Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan
Politiques du Tout-Monde

Séminaire de l'université de Paris 8 et
de l'Institut du Tout-Monde

sous la responsabilité de François Noudelmann

Institut de Tout-Monde

Les murs s'élèvent, les nations se crispent, les généalogies s'ordonnent. Le monde des échanges globalisés est aussi celui des assignations identitaires. Comprendre le tourbillon de la mondialité exige qu'on en finisse avec les antithèses fermées : enracinement vs cosmopolitisme, relativisme vs universalisme. L'infinité des relations possibles et imprévisibles entre les cultures, les lieux et les temporalités conduit à interroger le divers plutôt que l'univers. «La mondialité c’est la quantité finie et réalisée de l’infini détail du réel» écrit Édouard Glissant.
Penser le Tout-Monde requiert autant une esthétique qu'une politique, autant une poésie qu'une philosophie. Le séminaire mobilisera les théories et les imaginaires qui ouvrent de nouveaux paradigmes pour analyser les métamorphoses en cours, leurs rythmes et leurs énergies, leurs périls et leurs horizons. Traces, divagations, greffes, insurrections…

Patrick Chamoiseau: Mondialisation, Mondialité, Pierre-monde
28 mars à 18h30 (Maison de l’Amérique latine, 217 bd Saint-Germain, 75007 Paris)

Alexis Nouss: La beauté et la trace, approches d'une esthétique en suspens
14 avril à 18h30 (Maison de l’Amérique latine, 217 bd Saint-Germain, 75007 Paris)

François Noudelmann: Politique du pas de côté
6 mai à 18h30 (Maison de l’Amérique latine, 217 bd Saint-Germain, 75007 Paris)

Zineb Ali Benali : Édouard Glissant. Le dit du monde
26 mai à 19h (Espace Agnès B, 17 rue dieu, 75010 Paris)

Édouard Glissant : Philosophie du Tout-Monde
30 mai à 19h (Espace Agnès B, 17 rue dieu, 75010 Paris)

Les intervenants et le résumé des conférences:

Patrick Chamoiseau
Mondialisation, Mondialité, Pierre-monde

Alexis Nouss est titulaire du poste de Chair of Modern Cultural Studies, School of European Studies, à l’Université de Cardiff, au Royaume-Uni. Ses champs de recherche et de réflexion concernent notamment les problématiques du métissage, la théorie de la traduction, les écritures de l’exil, la littérature du témoignage, les esthétiques de la modernité. Parmi ses dernières publications:Plaidoyer pour un monde métis, Éditions Textuel, 2005.
La beauté et la trace: approches d'une esthétique du suspens
La notion de beauté surgit, récurrente, dans les derniers écrits d’Édouard Glissant. Quelle est-elle? Certainement pas celle que théorise le discours classique de l’esthétique occidentale avec sa charge de transcendance ni celle que préconise l’utilitarisme des militantismes de tous bords. Et pourtant elle laisse deviner en elle à la fois de l’idéalisme et de l’engagement. Il importe de l’aborder avec timidité, comme, après une première nuit, le reflet d’une aurore sur un rocher déchirant les vagues.

François Noudelmann est professeur à l'université de Paris 8. Il a dirigé le Collège international de philosophie de 2001 à 2004. Ses récents livres sont Pour en finir avec la généalogie et Hors de moi aux éditions Léo Scheer. Il produit les Vendredis de la philosophie à France-Culture.
Politique du pas de côté
Comment se situer en mondialité: dedans, contre, partout, ailleurs? Le déclin de la centralité appelle une autre pensée du bord. On déclinait hier les marges, mais la diffraction des lieux a modifié la trame des relations. D'où la nécessité de concevoir aujourd'hui une politique à la mesure de ce qui se transforme. Le pas de côté est à la fois un écart et un rythme, un différend et une articulation des temps.

Zineb Ali Benali est écrivain et professeur à l'université de Paris 8. Ses recherches portent sur les littératures du Maghreb, sur le corps des femmes dans la mémoire de la guerre et sur les ambiguïtés culturelles et linguistiques de la francophonie. Elle a écrit La balade des djinns et Le corps met les voiles.

Edouard Glissant. Le dit-du-monde. Edouard Glissant est un ouvreur de pistes sur les traces et les détours d’hommes, de cultures et d’histoires réelles ou possibles. Son dit-du-monde réalise et rend possibles déchiffrements et rencontres: Kateb qu’il a préfacé et dont il sut désigner la poétique aux croisements de cultures alors posées en irréductible extranéité l’une de l’autre, mais aussi Jean Amrouche à l’écoute de la voix d’ombre; Saint-John Perse ramené vers ses paysages «réels» mais aussi Mohammed Dib dont l’espace du désert, irréductible à la fixité des signes, est appel en écho du paysage glissantien. La «géopoétique» de la plantation, entre violence et creuset de création, pose les tracées, impossibles projets en situation de domination, d’un monde qui est au-delà de la domination, et qui peut permettre de lire les textes de Sansal ou Leïla Sebbar… Ce sont là quelques-unes des rencontres, réalisées par Edouard Glissant lui-même ou que ses textes appellent.

Viré monté