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Fantézi
Fantézi, Jude Duranty • 2015. |
Jid, Jude Duranty tente de renouer avec une vieille tradition littéraire créole initiée par Marie-Thérèse Julien Lung-Fou en 1976.
Les conteurs l’utilisent allègrement. En se basant sur une rime unique, ils construisent un discours très ryhmé et plein d’humour. Ils l’appellent «mervey».
Il y a plus de quarante ans, M.-Th. Julien Lung-Fou, publiait: Les piments doux: 25 fantaisies. Elle et la totalité de son œuvre ont visiblement été oubliées. Est-ce parce que c’est du créole? Elle utilisait une graphie étymologique à l’instar de Gilbert Gratien. Le GEREC commençait à peine ses travaux pour proposer son standard 1.
Est-ce pour ses convictions politiques? Es-ce parce que c’était une femme?
Avec ce recueil Fantézi kréyol (mot créolisé mais nullement inventé) Jid propose à son tour une petite incursion dans ce genre littéraire pour rendre hommàge ce dernier et à cette grande dame de notre littérature créole.
Il propose également des haïkus sur dix sept syllabes, des textes courts en créole pour se familiariser à la lecture de cette langue beaucoup entendue mais dont la trace écrite était quasi absente durant notre enfance.
Ladjè kò-zot adan !
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Fantaisies et merveilles de Jude Duranty
De Jude à Jid, en français ou en créole, Jude Duranty fait chanter la langue! «Fantézi», son dernier livre, distille toute la saveur du propos badin ou moraliste en créole. Pawol la ni pou di ek li!
S’emparer de la langue créole, la faire sonner, chanter, dire, au fil des jours, émotions, sentiments, pensées folles mais aussi propos de sagesse… c’est le pari de Jude Duranty dans «Fantézi». En noble artisan de l’écrit créole, Jude Duranty étoffe son œuvre d’une nouvelle expérience, celle de la «merveille» et du haïku. Il démontre ainsi que l’écriture en créole peut tout aussi bien s’ancrer dans la tradition que s’ouvrir aux vastes palpitations du monde.
De fantaisie en haïku
Sachez-le lecteur, la littérature créole martiniquaise possède ses traditions formelles tirées du conte notamment. La «merveille» ou fantaisie, est de ces exercices de style, cet instant virtuose, où le conteur créole improvise une anecdote rimée. Cette verve de l’oralité créole avait déjà été exploitée à l’écrit par Marie-Thérèse Julien Lung Fou, dans son ouvrage intitulé «Les piments doux» (1976). C’est bien de cette plume féminine, injustement ignorée, que Jude Duranty s’inspire. Il y met sa patte, fait claquer merveilles et fantaisies selon son inspiration. De ses pièces créoles, les sujets sont variés. On y trouve à méditer et à rire, on y reconnaît ses travers. Et le haïku, interrogerez-vous? Le haïku est cet art japonais du poème court. La langue créole de Jude Duranty s’y prête très bien, démontrant son adaptabilité, sa fertilité. Avec ses haïkus, l’auteur privilégie donc la concision formelle, suggérant un sentiment, esquissant un paysage. Son haïku créole est une invite à la rêverie du langage.
«Pawol ou pé bel
mé bel pawol pa ka tjuit
adan kannari», alô, kouri li,«Fantézi» Jid matjé !
Marjorie Adenet-Louvet
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