des lustres, confusions, ambiguïtés et irresponsabilité, autant de situations connues mais maintenues politiquement pour les besoins de la tutelle et de la dépendance.

Néanmoins, tentons une sortie pacifique, pas du genre à prendre ou à laisser, et avec un peu de bon sens je propose une modification radicale du texte fondateur de 1958, soumise non pas au Congrès, mais à la ratification du peuple souverain …

Ainsi  verrait le jour une Fédération, avec l’État fédéral européen ayant compétence pour la défense, et la diplomatie dans certains domaines, ainsi que la jurisprudence de la Cour de Cassation, du Conseil d’État, et le contrôle de la Cour des Comptes…

Nous aurions associés à ce dispositif et disposant de larges autonomies, des États dans la Caraïbe (2) un État en Amérique du Sud, et des États dans l’Océan Indien (2)

Voilà une réforme constitutionnelle à minima, tout ça n’est pas bien révolutionnaire, et en tous cas, bien loin du scénario que j’ai décris sur www.afcam.org, dans archives chroniques "Chronique"… Un rêve, et Prémonition…s’agissant de l’indépendance de la Martinique arrachée les armes à la main, comme en Haïti (1804)

Dans le domaine économique, je le redis, il faudra tout mettre sur la table, pour donner de l’évidence aux dérapages, aux gaspillages, aux privilèges de toute nature…

Si on joue avec crédibilité, il y aurait des pleurs et des grincements des  dents, mais il est tout à fait exclu de s’installer dans un processus de réforme pour in fine, saupoudrer ces territoires de subventions et autres aides à caractère social, les maintenant la tête sous l’eau, dans un état permanent d’assistanat, car il est grand temps de mettre fin à un fantasme laissant croire notamment que les îles caribéennes de la Martinique et la Guadeloupe auraient un niveau de vie supérieure aux habitants des autres États indépendants de la Caraïbe, sur la base pour celles çi,  d’un euro de production exporté, mais 10 euros  d’importation pour une consommation excessive consentie à certains, ce que ce conflit guadeloupo-martiniquais aura entre autre, bien mise en exergue.

Oui des États généraux de l’Outre Mer, des états généraux de l’intelligence, du courage de l’honnêteté intellectuelle, de rigueur, de responsabilité; surtout pas d’effet d’annonce sans risque, pour amuser la galerie en bottant en touche à l'arrivée.

Léonce LEBRUN  

http://www.afcam.org/

 

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