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Les ténèbres extérieures

Raphaël Confiant
 

 

 

En 1957, François Duvalier, dit Papa Doc, devient président de la première République noire du monde moderne, l’île d’Haïti. Campant le personnage de Papa Doc et de ses collaborateurs, Raphaël Confiant pénètre les arcanes d’un régime qui, de l’extérieur, put paraître ubuesque ou folklorique, mais ne fut que le reflet de l’histoire tragique d’Haïti. En contrepoint, il met en scène la résistance à la dictature au travers de personnages tels que l’écrivain Esteban Jacques qui, à la tête d’un commando, débarquera dans le nord de l’île pour tenter d’y établir un foyer de guérilla, ou du romancier et peintre Mark Estienne, résistant de l’intérieur.

Les Ténèbres extérieures est aussi le portrait du petit peuple haïtien dont la survie relève du miracle: vendeurs à la sauvette, joueurs professionnels de loterie, prostituées, paysans déracinés... C’est enfin une méditation sur la force corruptrice et la démence à l’oeuvre dans tout pouvoir absolu.

 

Raphaël Confiant, Les ténèbres extérieures Écriture Parution le 15 octobre 2008 ISBN 978-2-909240-65-7 18.95 € env.
Les ténèbres extérieures

Quatrième de couverture

Sur le bureau de François Duvalier, «Grand Électrificateur des âmes», président à vie de la première république noire du monde, trônaient un revolver et le crâne d’un célèbre opposant. Le médecin que les Américains, avant-guerre, avaient chargé d’éradiquer le typhus et le pian, était devenu trente ans plus tard un tyran taciturne, à la tête d’une nation livrée à ses démons: Haïti.

Ubu tropical, prophète vaudou, despote «noiriste»? «Papa Doc» était plus et moins que cela. Féru d’histoire et de lettres, le «troisième D» après Dieu et Dessalines était habité, comme toute l’élite haïtienne, par le désir de «relever la race» et d’exhiber à la face du monde la figure de l’esclave triomphant. Funeste ressentiment dont les Tontons macoutes se firent le bras armé, semant la terreur dans ce paradis décati que l’île devint sous son règne, de 1957 à 1971.

À distance respectueuse du «roman de dictateur» latino-américain, Raphaël Confiant campe un Duvalier paradoxal, rationnel jusqu’à l’exaltation, mélange d’orgueil et de silence, infiniment moins superstitieux et analphabète qu’on ne l’a dépeint. Toute une nation, que traverse ce récit, lui fait cortège dans une terrifiante descente aux enfers : prostituées des faubourgs de Port-au-Prince, miliciens guidés par le vice ou l’instinct, poètes officiels en instance de disgrâce, ministres et prélats balançant entre l’exil et la lâcheté… Mais aussi la cohorte des repentis, des révoltés et des innocents qui par milliers furent «voltigés dans les ténèbres extérieures»…

Né en 1951 à la Martinique, l’un des chefs de file de la littérature antillaise moderne, auteur du manifeste Éloge de la créolité avec Patrick Chamoiseau et Jean Bernabé, Raphaël Confiant est l’auteur de nombreux romans en créole et en français, dont Le Nègre et l’Amiral (prix Antigone 1988), Eau de Café (prix Novembre 1991), Ravines du devant-jour (prix Casa de las Amricas, 1994), Case à Chine (Mercure de France, 2007). Les éditions Écriture ont publié sa «trilogie sucrière» (Commandeur du sucre, Régisseur du rhum, La Dissidence), ainsi qu’un récit (Nègre marron, 2006) et une actualisation de son essai sur Aimé Césaire (2006).

Viré monté