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Les 25èmes  Francophonies en Limousin

Marcel Zang

 

boule

 

Francophonies en Limousine

25es Francophonies en Limousin
du mardi 23 septembre au dimanche 5 octobre
2008

La francophonie et la grand-messe françafrique nous offrent parfois des moments délicieux. C’est ainsi que le 24ème sommet France-Afrique du 15 au 16 février  2007 à Cannes nous gratifia d’un remake d’une scène du célèbre film de Francis Ford Coppola, «Le Parrain» – quand tous les petits chefs de la maffia viennent prêter serment d’allégeance au grand chef, le parrain, le «capo di tutti i capi». Tout y était: même atmosphère, mêmes attitudes, mêmes baisers, et le président français Jacques Chirac obligé de se pencher pour relever un chef d’état africain prosterné à ses pieds et venu, comme tous les autres, «danser la ballade à la gloire de la grande France», selon le mot du regretté François-Xavier Verschave. 

Dans la même veine, un autre moment délicieux nous est rapporté  par une grande manifestation appelée «Le Festival international des Théâtres francophones en Limousin», dénommée autrement et tout récemment «Le Festival des Francophonies en Limousin». Ce qui revient au même pour qui n’a pas encore remisé ses tongs et son bronzage. C’est que ça se passe à la rentrée, fin septembre, à Limoges. Et cette année, du 25 septembre au 5 octobre, le Festival soufflera ses vingt-cinq bougies, sous les portraits de ses principaux animateurs, de Pierre Debauche et Monique Blin à Marie-Agnès Sevestre, l’actuelle directrice. Il faut dire que c’est l’une des plus belles assemblées d’artistes étrangers qui se puisse régulièrement voir en France. Mais à part les Africains, les Belges et les Québecquois qui font des pieds et des mains pour s’y rendre et y être programmés chaque année, personne dans l’Hexagone ne semble connaitre. Il y a encore peu aucun média national ne se donnait la peine de couvrir l’Evénement, si ce n’est France Culture depuis quelque temps. Le problème – car problème il y a – c’est que ce Festival semble bien être maqué avec une idéologie à la Jules Ferry : la francophonie. Un concept qui n’a rien à voir avec le théâtre ou tout autre art d’ailleurs. C’est juste un vieux truc qui tente de se perpétuer, un truc d’arrière-garde, un truc politique, voire économique, même pas culturel, un truc à sens unique. Il y a ceux qui la dirigent et dont les membres ne s’y intéressent pas, puis ceux dont les membres s’y intéressent et qui ne la dirigent pas. Il y a en quelque sorte la tête et les jambes. Normal. Voilà d’ailleurs pourquoi ça marche. Parlez de la francophonie à un bon petit Français, il sait à peine de quoi il s’agit, tout comme il ne sait pas pourquoi sa baguette de pain et son uranium lui coûtent si peu cher; et quand il sait ce qu’est la francophonie – ceux-là forment une bonne minorité – , il peine à ne pas siffloter un de ces-airs-ne-me-demandez-pas-lequel, quand ce n’est pas tout simplement de l’indifférence. Normal. Par contre, parlez-en à un Africain au fin fond de sa brousse, à un Belge devant son cornet de frites, à un Québecquois devant son poulet St-Hubert, etc., ils s'animeront aussitôt. Tous connaissent. Mais ne votent pas. Raison sans doute pour laquelle le Ministère des Affaires étrangères, qui couve en son sein l’ADPF (association pour la diffusion de la pensée française), se propose de rogner le budget du Festival de 25%.

En 2001 lors de la 18ème édition, Patrick Le Mauff, qui étrennait ses fonctions de directeur du Festival, fit concevoir une affiche représentant un Blanc sur une chaise portée par deux Noirs en Afrique, et ainsi légendée: "Quelque chose suit son cours" - une phrase de Samuel Beckett. Affiche éminemment intéressante. Mais cette sortie, jugée pour le moins intempestive, fit scandale et suscita une vive polémique. Le plus troublant c'est que ce sont les Noirs, les Africains, qui se montrèrent les plus réservés, sinon les plus virulents. D'ailleurs "S.O.S Racisme" menaça de porter plainte. Allez comprendre! Tout questionnement n'est peut-être pas bon à mettre au grand jour, durent penser certains. N'empêche. La francophonie serait un peu tout ça. Une histoire d'Empire. Un truc bon pour les politiques et les anciennes colonies. Ca n'intéresse personne d'autre, pas même les Français. On ne devrait pas être plus royaliste que le roi. Comme dit Paul Klee, «l’art ne restitue pas le visible, il rend visible». Souhaitons-leur cependant un bon anniversaire. Les frontières continueront à être ainsi bien gardées, sauf pour les marchandises of course.

Marcel Zang
Ecrivain

Viré monté